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| Jour 3 - Jouer du violon sous la pluie [PV : Yuki] | |
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Sujet: Jour 3 - Jouer du violon sous la pluie [PV : Yuki] Mer 31 Oct - 21:30 | |
| Invité Mon téléphone portable traversa la chambre et alla s'écraser contre la porte. La sonnerie cessa soudain et je compris alors que la batterie avait dû être éjectée à cause du choc. Pourquoi n'avais-je pas coupé le réveil hier soir ? Maintenant, impossible de me rendormir si je voyais qu'il faisait jour.
- Fait chier...
Déjà de mauvaise humeur, je me levai et me rendis aux douches communes. Elles étaient désertes et cela semblait normal, vu l'heure matinale. Au moins, personne ne m'embêtait. Quand je revins dans ma chambre, mon regard tomba sur le lit voisin toujours inoccupé. « Pourvu que ça dure... » songeai-je en soupirant. Ne sachant que faire, je piochai un livre dans ma valise et en lus une bonne partie. Je le posai sur ma table de chevet quand ma montre afficha huit heures et demi. J'avais envie de me dégourdir les jambes, d'aller faire un tour. Après réflexion, je fouillai sous mon lit et m'emparai de mon étui à violon. J'en jouais depuis l'âge de neuf ans, tout comme le piano. J'aimais rejouer les airs que je trouvais sur Internet, ceux que le monde entier connaissait, mais d'autant plus inventer mes propres morceaux. Dans ces moment-là, je me sentais libre, serein, satisfait. Je sortais mon violon pour la première fois depuis mon arrivée à Hina, il y avait de cela deux jours. En allant à la porte, je ramassai mon téléphone portable, remis la batterie en place et le fourrai dans la poche de mon jean noir. Une fois sorti, je verrouillai la porte et m'éloignai. Je marchais dans les couloirs du pensionnat d'un pas lent en jetant parfois quelques coups d'œil par les fenêtres devant lesquelles je passais. En cette matinée de samedi, il pleuvait légèrement mais pas assez pour m'empêcher d'aller dehors. Je cherchais un endroit tranquille. Je souhaitais m'y rendre pour méditer, me reposer, jouer quelques morceaux de violon... me divertir. Je trouvai mon bonheur après une bonne dizaine de minutes de marche. En sortant du bâtiment par la porte principale, j'avais repéré un coin près du mur qui séparait l'extérieur du pensionnat et la rue. L'endroit était désert, silencieux mise à part les gouttes de pluie qui s'écrasaient sur le feuillage des arbres et des buissons. J'avançai tranquillement en cherchant où m'installer. Je repérai un petit banc et m'assis dessus en posant mon étui à côté de moi. Malgré la pluie, il ne faisait pas froid. Pourtant, je n'étais vêtu que d'une chemise noire à manches longues retroussées au niveau des coudes et je craignais un peu les basses températures. Après avoir inspiré profondément, je sortis mon violon de son étui, ainsi que l'archet grâce auquel je faisais entendre ma musique. J'accordai mon instrument puis jouai quelques notes sans vraiment créer de mélodie. Je restai ensuite immobile durant un long moment. Je me demandais quel air je choisirais. J'en connaissais tellement... Pourquoi ne pas commencer par un de ceux que j'avais appris à mes débuts ? Je commençai à jouer la « Berceuse » de Camille Saint-Saëns. Cet homme était un pianiste, organiste et compositeur français de l'époque post-romantique. Il devint célèbre grâce à ses nombreux écrits : opéras, oratorios, symphonies, concertos pour piano, violon et violoncelle, compositions chorales, musique de chambre, pièces pittoresques... C'était le premier artiste que j'avais appris à comprendre et à rejouer. Je fermai les yeux, m'imprégnai de la douce mélodie, sans prendre garde aux quelques gouttes de pluie qui passaient à travers le feuillage des arbres et commençaient à mouiller mes vêtements, mes cheveux, mon instrument. Plus mon archet glissait sur les cordes du violon, plus je me sentais bien, apaisé. Les notes étaient faciles et grâce à cela, ma mauvaise humeur s'évapora peu à peu. Quand la mélodie se termina, je rouvris les yeux et les levai vers le ciel. Il pleuvait toujours.
