Jour 21 - Détente musicale près de la piscine [PV : Elyne]

Finalement, j'avais craqué.
Je revenais tout juste du magasin de musique que je fréquentais depuis peu. Faute de place sur ma moto – mais surtout par précaution intense – je m'étais déplacé à pieds pour aller jouer un petit air de violon au vendeur et acheter le fameux synthétiseur que je convoitais tant. Après m'avoir entendu reprendre « Canon in D » de Johann Pachelbel, un compositeur et organiste allemand de la période baroque, le vieil homme m'avait chaleureusement conseillé pour le choix de mon deuxième instrument. Doté de soixante et une touches, il m'offrait la possibilité de composer plus facilement, étant donné le large choix de notes.
La journée était belle, le ciel dégagé et le soleil brillait haut dans le ciel. Un moment opportun pour se promener dehors. Ce que je fis au lieu de retourner au pensionnat. Pourquoi ne pas profiter de mon mercredi après-midi pour aller m'asseoir quelque part et me reposer l'esprit après tout ? J'en avais grandement besoin. Je ne savais pas exactement où j'allais et laissais mes pas me guider le long des rues. Au bout de quelques minutes de marche, je me retrouvai au milieu d'un grand espace vert où de nombreuses voix et éclats de rires et de joie retentissaient au loin. Je m'approchai un peu pour constater que je me trouvais non loin d'une piscine publique. De jeunes enfants s'amusaient à sauter dans l'eau tandis que leurs parents bronzaient au soleil et qu'une bande d'adolescents discutaient gaiement.
Un frisson me parcourut en regardant l'étendue d'eau qui me paraissait déjà bien trop grande pour moi seul. A part mon père, personne ne connaissait mon plus grand point faible, ma phobie : l'eau. Oui, j'étais aquaphobe, depuis toujours. Par conséquent, je ne savais pas nager. Cette peur était née d'un rien, moi-même en ignorais la cause. Toujours est-il que je ne pouvais pas m'approcher d'une étendue d'eau à moins de dix mètres. Je regardai autour de moi à la recherche d'une place tranquille et assez loin de la piscine pour ne pas être embêté par ses occupants. Mon étui à violon dans une main, celui du synthétiseur dans l'autre, je repérai un petit coin à l'ombre d'un immense saule pleureur. Ses branches tombaient si bas que lorsque je m'aventurai dessous, je ne vis presque plus les baigneurs et cette piscine qui m'effrayait tant.
Je m'assis dans l'herbe, m'adossai au large tronc de l'arbre imposant et déposai mes étuis près de moi. J'ouvris celui du synthétiseur, impatient de voir ce qu'il me réservait. En quelques minutes à peine, je commençais déjà à jouer les airs que je connaissais le mieux. Je profitai de mes premiers essais pour rejouer « Canon in D » de Pachelbel. Lorsque j'aurais le temps, j'utiliserais un logiciel permettant de rassembler le violon et le synthétiseur, afin de réécouter mes reprises.

Pachelbel - Canon in D (violon et piano)

