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 C'était pourtant, un jour comme les autres...

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MessageSujet: C'était pourtant, un jour comme les autres...   C'était pourtant, un jour comme les autres... EmptyMer 19 Sep - 17:22

Lorenzo Abatucci

Lorenzo Abatucci

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    Quelle belle journée ! Vraiment, ce beau temps faisait sourire Lorenzo, et cela le motivait à faire de nombreuses choses. Il chercha un moment dans ses affaires puis constata qu’il lui manquait des cahiers neufs et bien sûr, il devait racheter son fameux livre où certaines pages étaient arrachées. Il attrapa donc ses clés de voiture et décida de quitter l’établissement. En marchant dans les couloirs, il affichait un énorme sourire comme s’il venait de gagner à l’EuroMillion (ce qui n’était bien sûr, pas le cas.) Cela faisait maintenant sept jours qu’il était là et il n’avait toujours pas revu cette fameuse Nani. Ah, mais pourquoi pensait-il à elle ? Elle n’avait pas été aimable avec lui, loin de là et pourtant… Il aurait aimé en savoir plus sur elle : par exemple, d’où elle venait et si elle allait mieux… Il l’avait quitté sous la pluie malgré sa terrible blessure. Il s’arrêta un moment et regarda par la fenêtre, il n’aurait pas dû partir, peut-être est-elle en ce moment même à l’hôpital ? Ah ! Mais il devait la chasser de ses pensées ! Il reprit tranquillement son chemin comme si de rien n’était, il salua rapidement un professeur sans prendre le temps de s’arrêter et de discuter. Il chercha dans son sac, ses lunettes de soleil, très simples, elles étaient noires et selon lui (et surtout l’avis du vendeur) elles lui allaient parfaitement bien.

    Une fois sorti du bâtiment, il chercha du regard sa voiture. Ce n’était pas n’importe quel modèle ! Au contraire ! Lorenzo avait mis un bon bout de temps avant d’acquérir cette petite beauté. Il n’était pas spécialement un grand fan de l’automobile mais il savait apprécier chaque exemplaire à sa juste valeur. Son père, était un grand fan de vieilles voitures de collection, il en avait deux ou trois voire plus. Depuis ce temps, Lorenzo rêvait d'en obtenir une : sauf qu’il n’est pas le genre de garçon à supplier maman et papa pour avoir ce qu’il voulait, non ! Il aimait travailler pour pouvoir se payer ce qu’il voulait par la suite, il trouvait que les enfants gâtés ne savaient pas se débrouiller seuls une fois lâchés dans la réalité. Il balaya le parking du regard et avança. Sa voiture était rouge, décapotable et assez voyante. Certaines personnes la trouvaient horriblement laide mais lui, il l’adorait ! Il monta donc dedans et démarra afin de quitter au plus vite la pension. Être au volant d’une voiture était toujours une rude épreuve pour Lorenzo, et s’il ratait un virage ? S’il avait un accident ? Il avait pourtant essayé de vaincre sa peur, mais une crainte, cela pouvait mettre des siècles à guérir. Au volant, il était souvent relaxe, il mit un peu de musiques pour se détendre et essaya en vain de profiter de son trajet.

    Les courses furent brèves, le magasin était bondé et ils n’avaient plus en boutique le livre qu’il souhaitait. Il passa donc une commande afin de l’avoir le plus vite possible. Cependant, il se demandait toujours qui avait arraché les pages et surtout, pourquoi ? C’était quoi l’intérêt d’avoir des morceaux de page d’une œuvre italienne ? À moins que la personne soit complètement bilingue… Il en profita aussi pour acheter quelques dictionnaires Japonais-Italien pour aider ses élèves. Il ne savait pas si l’école en avait mais il vaut mieux prévenir que guérir. Pourquoi les magasins étaient toujours remplis de personnes ? Elles parlaient si fort que pour certaines on se demandait si elles ne hurlaient pas. Il quitta rapidement les lieux, il commençait déjà à avoir mal à la tête. Une fois dehors, il regarda le ciel ce qui le fit sourire. C’est fou comme le beau temps avait des effets sur sa personne. Il jeta ses sacs sur la place à côté du conducteur et se mit au volant. Il avait une folle envie de… Café ! Il démarra sa voiture et se dirigea vers une boutique afin d’en acheter. Il prit bien sûr à emporter pour boire tout en conduisant ! Il reprit enfin le chemin vers le pensionnat…