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| | | Sujet: Re: Jour 3 - Jouer du violon sous la pluie [PV : Yuki] Sam 3 Nov - 1:46 | |
| Invité Le taxi qu'elle avait emprunté pour venir jusqu'au pensionnat s'éloigna au moment même où Yuki posa les yeux sur l'immensité du bâtiment qui lui faisait face. Elle était déjà perdue, rien qu'à le regarder. L'endroit semblait pouvoir accueillir des centaines d'étudiants, ce qui n'était pas vraiment pour la rassurer. Elle craignait d'avoir un peu de peine à prendre ses marques. Sans savoir où se rendre exactement, elle passa donc le portail, traînant tant bien que mal avec elle une valise qui devait peser presque son poids. Le reste de ses affaires était censé lui être amené dans la semaine, si tout se passait correctement.
D'un naturel plutôt enjoué, la petite demoiselle – rappelons tout de même qu'elle dépassait à peine le mètre cinquante – laissa rapidement sa bonne humeur habituelle reprendre le dessus, fredonnant une mélodie sans queue ni tête et sautillant presque à chacun de ses pas. Elle pouvait parfois se montrer plus immature encore que certains des élèves qu'elle aurait l'occasion de croiser ici. C'était d'ailleurs ce côté enfantin qui lui permettait de garder le sourire et ce, quelle que soit la situation.
Le pensionnat lui semblait déjà fort sympathique alors qu'elle n'était encore qu'à l'extérieur. L'espace était assez vaste pour permettre à chacun d'avoir un minimum d'espace vital et la verdure était plutôt foisonnante, bien qu'un peu jaunie par la saison. Quelques gouttes de pluie tombaient d'ailleurs de ci de là, tombant parfois sur ses cheveux, parfois sur ses vêtements ou parfois sur sa peau. Elle n'avait pas pensé à prendre de parapluie et la petite veste noire qu'elle portait par dessus sa robe n'était pas assez épaisse pour la protéger de l'humidité. A vrai dire, ça lui était plutôt égal puisqu'elle appréciait beaucoup la pluie. Mauvaise habitude qu'elle avait d'ailleurs prise depuis sa plus tendre enfance de sortir à chaque averse, parfois même pour une poignée de secondes seulement.
La jeune femme était tellement obnubilée par les gouttes d'eau qui s'écrasaient au sol par centaines, milliers, qu'elle en oubliait totalement les raisons premièrse de sa venue ce matin là : être habilitée à ses fonctions. Elle avait effectivement postulé pour un emploi de surveillante durant l'été, mais ne s'était pas vraiment attendue à recevoir une quelconque réponse étant donné la petitesse – pour ne pas dire inexistence – de son cv. Quelle n'avait pas été sa surprise en apprenant qu'elle avait rendez-vous pour un entretien d'embauche. Et voilà qu'elle se retrouvait désormais en ces lieux, peinant encore à croire à sa chance.
Ses pas la promenaient un peu à l'aveuglette, alors qu'elle savourait joyeusement la sensation de chacune de ces petites gouttes qui lui tombaient dessus. Elle sautillait toujours – l'endurance de sa valise était d'ailleurs mise à rude épreuve – sur une mélodie qu'elle ne connaissait pas et qui … ne sortait pas de sa bouche ?! Elle se stoppa net et tendit l'oreille. La mélodie qui lui parvenait était incontestablement bien plus claire, fluide et agréable que ce qu'elle même s'amusait à fredonner. Difficile à comparer d'ailleurs, tant les registres étaient différents.
