-It's just a beautiful place !

Voilà résumé en quelques mots ce que ressentait Nath' en arrivant au pensionnat. La façade du bâtiment était jolie, propre et probablement récemment repeinte et l'allée y menant était bien entretenue. Le pensionnat en lui-même semblait des plus agréable. Tant mieux d'un autre côté, s'il devait y passer toute l'année... Bon cela manquait de la magnificence des pensionnats anglais qui voulaient tous se montrer plus majestueux les uns que les autres mais leurs couloirs en pierres brutes étaient froids et aérés. Ici cela semblait douillet, confortable et surtout plus chaud !

Il n'avait pas eu de problèmes pour arriver. Il s'était tout de même préparé bien à l'avance au point de connaître le trajet par coeur, il ne voulait surtout pas se perdre, son japonais était bien assez moyen pas besoin en plus de le êttre en pratique dans une situation stressante. Il était surtout atterré de n'avoir quasi su lire aucune pancarte pendant le trajet, une fois que vous avez quitté les lieux touristiques, on retrouve ces très chers kanjis impossible à lire pour un non-japonais.

Il poussa la porte d'entrée, sa valise à la main. Devant lui s'étendait en effet un large hall d'entrée qui devait aussi servir de lieu de rassemblement pour les pensionnaires. Une sorte de petit salon confortable. C'était sympathique... et vide. Logique, il était à peine 8h30 du matin et on était dimanche, s'il n'avait dû prendre son car à 7 heures, il serait encore au lit lui aussi. Sauf qu'il avait quand même besoin d'un(e) guide sinon il allait errer misérablement pendant des heures ! Ce n'est pas qu'il a dû mal à retrouver son chemin, c'est surtout qu'il a un sens de l'orientation inexistant. Bon, on pouvait toujours essayer l'appel à l'aide. Sinon ce serait l'alarme incendie...

Arrêtant de parler anglais pour revenir au japonais, il lança assez fort :

-Bonjour... Il y a quelqu'un ?

• 7h30. Impossible de fermer l'œil depuis cinq heure du matin. Je n'aurais pas du laisser mon casque sur mes oreilles en m'endormant, car lorsque la musique la plus violente de mon répertoire fut lancée, je fus réveillée en sursaut, et expulsée en dehors de mon lit. Quelle idée ! C'est donc le pas lourd et les yeux gonflés que je me dirigeai vers les douches. À cette heure là, il ne risquait pas d'y avoir grand monde. Entrant dans la salle d'eau, je n'osais même pas pencher la tête afin de m'observer dans le miroir. Je balançai mes affaires dans un coin de la pièce, puis me détachai de mes vêtements sans cérémonie. Entrant dans l'habitacle, je laissai l'eau bouillante me couler sur le corps. Quoi de mieux pour ce réveiller que de l'eau brûlante et mon épiderme à vif ? Une bonne claque dans la gueule ! Mais bon, je n'allai pas me frapper moi même, alors la douche était ma première solution.

• Vingt minutes plus tard, je pénétrai de nouveau dans ma chambre. Mes cheveux étaient encore trempés, alors je pris garde de ne rien mouiller, mon colocataire quelques peu agaçant.. Une prise de tête n'était pas au programme. Attrapant un pull propre, une jupe courte, et mes Doc Martens, je sortis doucement de la pièce. Finissant de m'arranger les cheveux, je décidai qu'il été temps d'aller fumer une petite cigarette. J'entrepris donc de longer le mur du couloir à pas mesuré. L'établissement était endormie, il n'y avait aucun mouvements, aucun bruits. Le mot paisible prenait tout son sens dans cet environnement. Et tandis que j'arrivai en haut des escaliers, je commençai à les descendre, toujours quelque peu engourdis par la fatigue et la fraîcheur du matin. Baillant deux ou trois fois pendant ma descente, je manquai de m'endormir debout. La douche n'y avait rien changée !

• Arrivé à mi chemin, j'entendis la grande porte du hall d'entré s'ouvrir, puis se refermer. Un bruit de roulette retentis, puis de nouveau un silence. M'étant stoppé nette, je me grattai la tête. Qui pouvait bien être réveillé à cette heure là, mise à part moi, misérable malchanceuse ! Cessant de cogiter comme une paranoïaque, je repris ma marche. Arrivée à la fin des escaliers, une voix retentit, mais trop basse pour que je puisse comprendre ce que l'on disait. je décidai donc de faire la fille sociale, et de prendre les devants !

