Munie de mon ipod, la musique à son volume maximum, le casque bien positionné sur mes oreilles, je descendais les escaliers sans prêter attention au regards qui se posaient sur moi. Arrivée à deux marches de la fin, je crachai mon chewing-gum droit devant moi, celui-ci atterrissant dans les cheveux d'une pauvre dernière année, sans même qu'elle ne s'en apercevoir, contrairement a ses amis, n'osant pas prononcer le moindre mot. Continuant mon trajet vers l’extérieur, je tirai une cigarette de ma poche, l'allumant avant même d'avoir poussé la porte. Donnant un coup de pied à la volé dans la grande porte en bois, celle ci s'ouvrit violemment. Le soleil m'éblouit pendant quelques secondes, puis je retrouvai l'usage de mes yeux. Ne prenant pas attention à ce qu'il se passait autour de moi, je restai immobile devant le bâtiment. Surement pour profiter de cette luminosité précieuse...

Je décidai de balayer l'environnement des yeux. Il y avait bon nombres d'élèves, mais pas un seul que je connaissais. Et pourtant, on peut dire que j'en connaissais beaucoup ! Même si je ne m'entendais pas bien avec les plupart d'entre eux, il fallait l'avouer. Mais que serait la vie sans un peu de piment, sans la joie de se battre, sans les plaisirs de défier les lois et les règlements ! Ce que j'aimais ça, j'avais le dangereux goût du risque, la palpitante frénésie de l'adrénaline...

J'étais debout, plantée comme une imbécile au milieu d'un grand espace, comme à mon habitude, on va dire. J'avais l'impression de flotter dans un océan de personnes inutiles et complètement absent d'eux même. Nous avions besoin d'action, les élèves avaient besoin de mouvements, et surtout, j'avais besoin de ma dose de défis, d'adrénaline, de rage et de colère. Je crois, enfin, je suis sûre que mes poings me démangent, que mes pieds frétillent, et surtout, ma fureur bouillonnait. Et comme le hasard fait bien les choses, je ne fus pas surprise lorsqu'une main se posa sur mon épaule.

« - TOI ! C'est toi qui as craché ce chewing-gum dans mes cheveux ?! SALE PUTE ? »

Me retournant avec lenteur, je planta mon regard dans celui de la fille de dernière année en question. Ne pouvant m'empêcher de sourire, on aurait pu m'apparenter à une folle, sournoise et sadique. Prenant doucement sa main afin de la retirer de mon épaule, je retirais mon casque de mes oreilles, le laissant autour de mon cou. Les élèves autour de nous avaient entendu l'idiote crier comme une hyène, et, attirés, ils se rapprochèrent doucement.

« - Oooh... Je suis déésoolééee ! Tes cheveux sont si beaux, c'est dommage qu'ils soient fichus désormais ... Non j'rigole, tu as des cheveux tellement dégueulasses, tout comme ta tête en fait. T'en a pas marre de voir ta face dans le miroir ? Non parce que vraiment, moi ça me donnerai envie de pleurer à ta place... »

La bouche grande ouverte, la fille me dévisageait, figée. J'ai même cru pendant quelques minutes qu'elle était morte, tout comme les élèves autour de nous, dans la même situation que cette pauvre fille. Les mains dans les poches, j'attendais qu'elle attaque, qu'elle me frappe, ou plutôt qu'elle tente de me frapper. Trouvant le temps long, je commençai à siffloter, regardant autour de moi. J'allais ouvrir la bouche afin de lui demander si elle était sourde, si elle n'avait pas entendu ce que j'avais dis, lorsque je vis son poing se lever. Partit pour m'arriver en pleine gueule, j'esquivai sur le droite, lui renvoyant un taquet qui arriva en plein dans son nez. Le craquement retentit, et elle se releva directement afin de me sauter à la gorge. Lui attrapant les cheveux au vol, je la balançai au sol. Dérapant de tout son long sur les graviers, je lui envoyai mon pied dans le ventre.

« Tu ne sais rien faire d'autre ? Malheur, je suis, comment dire, à peine surprise. »

Relevant la tête, je vis juste à temps une de ses amie prête à m'attraper les cheveux. Il me suffit de lui donner un coup de genoux dans le ventre, d'attraper son bras, de lui tordre derrière le dos. Et voilà, une de plus au sol. Que cela été, ennuyeux. Même cette action était ennuyeuse... Me relevant, je remis doucement mes mains dans mes poches, regardant les deux adolescentes avec un regard de pitié peu mesuré.

« Que c'est décevant... Vraiment, je m'attendais à mieux, même de votre part. »