Elyne avait envie de respirer un peu, d’entendre les divers sons que la communauté urbaine pouvait procurer. Elle se décida donc d’aller à la piscine car, en ce jour de beau soleil, il fallait en profiter avant que ce dernier disparaisse pour laisser place à la neige et au froid de l’hiver. Elle se prépara donc, enfila son maillot, mit une serviette et du gel douche dans un sac prit au hasard dans son armoire. Elle n’oublia pas le petit détail qu’elle n’oubliait d’ailleurs jamais : son IPod, son compagnon actuel, celui qui lui permettait de se sentir bien en toute circonstance car la vie sans musique ne serait elle pas un chaos ? Elle quitta ensuite l’internat doucement, se lançant sur sa route en flânant ci et là sans oublier son objectif -> la piscine ! Une fois arrivée, après s’être délectée de quelques chansons sur lesquelles elle avait limite dansée en marchant, elle éteignit son MP3, attrapa sa serviette dans son sac et rechercha un coin à l’ombre, puis, quand elle l’eut trouvé, y posa ses affaires, se déshabilla puis courut vers la piscine. Elle n’était pas gorgée de monde mais n’était pas déserte non plus, un peu entre les deux. Immédiatement, oubliant les règles disant qu’il vaut mieux se mouiller avant de rentrer dans l’eau, elle y plongea, comme elle aimait le faire, gracieusement, sans éclaboussures. Sa trempette terminée, elle sortit de la piscine pour retourner vers sa serviette se détendre un peu mais malheureusement, le soleil s’était déplacé depuis et elle était désormais placée au soleil, donc elle prit toutes ses affaires pour aller sous un arbre, au moins elle était sûre que là-bas, l’ombre était présente. Malheureusement, un homme qu’elle crut reconnaître était déjà installé là. Il ne l’avait pas remarquée mais elle le détailla furtivement, et elle le trouva vraiment mignon. Les cheveux bleus turquoises rajoutaient encore à son charme naturel et elle aimait les choses qui changeaient de l’ordinaire. Et pour ne pas encore lui trouver des qualités, il était artiste, jouait du piano, et bien en plus. Bon nombre de gens essayaient mais cela ne donnait rien, elle en faisait d'ailleurs partie, de ce groupe de gens. Elle s’approcha de lui, se mit à genoux, lui offrit un sourire sincère et limite niais mais qui couvrait une bonne partie de son visage pour lui demander gentiment, l'interrompant dans sa mélodie :

« Salut, ça te dérange si je m’installe à côté de toi ? Il y a beaucoup de soleil et j’ai oublié ma crème solaire, je voudrais éviter un cancer ! » Puis elle rigola délicatement.

Alors que la mélodie s'achevait bientôt, je fus contraint d'y mettre un terme plus tôt que prévu. En effet, une ombre écarta les branches du saule pleureur pour s'approcher de moi. Quand elle fut à ma hauteur, je remarquai que c'était une jeune fille. Grande et élancée, elle était vêtue d'un maillot de bain deux pièces qui mettait ses jolies formes en valeur. Elle semblait très jeune, environ quinze ou seize ans d'après moi. Sa peau claire transparaissait presque par rapport à ses longs cheveux d'un blond très clair. Ils étaient totalement mouillés et quelques mèches tombaient en désordre sur ses épaules. Elle venait certainement de la piscine. Quant à ses yeux verts, je n'en avais jamais vu d'aussi foncés. Brillants d'une attention sincère au dessus d'un sourire qui le paraissait tout autant, elle me regarda et prit la parole.

- Salut, ça ne te dérange pas si je m'installe à côté de toi ?

Je haussai les sourcils, surpris par sa demande. Ses bras étaient chargés d'un petit sac, d'une serviette de bain et d'un IPod dont les écouteurs pendaient, emmêlés entre eux.

- Il y a beaucoup de soleil et j'ai oublié ma crème solaire, ajouta-t-elle sur un ton d'excuse. Je voudrais éviter un cancer !

Elle se mit à rire, son mélodieux qui ne manqua pas de me séduire tout de suite. C'était... tellement innocent, tellement charmant que c'en paraissait presque extraordinaire. Ce rire fit resurgir en moi une multitude de souvenirs musicaux, d'airs captivants, doux et si plaisants à jouer. Sur le moment, je ne répondis pas tout de suite à la jeune fille, encore trop étonné et perdu dans mes pensées pour me souvenir de la raison pour laquelle elle était venue me voir. Secouant finalement la tête, je me remis les idées en place et, les mains encore sur le clavier de mon synthétiseur, me raclai la gorge.

- Vas-y, je t'en prie. dis-je posément.

En temps normal, je lui aurais demandé pourquoi elle ne s'installait pas plus loin, à l'ombre d'un autre arbre par exemple. Mais sa voix, et surtout son si joli rire, m'avait tellement surpris que j'en oubliai mon côté solitaire égoïste. Reportant mon attention sur mon clavier pendant que la jeune fille prenait place, je réfléchis à une autre mélodie à jouer, bien que je ne sois pas sûr de continuer en présence de la blondinette. Je n'avais pas l'habitude de jouer devant un public, qu'il soit constitué d'une ou plusieurs personnes. Pour le vieil homme du magasin de musique, c'était différent. Lui et moi entretenions un rapport purement respectueux de vendeur à client, avec une pointe d'entente intime au niveau musical.

