I'm falling, in the water, i'm falling...[PV Autumn]

Je me suis toujours demandé, pourquoi devons-nous nous noyer ? Au tout début, l'eau était notre élément naturel, alors pourquoi, pourquoi mourrons-nous de ce qui nous a donné la vie ? L'eau est si translucide, lumineuse, presque aveuglante. Me noyer, d'un simple regard...

J'avais besoin de sortir, ce jour là. Juste de sortir de ce pensionnat et de respirer. Me sentirais-je étouffer entre ces murs ? Peut-être. En tout cas, je n'arrivais pas à oublier, malgré la douceur de ces lieux. Oublier quelques actes délibérés, quelques remords trop importants. J'avais l'impression de rêver, dans ce pensionnat, juste de rêver, que ce n'était pas ma réalité, mais autre chose. Un lieu brumeux, trop doux et irréel. J'allais me réveiller dans peu de temps, en fait, il le fallait. Je n'avais pas le droit d'oublier, je ne le pouvais pas, je ne le pourrais jamais...

La piscine. Louise aimait l'eau, Louise aimait nager bien qu'étant aveugle. Elle me disait souvent qu'elle avait l'impression de voler, lorsqu'elle flottait. Elle ouvrait les yeux, souriait puis plongeait son visage sous l'eau. C'était comme si elle voyait, c'était comme si elle me remarquait...Ses mains sur mon visage, ses mains enregistrant la moindre imperfection de mon corps. J'ai posé ma paume contre mes cheveux, cachant ma face, mon expression un peu douloureuse. Je savais qu'il m'était impossible de rester enfermé dans ce songe, dans cette absence d'émotions...Au pensionnat, je ne suis pas chez moi. Chez Ichigo, je ne suis pas chez moi. Alors, où suis-je ? Où vais-je ? Que dois-je faire ? Je peux me relever, mais le voudrais-je seulement ?

Je n'arrivais pas à me mêler aux autres, mais ces autres le pensaient. Ils me souriaient, ils me prenaient à part, ils me parlaient et riaient, savaient-ils que je n'étais pas vraiment là ? Savaient-ils que j'étais absent, ne les écoutant que d'une oreille ? J'ai l'impression d'être seul, constamment, même entouré. J'ai l'impression d'être...vidé.

Les pieds dans l'eau, je suis assis au bord de la piscine extérieure, mon pantalon remonté jusqu'à mes genoux. Je fixai la surface translucide sans réel but, impassible, sans être attristé. Il y avait peu de monde, en même temps, un jeudi midi, chacun devait bosser, sauf moi. J'ai étiré un sourire caustique et finis par m'allonger. Mon pull me protégeait des petits carreaux du sol, mon coude cachait mes yeux du soleil et mes cheveux semblaient un peu humides. Qu'est-ce que je fous là, en fait ? Rien. Je ne fais rien, et c'est peut-être cela qui va me condamner...Ne rien faire. La luminosité qui traversait mes paupières se fit plus sombre. Je sentis quelque chose chatouiller mon visage, un peu comme des doigts, peut-être seulement des cheveux. Mes yeux se firent mi-clos, je n'arrivais pas à voir ce visage, malgré le soleil et je dis la phrase la plus idiote du monde. Une phrase de dragueur peut-être, un vieux dragueur pas fini. Mais moi, je disais ça comme ça, d'une voix devenue murmure.

"Es-tu un ange ?"

J'ai étiré un léger sourire, ironique et peu concluant, me moquant de moi-même et de mon esprit un peu déluré. Je suis vraiment irrattrapable...

Autumn, il serait peut-être temps de changer un peu d'air, tu ne crois pas ? Sortir, voir du monde. Cesser d'être enfermée dans ta bulle et dans ton univers de princesse Britannique. Tu es à Tokyo, et une adolescente est libre comme l'air, ici ! Vas-y, voles, voles, ou plutôt... Vas nager !