    Alors qu’il conduisait tranquillement, il remarqua un homme sur une bicyclette qui roulait au beau milieu de la route. Il décida de conduire plus prudemment afin de ne pas le renverser. Le problème, c’est qu’il ne devait pas être là ! Logiquement, les vélos doivent être sur le bord de la route et non au milieu ! Il attendait, peut-être que cet homme se croyait seul sur la route et en profitait pour rouler au centre de la voie. Au bout d’un moment, l’homme sur sa bicyclette s’arrêta, paniqué et par peur de faire un accident, Lorenzo tourna son volant dans le mauvais sens. Tout se passa si rapidement, Lorenzo ne comprit pas tout de suite ce qu’il c’était passé. C’est ainsi, que sa charmante voiture rencontra un des arbres présents. Le choc avait fait que le crâne de Lorenzo avait frappé le volant sans pour autant faire sortir les airbags. Il ne bougea pas pendant un moment, il avait les yeux grands ouverts par ce qu’il venait de se passer. « Merde. » Chuchota-t-il, il toucha son front, misère, il saignait. Il leva ses lunettes de soleil afin de les placer sur son crâne. Il détacha sa ceinture afin de quitter la voiture. Il allait bien, il n’avait rien de grave par contre l’état de la voiture c’était tout autre chose !

    Mince ! Sa si jolie voiture venait de se prendre un coup fatal. Il regarda le pare-chocs de sa voiture qui était totalement abimé. « Oh, non non non non non non non non ! » Répéta-t-il en tentant de mieux voir les dégâts de sa voiture. « Ce n'est pas vrai ! Je rêve ! » Dit-il d’un ton désespéré comme si tous les malheurs du monde s'étaient abattus sur lui aujourd’hui. Lui qui avait peur d’avoir un accident, en avait eu un ! Il soupira et tapota sur le capot de l’automobile. Puis, son attention se dirigea vers l’arbre. Il était énorme et pouvait cacher bien des choses dans toutes ses branches. Son regard se déposa donc sur le tronc puis les feuilles il se demandait bien si quelqu’un était là. En fait, il y avait énormément d’arbres ! Peut-être que des personnes étaient venues ici jouer à des jeux qui sait ? Enfin non. Il plaça sa main sur sa tête gardant le visage levé vers l’arbre. Puis, il passa son autre main sur son visage. « Je dois sûrement divaguer. » Dit-il d’un ton convaincant. « Oui, c’est cela… Je divague ! » Il jeta un regard sur sa voiture et soupira de nouveau… Combien allait-il payer pour la faire répare ? Oh malheur !
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MessageSujet: Re: C'était pourtant, un jour comme les autres...   C'était pourtant, un jour comme les autres... EmptyMer 19 Sep - 23:58

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"Tatoui, pourquoi les arbres ?"

Le regard du vieux gourou se posa sur moi, il s'appuyait sur un des habitants de la forêt, dont les puissantes racines sortaient du sol. Ses yeux étincelèrent et son vieux sourire de grigou étira ses lèvres gercées. Oh, lui, il comprenait, lui, il savait, ce que j'avais dans la tête, ce que trois de mes mots pouvaient expliquer de ce qui trottait dans mon crâne. J'aurais très bien pu poser la question "Pourquoi moi ?" qu'il aurait trouvé une réponse, une sornette de plus à son discours, mais un discours dans lequel je croyais désespérément. J'y trouvais une certaine douceur, une certaine normalité, et puis la voix de Tatoui me reposait. Je devais être la seule enfant à ne pas être dégoûtée de son apparence. Tatoui, il a perdu une jambe, attaqué par un jaguar, il a perdu ses dents, à cause du venin d'un serpent, il a perdu une main, faisant la joie d'un caïman. Mais il n'a jamais perdu la foi, non, jamais. Il disait que c'était pour le Dieu rougeâtre, qu'il a subi ceci, que pour l'honneur d'être son porte-parole, il a choisi ce Destin. Tatoui, il était le seul à me voir comme une enfant. Tatoui, il était le seul à ne pas me juger.

"Et pourquoi pas ?"

"Tatoui, je ne comprends pas..."

"Que veux-tu comprendre ? La vie est la vie, les arbres sont les arbres. Il y a des mystères que Mère la Terre préfère garder pour elle."

