 Sujet: Hit The Lights ~ Marvin Engelhart  Sam 29 Sep - 17:49 | |
| Invité Rajustant une énième fois le col de sa chemise, Marvin enfila sa veste de costume noir, tira un peu sur les manches de sa chemise pour les faire dépasser des deux centimètres réglementaires et boutonna finalement sa veste, uniquement avec le bouton du haut. Il n'avait jamais passé énormément de temps avec son père, mais assez pour lui enseigner les principaux codes d'élégance en vigueur dans le monde occidental.
Et maintenant qu'il y pensait, Marvin se demandait si ces mêmes critères s'appliquaient dans les pays d'Asie, ou s'il se tirait déjà une balle dans le pied en pensant bien faire. Cette réflexion lui arracha un petit sourire. Si son esprit de compétition arrivait à émerger au milieu de l'amas de trac, de stress et de pression qui se partageait toute sa conscience, c'est que tout n'était pas encore perdu.
Relevant le col de sa chemise - pourquoi l'avait-il ajusté tellement de fois alors qu'il devrait tout refaire ? - il se saisit de sa cravate et entama un enchainement de mouvement précis. Par-dessus, par-dessous .... Et la cravate glissa dans un nœud complexe et parfaitement exécuté. Ni trop courte, ni trop longue, elle glissait bien verticalement pour aller se cacher là où les pans de sa veste se rejoignaient, sans pour autant dépasser au niveau de sa ceinture, noire elle aussi. Repassant une dernière fois devant le miroir, il reprit un peu confiance en lui. Jamais il ne s'était trouvé plus belle allure. Petite pensée narcissique, mais Ô combien importante en cet instant.
L'étudiant qui le précédait dans l'ordre de passage venait de disparaitre pour rentrer sur scène, il était temps de faire une ultime vérification. Son pantalon tombait bien sur ses chaussure noire parfaitement lustrée, sans aucun plis, et suivait parfaitement la ligne de ses mollets pour remonter jusqu'à sa taille sans poches ni plis où une ceinture dissimulait la patte de fermeture. Puis venait la veste, boutonnée donc à l'aide d'un seul des deux boutons où plongeait la cravate, avec en arrière plan une chemise d'un bleu plutôt clair. Marvin allait tête nue, sa crinière rebelle domestiquée pour la soirée à l'aide de cire et de laque qui donnait à l'ensemble une brillance éclatante. Sa chemise rappelait également la couleur de ses yeux, bien que dans une teinte moins profonde tandis que le costume satiné renvoyait délicatement la lumière.
Une voix l'arracha à son inspection pour lui demander de se placer devant la sortie des coulisses qui donnait directement sur la scène. De là où il était, il pouvait voir distinctement l'élève qui allait lui céder sa place en train de répondre à la dernière question. Et une nouvelle vague de stress accompagna cette vision.
* Mais sérieusement ... Qu'est-ce qui t'as pris de t'embarquer là dedans ?! *
L'idée avait semblé pourtant bonne lorsqu'on lui avait distribué le tract qui servait également de bulletin d'inscription. Après tout, quoi de mieux pour rencontrer des gens et se faire connaitre dans cet établissement où il venait tout juste d'arriver.
Mais pour l'instant, les rencontres avaient été plutôt limitées. Tous les élèves qui concouraient avec, ou plutôt contre lui étaient tous plongés dans le même état catatonique, devant leur glace, à revoir leur tenue ou se réciter mentalement ce qu'ils pourraient bien répondre aux questions. Cependant Marvin était certain que tous se décrisperaient une fois l'épreuve terminée, et le résultat proclamé. Après tout, il n'y avait pas grand-chose à gagner, lui voyait plutôt la chose comme une opportunité. Enfin, il l'avait vu ainsi à son annonce.
Le jeune homme avait pourtant un lourd passé de timide chronique, bien qu'il ait fait un grand nombre d'efforts pour surmonter sa timidité naturelle. Il avait d'ailleurs vu ce concours comme un autre pas en avant à faire, et c'était également une des raisons qui l'avaient encouragée à participer, bien qu'il ne comptait bien sûr pas parler de cela si on le questionnait sur ses motivations.