Cette voix qui m'avait tirée de mon lit ce matin-là me semblait immonde.
Alors que j'avais ouvert mon armoire, je me rendis compte que je mettais mes affaires de natation dans mon sac sans en avoir été consciente. Il fallait absolument que je sorte, et apparemment, cette voix désirait que le lieu soit à la piscine. Une voix ? Mais j'étais devenue complètement paranoïaque, ma parole.
N'empêche qu'elle m'a eut, et ce Jeudi-là, vers midi, j'ai pris mon courage à deux mains pour sortir de l'enceinte du Pensionnat et aller faire un tour à la piscine du quartier. Elle était grande et je savais qu'il n'y aurait pas grand monde, j'étais heureuse d'avoir été libérée de mes cours à cette heure-là, justement.
J'allais y faire de nouvelles rencontres, et j'en avais envie, justement. Je n'avais pas rencontré beaucoup de personnes depuis mon arrivée, et cela changeait beaucoup de ma vie en Angleterre, de me rendre compte que personne ne me connaissait, et que je ne connaissais personne. La seule chance que j'avais, c'était de ne pas être timide. D'ailleurs, mon père m'avait même proposé de me trouver quelqu'un sur qui compter ici, et peut-être même un petit copain.
J'avais attaché mes cheveux en palmier ce jour-là, mais, en arrivant à la piscine, je décidai finalement d'enlever ma pince et de rester au naturelle. J'étais une fille, souvenez-vous en bien, c'était normal que je change si souvent d'avis.
Comme je pensais, la piscine était déserte, personne ne traînait dans les douches et les vestiaires, mais, en arrivant devant les bassins, je remarquai qu'un jeune homme aux cheveux noirs était couché sur le sol, juste à côté de l'eau, sur les carreaux glissants de la plateforme. Que faisait-il là ? Rien, apparemment. Il n'était même pas changé en maillot de bain, même si ses mollets avaient l'air d'avoir fait trempette.
Je me suis approchée tout doucement de lui, pensant qu'il dormait. Il n'y avait pas grand monde ici non plus, seulement une personne qui nageait dans le bassin voisin avec passion.
Je me suis agenouillée devant le visage du jeune homme. Il était mignon, pas mal même. Ses cheveux noirs faisaient tout son charme, ça me plaisait beaucoup.
Soudain, alors que je l'observais en silence, une folle envie de toucher son visage du bout de mes doigts me vint à l'esprit. Ne prenant pas le temps d'y réfléchir, j'ai caressé les traits fins du garçon, lui faisant ouvrir les yeux à moitié. Quand il sourit, je me suis sentie légèrement mal à l'aise, il avait l'air confiant et sûr de lui. Mes hypothèses se confirmèrent quand il me demanda, sans même me regarder dans les yeux :

" Es-tu un ange ? "

Je faillis sursauter. Moi ? Un ange ? Que racontait-il ?
Alors qu'il ouvrait un peu plus les yeux, je me suis installée à côté de lui, les pieds dans l'eau, constatant qu'elle était un peu froide. Le soleil tapait sur mes cheveux noirs et fins, c'était une journée vraiment très agréable. Ce garçon avait l'air d'être un peu trop sûr de lui, et le regarder me donnait envie de sourire.

Alors qu'il restait toujours couché, je me tournai pour abaisser mon visage juste devant le sien, regardant ses yeux bleus me rappelant ceux de l'océan.

" Dis moi... Comment je peux t'appeler ? "

Je venais de rentrer dans son petit jeu de première impression, et j'aimais ça. Ce n'était finalement pas si mal de sentir le sol rugueux de la piscine contre mon maillot de bain. J'aurais pensé que cela aurait été moins agréable de s'allonger sur le sol de cette façon. C'était si agréable que j'eus envie d'y rester. Et puis, j'avouais que regarder les yeux de ce garçon ne me déplaisait pas.

La première impression. C'est un peu une notion humaine, une notion fictive et sans attache. Après tout, je t'ai aimé au premier regard, comme un stupide enfant. Et après ? Je ne t'ai plus revu. Une simple et futile impression...

Je suis un peu comme du n'importe quoi. Je parle sans m'en rendre compte, je dis des choses idiotes, parfois sensées, et lorsque je blesse, je ne me rends pas compte. J'ai l'impression de ne pas comprendre, de ne rien comprendre, de ne pas savoir, de ne pas être là...C'est étrange comme sensation, c'est comme si j'étais dans le corps d'un autre, comme si un baiser ne m'atteignait pas, pas même une larme. Serais-je irrécupérable ? Nul doute à cela, oui nul doute à cela.

Je ne lui avais pas fait peur, avec mes paroles étranges. Tant mieux. Elle finit par s'asseoir près de moi, me permettant de regarder le soleil et surtout de l'observer, à mes côtés. Des yeux verts, ils me rappelaient l'émeraude. Des cheveux aux reflets violet ; ils allaient bien avec son regard. Elle était fine, paraissant fragile, plus que féminine. Elle possédait des traits occidentaux, elle ne venait donc pas d'ici. Cette jeune fille, elle était mignonne, elle était jolie, elle était là. Et moi, étais-je seulement ici, avec elle ?

Son visage cacha partiellement le soleil, au-dessus de moi. Ses cheveux frôlaient mon visage, un peu comme des gouttes de pluie, une pluie d'été. Louise, Louise avait l'habitude d'embrasser mon front à ce moment-là, étirant un léger sourire, sans pour autant me regarder, sans jamais rien regarder. Pourquoi pensais-je à elle, à Louise, à celle qui m'avait sorti du pétrin ? Mes mains l'avaient blessées, mes paumes l'y avaient noyée. J'ai fermé les yeux, ne souhaitant pas revenir à la dure réalité, préférant jouer ce petit jeu, ce simple jeu avec l'inconnue et son visage près du mien. Je les ai rouvert, mes iris toujours voilées, happées par ce vert, cette émeraude. Comment m'appeler ? Haha...Namun. Namun, un prénom qui ne parait pas m'appartenir.

"Ja..."

Je me repris, refermant mes lèvres face à mon erreur, pour finalement murmurer :

"Tu peux m'appeler Namun. Et toi ?"

Elle était en maillot de bain, cette inconnue. Je venais de le remarquer, était-elle venue pour nager ? Certainement. Et moi, que faisais-je là ? J'ai étiré un infime sourire, plissant légèrement les yeux. Mes doigts effleurèrent ses cheveux, puis sa joue, avant de s'éloigner. A quoi jouais-je ? Certainement à ce que je devrais être, n'est-ce pas ? J'ai relevé mon buste pour m'accouder au sol, posant ma tête de côté, farfouillant mes cheveux d'une main pour les remettre en place, remettre en place cette mèche sur mon œil, tout en reprenant mon sérieux.