J'ai baissé les yeux, serrant les dents, j'avais envie de savoir, malgré mes cinq petites années. Juste de savoir, la petite gringalette que l'on entraînait tous les jours pour chasser, tuer, grimper aux arbres, se cacher. La môme qui suivait les cours des grands. J'en avais assez, mais je ne disais rien, car après tout, c'est moi qui a choisi de naître en tant que Révélation, et c'est Ariiura qui choisit d'être mon frère et mon âme. Le jeune jaguar se frotta contre mes jambes, tentant de me rassurer, tentant de dénouer mes poings serrés de rage. Je veux savoir. Je veux tout savoir. Je veux comprendre pourquoi moi, j'ai causé la laideur de Ma'. Pourquoi moi, j'ai choisi ce Destin. Pourquoi l'ai-je choisi ? Qu'ai-je à y trouver ? Si un arbre a choisi de devenir un arbre, pourquoi ? Il aurait très bien pu devenir un homme. J'ai froncé le nez, ma peau recouverte de boue formant quelques plis. J'ai remis mon pagne en place, un pagne que je perdais trop à mon goût. Et là, un doigt crochu et noir appuya sur mon museau, m'obligeant à reculer et observer son porteur, un porteur qui m'offrait un sourire taquin.

"Mais Tatoui va te raconter, Nani. Il va te raconter pourquoi les arbres ! Sa main effleura l'écorce, épousant ses formes, ses bosses, ses imperfections, sa voix se faisant plus douce. Ils sont là, comme nous sommes là. Ils sont vivants, ils ont un cœur qui bat, ils chuchotent, ils veillent, ils guettent. Ils sont les larmes de Mère la Terre comme les étoiles sont les blessures du Dieu rougeâtre. Ils sont les gardiens de la forêt, ils renferment en eux le savoir, la naissance, la révélation, et même nos ancêtres. Ils sont l'héritage de Mère la Terre, et veillent sur nous, sur ceux qui les peuplent et les entourent, il faut les respecter. Les arbres sont le pourquoi d'eux-mêmes, les arbres sont nous, comme nous sommes les arbres. Maintenant écoute Nani...Écoute. N'entends-tu pas leurs sages paroles ?"

"C'est le vent dans les feuillages...Je ne comprends toujours pas, Tatoui !"

Son sourire s'étira et il se pencha vers moi, tel un vieux complice, un complice fou à l'esprit ouvert à toutes choses. Il était la voix du Dieu rougeâtre, il était Tatoui, le gourou, l'homme au sourire édenté, l'homme au rire amer. Sa voix se fit écho, dans ce rêve qui n'était qu'un vieux souvenir usé.

"Un jour, tu comprendras, Nani. Tu peux comprendre, tu peux comprendre car tu es la Révélation. Et comprendre signifie ni aimer, ni détester, seulement voir les choses à leur juste valeur, seulement être elles comme être toi-même. Comprendre est bien plus difficile qu'il n'y paraît...Mais tu le peux Nani, tu peux comprendre !"

Le choc fut brutal, tandis que la voix de Tatoui et son vieux visage d'homme rabougri disparurent, pour celui de l' "Idiot de service" et de son sourire effacé, sous cette pluie orageuse. Tu ne peux pas comprendre. C'est ce qu'il m'avait sorti, comme ça. Je n'aimais pas cet occidental, mais plus je ressassais ses paroles dans ma tête, plus je voyais son visage et plus j'avais le cœur serré. Ça m'étouffait, ça m'empêchait de réfléchir, ça m'envenimait, ça me faisait bouillonner de rage envers cet homme et moi-même. J'étais idiote, n'est-ce pas ? J'étais idiote de douter de mon propre destin, mais je n'arrivais pas à m'en empêcher. Si je ne peux pas comprendre, alors, suis-je réellement ce que je suis ? Si je ne peux pas comprendre, cela veut-il dire que je ne peux plus rentrer chez moi ? Si je ne peux pas comprendre, ai-je encore le droit de me définir comme la sœur d'Ariiura ? Tu détestes les Occidentaux, c’est cela Nani ? Détester, aimer, c'est à l'encontre de la notion de compréhension. Lorenzo avait semé les miettes de l'hésitation et du doute dans mon crâne, je les ramassais petit à petit me posant mille et unes questions, arrivant toujours au résultat suivant ; je ne peux pas comprendre. Est-ce que je déteste réellement les Occidentaux ? Je m'en contre-balance, je ne les porte pas en mon cœur mais en même temps, ils sont aveugles, aveugles de toutes choses, ils méprisent leur prochain comme ils m'ont méprisé...Je ne peux pas les aimer, je ne le pourrais jamais, car l'Occidental refuse de voir le Dieu rougeâtre, et c'est pourquoi les membres de ces terres ne sont plus ses enfants. Les arbres ne pourront jamais me guérir de cette idée, car les arbres ne sont pas capables de tout, ils sont juste des gardiens.