Curieuse de nature, la jeune femme ne se fit pas prier davantage. Elle abandonna tout simplement sa valise et se laissa guider par le son mélodieux qui filtrait au travers des quelques arbres qui l'entouraient. Elle avançait désormais prudemment, sur la pointe des pieds même, prenant garde à ne pas écraser une branche ou glisser en chemin. La musique s'intensifiait peu à peu, jusqu'à ce que Yuki soit suffisamment proche pour constater par elle même qu'il s'agissait d'un morceau joué par quelqu'un, au violon semblait-il. Qui donc pouvait bien être entrain de jouer d'un instrument à une heure si matinale ? Elle n'allait de toutes façons pas tarder à le savoir.
Effectivement, Un court instant plus tard, elle repéra finalement un garçon, assis sur un banc à quelques pas de là. Il ne semblait pas avoir remarqué l'intrus qui venait de se faxer discrètement jusqu'à son petit coin de tranquillité. Elle n'osa pas s'approcher davantage, préférant se contenter de le regarder jouer en silence. Elle en profita d'ailleurs pour détailler un peu le garçon. Il semblait plus âgé qu'elle, assez en tout cas pour ne plus faire partie des étudiants du pensionnat. Un professeur, peut être celui de musique ? Ou alors un collègue. A moins qu'il ne s'agisse encore d'un autre membre du personnel …
Sa coupe de cheveux était encore ce qu'il y avait de plus surprenant. Enfin, pas sa coupe, sa couleur de cheveux. Bleus. Tout simplement bleus. C'était peu commun. Yuki ne connaissait pas encore ce garçon, mais elle était déjà bien décidée à obtenir un droit de garde sur sa tête – à savoir les week end, jours fériés, vacances et jours de fêtes – parce que là, véritablement, elle était fan de la couleur. Sa tête aussi d'ailleurs, elle devait bien admettre que ce garçon avait son charme.
Après encore un moment d'hésitation, la demoiselle prit finalement son courage à deux mains et fit quelques pas en direction de l'inconnu. Il semblait véritablement captivé par ce qu'il jouait, s'en était beau à regarder. Elle s'arrêta à une distance suffisamment respectable pour qu'il ne la remarque pas encore et resta ainsi, sans bouger et sans presque oser respirer jusqu'à ce qu'il ai joué la dernière note. Alors seulement, elle s'autorisa à élever la voix, hésitante et un peu gênée par son arrivée plus qu'imprévue.
- Salut, salut. C'est, euh... hum, sympa ce que tu jouais là. T'es doué !
Elle se mordit la lèvre en perdant encore quelques centimètres – si c'était possible – quelque peu mal à l'aise. Elle avait beaucoup de mal à tenir en place et à conserver son calme. Son envie de s'exprimer était d'ailleurs si forte qu'elle sautillait presque d'un pied sur l'autre, telle une pile électrique s'obligeant à ne pas se servir de ses batteries pourtant gonflées à bloc. Elle inspira à fond et respira ensuite profondément. Acte totalement inutile, puisqu'elle craqua l'instant d'après.
- Nan mais continues ! Tu joues trop bien. Fais comme si j'étais pas là surtout ! Tu joues trop bien. Je voudrais pas te freiner dans ton élan … Je t'ai dit que tu jouais trop bien ?
Le missile était lancé, restait maintenant à savoir s'il était possible de l'arrêter. Beaucoup avaient essayé, peu y étaient parvenus. Elle le regardait avec de grands yeux presque fascinés, un sourire de gamine fiché au coin de la bouche. Sans gêne aucune, elle vint s'asseoir – se laissa tomber serait plus exact – sur le banc à ses côtés, avec l'air naïf qu'aurait un gosse qui mettrait les pieds dans un parc d'attraction pour la première fois de sa vie.
- J'adore tes cheveux monsieur l'artiste ! C'est quoi ton petit nom d'ailleurs ? « Tête de schtroumpf ambulante » c'est sympa mais un peu péjoratif quand même … Alors que tes cheveux, ils sont cool quoi !
