Fusa rentrait d'une séance d'E.P.S particulièrement éreintante. Pourquoi? Oh, pas grand-chose, a part que toute la classe avait du se taper trois tours de stade en plus a cause de deux crétins qui faisaient les marioles au lieu de courir. Croyez-là ou non, elle s'était chargée personnellement de leur remonter les bretelles, a ces deux "mâles". En même temps, quel idiot ce prof'. Pourquoi est-ce que les punitions étaient toujours collectives, hein? Il y en avait marre de ça, quoi!

Épuisée, elle se laissa choir sur un canapé dans un coin de la pièce, et tâta sa joue en grimaçant. Le truc, c’est que même si elle était une racaille, elle en restait une fille, et seule qui plus est. Alors, ces deux mecs avaient bien eu le temps de se défouler sur elle, avant que le prof n'arrive, et constate qu'elle les avait déjà mis au tapis. Du coup, il avait cru que c'était elle qui avait engagée les hostilités, et l'avait punie de cinq tours en plus. Résultat de cette journée? Marre, fais chier, je vais le buter. La vie est pas facile, hein. Mais, alors qu'elle croyait pouvoir être enfin tranquille, et seule avec sa douleur, des pas se firent entendre...

(Aucun problème!) ^^

Alors que les pas se rapprochaient de plus, Fusa continuait l'inspection de sa joue, ou semblait trôner une grosse bosse. Génial, ils ne l'avaient pas ratée sur ce coup-là...elle allait encore se foutre la honte, dans cet état, surtout si elle retournait en cours. Bon, eh bien, voilà qui était fait, c'est parti pour l'école buissonnière! Finalement, la personne entra dans la pièce, une couverture sur ses épaules, et s'affala dans le canapé juste en face d'elle. Tout ce qu'elle pouvait voir, de là ou elle était, c'était quelques mèches blondes qui sortaient du cocon de la couverture, et deux prunelles bleues claires. La fille s'adressa a elle, en lui demandant ce qui lui arrivait, et Fusa, toujours aussi décontractée, brancha son casque a son Ipod, pour mettre la chanson "Green Day - Boulevard of Broken Dreams".

- Boarf, juste une journée de merde, je me suis fait tabassée par deux crétins de mecs. Mais sinon, tout va pour le mieux. Et toi? T'as l'air aussi fatiguée que moi, et si tu veux mon avis, tu devrais prendre deux-trois somnifères, histoire de te relaxer un coup.

Eh oui, toujours recours a la méthode des médicaments. Non pas qu'elle était accro', mais leurs effets l'avait séduite dés la première fois ou elle avait essayée. Elle ôta ses mitaines, pour les jeter sur la table de nuit a coté du canapé, et s'allaongea sur le dos, ses pieds pendants dans le vide et ses yeux rivés au plafond.

Ah, alors comme ça, elle était malade. Une grippe, une gastro', ou juste une fièvre? Rien que ces trois trucs lui donnaient mal au coeur pour la fille. C'était franchement moche d'être malade comme ça. La dernière fois qu'elle l'avait été, elle n'avait pas cessée de gerber pendant trois jours, et avait du rester clouée au lit pour toute une semaine. Heureusement, elle était plutôt endurante, donc les maladies pouvaient aller là ou elle pensait.

- Ouais, t'as raison, évites du mieux que tu peux ces saloperies de médicaments. Mais, sincèrement, chuis pas sûr que les recettes de "Grand-mère", comme tu dis, soit efficaces...

Alors que la chanson continuait sur le refrain, elle reprit la parole d'une voix plutôt enrouée, et d'ailleurs, la fin de sa phrase se finit en une quinte de toux douloureuse. Alors que Fusa se battait intérieurement pour savoir que faire, elle se décida finalement, et se leva pour aller dans la salle d'a coté, ou trônait une cuvette crade et un évier. Heureusement, des verres en plastique étaient a disposition, et elle en remplit un d'eau, avant de revenir s'asseoir près de la fille, lui tendant le verre rempli a ras-bord.

- Laisse tomber, c’est que des mecs, après tout. Lorsque tu seras rétablie, t'auras mieux a faire, crois-moi. En attendant, bois ça, ça pourrait peut-être te faire du bien, qui sait.