C'est la secousse qui me sortit de mon sommeil. Un choc qui fit vibrer et pleurer l'arbre dans lequel je m'étais perchée. J'ai commencé à tomber, me rattrapant par chance et par expertise à une branche un peu plus frêle et basse, de mes mains. Les pieds dans le vide j'ai soupiré de soulagement avant de commencer à observer la situation. Qu'est-ce qui m'avait réveillé ? Qu'est-ce qui avait fait chavirer mon perchoir ? J'entendais un homme en-dessous, un occidental sans doute vu les jurons qu'il poussait. Pourquoi cela ne m'étonnait-il donc pas ? Cette tonalité de voix me semblait familière ; j'ai secoué la tête. Oui, impossible que ce visage qui hantait mon esprit soit celui de l'occidental se trouvant en-bas. Si c'était le cas, il valait mieux pour moi de rester dans mon arbre et de ne pas y bouger, afin d'attendre qu'il s'en aille. Je n'avais pas encore résolu ce problème d'incompréhension, et si je le voyais je crois que ma fureur serait de mise, de mise et plus puissante que jamais. Mes yeux se baissèrent, un regard qui s'écarquilla en remarquant que ce qu'ils nommaient "voiture" et moi "le truc puant" s'était fracassé contre le gardien. Ce gardien avait l'écorce abîmée et la chair à vif. A cet instant, par malheur, ma branche de soutien craqua et je me vis tomber, honteuse de perdre mon agilité. Mon dos se fracassa contre une branche plus basse, me coupant le souffle. Seulement cette rencontre me permit de me positionner de telle sorte que mon arrivée en bas serait sur mes pieds et non sur le crâne.

Mes pieds fracassèrent le capot de la voiture déjà assez amochée et sans attendre de m'être relevée je me suis retournée vers l'arbre, les lèvres tremblantes de rage. Il était abîmé, Tatoui ne serait pas content, Tatoui entendrait certainement les plaintes du gardien. Oh, je ne croyais plus vraiment à ces histoires, ou bien à moitié, j'en doutais encore. Mais le gourou y croyait, et je ne souhaitais pas qu'il soit attristé. C'était la faute de l'occidental, sa faute à lui et à son monstre puant ! Ma main caressa l'écorce et ma voix se fit entendre tremblante de rage et de regret de n'avoir rien pu faire :

"Tu as vu...ce que tu as fait ?!...Tu te rends compte des conséquences de ton action ?!"

Je ne le voyais pas, mais j'avais envie de l'étrangler. J'avais réellement envie de le tuer...Je me suis tournée vers le fautif, et mes doutes semblaient fondés. Il fallait que je tombe sur lui, ce n'était vraiment pas ma journée. J'ai fait disparaître ma façade colérique, je n'allais pas lui faire ce plaisir, à ce Lorenzo. Le rouge suintait un peu de son front. Pourquoi était-il là ? Pourquoi a-t-il fallu que ça tombe sur l' "Idiot de service" ?! Ma mâchoire se contracta, j'avais seulement envie de m'en aller, et en même temps je ne pouvais pas laisser cet arbre dans un tel état. Je suis descendue du capot de la voiture, posant pied à terre pour faire face à cet homme, cachant mes remords sur mon comportement de l'autre nuit orageuse derrière un regard flamboyant de colère et de menace que je tentais de calmer. J'ai finalement continué, d'une voix plate, après tout, je n'allais pas entamer une autre discussion avec ce type, je ne voulais pas le voir, je ne voulais plus l'écouter !

"Tu saignes on dirait. Tu devrais partir à l'hôpital."

Je lui en voulais comme je m'en voulais, seulement je ne m'avouais pas que j'étais en tort non...Il était en tort ! C'était un putain d'occidental ! Je sentais ma respiration s’accélérer sous l'envie de le frapper pour m'avoir causé autant de souffrance psychique par ses simples questions de l'autre fois, je voulais juste qu'il se barre avec son monstre puant de métal et qu'il ne revienne plus. Déjà que j'avais réussi avec brio le fait de l'éviter juste après notre première rencontre...Ce qui était chose facile, vu que je fuyais tout le monde en fait. Quoiqu'il en soit il valait mieux pour lui de se barrer et de me laisser seule, pour que je puisse faire quelque chose afin d'aider le gardien, un pauvre gardien abîmé, j'utiliserai tous les moyens possibles pour cela. Et pourquoi pas la manière forte ?

"Allez, barre-toi."

