Ce soir-là, Ichiko s'était faite belle, maquillage, robe noire courte mettant ses formes en valeur et talons haut. Elle ne sortait que très peu alors elle allait en profiter pour aller en boîte.

En arrivant, elle commanda une tequilla et elle était ensuite aller danser. Elle avait dansé avec tellement de personne qu'elle ne se souvenait qu'à peine de leur visage. Filles, garçons, les deux en même temps à un moment, elle avait vraiment tout essayé.

Lorsque les choses avaient commencé à chauffer entre elle et un homme d'environ une ou deux années de plus qu'elle, elle s'était dit qu'il serait peut-être temps qu'elle rentre à l'internat, ce qu'elle commença de faire en sortant du batiment. Légèrement alcoolisée, elle essaya de se rappeler le chemin menant au pensionnat.

Ce n'est que lorsqu'elle entendit des pas derrière elle qu'elle se retourna et reconnut le jeune homme de la boite.
- Hey poupée tu vas où comme ça, on avait commencé un truc tout les deux...
- Je rentre, je suis fatiguée. avait-elle répondu simplement, en le regardant s'avancer vers elle
Il s'arrêta lorsqu'il la frolait seulement de quelques centimètres et remit une de ses mèches de cheveux derrière son oreille.
- Je ne suis pas fatigué moi et tu sais de quoi j'ai envie..? Dit-il en l'embrassant dans le cou.
Elle le laissa faire, succombant légèrement à son désir pour lui. C'est vrai qu'elle en avait envie elle aussi. Lorsqu'il la plaqua contre le mur, elle se laissa aller, avant de se dire que si elle devait coucher avec lui, ce serait lorsqu'elle serait sobre.

Elle essaya de le repousser mais il était bien plus fort qu'elle. Lorsqu'elle commença sérieusement à s'inquiéter, elle entendit une voix à proximité :

- C'est comme ça qu'on respecte les jeunes filles..?

Ipod Shuffle orange suspendu à l’ourlet de mes vêtements et écouteur dans l’oreille, je reviens du bar où je travaille comme serveuse pour compléter les revenus du pensionnat où je veux retourner immédiatement, plus qu’énervée par le travail de bar, mentalement fatiguant. Je souffle et ferme les yeux, écoutant la voix de Maroon 5 avec régal et je me mets à fredonner à voix basse, souriante.

« …Trying to tell you "no" but my body keeps on telling you "yes"
Trying to tell you to stop, but your lipstick got me so out of breath
I'd be waking up in the morning, probably hating myself
And I'd be waking up, feeling satisfied but guilty as hell

So I cross my heart and I hope to die
That I'll only stay with you one more night
And I know I said it a million times
But I'll only stay with you one more night… »

Je rouvre les yeux. Deux jeunes gens juste à gauche, contre un mur. Elle était belle, les yeux verts tendres et de longs cheveux châtains, sûrement étudiante… Le garçon était plus âgé et plus grand avec des cheveux couleur du miel et vêtu de noir. Je regarde bien devant, ne voulant pas les importuner, lorsque je me rends compte que la fille tente de repousser l’étudiant qui ne bouge pas d’un centimètre et reprends immédiatement ses assauts. Je m’arrête, observe encore pour bien être sûre mais je n’ai pas besoin de faire attention plus longtemps, c’est évident qu’elle ne veut pas ça et que lui compte bien le faire, qu’elle le veuille ou pas. Je souffle encore. Franchement, en ce moment j’ai l’impression d’être un véritable aimant à ennuis… Ça me fatigue et d’un autre côté, j’apprécie d’envoyer péter régulièrement quelques gars insolents. Généralement, ils ne viennent pas demander leur reste ensuite…

« Eh bien, eh bien… »

Je l’attrape par l’ourlet de sa veste et le tire brusquement en arrière. Pas d’arc pour m’aider… Enfin, ce n’est pas important, je peux me débrouiller sans.

« C’est comme ça qu’on respecte les jeunes filles ? »

Il découvre les dents et fait un pas en avant, voulant paraître menaçant. Ça n’a pas d’effet et le manque de réaction de ma part semble l’énerver plus encore.