"Sorry. C'était déplacé."

Les paroles déplacées ou un peu tordues, cela faisait rire Autumn. Alors, que ce garçon, qui s'appelait apparemment Namun, s'excuse devant elle, lui décocha un sourire aussi moqueur que séduisant. La jeune fille était peut-être venue pour nager, mais l'idée de se prélasser ici n'était pas si mauvaise que cela, tout bien réfléchi. Autumn, il vient de te poser une question, réponds-lui. Qu'est-ce que tu attends ? . Hm, c'était vrai. Comment s'appelait-elle

"

Pour moi, tu n'auras qu'à m'appeler Autumn.

"

Qu'est-ce que c'était dur de parler comme tout le monde et de ne pas passer pour une pimbêche. Depuis son arrivée au Pensionnat et le fait qu'on lui eut fait remarqué son attitude de supériorité face aux autre élèves, la jeune fille essayait de faire de efforts quand elle parlait. Cela commençait à glisser tout seul, mais tout ça restait une mission presque impossible pour la demoiselle.

Il avait de beaux yeux, Namun. C'était agréable de les regarder à travers les rayons du soleil qui créaient des reflets de couleurs et de formes différentes à l'intérieur de son iris. Autumn ne pouvait s'empêcher de sortir un petit sourire bête.

"

Excuses-moi de te demander ça, mais... Dans quel lycée es-tu scolarisé ? Ton visage me dit quelque chose de familier.

"

Ah, si seulement il pouvait répondre qu'il était inscrit au Pensionnat Hina. C'était évident que le lycée était un de plus proches de cette piscine, mais une pure coïncidence que deux élèves se retrouvent au même moment, au même endroit, à la piscine qui plus est.

HRP:

Les coïncidences, c'est comme la première impression, ça n'existe pas. Tu disais souvent cela, Louise, que tout n'était que destinée et préparation. Et finalement tu souriais, toujours bercée par le son des vagues, par mes mains effleurant tes cheveux. Mais moi, je n'ai jamais été d'accord avec toi. Une pure coïncidence.

Autumn, elle était jolie, quand elle souriait. Elle était mignonne. Je dois me répéter, non ? La fatigue, certainement. Toujours la fatigue. Je posais mes iris dans les siennes, un peu surpris par sa question et son absence de timidité. Je ne sais pas, au Japon, les filles avec qui j'avais parlé pour un renseignement, semblaient aussi effarouchées et timides que des vierges de quinze ans...Remarque, elles avaient quinze ans. Et la comparaison ne marchait pas, Autumn n'était pas d'ici, Autumn était bien loin de cela. Je me suis finalement complètement assis, tout près d'elle, ne sachant que trop lui répondre si ce n'est la vérité.

"Le pensionnat d'à côté ; Hina."

La conversation n'était vraiment pas mon fort, j'ai donc sorti d'un ton ironique et amusé, par la suite :

"Pourquoi, tu veux m'attendre devant, Autumn ?"

Mes yeux se plissèrent, étincelants de malice. Une malice un peu absente, finalement. J'essayais, et tout ce que je tentais, échouait. Lamentablement. Après tout, n'ai-je pas tenté de sauver quelqu'un ? Après tout, n'est-il pas mort ? Je suis venu ici pour oublier, mais plus je souhaite oublier ce passé, et plus il me torture.

Je revins à Autumn. Autumn, c'est joli comme nom, c'est unique, en tout cas. Je me suis penché vers elle, vers cet automne. Je me suis penché et j'ai murmuré telle une confidence, le visage impassible.

"Et toi, Autumn ?"

Louise, elle me reprochait souvent de parler aux gens comme s'il s'agissait d'un charme, un charme qu'elle aimait bien finalement. Autumn, elle est séduisante, Autumn, elle est en maillot de bain, mais je n'arrive pas à rougir, je n'arrive pas à être embarrassé. Je n'y arriverai plus jamais, j'ai l'impression, plus jamais à rester dans mon inconscience.
Je fus tout de même surpris, et en même temps effrayé, à l'idée qu'elle ait pu me voir quelque part. Mais où ? Oui, où ? En Amérique, au tribunal ? Ou bien sur un poste de télé, tandis que l'on montrait mon profil ? Peut-être sur une affiche de parfum, mais franchement, il n'était pas connu. Pourquoi est-ce que je deviens paranoïaque et égocentrique, au point d'oublier l'idée qu'elle a tout simplement pu m'apercevoir dans la rue, ou au pensionnat ? Ce serait beau, comme coïncidence, tous les deux, au pensionnat...Haha.

Spoiler:

Namun s'était assis à côté de moi, au bord de la piscine, avant de me répondre. Cela ne m'étonnait pas plus que ça qu'il ne soit pas en maillot de bain, et que moi-même je n'aille pas nager alors que j'étais censée le faire. D'ailleurs, mes cuisses avaient l'air énormes lorsque j'étais assise, je détestais cette impression. Mais, lorsque le garçon aux cheveux noirs, assis à côté de moi, ouvrit la bouche pour me dire :

"Le pensionnat d'à côté ; Hina."