Au moins, on ne me reprochera pas d'être hypocrite...N'est-ce pas ?
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MessageSujet: Re: C'était pourtant, un jour comme les autres...   C'était pourtant, un jour comme les autres... EmptyVen 21 Sep - 23:16

Lorenzo Abatucci

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    " I'm tired of using technology... "


    Franchement, quelle était la probabilité que Nani tombe de l’arbre ? Lorenzo venait de faire un accident pour la première de sa vie, pourtant, c’était le genre d’homme prudent au volant. Quand il buvait, il ne conduisait pas ! Quand il avait sommeil, il ne touchait pas à sa voiture. Alors comment avait-il pu perdre le contrôle de son automobile un seul instant ? Il s’en voulait, terriblement ! Heureusement, il n’avait rien de grave et c’était ça, le plus important. Alors pourquoi était-il rongé par le remords ? Pourquoi ce sentiment envahissait peu à peu tout son être ? Il passa sa main sur visage comme s’il souhaitait que tous ses sentiments négatifs disparaissent. Il ne devait pas s’en vouloir, non ! Il n’avait rien fait de mal, ce n’était pas de sa faute si cet homme à bicyclette se trouvait au centre de la route… Il soupira, il n’avait vraiment aucune chance. Le sang qui coulait de son front n’était pas sa première préoccupation. Au contraire, toute son attention se portait sur les branches de l’arbre ! Il y avait quelqu’un ! Il n’était pas fou ! Il s’éloigna, tentant d’apercevoir une personne. Lorenzo entendit plusieurs branches craquées, une chose était en train de tomber de l’arbre. Il s’approcha à nouveau de l’arbre, mais cette fois-ci plus prudemment.

    Nani arriva comme un cheveu sur la soupe : Lorenzo ne s’attendait pas du tout à la voir tomber sur son capot et le fracasser. Il regarda la scène, sans rien dire, comme s’il n’y croyait pas. Les yeux grands ouverts, la bouche grande ouverte, il ne bougea pas. Il lâcha un petit rire nerveux, ce n’était pas possible ! SA VOITURE VENAIT de se faire exploser le capot PAR UNE DE SES COLLÈGUES ! Il regarda ailleurs, tentant de retenir le plus possible sa colère : il allait bientôt éclater. Sa chère voiture, qu’il a mis du temps à acquérir venait de recevoir en moins de dix minutes deux chocs qui lui seront fatals. Il se retourna, sourit un instant avant de hurler : « MA VOITURE ! » Il s’approcha de Nani et lui montra le capot. « Non mais je n'y crois pas ! Qu’est-ce que tu faisais en haut de cet arbre ? » Dit-il en la regardant. Sa main caressait l’écorce de l’arbre, elle ne s’était pas encore retournée vers Lorenzo : elle ne savait pas donc que c’était lui. Levant un sourcil, il fit un léger sourire ironique. « Les conséquences de mon acte ? Tu viens de donner le coup de grâce à ma voiture ! » Il toucha le capot comme s’il souhaitait que celui-ci soit comme avant. « Sinon, merci, j’ai failli perdre la vie. Et toi, tu vas bien ? » Dit-il sur un ton moqueur.

    Une chose était sûre, elle gardait son calme. Peut-être avait-elle aussi envie d’exploser ? Cette fille… Lui faisait un peu rappeler à Pocahontas ! Et surtout à une certaine chanson, après tout, les occidentaux selon le point de vue du film, ne comprenait pas vraiment la réelle richesse de la vie. Secouant légèrement la tête, il tenta de chasser cette idée étrange de son esprit. Elle parla pendent un court instant de la blessure de Lorenzo, il toucha rapidement son front et regarda sa main. Il haussa les épaules comme si de rien n’était. « Ce n’est rien de grave. » Dit-il calmement. Il avait, peu à peu, repris son calme. De toute façon, s’énerver ne servait à rien, cela n’allait pas lui permettre de remonter le temps. Il l’écouta attentivement, elle lui demandait de partir. Tiens, elle n’allait pas le frapper ? Il s’approcha de sa voiture, s’assit et tenta de la démarrer. Elle faisait un bruit pénible, et une fumée grise sortie du capot. Une chose était sûre, ce n’était pas aujourd’hui que Lorenzo allait pouvoir rentrer calmement. Il soupira à nouveau et regarda Nani. « Ma voiture ne démarre pas ! » . Dit-il en lâchant le volant. « Je ne peux pas me barrer ! » ajouta-t-il avec un léger sourire. Il regarda Nani, fit une légère grimace . « Je crois, qu’on va devoir passer encore un petit moment ensemble car… J’ai besoin de ton aide. Je ne sais pas comment rentrer ! Je ne connais que la route principale mais sans voiture, je ne peux y accéder ! »