Elyne attendait une réponse du jeune homme, en espérant qu’elle soit positive. En attendant, elle tenait son sourire. Elle le vit comme pris par ses pensées, comme s’il allait refuser mais finalement il l’invita à s’installer et elle ne se fit pas prier deux fois. Une fois sa serviette posée, elle s’assit dessus, passa une main dans ses cheveux pour les « égoutter » en veillant à ne pas éclabousser cet inconnu, mais plus elle le regardait, plus il lui disait quelque chose. Elle l’avait déjà vu quelque part. Elle lui adressa une phrase de remerciement :

« Merci d’avoir accepté que je m’installe ici. »

Après s’être allongée pour se reposer un peu, observant toujours du coin de l’œil pour essayer de trouver où avait elle pu l’apercevoir durant sa vie passée. Surement pas en Estonie, impossible, sinon elle s’en souviendrait, elle connaissait plein de gens à Tallinn. Donc forcément, ici, au Japon. Il paraissait 20 ou 22 ans, donc à Hina, c’était pas vraiment possible... Quoi que ? Elle tenta :

« Sans vouloir te déranger, j’ai l’impression de t’ avoir déjà vu avant, quelque part… Est ce que je te dit quelque chose, moi ? Je viens du lycée Hina d’à côté donc, si tu habites proche d’ici, peut être que j’ai dû te voir dans la rue… Je ne sais plus, pardon de t’embêter avec mes broutilles…»

Elle s’embrouillait, n’avait pas envie de le gêner avec ses histoires futiles, de toute façon, qu’est ce que ça changerait ? Il est trop agé pour elle, enfin, c’est ce que lui devait penser. Elle, non, elle le trouvait plutôt mignon et puis son visage, quelle pureté ! Un petit détail retint son attention, il portait un collier qui lui plaisait bien, couleur argent, cela lui rappela un cadeau de son père, une bague en argent avec une améthyste pour qu’elle pense toujours à lui. Elle se dit qu’elle allait l’appeler en rentrant pour lui donner des nouvelles. Bref, elle n’avait pas envie de passer pour une gamine de son âge, même si elle en était une, une bonne petite folle comme on en fait plus, de celles qui dansent, de celles qui chantent, de celles qui s’en foutent des remarques des autres… Ca la décrivait bien. Enfin bon, elle se rendit compte qu’elle l’avait interrompu dans sa création et qu’il ne l’avait pas reprise donc elle s’inquiéta :

« J’espère ne pas t’avoir trop gêné, tu peux continuer à jouer, ce sera avec plaisir, ça fait si longtemps que je n’ai entendu un instrument en vrai… »

- Merci d'avoir accepté que je m'installe ici, dit l'inconnue en s'allongeant sur sa serviette.

Je hochai la tête sans rien dire. Un silence s'installa entre nous, silence durant lequel j'effleurais mon clavier du bout des doigts en réfléchissant à la prochaine mélodie que je jouerais. Cela faisais si longtemps que je n'avais plus touché à un piano... J'avais fini par me familiariser beaucoup plus étroitement avec le violon.

- Sans vouloir te déranger, j'ai l'impression de t'avoir déjà vu avant, quelque part, déclara la jeune fille.

Je me retournai vers elle, lui lançai un regard interrogateur.

- Est-ce que je te dis quelque chose moi ? Je viens du pensionnat Hina d'à côté.

Alors c'était une élève de Hina. Je l'ignorais et à vrai dire, je ne faisais pas vraiment attention aux jeunes que je croisais dans les couloirs. J'arrivais même à oublier ceux que je réprimandais plusieurs fois pour manque de respect au règlement. Je ne m'étais jamais intéressé à personne. Conséquemment, j'avais toujours du mal à me souvenir des visages, ainsi que des noms parfois.

- Si tu habites proche d'ici, peut-être que j'ai dû te voir dans la rue, continua la blondinette incertaine. Je ne sais plus, pardon de t'embêter avec mes broutilles...

Je ne répondis pas, un peu confus. Je vis alors ses joues prendre une teinte rosée.