• Posant le pied sur le sol, je me retrouvai donc dans le hall vide. Un jeune homme était là. Plutôt séduisant, mais ça ne devait surement pas être la chose la plus importante à connaître sur lui. En effet, il avait un air d'étranger. Pour sur, il n'était pas japonais, ni chinois d'ailleurs, ni asiatique. Penchant la tête sur le côté, je m'approchai de lui. Sur sa valise était collé une étiquette où été marqué les lettres «U.K». Il était anglais. Et semblait complètement perdu... Il me faisait de la peine, il était désorienté, alors j'allais probablement faire ma béa de l'année... M'approchant de lui doucement, je posai ma main sur son épaule, l'air sérieux, je lui chuchotai :

C'est bon Nathan était perdu ! Y avait personne à cette heure et il n'avait plus qu'à tenter sa chance au petit bonheur la chance. Nul doute qu'on retrouverait ses ossements blancs dans quelques semaines au détour d'un couloir. Au moins il avait ses papiers sur lui, on saurait l'identifier... Il contemplait maintenant le couloir devant lui depuis deux bonnes minutes en tâchant de se préparer mentalement à son errance prochaine quand une main se posa sur son épaule.

Tout à fait pris par surprise, Nathan sursauta en retenant un petit cri aigu (autant ne pas perdre toute réputation en moins de cinq minutes) et se retourna pour regarder à qui appartenait cette petite main menue qui avait pris apui sur lui. Loin d'être un fantôme ou autre créature surnaturelle (on ne sait jamais, quand on sort d'un pensionant anglais...), il s'agissait simplement de celle d'une jeune fille. Le jeune homme la regarda quelques instants, tentant de se concentrer et de comprendre ce qu'elle avait dit. Pas qu'il n'ait pas compris, il n'avait en fait pas entendu étant donné qu'il était trop occupé à battre le record du monde de saut en hauteur...

Bon, elle semblait attendre une réponse de lui, il aurait juré qu'elle ne s'était pas encor présentée mais pouvait lui commencer par là. Oui ! Bon début !

-Hel...

Non, plus d'anglais ! Uniquement japonais maintenant se morigéna-t-il intérieurement. Il reprit le plus vite possible dans l'autre langue :

-Bonjour, je suis Nathan Triel. Je viens d'arriver...

Cela elle avait déjà dû le comprendre, en voyant sa valise... Bon enchaîner et lui demander de l'aide, si elle partait sans lui il serait dans de beaux draps !

-Tu peux m'aider s'il te plait ?

Ne m'ayant pas remarqué, il sursauté, comme si il avait vu un fantôme, un monstre, un revenant. Il ne semblait pas avoir compris un traître mot de ce que j'avais dis. Je restais perplexe. Il ne bougea pas, ne broncha, ne respira, ne respira pas pendant au moins trois bonnes minutes, puis, il finit pas se présenter :

«- Bonjour, je suis Nathan Triel. Je viens d'arriver...»

Ne répondant pas, je cherchai dans ma tête où j'avais déjà entendu ce nom... Triel... Ce nom me disais vraiment quelque chose... Ça y est, je me souvenais. J'étais partie en France, lorsque j'avais onze ans, pendant exactement dix jours, afin de voir mes parents. Ils avaient une résidence semi permanente, à trente minutes de la capitale, dans une petite ville nommé Triel sur Seine. C'était un joli nom, à mon goût, du moins. Revenant à la réalité, il ouvrit de nouveau la bouche afin de me demander quelque chose :

«-Tu peux m'aider s'il te plait ?»

Son accent anglais lui donnait un air tellement craquant, j'aurai pu le manger sur place. Il était très beau garçon, des traits fins composants son visage, en passant par sa silhouette, finissant par sa posture. Oui, c'était un très beau jeune homme, bien anglais ! Cela devait faire au moins cinq bonnes minutes que j'étais resté figée sur place, l'observant assidûment...

« Oui, bien sûr que je peux t'aider. Dis moi de quoi as-tu besoin, ou du moins, ce que tu cherches !» Lui dis-je, un sourire lumineux collé au visage.

Elle semblait observer Nathan avec insistance, l'air légèrement intriguée. Comme elle mettait du temps à répondre, il pensa qu'elle tentait de déchiffrer ce qu'il avait dit et se dit qu'il devrait répéter. Préparant donc mentalement une phrase correct et bien construite, il fut déstabilisé quand elle lui répondit. Bon, elle devait être perdue dans ses pensées, ou avoir finalement compris ce qu'il voulait dire... Il n'était pas un cas désespéré finalement !

« Oui, bien sûr que je peux t'aider. Dis moi de quoi as-tu besoin, ou du moins, ce que tu cherches !»

Son sourire redonna confiance au jeune homme. Bon elle semblait sympathique et ne pas lui en vouloir de massacrer sa langue. En y repensant, il apprécierait aussi qu'on fasse des efforts en Anglais si on allait habiter en Angleterre. Allez profiter de sa chance !