    Il espérait vraiment qu’elle accepte de l’aider. Il lui fit un petit sourire, comme quoi, il n’avait pas d’autre choix. Puis, il regarda le siège à côté de celui du conducteur et constata que son café s’était gentiment renversé sur tous ses livres. Il serra fortement le volant, afin de ne pas s’énerver contre lui. Il attrapa le livre de recueils où il manquait des pages et le secoua un instant, des gouttes de café en sortirent. Une fois de plus, il ouvrit grand les yeux, aujourd’hui, Dieu voulait sûrement jouer avec ses nerfs. « Put… » S’arrêta-t-il afin de ne pas être vulgaire. « Je n’y crois pas ! Je suis vraiment maudit ! » Ajouta-t-il désespérément. Il parlait tout seul comme si Nani n’était plus là, il essayait en vain de garder son calme mais dans ce genre de situation c’était… Tellement difficile. Il fit un grand sourire, un sourire qui n’exprimait qu’une chose : de l’énervement. Il jeta le livre sur la banquette arrière et ne dit rien pendant un moment. Puis, il sortit de sa voiture et claqua la porte afin de s'appuyer dessus. Il regarda Nani, ah oui… Lui, c’est sa voiture qui avait pris un coup mais pour elle, c’était l’arbre.

    Il s’approcha lentement de l’arbre et le regarda. C’est vrai, il venait de lui faire mal aussi, Nani avait raison. Il caressa lentement l’écorce de l’arbre et posa doucement sa tête dessus. Il devait à tout prix prendre conscience de la réalité. Il venait d’avoir un accident, sa voiture était bonne pour être jetée, ses livres étaient abimés et Nani était tombé de l’arbre. Elle était un bien étrange fruit. Il se tourna vers elle, puis vers l’arbre et lâcha un léger : « Désolé. » comme s’il s’excusait d’avoir foncé sur lui. Il le prononça très bas afin que Nani ne puisse pas l’entendre sinon elle lui aurait dit qu’il n’était pas sincère. Il pencha légèrement la tête sur le côté droit et lui demanda. « Et ta blessure ? Tu vas mieux ? » Il s’était quand même inquiété pour elle, était-elle allée à l’hôpital ? Avait-elle été prudente par la suite ? Il passa sa main derrière la tête et ajouta : « Bon, tu veux bien aider un occidental ? » Dit-il en haussant les sourcils.
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MessageSujet: Re: C'était pourtant, un jour comme les autres...   C'était pourtant, un jour comme les autres... EmptyMer 3 Oct - 19:46

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L'occidental est de nature égoïste, il ne pense qu'à lui-même, qu'à lui et à sa vie, à ce qui lui appartient. Seulement, rien ne nous appartient, tout nous est donné. Oui, ce que je dis n'a pas de sens. Ce qui est donner est à nous, mais dans le cas du Dieu rougeâtre et de Mère la Terre, nous devons respecter ce qui nous a été offert, nous devons le savoir. L'occidental n'a pas l'air de se rappeler de ce cadeau. Petite, je croyais qu'il s'agissait de démons, de putain de démons à la con. Des démons aux griffes acérées et aux yeux avides, ils voulaient tout sur Terre, absolument tout et s'en servait pour leurs besoins, au point même qu'ils en oubliaient l'origine de leurs inventions et de leur confort. Et voilà que je tombais sur l'un des démons qui hantaient mes rêves, des démons que je voulais à tout prix tuer à défaut de ne pouvoir leur ouvrir les yeux. Lorenzo semblait plutôt énervé, était-ce à cause de son truc puant ? Pourquoi s'attacher à de telles choses futiles ? A des choses qui apportent la mort ? Je ne comprenais pas cet homme, et plus je ne le comprenais pas, plus je tournais autour, telle une bête affamée de savoir, emplie d'une rage sourde. Oui, je voulais connaître, contre mon gré, cet individu, savoir, savoir pourquoi je ne peux pas comprendre, savoir pourquoi il n'a pas l'air de réellement me haïr contrairement aux autres occidentaux...

Je n’aimais définitivement pas les occidentaux, leur manière de bouger, leur manière d’observer, de ne pas connaître, de s’aveugler. Pourquoi Pa’ m’a-t-il envoyé ici si ce n’est pour mieux m’humilier ? Lorenzo me regardait, comme je l’observais, son regard m’était familier, de ceux qui sont prêts à exploser. Mais qu’avais-je à faire du fait qu’il m’accuse ? Il hurlait sans vergogne, comme si je venais de détruire son truc puant. Oserait-il s’en prendre à moi ? Ce serait bien un truc d’occidental. Je ne me laisserai pas faire, au contraire, je crois que je savourais le fait de lui crier dessus, simplement par vengeance pour ces doutes qu’il a réussi à implanter dans ma pauvre tête. Je pris le temps de croiser les bras, afin de cacher le fait que mes poings étaient serrés, de peur ? De colère ? De crainte ? Certainement un mélange d’émotions qui me donnait envie d’imploser littéralement, de m’enfuir et d’oublier cet occidental, ce Lorenzo. Son cri pour sa voiture avait été précédé par des paroles qui ne me surprenaient pas réellement. En effet, je me doutais qu’il allait tout porter sur moi. Mais était-ce moi au volant de cette bagnole ? Était-ce moi qui l’avait fait s’empaler sur le gardien ? Celui-ci m’était plus important encore que sa stupide voiture. Ma voix se fit ironique, tremblante malgré tout de colère et d’émotion mêlées :