, ce fut comme un grand vide qui m'envahit. Le hasard, la coïncidence... Je n'y croyais pas, je n'y aurais jamais cru. Mais là, c'était presque excitant de savoir que l'on pouvait se retrouver à parler avec quelqu'un qu'on avait sûrement croisé dans son propre lycée. Ce qu'il dit ensuite me fit rire. L'attendre devant ? Mh, je ne pensais pas être comme ça. C'était plutôt lui qui avait l'air d'attendre de jolies filles devant leur lycée. Même si j'essayais de ne pas penser à cela depuis que nous nous étions adressé la parole, il semblait tout de même être un joli dragueur coureur de jupons.

Lorsque sa tête se pencha vers moi, il fut tellement beau que je crus m'évanouir. Il avait un visage si mystérieux, j'avais envie de savoir ce qu'il exprimait, mais lui me paraissait imprévisible et impassible.
Et moi ? Je faillis éclater de rire, c'était tellement marrant que de révéler le hasard au grand jour. C'était tellement tentant d'éclabousser son visage ne disant rien, me regardant simplement. Mais je me contentai de lui répondre, un sourire moqueur accroché aux lèvres :

" Je comprends, maintenant. J'ai l'impression de t'avoir déjà vu, tout simplement car je suis moi aussi à Hina. "

Et, après avoir ri en mon intérieur, je me suis levée du bord et j'ai plongé, un plongeon sublime et parfait. J'avais pratiqué la natation pendant mon enfance, j'étais devenue une bonne nageuse, mais le plongeon n'était pas ce que je préférais. Ce que j'aimais, c'était autre chose. Remontant à la surface, je me suis rapprochée du bord, alors que Namun était toujours assis.

" Tu sais ce que j'aime faire, quand je suis dans l'eau, et que toi tu es là, assis, habillé ? ... J'aime... Faire ça ! "

ai-je crié en l'éclaboussant de toutes mes forces, riant de plus belle.

Oui, j'aimais énerver les autres. Et ce que je venais de faire n'était rien à ce que j'aurais voulu. Et puis, ce Namun... Il me plaisait bien.

Quand tu me murmurais que ton souhait le plus cher était de voir mon visage, mentais-tu ? Quand tu embrassais mes lèvres sans effroi de ma nature, était-ce réellement de l'amour ? Je n'ai jamais su ce qui vivait en ton âme, comme personne n'a connu l'obscurité et la solitude qui régnaient en moi. C'est peut-être ce qui me sépare de ce monde, c'est peut-être ce qui détruit mon entourage. Un poison étouffant. Seulement un murmure.

Je n'ai pas montré ma certaine surprise à l'égard d'Autumn et de sa déclaration. Pourtant, je le fus, comme soulagé. Soulagé face à ma stupide pensée qui semblait me rendre plus narcissique que jamais. J'ai étiré un léger sourire, ressemblant à de l'amusement plus qu'à de la moquerie. Je me moquais de moi et de mon propre intérêt, de mon désir d'oublier comme de mon angoisse d'être réveillé. Oui, cet endroit, ce pensionnat, Autumn, tout cela n'était qu'un rêve. La réalité semblait autre part, loin de moi, loin de toi, loin de tout. Mais quelque part. Et à la simple pensée que le peu d'espoir crée par mes paumes se fasse lapider par cette noirceur...Je ne voulais plus le faire exister.

Elle finit par plonger, pour mieux revenir avec grâce jusqu'à la surface. J'ai effacé mon sourire, l’œil fixé sur elle, sur Autumn, sur l'automne. Je me doutais un peu de son futur acte, mais je ne me suis pas éloigné pour autant. Non. J'ai préféré me prendre toute l'eau dans la figure et la laisser goutter sur mon menton, la laisser me faire frissonner, tandis que j'écoutais son rire. Rire. C'est amusant, j'ai l'impression. Je peux aussi rire, mais est-ce que cette tonalité sera aussi vivace que la sienne ? Pourquoi est-ce que je ne veux pas oublier ? Pourquoi ne puis-je pas arrêter ? Arrêter de me plaindre, arrêter de penser, arrêter de me remémorer un sort si infime à côté d'autres...

J'ai fermé les paupières, étirant un petit sourire, émettant un léger rire, un peu volage, éphémère et teinté d'un étrange amusement. Autumn semblait aimer surprendre les gens, Autumn restait dans cette piscine, près du bord, un bord duquel je me suis approché, m'asseyant en tailleur. Je me suis penché vers son visage, ses cheveux aussi humides que les miens. Je n'aimais pas l'eau, je n'aimais pas nager, je ne voulais pas me noyer, sentir mon visage enfermer, sans possibilité de sortie. Mais voilà, je n'allais pas me l'avouer, alors je m'approchais de cette surface, d'Autumn.

"Quelle coïncidence, que l'on soit tous les deux à Hina."

J'ai étiré un simple sourire, fermant les yeux pour tenter de montrer un temps soit peu l'amusement que je pouvais éprouver. Autumn, je ne sais pas comment tu fais, pour respirer. Autumn, je ne sais pas comment tu fais, pour plonger. Mais ce que je sais, c'est que moi aussi, je vais tenter l'imprévisible. J'ai approché mon visage du sien, ma paume attrapa avec délicatesse une mèche de ses cheveux, un nouveau sourire se souhaitant charmant se dessina sur mes lèvres et puis finalement j'ai murmuré :

"Tu es jolie, Autumn."