Un petit sourire en coin étira ses lèvres tandis qu'il se revoyait dans le même état de stress quelques années plus tôt. À l'époque, une demi-douzaine de personne suffisait à faire paniquer le jeune adolescent de treize ou quatorze ans alors qu'il montait sur son plot avant le départ d'une course, ou lorsque ses parents étaient présents et qu'il s'avançait face à un adversaire sur le tatamis. Et pourtant, il était sur le point de se donner en spectacle devant des dizaines de personnes. Sacré progrès n'est-ce pas ? Enfin, s'il ne s'effondrait pas au milieu de la salle pour se recroqueviller en position fœtale en réclamant sa maman.Son petit sourire s'élargis pour illuminer tout son visage à l'idée d'une scène aussi ridicule.
Son répit ne fut que de courte durée, et une voix amplifiée annonça :
- Et voici le concurrent suivant qui nous arrive tout droit d'Europe, Marvin Engelhart !
Et voilà que le jeune allemand se jetait à l'eau, non sans une petite poussée d'encouragement administrée par l'organisatrice chargée de tout arranger en coulisses. L'image n'était pas si mal choisie au yeux de Marvin, même si la scène représentait à la fois les plots et la piscine elle même. Ce n'était pas si différent d'une compétition sportive après tout. Il se força à avancer d'un pas mesurer, sans se précipiter vers le présentateur pour en finir au plus vite. Pour ne pas être tenter de mettre les mains dans les poches et de garder le regard rivé sur ses chaussures, il s'obligea également à lever les yeux vers les spectateurs et à saluer la foule en agitant sa main droite au dessus de sa tête. Il espérait que son sourire amusé ne s'était pas transformé en rictus crispé pendant la poignée de seconde qui s'étaient écoulée depuis sa sortie des coulissent.
En promenant son regard sur la foule, il ne reconnu personne. Pas étonnant puisqu'il ne connaissait presque personne. Par contre il remarqua bien que le nombre de spectateur était plus que suffisant pour impressionner tout novice présent sur la scène.
Tous applaudissaient en désordre depuis qu'il était apparu. Applaudissaient-ils autant que pour les participant précédents ? Le jeune homme chassa cette pensée parasite alors qu'il arrivait au niveau du présentateur, lui aussi tiré à quatre épingles. Il lui serra la main qu'il lui tendait avec fermeté, et balaya un nouvelle fois la salle du regard en s'efforçant de ne pas laisser paraitre sur son visage l'état dans lequel se trouvait son estomac.
- Bonsoir Marvin ! Comment allez-vous ? Je pense que tous auront remarqué en entendant votre nom que vous n'êtes pas originaire du Japon. Bien sûr vous n'êtes pas le seul étudiant étranger, mais vous ne faites pas non plus légion. Présentez vous donc, je suis sûr que les spectateurs meurent d'envie d'en apprendre un peu plus sur vous !
* Mouai, s'ils pouvaient mourir tout de suite, ça m'arrangerait bien là*
L'homme tendis un micro à Marvin qui s'en saisit. Et s'éclaircissant la gorge, il prit finalement la parole.
- Hum Hum ..... Bonsoir tout le monde. Comme on vient de vous l'annoncer, je m'appelle Marvin Engelhart, et je suis donc originaire de Berlin, en Allemagne... Et je suis ici, c'est avant tout parce que je désirait poursuivre mes études dans un pays étranger et découvrir de nouvelles culture. Et votre pays semblait l'endroit idéal pour ça.
Bon, il avait déjà réussit à passer la première étape sans bafouiller ni se liquéfier sur place. Tout ce qu'il espérait, c'était ne pas avoir donné l'impression de réciter une leçon, même s'il s'était bien entendu préparé à l'avance pour ce passage inévitable.
- Très bien, très bien. Nous sommes enchanté de vous accueillir. Mais dîtes moi, quelles études comptez vous donc entreprendre, et quel métier voudriez vous exercer plus tard ?
Nouvelle question plutôt classique, mais à laquelle il n'avait jamais vraiment réfléchis. Durant toute sa scolarité, il s'était contenté de se laisser porter de classes en classes, sans trop réfléchir au métier qu'il pourrait bien vouloir exercer. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il ne voulait pas d'un travail aussi prenant que celui e son père. La médecine, très peu pour lui. Quand à l'enseignement, comme ça mère, il doutait d'avoir ce qu'il fallait pour être un très bon pédagogue. Mais d'un autre côté, il avait aussi ses petites préférences. Et après une petite seconde de réflexion, il entreprit donc de répondre à cette nouvelle question.