- J'espère ne pas t'avoir trop gêné, ajouta-t-elle soudain troublée. Tu peux continuer à jouer, ce sera avec plaisir. Ça fait si longtemps que je n'ai pas entendu un instrument en vrai...

Mon regard alla de ses yeux au synthétiseur, pour finalement revenir sur la jeune fille.

- Euh... non non, tu ne m'as pas gêné, la rassurai-je avec un sourire bref mais sincère.

Je passai une main dans mes cheveux cyan, toujours aussi incertain par rapport au fait de la laisser entendre ma musique, puis repris.

- Si tu as l'impression de m'avoir déjà vu, c'est parce que je suis surveillant à Hina. Je suis arrivé il y a trois semaines.

Je m'attardai un moment sur son visage angélique aux traits fins et si bien dessinés. Sa peau semblait si douce que j'avais envie d'y passer le bout des doigts pour goûter à sa chaleur. Ses yeux vert foncé m'intriguaient réellement. Une couleur incroyablement étrange et fascinante. On avait sûrement dû lui faire la remarque de nombreuses fois. L'appréciait-elle ? Où la gênait-elle ? Je l'ignorais donc préférai ne rien dire pour le moment. Me rendant compte que je la fixai trop intensément et que cela pouvait paraître très malpoli, je me détournai.
Finalement, ses dernières paroles me revinrent et je m'en voulus immédiatement de refuser aussi catégoriquement de jouer devant elle. Elle disait ne pas avoir écouté le son d'un instrument depuis longtemps, et moi je rejetais ses attentes, si simples et inoffensives. Je n'avais rien à lui reprocher et surtout, pour une fois, je ne me sentais pas de mauvaise humeur. Alors autant en profiter. Laissant mes doigts caresser le clavier de long en large, j'appuyai sur quelques touches sans produire de mélodie, jusqu'à ce qu'il y en ait une qui me vienne à l'esprit.
Elle s'intitulait « It's your day » et venait de la composition d'un certain Yiruma, compositeur et pianiste sud-coréen. Ce trentenaire était connu dans le monde entier et ses albums se vendirent partout, aussi bien aux États-Unis qu'en Europe ou en Asie. Peut-être que mon interlocutrice le connaissait... J'aimais beaucoup reprendre ses œuvres dont la majorité m'apaisait lorsque je les écoutais. Je mis correctement le synthétiseur sur mes jambes et, d'un geste lent mais assuré, plaçai mes mains sur le clavier pour commencer à jouer.

Yiruma - It's your day

Elyne fut rassurée quand il lui sourit, accompagnant une phrase gentille. Et puis il répondit à une de ses interrogations qui la perturbait. Il était donc lui aussi à Hina, mais pas en tant qu’élève (ce qui aurait été étonnant) mais en tant que surveillant. Elle avait donc du l’apercevoir au détour d’un couloir en se baladant comme elle avait l’habitude de le faire. Mais comment avait-elle pu oublier un être aussi beau ? Elle n’en savait rien elle même, et cette fois ci, il ne pouvait pas lui répondre, personne ne le pouvait, sauf peut-être elle. Toujours allongée, elle l’observait du coin de l’œil, lui et ses beaux cheveux dans lesquels il avait passé sa main quelques instants plus tôt dans un geste très gracieux. Elle pourrait désormais le scruter sans qu'il se doute de rien au lycée! Quelle formidable journée, pensa t-elle!
A force d’observation, elle vit qu’il soutint son regard pendant plusieurs secondes sur elle, mais le baissa, au bout d’un moment. A cet instant, elle se redressa et s’assit en tailleur, en souriant, ce genre de journée la rendait joyeuse, plus que d’habitude, même si elle l’était souvent. Elle osa dire :

« Tu sais, tu peux me poser des questions si tu veux, j’y répondrais volontiers !...
Je peux déjà te dire que je suis d’origine Estonienne et que j’ai 16 ans… Ah et j’oubliais, je me prénomme Elyne aussi, mais si tu veux, tu peux m’appeler Ely »

Après cette petite présentation pleine d’entrain, elle espérait qu’il allait faire de même, sans trop l’avoir embarrassé. Il effleura du bout de ses doigts son clavier, comme si c’était une relique. Il avait l’air neuf. Il s’émerveilla devant, et commença une douce mélodie qui, quand elle atteignit ses oreilles et y entra, fit faire à Elyne un espèce de mouvement de droite à gauche, toujours assise, elle se berçait quoi ! Oui, elle sait être sensible et douce quand il le faut ou quand quelque chose la touche. Elle s’approcha doucement de lui, posant ses mains à côté des jambes du surveillant, son visage à quelques centimètres du sien. Son cœur battait très vite. Elle se tint sur sa main gauche pour pouvoir avancer l'autre près de son épaule afin d y saisir une coccinelle délicatement et regarder cette dernière au creux de sa paume.