J'aimais plonger mon regard dans le sien, il était beau, vivifiant, extatique, et en même temps assez calme. Alors, je posais mes iris dans les siennes, j'ai posé une main sur sa joue, puis mes lèvres s'approchèrent des siennes, presque à les toucher...Finalement mon autre paume se posa sur son crâne, et je l'ai doucement enfoncé dans l'eau, taquinerie enfantine en réponse à la sienne. Je me suis redressé, appréciant un peu mon tour, comme le sien, et passa une main dans mes cheveux, reprenant avec ironie.

"Et moi j'aime faire cela. Nous avons d'étranges amusements !"

Je me permis un léger ricanement, oh, certainement pas moqueur à son égard, mais j'étais satisfait de mon idiotie, ma stupide idiotie. Pourtant, sachez-le, ce que j'avais dit à Autumn était sérieux. Elle était belle.

Autumn, n'aurais-tu pas l'impression d'y aller un peu fort ? Autumn, est-ce que tu aimes rire ? Ne pourrais-tu pas essayer d'être gentille, essayer de faire plaisir à quelqu'un ? Mais tu n'arrives pas, Autumn, tu n'en es pas capable. Tu portes bien ton nom, l'automne, une saison imprévisible, qu'il vente, qu'il pleuve, que le soleil fasse des apparitions tardives ou beaucoup trop espacées... On n'en savait rien, on ne savait rien de toi.

J'avais l'impression de rêver. Mes yeux s'étaient ouvert le plus grand possible, je sentais l'eau goutter sur mes cils, tandis qu'il m'avait attrapé une mèche de cheveux trempée. Il avait l'air tellement sincère, et moi, j'avais posé mes mains sur le rebord, m'apprêtant à poser mes lèvres sur les siennes. Namun avait l'air de vouloir m'embrasser, lui aussi. Nos lèvres se touchaient presque, elles se frôlaient, je sentais mon coeur battre très vite, j'avais envie de me lancer mais je n'osais pas, et puis finalement, le rêve se brisa.

C'était la honte, que de se retrouver au fond de l'eau, la vue floutée. J'étais obligée de remonter, obligée de croiser à nouveau le regard de ce garçon. Mes sourcils s'étaient changés en accents circonflexes, je venais d'oublier tout ce qu'il venait de me dire, cette phrase qui m'avait fait rêvé, j'avais oublié qu'il m'avait dit qu'il me trouvait jolie. Il ne fallait pas qu'il remarque mon petit jeu. J'allais me venger, je le savais. Mais pas maintenant. Il fallait que cela soit horrible pour lui.

Je ne me rendais plus compte de ce que je faisais, mais à ce moment-là, j'éprouvais simplement de la honte, et mes joues étaient en feux, mon regard fixant les mains mouillées de Namun. Il était mouillé, mais n'avait pourtant pas bougé de sa place, il était resté assis devant moi.

" Effectivement, nous avons de drôles d'amusements... "

Me pinçant les lèvres, sans lui adresser un regard, je suis remontée pour m'asseoir à côté de lui, venant juste de me souvenir de ce qu'il m'avait dit. Ses lèvres, elles m'avaient frôlé, j'ai failli l'embrasser, mais il a fallut que... Que ce ne soit rien qu'une blague idiote, un mouvement sadique de sa part. En y repensant, il s'était vengé de moi. Pourquoi aurais-je voulu me venger à nouveau, alors que nous étions quittes ? Et bien, j'en avais simplement envie. Je trouvais cela marrant d'embêter du monde, et puis, c'était distrayant. En plus de ça, il me regardait.

Sans tourner la tête, mes yeux se posèrent sur lui, sur Namun, apparemment toujours assis à côté de moi. Et si je partais ? Si je mettais fin à cette discussion ridicule ? Je me ravisai, me répétant que j'allais me venger, mais au bon moment. Pour l'instant, il fallait juste faire comme si de rien n'était. A l'intérieur de moi, je jubilais, j'essayais de réfléchir à ce que j'allais lui faire subir. Relevant la tête, je fondis littéralement. Je ne pouvais pas faire de mal à ce garçon, pas à lui.

" Toi aussi, tu es très beau... Namun. "

Mon regard sur lui s'adoucit, mes yeux se plissant un peu plus, un sourire flatteur se dessinant sur mes lèvres, ces lèvres qui avaient failli se poser sur les siennes.

Plus tu t'éloignes, et plus je perds mes moyens. Plus tu verses des larmes, et plus je recule devant ma faute. Oui, c'est ma faute, si tu souffres. Ma faute, si tu es blessée. Ma faute, tout simplement. Mais je ne fais rien pour t'aider, sauf te regarder. C'est ce qui te pousse à t'en aller ; le fait que je ne respire pas, finalement, le fait que le jeune homme que tu as connu, n'a jamais existé...Je suis vide, aussi vide que mes mains en coupe. C'est ma simple faute.