"-Merci ! Je sais que je dois aller me présenter au secrétariat pour qu'ils me donnent les clés de ma chambre et mon horaire afin que je commence les cours dès demain. Le problème c'est que je ne sais ni où est le secrétariat, ni les dortoirs et encore moins les classes ou le réfectoire..."

Il avait dit cela d'une traite et était plutôt fier de ne pas avoir buté sur les mots ni pris trop de temps à réfléchir. Cela venait la fluidité ! Il avait assez étudié pour pouvoir au moins parler correctement ! Par contre il croisait les doigts pour en espérant ne pas avoir fait trop de fautes... Il enchaîna rapidement :

-Avant tout, pourrais-je connaître ton nom s'il te plait ? demanda-t-il en souriant.

Appréciant son accent étranger à chacun des mots qu'il prononçait, j'observai le moindre de ses traits. Ils étaient fins, long, effilés. Il s'agissait bien là d'un Européen pur et dur ! De nature tolérante, je ne prêtai pas attention aux quelques petites fautes qu'il pouvait faire en me parlant. Fourchant sur quelques mots, cela ne le rendait que plus séduisant. Plantant mon regard dans le sien, je prenais plaisir à être en sa présence, l'aura qu'il dégageait été apaisant, sereine. Il avait une petite odeur de thé sucré, un délice pour mes sens. Revenant à la réalité, je soupirai, écartant les lèvres afin de lui répondre :

« Je m'appelle Lana M. Matsuya, mais appelle moi Lana. Je suis ravie de faire ta connaissance, Nathan. Je dois t'avouer que ton nom de famille est le nom d'une ville française où je suis aller, si tu ne le savais pas ! Et puis, nous avons beaucoup d'étrangers dans cet établissement, j'espère que ça te fera te sentir moins seul ! En tout cas, j'aime beaucoup ton accent, aussi difficile à détecter soit-il ! »

Reprenant mon souffle, je m’efforçais à prendre une voix douce, un ton mesuré, une attitude rassurante. Il m'inspirait confiance, alors je tentai de lui renvoyer le même sentiment. Il avait l'air tellement respectueux, tellement galant. Mais peut être qu'il s'agissait juste de l'idée que je me faisait des anglais, après tout. Mais malgré ça, je ne pouvais m'empêcher d’apprécier le jeune homme en face de moi !

« Bon, commençons pas le bureau des surveillants. Il faut que tu signales ton arrivé dans l'établissement ! Suis moi, nous allons commencer la visite ! »

Lui lançais-je, sur un ton léger au fond de rigolade !

Ainsi son nom était Lana, il avait bien connu une Adeline qu'on surnommait ainsi en Angleterre mais ici pas de surnom. C'était à la fois dépaysant et rassurant. Quant à la référence sur son nom, il l'ignorait totalement. Il se demanda un instant s'il y avait d'autres pensionnaires originaires d'Angleterre. Peut-être, pourquoi pas après tout ? En tout cas sa camarade était des plus active, et il avait même envie de la qualifier d'optimiste. Elle semblait avoir un besoin constant de se dépenser, mais ce n'étaitt peut-être que lui qui se faisait des idées.

En tout cas qu'il ait compris tout ce qu'elle avait dit l'emplissait d'une rare satisfaction. Bon c'était des plus pures bases d'un apprentissage des langues qu'apprendre à se présenter et demander son chemin ou une faveur mais une chose à la fois !

« Bon, commençons pas le bureau des surveillants. Il faut que tu signales ton arrivé dans l'établissement ! Suis moi, nous allons commencer la visite ! »

Il avait sa guide ! Nathan se retint de sauter en l'air ou de se mettre à danser quelques pas pour afficher un grand sourire chaleureux. Ensuite il suivit docilement la jeune femme. Celle-ci le mena rapidement à travers quelques couloirs (il nota en passant qu'il aurait quasi systématiquement pris les mauvais embranchements en suivant son "instinct") avant de s'arrêter devant une porte et de toquer. Nathan attendit avec un mélange d'appréhension et d'impatience ce qui allait se trouver derrière.

Ouvrant la porte, un surveillant sortit du bureau, nous demandant ce dont nous avions besoin. Poussant Nathan afin qu'il ose ouvrir la bouche, et me faire de nouveau profiter de son accent si séduisant.

Reculant doucement, je commençai à m’éclipser sans bruits. Mon anglais préféré n'allait plus avoir besoin de moi, au contraire, il allait être entre de bonnes mains professionnelles. Les mains dans les poches, j'arpentais de nouveau les couloirs, heureuse que cette journée commence de cette façon. Je comptais bien revoir mon nouvel ami, plus tard, mais je le reverrai, j'en était persuadée.


[FIN]