« T’es en train de m’accuser d’avoir bousiller ton machin là ?! Non mais pour qui tu te prends ?! Je fais ce que je veux dans cet arbre, c’est toi l’idiot de service qui l’a frappé de plein fouet. Tu es totalement en faute, accepte-le ! Si j'étais tombée plus tôt, je serais morte à l'heure qu'il est, écrasée par ta machine de métal ! C'est ça que tu voulais, que je crève ?! »

Je disais ce qui était pour moi, la simple vérité. J’ai relevé le menton, pour garder une certaine contenance et sureté dans le regard, et surtout cette sorte de haine que je vouais à cet occidental. La dernière fois, oui, la dernière fois il avait été irrespectueux, il avait prouvé qu’il n’était pas digne de Mère la Terre. J’allais faire en sorte qu’il ressente un tant soit peu la souffrance que j’ai vécu de par ses simples mots ! Il remonta dans sa voiture après mes paroles. Seulement son truc puant n’avait pas l’air de vouloir démarrer. J’allais devoir me le coltiner encore un long moment. Il semblait de plus en plus furieux, une fureur qu’il tentait de contenir, ça se voyait, je le voyais toujours, lorsque quelqu’un n’était pas normal, lorsque la possibilité que je puisse être agressée s’impose à ma tête. L’occidental s’en prend à tout ce qui se trouve à porter de ses mains, oui, absolument tout. Je l’avais bien expérimenté, de nombreuses années durant, lors de mes études, et à chaque fois, j’avais raison. L’Œil étincelant, l’œil toujours empreint d’une colère limite meurtrière, les mâchoires contractées, le cerveau en ébullition, il ne sait pas où il va, il ne sait pas ce qu’il fait, mais il le fait et cela lui procurerait presque un plaisir indescriptible. Finalement, ils lèvent leur main très haut, serrée ou non, qu’importe, il faut juste faire mal, simplement mal pour détruire la cause de sa fureur et de sa souffrance. Mais finalement, pense-t-il à la victime ? Comme tout occidental il pense à celle-ci, il y pense pour son propre bien, pour la revanche de cette dernière, qu’elle soit morte ou non. Alors, sa violence s’adoucit quelque peu, cette force se voit contrôler par son propre vice ; l’égoïsme.

J’ai secoué la tête, en proie à des souvenirs qui risqueraient de détruire le calme précaire qui réussissait à retenir ma colère. Pour cette fois, je n’allais pas lui laisser le plaisir de me voir en fureur, une nouvelle fois. Je jouerai le jeu occidental, je l’observerai avec mépris et rancune, en silence, et je m’enfuirais finalement, car bien que je sois encline à me voiler la face du masque de l’Occident, je n’allais certainement pas laisser son hypocrisie prendre le dessus. Seulement, si je ne le faisais pas, je m’énerverai à dire ce que je pense, la vérité, ma réalité incompréhensible pour l’occidental. Alors, autant s’enfuir, courir, ne plus s’arrêter et laisser l’oubli humain faire son travail, j’étais assez douée pour cela ; oublier les choses que je n’aimais pas, ou qui m’avaient fait du mal. Rah, pourquoi il faut que je me rappelle de cela ! C’est ta faute, Lorenzo, et seulement la tienne ! Si tu n’étais pas venu me faire chier je serais tranquillement en train d’oublier ton existence même et ce que tu m’avais sorti comme connerie la dernière fois. Enfin, je l’espère, réellement.

Mes mâchoires se contractèrent sous une sorte de vague de souffrance empoignant mon esprit et cet organe non-dispensable à l’homme ; le cœur. Sérieusement, me souvenir de tout cela ne m’aidait pas à garder mon calme, j’avais juste envie de le frapper, de lui coller sa fichue face contre ce pauvre arbre et de lui hurler de s’excuser, de faire saigner son crâne pour qu’il comprenne un tant soit peu ma douleur, et surtout celle de Tatoui, un Tatoui qui devait avoir si mal aujourd’hui, avec toute cette écorce gaspillée…J’ai serré les poings, les bras croisés, la mine glaciale malgré mon teint un peu basané de base.