« N’est-elle pas jolie, cette coccinelle rouge ? La nature est si jolie, quand on plus on y accompagne de la bonne musique, c’est juste un bonheur ! Tu joues extrêmement bien, tu sais ! Et puis, par la même occasion, j’ai piqué un cheveux sur ton t-shirt, je me suis dit que je n’en reverrais pas des de cette couleur de sitôt ! Ils me plaisent vraiment ! Je m’extasie devant eux ! »

Elle lui offrit un sourire avant de commencer à se reculer doucement, en évitant de tomber, malgré le fait qu’elle était maladroite ! Elle s’installa devant lui, sur les genoux, en contemplant encore la petite coccinelle qui ne s’était toujours pas envolée, apparemment pas ennuyée d’être sur la main chaude d’Elyne…

Au fur et à mesure que mes doigts allaient d'une touche à l'autre et que la mélodie progressait, fluide et douce, je sentais un frisson me parcourir les mains puis les bras, comme si les notes glissaient à l'intérieur de moi pour s'incruster dans chaque centimètre carré de mon corps. C'était une sensation incroyablement agréable. Avec le violon, j'avais l'impression de partir loin, dans un monde que moi seul connaissais, un monde où ma haine et mes peines me quittaient pour ne laisser derrière elles qu'un sentiment de bien être absolu. Je le retrouvais avec le piano et c'était d'une intensité telle que je ne voyais plus que le clavier, n'entendais plus que la mélodie produite par la pression de mes doigts sur les touches blanches et noires de mon instrument. Lorsque les dernières notes moururent, mélangées au frottement des fines branches et du feuillage du saule pleureur, j'inspirai profondément et fermai les yeux pour apprécier cette sensation tout bonnement fabuleuse.
Quand je les rouvris, je me tournai vers la jeune fille qui se tenait assise en tailleur, le visage rayonnant d'une gaieté sans limites. Avec un sourire, elle prit la parole.

- Tu sais, tu peux me poser des questions si tu veux, j'y répondrai volontiers ! Je peux déjà te dire que je suis d'origine Estonienne et que j'ai seize ans... Ah et j'oubliais, je me prénomme Elyne mais si tu veux, tu peux m'appeler Ely.

Elle s'approcha alors et posa sa main sur mon épaule. Surpris par son geste, je ne dis rien. Elle la retira aussitôt et je vis, au bout de son index, une petite coccinelle se balader vers sa paume.

- N'est-elle pas jolie cette coccinelle rouge ? s'enquit Elyne émerveillée. La nature est si jolie quand on y accompagne de la bonne musique, c'est juste un bonheur ! Tu joues extrêmement bien tu sais !

Je la remerciai, content que ma petite prestation lui ait plu.

- Et puis par la même occasion, j'ai piqué un cheveu sur ton tee-shirt, je me suis dit que je n'en reverrai pas de cette couleur de sitôt.

Alors c'était principalement pour cette raison qu'elle avait posé sa main sur mon épaule... Amusant.

- Ils me plaisent vraiment ! Je m'extasie devant eux !

Elle m'accorda un immense sourire empli de joie et se déplaça pour venir s'installer en face de moi. Tandis qu'elle contemplait le petit insecte qui n'avait toujours pas pris son envol et s'improvisait une course en direction du bout des doigts de la jeune fille, je regardai cette dernière, assez étonné par ce qu'elle venait de dire. On avait toujours fait de nombreuses remarques dégradantes sur mes cheveux, mais jamais on ne m'avait encore dit « s'extasier » en les observant. Sur le coup, je crus qu'Elyne se moquait de moi. Mais son joli sourire paraissait sincère et, même si j'eus du mal à lui rendre, j'étais tout de même content de pouvoir converser normalement avec elle.