La fille réussit a dégager sa main de la couverture enroulée autour d'elle, et but difficilement, frissonnante. Fusa, qui la regardait trembler ainsi, ne paniquait pas. Après tout, elle s'en foutait bien de cette fille, c'était son problème a elle si elle était malade. En quoi elle devait faire une bonne action dans cette histoire, hein? Elle qui était connue pour envoyer balader a peu près tout le monde, il fallait croire qu'elle avait un peu changée depuis son arrivée ici. D'ailleurs, elle commençait a se demander si elle ne devrait pas appeler l'infirmière, tout de même. Ben oui, si son état empirait, elle risquait de s'en prendre plein la gueule.
La fille reprit la parole, d'une voix toujours aussi rauque, et Fusa reprit le verre, pour le poser sur la table de nuit a coté du canapé.

- Fusa. On ne peut pas dire que ce soit de bonnes conditions pour faire connaissance, mais bon, c'est déjà mieux que rien.

Elle tenta un fin sourire, avant de revenir s'asseoir près de Sweet. Qu'elle en avait de la chance, de s'apeller ainsi. Ben oui, c’est vrai quoi, son prénom a elle voulait dire "Frange". Franchement, il n'y a pas idée de s’appeler ainsi. Mais bon, ç'était le choix de son Père, tant que ça ne venait pas de sa Mère, ça lui convenait. Elle regarda Sweet, et crut aperçevoir ses yeux briller d'une manière étrange. Attends...elle n'allait pas pleurer, hein?

Sweet sembla aller un peu mieux, puisque son visage reprit des couleurs, et qu'un sourire faisait son chemin jusqu’à ses lèvres. Bon bah...tant mieux, hein, Fusa n'étai pas infirmière ou garde-malade. Elle se releva donc pour aller se recoucher sur le canapé d'en face, examinant attentivement la liste des musiques de son Ipod pour en choisir une nouvelle. La musique, c'était sa vie, entres autres. Sans cette foutue bonne musique, ça aurait fait longtemps qu'elle aurait vraiment lâchée prise. Sweet lui répliqua alors une phrase qu'elle ne comprit pas, mais alors vraiment pas. Comment ça, elle n'attend que ça? Elle était suicidaire, peut-être?

- C'est pas que ça me ferait plaisir de te voir crever sous mes yeux, nan. C'est juste que si je peux trouver quelque chose pour t'aider a aller mieux, tout le monde y gagne, point barre.

Putain, voilà qu'elle était en train de s'imaginer morte. La vache, ça fait un choc, quand même. Imaginez donc la tête de ses parents lorsqu'ils apprendront la nouvelle! Du coté de son Père, il y aurait surement des pleurs et des cris, mais du coté de sa Mère...rien. Un grand grand vide. Ou alors, elle s'écrierai un : "Ah bon? J'avais une fille?". Aha, lol. Sweet reprit la parole, causant a Fusa de réfléchir longuement sur sa question. Elle, c’est sûr qu'il n'y avait pas deux milles chois possibles.

- Ben, je claquerais tout mon fric en morphine, en cigarettes, peut-être en bière et truc du genre. Je payerai peut-être des profs pour me donner une dernière bonne note, et puis, je taggerai ce foutu pensionnat, histoire qu'on garde une trace de moi.

Alors que la pluie continuait a tomber contre les carreaux des vitres du petit Salon, Sweet sourit grandement, et se releva pour dire qu'elle était en pleine forme. Stupéfaite, Fusa resta coite devant sa si soudaine guérison. On pouvait dire qu'elle était résistante, elle!

- La vache, tu t'es remis vite!

Elle sourit également, et songea aux dernières paroles de l'ado'. A la piscine? Par ce temps-là? Effectivement, la pluie fine était désormais devenue cordes, et d'immenses flaques se formaient au sol. Mais, si ça n'avait pas l'air d'arrêter Sweet, c'était pareil pour Fusa. Elle arrêta sa musique, rangea son Ipod et replaça son casque sur son cou, avant d'enfiler sa capuche sur son crâne.

- Je te suis, dans ce cas! Une petite trempette par ce temps, c'est carrément la classe!