Elle avait prononcé cette dernière phrase comme s'il s'agissait de l'évidence même. Elle le regardait tout sourire, sans se douter un seul instant que cette première rencontre jouerait pour beaucoup sur le bienfait – ou pas – d'une colocation entre deux personnes tout ce qu'il y a de presque civilisées. |
| | | Sujet: Re: Jour 3 - Jouer du violon sous la pluie [PV : Yuki] Dim 4 Nov - 16:43 | |
| Invité - Salut, salut.
Je baissai la tête et me retrouvai face à une jeune fille d'environ une vingtaine d'années. Très petite, fine et élancée, sa peau était d'une pâleur similaire à la mienne, mais pas aussi soutenue par une couleur de cheveux particulièrement voyante. D'accord, les japonaises blondes ne couraient pas les rues mais je devais avouer que ce genre de mèches lui allait plutôt bien. Ses cheveux étaient longs, lisses et lâchés de derrière pour ne laisser que deux petites couettes attachées de chaque côté de sa tête. Son visage fin aux traits doux et bien dessinés exprimaient une certaine hésitation dont je ne compris pas la source, jusqu'à ce que je remarque que son regard noisette allait de mes yeux à mon violon, comme si elle souhaitait me dire quelque chose sans être certaine de ses futures paroles. Vestimentairement, elle ne passait pas inaperçue. Un style gothique lolita tout à fait mignon, sans passer par l'exagération : une petite veste noire par dessus une robe rouge à carreaux écossais et large à partir de la taille, des bas résille, des gants transparents aux motifs discrets montant jusqu'aux avant-bras ainsi qu'une paire de petites ballerines noires. Je ne l'avais même pas entendu approcher. Quand je jouais, je demeurais si concentré que je ne faisais plus attention à ce qu'il se passait autour de moi. De plus, étant donné le mauvais temps et l'heure à laquelle peu de monde se levait un samedi, je pensais être tranquille et pouvoir jouer sans être entendu. Visiblement, je me trompais. Non seulement, cette fille m'avait écouté mais ma musique semblait l'intéresser.
- C'est euh... hum, sympa ce que tu jouais là, dit-elle timidement. T'es doué !
Elle paraissait tellement mal à l'aise que je m'attendais à la voir disparaître sous terre d'un moment à l'autre. Elle se tortillait dans tous les sens et sautillait d'un pied sur l'autre, telle une gamine qui n'osait pas dire ce qu'elle pensait ou craignait la réaction de son interlocuteur. Au bout d'un petit moment, elle tenta de se ressaisir en inspirant et expirant profondément. J'aurais pu la remercier du compliment si elle ne s'était pas soudainement mise à parler à toute vitesse comme une fan hystérique.
- Non mais continue ! Tu joues trop bien. Fais comme si j'étais pas là surtout ! Tu joues trop bien, répéta-t-elle avec entrain. Je ne voudrais pas te freiner dans ton élan... Je t'ai dit que tu jouais trop bien ?
Si je n'avais pas un minimum de politesse et de respect envers autrui, je me serais bouché les oreilles devant elle. Avec un grand sourire digne d'une enfant devant un cadeau de Noël tant convoité, elle se laissa tomber assise à côté de moi et observa ma chevelure couleur cyan.
- J'adore tes cheveux, monsieur l'artiste ! C'est quoi ton petit nom d'ailleurs ? « Tête de schtroumpf ambulante » c'est sympa mais un peu péjoratif quand même... Alors que tes cheveux, ils sont cool quoi !