- C'est... c'est gentil, répondis-je cependant un peu gêné d'attirer autant son attention avec quelques mèches bleutées.

Je m’éclaircis la voix, repris.

- Moi c'est Constantine. Euh... je suis moitié français, moitié italien, ajoutai-je en me rappelant qu'elle m'avait révélé ses origines qui, soit dit en passant, était des plus étonnantes.

J'avais déjà rencontré des allemands, des anglais, des italiens, des russes et, forcément, des français et des japonais, mais jamais d'estoniens. Et, sans vouloir offenser Elyne, ce pays ne faisait pas partie de ceux auxquels je pensais en premier pour des projets de voyage. Désormais, grâce à elle, je pouvais m'y intéresser et lui poser des questions sur la culture de cette région du monde. Toutefois, pour le moment, je préférais profiter encore de mon instrument de musique et partager cette passion avec mon interlocutrice. Lentement, je laissai mes doigts parcourir le clavier sans produire de mélodie particulière. Puis je levai les yeux vers Elyne.

- Tu as l'air d'aimer la musique, dis-je en me souvenant du IPod qu'elle transportait tout à l'heure.

Elyne aimait la musique. Rien que le beau son créée par ce surveillant… Ah, magnifique ! D’habitude, les pions sont des chieurs incultes, c’est bien connu, mais lui était artiste ! L’exception qui confirme la règle n’est ce pas ?
Il avait l’air étonné qu’elle lui fasse un compliment, ce devait être rare. Bon, il est vrai aussi que la plupart des gens sont des moutons qui suivent le troupeau, et donc, ils n’aiment pas le changement, Elyne préfère les moutons noirs, ceux qui sortent du lot, c’est ceux qui s’assument et qui se foutent de l’avis que les autres ont sur eux. Sur ce, il me répondit donc :

« C’est… C’est gentil. »

Il avait l’air gêné. Il ne fallait pas, voyons ! Mais Elyne ne dit rien. Mieux vaut ne rien dire sur ce point là pour ne pas l’embarrasser encore plus, on ne sait jamais. Il se présenta donc et Elyne écouta attentivement pour ensuite répondre :

« Constantine, c’est joli ! Je ne savais pas que c’était mixte mais j’aime beaucoup, ça change de tous les prénoms masculins communs ! Je m’en suis lassée ! Mais là… » Puis elle souria.

Constantine, un prénom qui sonne « rond » pour changer ! Il était donc franco-italien. Deux beaux pays bien connus en Europe. Elyne avait toujours eut envie d’aller visiter la France, mais Paris passait au second plan, d’abord, elle voulait aller voir la Provence, celle pleine de jolies fleurs et de cigales. Il la tira de ses pensées :

« Tu as l’air d’aimer la musique. »

Pour l’aimer… Elle l’adorait. Rien à, voir avec une petite appréciation, c’était quelque chose de vital pour elle. Si la musique n’existait pas, qu’est ce qui la tirerait des mauvais rêves et des tristes jours ? Il suffit qu’elle écoute une chanson qu’elle aime bien, et c’est reparti, aucune douleur ni aucun ressenti ne survit à ce pouvoir ! Une seule fois c’était arrivé que cela ne fonctionne pas, mais c’était une situation anormale dans la vie d’une personne chanceuse. Elle affirma, convaincue et déterminée:

« Oui, bien sûr, pour moi, rien n’est plus important que la musique ! Rien ne l’a encore détrôné ! J’écoute essentiellement Muse, dans leurs chansons, il y a quelque chose... C’est recherché! Souvent, on ne s’attend pas à ce qu’il y ait du « bruit » sur des paroles douces ou lentes, par exemple, mais eux y arrivent à merveille, et j’aime beaucoup cela ! Est ce que tu connais ?»