Mes mains se plaquèrent contre le sol, mes bras tendus retenant le poids de mon corps tandis que j'observais, impassible, Autumn revenir sur le bord de la piscine, trempée, près de moi. Elle ne me regardait pas, et j'avais aperçu une certaine rougeur sur ses joues. Avais-je été trop loin ? Certainement. Peut-être que ma fausse vengeance avait été trop forte, peut-être avais-je fait une mauvaise chose...Certainement. Cela ne me surprend pas. Tout ce que j'entreprends ne semble pas apte à vouloir se développer dans le chemin souhaité. Je l'avais peut-être blessée, de par mon comportement.

Mes yeux continuaient de l'observer, attendant d'obtenir un regard de sa part. Elle finit par me l'offrir. Doux, aimable, flatteur comme ses paroles. Beau, hein...Un léger sourire imperceptible étira mes lèvres. Simple, simple et...amer. Je ne suis pas beau. Je ne suis pas aussi beau que toi, Autumn. Aussi beau que n'importe qui. J'en ai l'impression. Si j'enlevais le masque du gars bien dans sa peau, dragueur à ses heures et gentleman mystérieux, qu'est-ce que je serais ? Rien, certainement. Rien, sauf un liquide écœurant reflétant mes erreurs, toutes...mes erreurs. D'un beau rouge sang. Je ne suis pas comme toi, Autumn, pas comme vous. C'est certainement pour cela, que je m'approche de vous, que je vous blesse...Je suis un bon salop, haha.

J'émis un léger rire, après ses paroles. Baissant le visage, sans pour autant montrer une quelconque gêne ou rougeur. Je l'ai relevé de côté, fixant un bord de la piscine avant de le plonger dans le sien. Un visage doux, malgré mon idiotie. Autumn est déconcertante, Autumn est bien solide.

"Autumn..."

Je me suis un peu plus approchée d'elle, assis désormais en tailleur, face à son profil, la mine assez sérieuse. Un léger sourire anima mes lèvres. J'aimerai m'excuser, auprès d'elle, seulement je n'en suis pas capable. Je devrais m'éloigner, la laisser tranquille, oui, tranquille...Mon front se posa contre le sien, mes yeux couvrirent ses iris, et finalement j'ai penché la tête de côté. Pourquoi faisais-je cela ? Si je le savais. Et toi Louise, sais-tu, pourquoi je me comporte comme un salopard de première ? Peut-être parce que tu n'es plus là pour me contrôler et me guider. Oui, me guider pour que je puisse respirer. Mes yeux se plissèrent, et mes lèvres se posèrent sur les siennes. Baiser volé, tout de même doux, saint, sans arrière pensée. Juste un baiser volé. Ma paume se posa dans son cou, caressant ce dernier, avant que je ne recule, la mine un peu fautive. Je ne devrais pas faire cela, je ne devrais pas m'inviter dans le monde des gens, je ne devrais pas faire souffrir. Je suis malgré tout resté proche d'elle, m'excusant d'un sourire désolé de mon acte.

Pourquoi me suis-je laissée faire, à ce moment-là ? Personne n'en savait rien, et moi la première. Sans doute parce que je ne m'attendais en rien à ce que Namun dépose ses lèvres sur les miennes. Cela avait semblé si réel, et son regard qu'il avait détourné juste avant que je vois un de mes rêves se réaliser - c'est-à-dire, je n'avais jamais embrassé de garçon, ne sortant pas assez - m'avait paru trop mélancolique pour que ce soit de vrais sentiments. De toute manière, je m'en doutais, on se l'était avoué à nous-même, on se trouvait mutuellement beaux et jolis. Il avait plongé ses yeux dans les miens, et c'était à ce moment là que j'avais remarqué qu'il avait l'air de rêver, de penser à une dizaine de choses à la fois et que ce garçon n'était peut-être même pas conscient de ce qu'il faisait.

Mais ça, sur le coup, je m'en suis bien moquée, il a plaqué sur mes lèvres le baiser le plus doux que j'aurais rêvé d'avoir. Namun avait beau être près de moi, il ne me touchait pas, je supposai que cela devait être parce que ce n'était pas un vrai baiser, que nous étions deux inconnus qui s'embrassaient pour presque rien et puis... Et puis, le seul contact physique que nous avions étaient nos lèvres. Alors que mes yeux se plissaient pour se fermer un peu plus qu'ils ne l'étaient, j'ai senti un souffle chaud sur mon cou, comme si on le caressait. J'avais presque honte de me dire que c'était lui, alors j'ai imaginé que ce n'était effectivement que le vent qui passait par là.

Il avait arrêté de m'embrasser, et nous nous regardions, chacun avec une tête hébêté, ne sachant que faire et quelle attitude adopter après cela. Namun avait l'air confus de ce qui venait de se passer, son petit sourire désolé me fit plisser les yeux, le regardant avec compréhension. Peut-être que j'aurais dû le gifler lorsque j'avais compris qu'il voulait m'embrasser. Peut-être, mais je ne l'avais pas fait. C'était étrange, mais je sentais que c'était l'heure de ma vengeance. Mais à ce moment-là, je me suis posée une question étrange. " Sait-il nager ? ". Je ne comprenais vraiment rien à ce que cette question venait fiche ici. Bien sûr qu'il savait nager, il n'allait pas venir au bord de la piscine s'il ne savait pas.