Mes doigts se crispèrent sur l'archet et les cordes de mon violon. S'il y avait une chose que je détestais par dessus tout, c'était qu'on se moque de la couleur de mes cheveux. Cette fille disait l'apprécier mais ne pouvait pas s'empêcher de me donner un surnom aussi ridicule issu d'une série de bande dessinée belge, ce qui me surprit un peu venant d'une japonaise. Et ne pouvait-elle pas se taire une seconde ? Elle me donnait mal à la tête... Pour un premier contact de la journée, il commençait mal. La musique m'avait permis d'évacuer ma colère et à cause cette pipelette, je me sentais à nouveau bouillir de rage. Avec plusieurs inspirations et expirations pour tenter de me calmer et éviter d'étrangler la blondinette, je posai mon instrument et l'archet sur mes genoux. Mais résister à l'envie de l'attraper par le col de sa veste pour la rapprocher et lui lancer un regard assassin fut plus difficile que prévu.
- Plus un mot sur mes cheveux, prévins-je en serrant un peu plus le poing sur le tissu.
Ce n'était pas parce qu'ils avaient une couleur particulière qu'il fallait en faire tout un plat. Comme si c'était surprenant, ici, au Japon...
- Et boucle-la, tu me fatigues déjà.
Sur le coup, l'envie de la remercier m'échappa complètement et c'est en me murant dans le silence que je lâchai mon interlocutrice. Dans un soupir, je lui tournai le dos et attrapai un chiffon dans l'étui de mon violon. D'un geste délicat, je le passai sur le bois de mon instrument comme s'il ne s'était rien passé. |
| | | Sujet: Re: Jour 3 - Jouer du violon sous la pluie [PV : Yuki] Ven 9 Nov - 22:14 | |
| Invité Une main pleine de doigts venait de se refermer sur sa veste, tandis que son propriétaire la rapprochait de lui sans délicatesse aucune. Olala, c'est que monsieur se montrait de mauvais poil ! Quelle mouche avait bien pu le piquer pour qu'il en vienne à afficher cet air bougon ? Ses yeux s'étaient agrandis sous l'effet de surprise, hébétée qu'elle était par cette réaction plutôt brutale. Prise d'un mutisme aussi soudain qu’inespéré, elle resta interdite, osant à peine respirer et surtout pas bouger.
- Plus un mot sur mes cheveux.
Le ton de ce garçon était tout ce qu'il y avait de plus catégorique, et l'idée qu'elle avait peut-être agacé son interlocuteur avec sa dernière remarque germa – enfin – dans l'esprit de Yuki. Un air encore plus surpris se ficha sur son visage, alors qu'elle comprenait maintenant les raisons qui avaient poussé le jeune homme à agir de cette façon. Elle envisagea un instant de lui proposer de prendre des cours de yoga pour se détendre – c'était pas la peine de s'énerver pour si peu ! - mais se ravisa aussitôt. En vue de son tempérament apparent, elle risquait d'aggraver la situation, alors que celui-ci était visiblement à prendre avec des pincettes. Ce qui en soi n'arrangeait pas la demoiselle ; la subtilité ne faisait absolument pas parti de ses atouts. Et puis qu'avait-elle à se reprocher finalement ? Ce n'était tout de même pas de sa faute si ce garçon s'emportait pour un rien.
- Et boucle-la, tu me fatigues déjà.
Cela faisait un moment déjà que la jeune femme n'avait pas eu l'occasion de vivre un ascenseur émotionnel si expéditif. A vrai dire, ça ne lui avait même pas du tout manqué. Son visage passa alors par plusieurs expressions en un laps de temps assez court. Sa bouche s'ouvrit l'espace d'un instant tant elle restait coite par les derniers mots qui venaient d'être prononcés. Se furent ses sourcils qui entrèrent ensuite en action en se fronçant négligemment. Le regard qu'elle lança alors à cet espèce de goujat – tandis qu'il se décidait enfin à la lâcher – laissait clairement ressentir à quel point ses propos l'avaient médusé. Yuki n'avait jamais été de ce genre de personnes capable de cacher leurs émotions par un masque d'indifférence. Au contraire, tout ce qu'elle faisait dans son attitude ou sa façon d'être, elle y mettait toute son énergie. Ce genre de comportement ne plaisait certes pas à chacun mais comme le disait si bien le proverbe, il faut de tout pour faire un monde.