- En fait pour tout vous dire, je n'ai pas encore d'idée très précise de ce que je voudrait faire plus tard. Mais à y réfléchir, j'aimerais bien travailler dans le domaine du sport. Peut-être en tant qu'entraineur ou encadrant puisqu'il est sûrement déjà trop tard pour pouvoir passer professionnel, et que je doute d'en avoir les capacités de toute façon.
Une fois lancé, l'exercice ne lui paraissait plus aussi insurmontable que lorsqu'il attendait son tour devant l'entrée, comme un bovin à l’abattoir. Mais ses phrases se succédaient avec une fluidité qui le surprenait, d'autant plus que le calme régnait parmi le publique. Et s'il n'avait pas encore reçu de projectile dans la figure, ce devait être plutôt bon signe.
De plus, si en natation l'eau permettait de faire abstraction de tout ce qui était autour une fois la course lancée, l'éclairage de la scène jouait dans le cas présent plus ou moins le même rôle. Les projecteurs rivés sur lui plongeaient un même temps les spectateurs dans une pénombre relative, ce qui permettait de les ignorer en partit.
- Vous êtes donc un grand sportif ? Parlez nous donc du sport que vous pratiquez, et de vos autres passions par la même occasion !
Ça s'était déjà plus facile. Il adorait parler de sport, et ce peut importe avec lui. Il ne lui restait plus qu'a la faire passer aux autres.
Plus confiant que lorsqu'il avait prit la parole pour al première fois sur cette scène, Marvin porta de nouveau le micro à ses lèvres.
- En fait je ne suis pas passionné d'un sport en particulier, mais de sport en général. Je fait de la natation et du judo depuis longtemps, mais je prend également beaucoup de plaisir à pratiquer toute autre sorte de sport, que ce soit des sports individuels ou d'équipe comme le VTT, le football, le tennis ou le basket. Je fais également du ski et du snowboard dès que j'en ai l'occasion. Et je compte également m'essayer à des sports un peux plus extrêmes, comme l'escalade, le parachute, le parapente...
C'est ce qui occupe la majorité de mon temps libre en fait. J'aime aussi beaucoup le cinéma et la musique. Mais juste l'écouter, mieux vaut ne pas me mettre un instrument entre les mains. Et je dois assez souvent m'en passer... Je ne pense pas que mon MP3 apprécierait un plongeon dans un bassin. Pour le reste je ne suis pas un grand lecteur, et je dessine horriblement mal...
- Merci beaucoup pour toutes ces informations vous concernant ! Avant de laisser la place au prochain participant, pouvez vous nous dire pourquoi devrions nous voter pour vous ?
On y était, le point zéro, la dernière ligne droite. Un entretien d'embauche à grande échelle où Marvin devait se vendre s'il voulait gagner. C'était sûrement le point le plus difficile de la prestation, et il avait beau eu y réfléchir, il n'avait eu aucune idée géniale pour clore son discours avec brio. Et la révélation de dernière minute se faisait attendre. Mais puisque tous attendaient qu'il prenne la parole, il s'y résolu, espérant que son improvisation serait assez convaincante.
- Pour tout vous dire, je n'ai pas vraiment d'argument choc. Comme tous ceux qui sont passés devant vous, ou qui vont le faire après moi, je participe bien sur dans l'espoir de gagner. Mais participer à un tel concours était avant tout une sorte de défi que je me suis lancé à moi-même. Donc si vous avez été convaincus par mon passage, je vous invite donc à voter pour moi, car chaque vote sera en lui même une récompense suffisante pour moi .
- Et bien Marvin, je vous remercie ! Applaudissons le une dernière fois !
Et le même tonnerre d'applaudissement retentit pour clore son passage sur scène alors que le jeune homme rendait au présentateur le micro qu'il lui avait donné le temps de répondre aux questions. Exécutant une petite révérence, Marvin salua le public de la main avant de prendre la direction des coulisses, du même pas mesuré qui l'avait conduit sur les planches ce qui lui avait semblé être une éternité plus tôt.
Il disparu enfin de la scène par l'endroit opposé à celui par lequel il y était rentré, tandis que le nom d'un autre élève retentissait. Mais le trac avait laissé place à une certaine satisfaction tandis qu'il allait se venger sur les rafraichissement et les hors-d’œuvre disponibles dans les loges, épuisés par les quelques minutes de représentation qu'il avait pu donner. |
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