J'étais sûre qu'il savait nager, c'était presque évident pour moi. Et puis, j'étais là, de toute façon. J'étais là, et je voulais juste ma vengeance. Je devrais peut-être même me venger deux fois, son baiser volé comptait double, à mon avis.

" Namun... Tu vois l'eau, quand je passe ma main dessus ? "

Mes murmures avaient l'air irréelles, et cependant tellement vrais, tandis que je passais ma main sur l'eau. Elle bougeait doucement, et nous qui étions penchés au-dessus, voyions notre reflet se déformer légèrement dès que l'eau arrivait vers le bord. Je me voyais, un sourire méchant accroché aux lèvres. Je me détestais lorsque j'étais comme ça. Je devais toujours faire du mal aux gens, c'était comme ma raison de vivre pour moi. Mais je trouvais cela horrible de se venger pendant les trois quarts du temps, pendant lequel nous aurions pu discuter de quelque chose d'intéressant. Le problème, c'est que je ne savais pas discuter. La seule chose que je savais faire, c'était paraître idiote et supérieure aux gens en les snobant.
Namun était bien gentil avec moi, même si je m'étais retenu de beaucoup de choses depuis que j'étais arrivée à la piscine et que je l'avais vu.
Bref, j'en revenais à ma vengeance. Alors que nous étions absorbé par notre reflet, chacun perdu dans nos pensées, je me suis brusquement redressée, et j'ai poussé Namun dans l'eau.

Alors que Namun se perdait dans l'eau, j'ai soudain ressenti un sentiment étrange, comme un sentiment de vide, je ne ressentais... Justement, je ne ressentais plus rien. Mes jambes ont vacillé quelques secondes et finalement, je me suis écroulée sur le sol rugueux, la tête penchée en avant, manquant de tomber à mon tour dans l'eau. Je me sentais devenir pâle, j'avais l'impression de perdre connaissance, mes lèvres devenaient sèches.
Attendant que le garçon remonte, enfin, à ce que je pensais en tout cas, je me suis allongée sur le dos, plaquant ma main mouillée sur ma bouche, essayant de m'hydrater. Tout ce que je voyais était désormais devenu flou, je ne comprenais plus rien à ce qui se passait, une tâche noire commençait à brouiller ma vue. Mes paupières se fermaient doucement, je restais dans le noir cinq secondes et quand je les rouvrais, ça n'allait pas plus mal, ni mieux d'ailleurs.
Et puis, j'y ai repensé. Namun, qu'est-ce qu'il faisait, il n'était toujours pas remonté ?

Plus je m'avance, et plus je semble reculer. Plus je semble m'écrouler. J'ai l'impression d'être à genoux, de ne pouvoir toucher terre. Ni m'allonger, ni m'élever. Vais-je tomber ? Vais-je ouvrir les yeux ? Quel est cet état ? A l'aube du mourant, au coucher d'une vie. J'ai l'impression de te voir, j'ai l'impression, de tomber. Simplement reculer.

Est-ce que je vois l'eau, quand tu passes ta main dessus ? Ce fût la dernière question que tu m'as posé, avant de me pousser. Si je voyais l'eau...Je devrais répondre non, oui, non, car il est impossible de voir à travers le corps humain. Et pourtant...Oui, et pourtant. J'étais envahi par le désir de te murmurer que oui, oui je voyais l'eau, je voyais l'eau et ses dérivées, nos reflets, mon miroir si brisé. Un miroir bancal, usé, et pourtant mouvant. Et puis, je te voyais, aussi réelle que ce reflet. Que devais-je en penser ? Et d'ailleurs, pourquoi, Autumn, m'as-tu fait tomber ?

Je le méritais d'une certaine façon, je le méritais, pour avoir osé te voler quelque chose de cher. Je détruis réellement tout ce qui m'entoure, c'est peut-être ma notion de vivre. J'ai inspiré, l'eau entra dans mes poumons, je me laissais couler, un peu comme un requin sans ailerons. En étais-je un ? Je ne savais plus nager, depuis quelques années déjà. Pourquoi ? Pour toujours la même raison : mes erreurs. C'était idiot comme raisonnement, aussi con que le fait de se laisser couler. Qu'aurais-je dû faire ? Hurler ? Me mettre en colère ? Me débattre ? Je n'en avais pas l'envie. Mes iris observaient la surface, l'air me manquait, mais je semblais si apaisé. J'aurais voulu rester là toute ma vie...Cependant, une voix me disait de m'éveiller, de me débattre. Elle me suppliait de remonter, d'inspirer une grande goulée d'air, de rejoindre une inconnue à peine connue. Le visage de Louise. Mes paupières se rouvrirent.

"Jack ! Réveille-toi !"

Louise...Mon visage brisa la surface translucide, mes mains se posèrent sur le rebord, je m'y suis agrippé, mon visage stoïque fondit pour une sorte de panique en remarquant le corps allongé d'Autumn. Encore. J'avais encore blessé, c'est ça ? Je sortis de l'eau, trempé et arriva près de mon interlocutrice, ne sachant que trop faire, que trop dire. J'étais calme et en même temps pétrifié à l'idée que je lui avais fait du mal. Mais tout ne se rapportait pas à moi, rien ne se rapportait à moi...Mes mains plongèrent dans mes cheveux trempés, avant que je ne décida de me bouger. Allez, Jack ! Deviendrais-je fou ? Ne l'étais-je pas déjà ?