« Ça suffit maintenant. Dégage. Hors de ma vue. »

En un instant, il disparaît dans l’ombre d’un coin de rue et je reste figée comme une statue, impressionnée par… sa réaction dépassant les plus grands peureux qu’il puisse exister. J’ai dû être plus effrayante que prévu. Je pose une main sur ma hanche et me retourne vers la jeune fille, à cours de mots pour débuter une conversation normalement. Ça fait exactement deux semaines que je suis installée à Tokyo et c’est la deuxième rencontre de ce genre, les gentils contre les méchants. Il faut vraiment que j’arrête.

Une inconnue, qu'il me semblait déjà avoir vu au pensionnat, d'après mes souvenirs elle était surveillante, réussi à repousser mon cavalier trop collant. Je la regardais, constatant qu'elle n'avait pas l'air bien menaçante, les yeux verrons et la chevelure rousse. Quelques formes, une silhouette légèrement dessinée.
Je la regardais avec un mélange de remerciement et de honte et lui dis :


- ...Merci...


Qu'aurais-je pu dire d'autre. Cette situation était déjà bien assez embêtante pour moi. La prochaine fois, je me souviendrais de sortir moins tard et surtout d'être moins... provocante.

Elle me regarda simplement et je me souvenais d'un détail, je ne m'étais même pas présentée. Quelle impolie ! En souriant timidement, je lui dis alors :


- Je m'appelle Ichiko Natzue. Et, tu es ..?


Voilà, maintenant elle saurait au moins qui elle avait "sauvée".

Je regarde le soleil disparaître derrière les bâtiments de Tokyo et j’éteins l’Ipod, oubliant avec regret la voix tellement spéciale de Maroon 5, et j’écoute ses remerciements avec une expression amusée, consciente que la situation était sûrement gênante pour elle et l’est sûrement toujours. Alors en retour, je lui offre un regard détendu pour lui faire comprendre qu’il n’y a rien de plus normal. Je déteste les gars qui se prennent pour des dieux…

« Ce n'est rien. »

Maintenant que j’y pense, elle aurait pu faire un effort pour paraître plus naturelle… Sa tenue, robe noire satinée démarquant à merveilles ses formes et maquillage bien marqué, est trop provocante. D’ailleurs, je suppose qu’elle n’est pas bien vêtue pour simplement marcher dans les rues de Tokyo… Vu que le Night Club se trouve à quelques bâtiments, elle en vient sûrement.

« Je m’appelle Ichiko Natzue. Et tu es… ? »

Ichiko ? C’est un nom purement japonais et pourtant elle ne semble pas venir directement de Tokyo… Le physique ne correspond pas vraiment. Enfin bref.

« C’est Shyra. Je suis surveillante. Et je pense que tu es étudiante pas vrai ? »

Peut-être au pensionnat alors. Il n’y en pas des milliers à Tokyo.

Ichiko n'arrivait pas à se sentir soulagée, tellement elle restait gênée. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander ce qu'elle aurait fait si la surveillante ne serait pas arrivée. A cette heure-là, il n'y avait plus grand monde dans les rues et personne n'aurait donc pu les voir... Elle venait de découvrir que la jeune femme qui l'avait sauvée était surveillante, ce qui, logiquement parlant, n'allait pas être très facile comme situation à assumer pour Ichiko. Elle allait même devoir la croiser tous les jours, ou presque.


- C’est Shyra. Je suis surveillante. Et je pense que tu es étudiante pas vrai ?


Elle du répondre par l'affirmative à la question de Shyra et surveilla sa réaction mais rien ne laisser supposer qu'elle était choquée ou même surprise. Ichiko pensa alors qu'elle n'était surement pas la première personne à qui la surveillante rendait service.

Elle regarda sa montre et vit qu'il était déjà minuit et demi. Elle avait largement manqué la fermeture des grilles, et si ça se remarquait, elle allait avoir des ennuis. A moins que... Elle était en compagnie d'une surveillante, pas vrai..?


- Tu pourrais m'éviter un blâme ?


Elle lui posa cette question tout naturellement, avec un petit sourire et attendit la réponse de Shyra avec impatience.