En tous les cas, Yuki se souviendrait sans doute encore longtemps de cet accueil absolument pas chaleureux – certes, elle s'était invitée toute seule – voir même carrément réfrigérant, qu'elle avait reçu à son arrivée. La journée commençait à merveille. Un peu brusquement elle se leva et ficha son regard dans celui de l'homme qui trouvait face à elle, visiblement occupé qu'il était desormais à passer un chiffon sur les cordes de son violon. Cette réaction l’excéda davantage encore si c'était possible, outrée de la voir agir comme si déjà elle était repartie. Les mains sur les hanches, elle se pencha légèrement en avant, le dépassant à peine debout alors lui était encore assis.
- Nan mais ça va pas d'agresser les gens comme ça ?! Détends-toi quoi, j'allais pas te bouffer !
Elle lui lança un regard noir. Ce genre de regard qui, fiché sur un minois tellement pas habitué à ce genre d'expressions et même avec toute la bonne volonté du monde, ne pouvait décemment pas être crédible. Elle mettait pourtant un point d'honneur à montrer à cet "espèce de grand machin" à quel point elle était outrée par son comportement. Elle ne comprenait pas l'intérêt que quelqu'un pouvait avoir à se montrer si désagréable et froid, alors qu'il aurait tout simplement pu lui dire qu'il préférait rester seul, si sa présence l'indisposait tant.
Avec désinvolture, elle se redressa finalement, une légère grimace déformant ses lèvres l'espace d'un moment. Elle espérait que la suite de la journée se révélerait plus agréable que ses premiers pas dans l'enceinte de l'établissement, auquel cas cette année risquait de se montrer moins sympathique que prévu.
- Bon, bah je vais pas te déranger plus longtemps. Ce serait dommage que ma présence provoque en toi des envies soporifiques !
Sans s'attarder davantage, la jeune femme pivota sur elle-même, bien décidée à s'éloigner d'ici rapidement. Il lui fallait de toute façon se rendre à l'administration du Pensionnat pour signaler son arrivée. Et puis, plus elle mettrait de distance entre elle et le musicien ronchon, plus sa bonne humeur habituelle aurait de chance de pouvoir à nouveau pointer le bout de son nez. Elle commençait d'ailleurs à faire demi-tour, quand soudain, elle se stoppa net. Pourquoi devrait-elle partir en fait ? Après tout, elle n'avait rien fait de mal au final. L'autre garçon était simplement mal luné - peut-être même l'était-il déjà avant qu'elle ne vienne s'incruster - et ce n'était pas à elle de s'en vouloir pour ça. Elle avait même attendu qu'il ait fini de jouer son morceau avant de l'interrompre; de ce fait, rien ne pouvait décemment l'obliger à se sentir coupable de rester là. L'endroit était plutôt jolie en plus, alors autant en profiter.
A nouveau elle fit un demi-tour complet et se précipita cette fois-ci sur le jeune homme qu'elle venait à peine de quitter, toujours aussi mécontente de cette situation assez particulière. Arrivée à lui, elle se planta comme fleur, espérant ainsi le surplomber de toute sa petitesse. Parce qu'en plus, elle essayait de l'intimider maintenant ...
- Et puis, je vois pas pourquoi je devrais me sentir obligé de partir en fait ! Je voulais pas critiquer tes cheveux tu sais. C'est peut-être bien ce qu'il y a de plus cool chez toi ...
Toujours ahurie par un tel manque de sympathie, elle ne parvenait pas à se calmer. Bras croisés, mine renfrognée, scandalisée. Ça lui donnait presque envie de ... Mais oui !
Prise d'un élan soudain, elle asséna un coup de poing sur le bras de son interlocuteur, de toute la force de moustique dont elle pouvait faire preuve. Mais ce qui comptait c'était le geste et non pas son impact. Boudeuse, elle recula d'un pas.
- T'es méchant.