Je pris Autumn dans mes bras, la portant sans grand effort pour la mener d'un pas pressé jusqu'à une sorte d'abri pour le matériel de piscine. Il y avait de l'ombre, et des bouteilles d'eau entreposées par je ne sais quel hasard. J'ai allongé son corps sur le sol, la mine inquiète et pourtant si stoïque. On aurait dit...Que j'avais l'habitude que tout ce que je touche se blesse, pourrisse, n'était-ce pas le cas ici ? J'ai enlevé mon haut pour l'essorer plus loin avant de m'asseoir près d'Autumn, en tailleur. De l'ombre, oui, peut-être que le soleil lui avait trop tapé sur la tête ? Ce ne pouvait pas être de ma faute, impossible, pas encore, pas encore...J'ai posé sa tête sur mes jambes désormais allongées, pour lui donner un appui et j'ai posé la bouteille d'eau fraîche sur son front, mes iris glacées tentant de capter le moindre signe de renaissance. Pourquoi ne l'avais-je pas laissé là-bas ? Si je m'éloignais, je ne lui ferais plus de mal. Plus je la touche, et plus elle se brise. N'est-ce pas ? C'est ainsi, c'est toujours ainsi. Non. Il fallait que j'arrête de paniquer, il fallait que j'arrête.

"Merde..."

Ce n'était qu'un simple murmure, ma main posée sur mon front, l'autre sur son buste, près de son cou, comme pour être certain qu'elle était vivante. Je me suis penché, tentant de garder mon calme et chuchota à son oreille :

"Autumn ? Autumn, réponds-moi..."

Je me retins de supplier un signe, un simple signe. Je posais toujours la bouteille sur son front, avec délicatesse, pour lui offrir un peu de fraîcheur, ne sachant que trop dire, ni que trop faire. Qu'avait-elle ? Pourquoi ? Oui, pourquoi ?

Une odeur, un bruit, une voix... Ce n'était pas ce genre de choses qui m'a tiré de mon profond sommeil. C'était froid, mais à la fois me réchauffait de la tête aux pieds, tellement ce geste était chaleureux. Et les premières images qui m'ont été présentées n'étaient pas des moindres ; en s'ouvrant, mes yeux se sont plongés dans ceux de Namun, oui, le même garçon que j'avais poussé dans l'eau. Le froid sur mon front, c'était une bouteille d'eau glacée qu'il avait posé avec délicatesse sur mon visage, sûrement pour me réveiller. Il semblait paniqué, nerveux, comme s'il ne savait pas quoi faire, comme s'il allait s'écrouler d'une minute à l'autre. Ma bouche s'ouvrit, mais pas pour parler. J'aurais voulu l'embrasser, un vrai baiser, quelque chose avec des sentiments, quelque chose de vrai, de réel. Mais rien n'est sorti, aucun de mes membres ne pouvaient bouger à ce moment-là. J'étais prise de petites convulsions dues au froid-chaud si soudain.

Namun... Il avait eu le temps de remonter à la surface et de m'amener ici, sous cet abri, à ce que je pouvais vaguement en voir. A côté de moi, des dizaines de bouteilles étaient alignées, c'était sans doute le seul objet qu'il avait pu me donner pour m'hydrater et me faire reprendre connaissance. Encore un peu sonnée, je me rendis enfin compte que j'étais couchée sur ses genoux, et sa main près de mon cou semblait prendre ma respiration. Que s'était-il passé ? A peine quelques minutes hors du monde et déjà une fille comme moi se sentait complètement perdue et ne comprenait plus rien.

" N-Namun... Je... "

J'essayai de me redresser mais ma tête retomba très vite sur les genoux du garçon. Je sentis mes yeux se fermer à nouveau. Non, je ne voulais pas retomber dans ce noir sinistre, ce noir qui me faisait si peur, cette quatrième dimension qui m'effrayait. Cet endroit ressemblait aux Abysses d'un monde inconnu. Je voulais rester ici, à la piscine, avec Namun, et profiter de ce moment encore un peu. Mais je n'y arrivai pas, je n'avais aucune raison de rester ici. Il fallait que je fasse quelque chose, mais même les bouteilles d'eau que le jeune homme posait sur mon visage ne pouvaient rien y faire, je me sentais déjà repartir.

Et puis, mes yeux se sont fermés. Non, j'étais simplement en train de dormir. Rien que quelques secondes, rien qu'un peu, comme pour retrouver un peu d'énergie. Et puis, quand je les ai rouverts, j'ai réussi à articuler quelques mots. Mais rien que cette phrase me redonnait le sourire. Cette phrase me donna la force de rester éveiller, cette phrase sommeillait en moi et me redonnait de la force.

" Merci, Namun. "

A ce moment-là, mes yeux se sont fermés à nouveau, mais juste pour dormir. Je savais que je n'allais pas perdre connaissance. Je souris, comme pour essayer de rassurer Namun, lui qui était sûrement inquiet de la situation. Il ne fallait pas qu'il se fasse du soucis pour moi, il ne fallait pas qu'il soit si inquiet.

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I'm falling, in the water, i'm falling...[PV Autumn]

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