« Tu pourrais m’éviter un blâme ? »

Étonnée par sa question, je la regarde puis je me rends compte qu’il est tard… Déjà minuit. Il faut vraiment que je rentre maintenant, et comme je trouve Ichiko sympathique, je peux bien faire l’effort de lui ouvrir les grilles pas vrai ? Et personne d’autre ne le saura, enfin je pense… Quitter le pensionnat la nuit, en robe courte et sexy et en début Décembre c’est carrément imprudent. Presque stupide. Franchement, d’où lui est venue l’idée ?

« Bien sûr. Tu viens ? »

Je remets l’Ipod en marche et je ne l’attends pas, sachant qu’elle est bien obligée de me suivre si elle veut rentrer au pensionnat et passer une nuit un minimum sereine pour être en forme le lendemain. Suivre des cours avec des profs différents et pas toujours spécialement intéressants, presque effrayants ou déprimants n’est sûrement pas simple… J’ai déjà entendu beaucoup de profs se plaindre de certains pensionnaires. Ils devraient se remettre en question plus souvent, je suis sûre que ça leur ferait le plus grand bien.
Bref. En continuant de marcher, je demande à la jeune fille :

« Au fait, qu’est-ce que tu fais en dehors du pensionnat à une heure pareille ? C’est tard, et c’est jeudi demain. »

Pour le plus grand soulagement d'Ichiko, Shyra accepta de l'aider à retourner au pensionnat sans avoir de soucis et partit devant, avec de mettre ses écouteurs.

"D'accord, merci de vouloir discuter avec moi" pensa Ichiko.

Elle la suivit alors, en essayant difficilement de rester à sa hauteur, car la surveillante semblait pressée. Bon bah, tant pis, le trajet se ferait dans le plus grand des silences. Ichiko n'avait jamais été vraiment une très grande bavarde mais lorsqu'elle était en compagnie de quelqu'un, elle n'avait pas l'habitude de lui tourner le dos en écoutant sa propre musique dans son coin. Eh bien tant pis, elle n'aurait pas le choix, ne voulant pas paraître lourde.

Au moment où elles allaient traverser, Shyra s'arrêta et posa une question des plus embarassantes à Ichiko :


- Au fait, qu’est-ce que tu fais en dehors du pensionnat à une heure pareille ? C’est tard, et c’est jeudi demain.


La jeune fille se mit à réfléchir rapidement, le plus rapidement possible d'ailleurs afin de trouver de trouver La réponse adéquat. Elle aurait pu dire n'importe quoi mais étant donné la situation dans laquelle Shyra l'avait trouvé, elle n'avait plus qu'à dire la vérité :


- Eh bien, ça ne fait pas longtemps que je suis au pensionnat donc je ne connais pas grand monde. J'ai voulu aller danser un peu, histoire de m'amuser.


Elle traversa la route, en profitant pour dépasser la surveillante, qui n'avait rien trouvé à répondre.

Alors comme ça, elle est nouvelle ? Je comprends maintenant, c’est toujours dur au début : un pensionnat immense où il faut se perdre pour trouver un plan, des personnes et un pays totalement différents… Provoquer filles et garçons dans un Night Club n’est pas vraiment le meilleur des moyens pour se trouver un groupe où s’intégrer… Enfin, sa méthode est déjà mieux que la mienne. Je le regarde traverser la route avec une expression amusée. Vexée ? Je n’ai qu’un écouteur pourtant. Ou alors c’est ma question, embarrassante pour elle ? Je la suis et la rattrape pour lui offrir un léger regard d’excuse, éteignant simultanément l’Ipod.

« Ichiko c’est ça ? N’hésite pas à venir me retrouver si jamais tu as du temps libre… Je serais enchantée de parler pour mieux te connaître. »

Grille du pensionnat juste devant. Je prends les clés, regarde Ichiko, souriante avec une pointe espiègle, jouant avec le trousseau pour m’occuper.

« Et arrête de bouder.. Je ne voulais pas être vexante. »

C’est vrai, je le trouve sympa alors je n’ai pas vraiment envie de la quitter juste comme ça, ce serait idiot. Elle ne vient évidemment pas de Tokyo ou du reste du pays, et comme j’apprécie beaucoup de rencontrer des tas de personnes différentes…

[c'est court >o<]

Malgre moi, je souris à sa remarque puis répondit à sa question :

-Il est vrai que j'aimerai assez discuter avec toi, faire connaissance, passer le temps, ce genre de chose. Le truc c'est que je suis extenuée. Je vais surement m'écrouler comme une masse sur mon lit mais on pourrait s'organiser un cine ou autre chose comme tu veux.