Six ans. Peut-être huit, mais vraiment pas plus.
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| | | Sujet: Re: Jour 3 - Jouer du violon sous la pluie [PV : Yuki] Mer 14 Nov - 20:19 | |
| Invité Visiblement outrée, la jeune fille se leva d'un bond et me fit face, les mains sur les hanches, prête à déferler toute son indignation sur moi. Elle se pencha en avant, et dit :
- Non mais ça va pas d'agresser les gens comme ça ? Détends-toi quoi, j'allais pas te bouffer !
Encore heureux, songeai-je en évitant de lever les yeux au ciel. Elle m'accorda un regard empli de haine, une expression pas franchement convaincante sur un visage aussi angélique que le sien. Elle finit par se redresser.
- Bon, bah je ne vais pas te déranger plus longtemps, déclara-t-elle vexée. Ça serait dommage que ma présence provoque en toi des envies soporifiques !
Des envies soporifiques en sa présence ? Cela m'étonnait fortement avec un tel moulin à paroles et une voix suraiguë. Du coin de l’œil, je la vis tourner les talons et s'éloigner d'un pas rageur. Je pensais ne plus en entendre parler pendant un moment mais à peine eut-elle fait deux mètres qu'elle revint vers moi en se tenant droite, de toute sa hauteur, comme si elle croyait qu'elle allait m'impressionner du haut de son mètre cinquante.
- Et puis, je ne vois pas pourquoi je devrais me sentir obligée de partir en fait ! décida-t-elle à mon plus grand désarrois. Je ne voulais pas critiquer tes cheveux tu sais. C'est peut-être bien ce qu'il y a de plus cool chez toi...
Si elle essayait de se rattraper, elle s'y prenait très mal. A moins qu'elle soit réellement sincère mais j'avais du mal à y croire. Je tournai la tête vers elle. Elle croisait les bras et me regardait, l'air toujours aussi grognon. Puis, avant même que je puisse réagir, elle me donna un petit coup de poing dans l'épaule. Manquant de faire tomber mon violon, j'ouvris des yeux ronds, surpris.
- T'es méchant, dit-elle à la manière d'une enfant scandalisée en faisant la moue.
Elle recula et je posai mon instrument dans son étui. Je le refermai à demi, simplement pour ne pas que les gouttes de pluie mouillent l'intérieur. Puis je reportai mon attention sur la jeune fille. Elle ne bougeait pas et attendait ma réaction. Passant ma main dans ma chevelure, je soupirai, pris la parole, plus calmement cette fois-ci.
- Je ne le suis pas autant, habituellement.
Mais ses remarques qui, d'après elle, semblaient si peu offensantes, l'étaient vite devenues après la sale matinée que je venais de passer. J'aurais vraiment souhaité être encore dans mon lit à rattraper les heures de sommeil qu'il me manquait. Et j'aurais également aimé partir d'un meilleur pied avec cette fille. Cependant, je n'étais pas certain de pouvoir m'entendre avec elle. Je sentais déjà que quelque chose nous séparait. Elle parlait beaucoup et cela me mettait hors de moi. Mon père m'avait tellement réprimandé là dessus – ayant été un agaçant bavard rebelle dans mon enfance – que j'avais fini par me calmer et à présent, je ne supportais plus ce défaut venant d'autrui. Je finis par me mettre debout pour faire face à mon interlocutrice. Fourrant mes mains dans les poches de mon jean, je baissai les yeux sur elle, inspirai un grand coup, expirai lentement et pris la parole.
- OK alors je vais oublier le surnom que tu m'as donné... si tu ne m'en redonnes pas un encore plus ridicule.
Puis je tendis ma main vers elle, en espérant que le reste de notre conversation ne tourne pas aussi mal qu'au début.
- Constantine, me présentai-je. Je suis surveillant ici. |
| | | Sujet: Re: Jour 3 - Jouer du violon sous la pluie [PV : Yuki] | |
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