Je l’ai observé pendant tout ce temps s’asseoir dans sa voiture et voir sa fureur et son agacement commencer à se dévoiler. Un sourire narquois et presque victorieux se fit discret sur mes lèvres, l’œil animé de malice. Finalement, cet italien sait ce qu’est la fureur, il n’est pas au-dessus de moi, il n’est pas au-dessus de l’occidental. Il est un être tout à fait normal. Il me demanda comment allait ma blessure. Eh bien, enfin un peu moins d’égoïsme ! Je ne pris pas la peine de répondre à son interrogation tout à fait futile. J’ai levé ma chemise pour montrer la cicatrice peu jolie voir même laide et peut-être même infectée. Non, je n’étais pas allée voir un docteur, surtout un occidental, jamais je n’irais en voir un, cependant j’avais posé une ou deux feuilles d’un arbre venant de ma terre natale et planté dans le zoo. Quelques feuilles qui allaient peut-être aidées la guérison. De toute manière, je n’avais pas besoin de guérir, j’avais vu pire et les blessures infligées par Ariiura ne me faisaient plus du tout peur, ni mal. C'était mon frère, j'acceptais sa douleur, comme il acceptait la mienne.

J’ai refait tomber ma chemise, et j’ai mis mes mains dans les poches de mon pantalon, sa demande d’aide me surprit et me fit sursauter sur place. De l’aide ? Moi ? La fille qui l’avait fait chier toute une soirée ? Je lui en devais une, cette idée accentua ma fureur que j’ai tout de même contenue. J’ai haussé les épaules. On verrait bien s’il arrivera à me suivre. Mais avant cela je préférais être claire ; je ne souhaitais pas laisser son truc de merde en métal contre la chair à vif du gardien…

« On verra. En attendant vire ton truc de là. »

C’était un simple grommellement, et ce n’était pas sa fureur contrôlée qui allait m’effrayer. C’est donc d’un pas décidé et félin que je me suis amenée jusqu’à sa voiture, j’ai posé ma main avec délicatesse sur le tronc pour ensuite m’y appuyer, posant mes pieds sur l’avant défoncé de la voiture. Rien de facile là-dedans, au contraire, je suppose que c’était une action désespérée mais la seule idée que Tatoui souffrait à cause de la blessure de ce gardien me révulsait. Le visage tendu malgré moi, je tentais de pousser de toutes mes forces sur la bagnole, quitte à l’abîmer un peu plus. Je serrais les dents, la douleur à mon ventre s’intensifiant, tout comme la pression, pourtant je n’en avais que faire. Et lui, j’aurais voulu qu’il s’en aille, cet italien de merde, cet occidental hypocrite qui réussissait à me foutre un virus dans la tête. Qu’il s’en aille et qu’il ne revienne pas, jamais ! Va donc dans un hôpital, Lorenzo, c’est la seule chose que tu sais faire, en tant qu’occidental : te plaindre et fermer les yeux pour ne plus jamais les ouvrir sur la réalité.

J’ai arrêté de pousser, essoufflée et surtout en me rendant compte que cela ne servait à rien. Un coup de pied rageur atteint le pneu de ce truc puant et j’ai gardé les mains dans les poches, la mine sombre. Je n’étais pas assez forte, je ne l’avais jamais été, même dans ma tribu, en forêt amazonienne. Je ne suis qu’humaine, et non une révélation…Et tu vois, l’italien, c’est toi qui m’a révélé ce doute déjà ancré depuis ma naissance en moi, dans mon estomac, dans ma poitrine, dans mon bordélique de crâne. Alors, Lorenzo, tu penses quoi de cela ? De la rupture entre deux nations, de l’immondice de l’occidental, de la crédulité des shiwiars ? Qu’est-ce t’as, l’occidental ?

A nouveau un soupir. J'aurais voulu rester là, près de cet arbre, j'aurais voulu fuir Lorenzo, mais j'avais encore une dette envers lui, et le voir avec cette blessure au front m'agaçait. Alors, qu'il le veuille ou non, j'allais le fourrer à l'hôpital pour qu'on n'en parle plus, je n'aimais pas l'ambiance de ces bâtiments, mais l'occidental avait peut-être besoin de soins. Pff, qu'est-ce qui me prend de m'inquiéter pour lui ?! J'ai grommelé dans ma barbe, m'approchant de mon interlocuteur, puis le dépassant pour m'enfoncer dans les quelques contours boisés qui mèneraient à la ville. Au passage, j'ai jeté un rapide coup d’œil à son front ensanglanté. Les mains dans les poches, je lui fis signe de la main, déclarant d'un ton impassible, saupoudré d'une certaine impatience :

"Suis-moi."

Toi là-bas, qui me regarde telle celle qui avait tué ton gardien, est-ce cela, ce regard que tu me lances ?
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