Je la regardais alors ensuite ouvrir la grille avant de la remercier :

- Et merci, je ne sais pas ce que j'aurai fait sans toi.

J’entrouvre la grille en l’écoutant puis je m’écarte le temps qu’elle passe, et je referme le portail à double tour. Travailler tard n’est pas forcément agréable mais c’est le truc idéal pour persuader de faire un double des clés… Et c’est drôlement pratique.

« Eh bien… Je ne suis pas vraiment habituée aux séances de cinéma. Enfin bref, il faudra effectivement organiser un truc ensemble ! »

Encore des remerciements. Je cligne des yeux en retour sans penser qu’une réponse serait plus appropriée, enfin il faut me comprendre, je suis fatiguée. Je suis sûre que je ferai comme elle, s’écrouler entre les draps et trouver le sommeil direct c’est un programme alléchant. Surtout que le lendemain, je me réveillerais avec une truffe dans le cou et un jeune chien berger étendu à mes côtés… Ça m’a fait mal au cœur de le quitter, j’ai hâte de le retrouver. Il faudra bien que je fasse attention à ne pas réveiller Charlotte en entrant. Enfin, vu que je suis toujours parfaitement silencieuse à la demande, comme en pleine forêt, je ne pense pas qu’il y a un risque sérieux. Et mon chien a un sommeil ô combien lourd… Etonnant pour un chien, d’ailleurs.

« Tu as quels cours demain ? »

La question la plus inintéressante qu’il puisse exister. Il faut vraiment que j’aille me coucher.

« Au fait, je suis installée dans la chambre 14, rez de chaussée… »

Je réfléchissais à ma journée de demain. Demain nous étions jeudi donc j'avais... Avant de lui dire :

"-Demain j'ai anglais, mathématiques et arts plastiques le matin, ainsi qu'une heure de japonnais l'après-midi."

Je réfléchis à comment continuer un peu la conversation, tout en passant la porte de l'internat puis je lui demandais :

-Justement l'après midi on pourrait faire quelque chose si tu veux. Tu serais libre ?

Anglais, mathématiques et arts plastiques… Une journée sympathique, ce n’allait pas être trop dur pour elle. Pour ma part, ça ne sera pas reposant. Plus ennuyeux que fatiguant en fait. Enfin bref, l’essentiel c’est que je puisse faire une escapade ensuite.

« Pas avant 16h. J’ai pas mal de boulot prévu demain. »

Pour être exacte, travail au pensionnat de 7h à 13h puis direction le bar de 13h30 à 16h. J’avais prévu d’aller au parc central pour me trouver un endroit où tirer quelques flèches, je vais reporter ça à plus tard, ce n’est pas bien grave. Je glisse un portable éteint hors de mon soutien-gorge [oui, les vêtements à poche je ne connais pas et alors ?] et je l’allume en observant l’écran couvert de marques. Il a souffert. Je suis Ichiko à l’intérieur sans vraiment m’en rendre compte, vérifiant mes messages et je l’éteint à nouveau. J’arrache un bout d’une affiche collée à un mur, prend le stylo toujours suspendu à mes vêtements et note un numéro pour le tendre à Ichiko.

« Tu m’enverras un message pour que j’enregistre le tien ? »

Je m’arrête net en apercevant les escaliers du premier étage et je me tourne vers la gauche, où je vais [essayer] de retrouver mes draps moelleux, Rakou et Charlotte.

« Eh bien, apparemment il va falloir se quitter. On se tient au courant pour notre projet de demain par messages ok ? »

Spoiler:

Je quittais Shyra, après qu'elle m'ait donné son numéro, non pas que j'avais hâte d'être seule, mais plutôt que j'étais maintenant plus qu'épuisée. C'est possible ? Pas sur. Bref, je montais vite et montais me coucher, après avoir envoyé un message à ma nouvelle surveillante préférée :

Bonne nuit ;)
Ichiko.

Attention, Hot !

Spoiler:

Tu me l'as demandé, donc fallait réfléchir ! xD
Et de toute façon, comme madame Lebeau l'a fait remarqué, j'ai l'habitude de tuer des gens mdrrr