Pourvu qu’il connaisse, s’était elle dit alors. Sinon, elle s’en voudrait d’en avoir trop dit, trop parler, quel problème chez elle ! Bavarde comme jamais ! On le lui avait assez reproché pour qu'elle en soit un peu honteuse, à force...
Mais elle fit vite abstraction de ses pensées là et puis sourit, comme à chaque fois qu’elle parlait musique, toujours un sourire passionné, rempli de tous sentiments décelables par ce geste.
Sourire, elle n’arrivait plus à arrêter de toute façon, car, depuis son arrivée, elle n’avait pas vécu les moments les plus heureux de sa vie, loin de là, mais avec une après midi comme celle ci, elle pouvait oublier tout ce qui c’était passé avant. Elle continua :

« Toi, apparemment, c’est plutôt du classique, je me trompe ? Le piano est il seul à pouvoir accueillir fièrement tes beaux doigts et les laisser frôler ses touches, ou joues-tu d’un autre instrument ? »

Elle hocha affirmativement la tête.

- Constantine, c’est joli ! fit-elle remarquer, pleine d'entrain. Je ne savais pas que c’était mixte mais j’aime beaucoup, ça change de tous les prénoms masculins communs ! Je m’en suis lassée ! Mais là...

Pour une fois que quelqu'un l'appréciait, cela me surprenait. Mon père, lui, se demandait encore aujourd'hui comment ma défunte mère avait pu me donner un prénom aussi « ridicule ». Elyne sourit de plus belle et ajouta :

- Oui, bien sûr, pour moi, rien n'est plus important que la musique, rien ne l'a encore détrônée !

Sur ce point, nous étions sur la même longueur d'onde. J'avais grandi avec la musique. Pour moi, elle était non seulement un moyen d'échappatoire lorsque mon esprit avait besoin de partir ailleurs, mais également une sorte d'élévation de l'âme dans toute sa grandeur. Elle me permettait de comprendre une infinité de choses que je n'aurais pas su saisir si je n'avais jamais approché un instrument d'aussi près.

- J'écoute essentiellement Muse, continua Elyne sans me quitter des yeux. Dans leurs chansons, il y a quelque chose, c'est recherché. Souvent, on ne s'attend pas à ce qu'il y ait du « bruit » sur des paroles douces ou lentes par exemple. Mais eux y arrivent à merveille et j'aime beaucoup cela ! Est-ce que tu connais ?

J'affirmais d'un signe de tête. Muse était un groupe de rock alternatif originaire d'Angleterre. Récemment, à l'occasion des Jeux olympiques de Londres 2012, il fut invité à composer l'hymne officiel de l’évènement avec la chanson « Survival » et fit aussi une apparition lors de la cérémonie de clôture. Je n'écoutais pas particulièrement mais connaissais certaines chansons connues telles que « Feeling good » ou « Supermassive Black Hole ». Le rock alternatif ne faisait pas vraiment partie de mes genres de musique préférés. Dans le même univers musical – ou presque – j'aimais mieux le metal qui désignait toutes les musiques descendantes du heavy metal traditionnel et du hard rock.

- Toi, apparemment, c'est plutôt du classique, je me trompe ? s'enquit la jeune fille. Le piano est-il le seul à pouvoir accueillir fièrement tes beaux doigts et les laisser frôler ses touches, ou joues-tu d'un autre instrument ?

Elle me parlait de Muse et me demandait si mon talent d'artiste s'étendait plus loin que celui de pianiste. Là, elle venait de rassembler deux éléments dont elle ignorait encore l'importance. Elle ne savait également pas la satisfaction que je lui procurerais dans quelques instants en lui dévoilant mon violon. Car j'allais lui faire un petit cadeau qu'elle n'oublierait pas de sitôt, du moins je l'espérais. Hasard ou non, elle aurait la chance de pouvoir écouter un titre de son groupe favori interprété au violon. C'était le seul que j'avais appris car il était plaisant à jouer et la mélodie me rendait à la fois heureux et mélancolique. Elle se nommait « Uprising » et demeurait l'un des singles les plus mémorables du groupe. D'après le chanteur Matthew Bellamy, cette chanson serait un appel à la révolution contre les dictatures, à la rébellion contre les politiques illégitimes.
Délicatement, je rangeai mon synthétiseur à l'intérieur de son étui que je refermai, sous les yeux attentifs d'Elyne. Sans un mot, je me redressai à genoux, attrapai l'étui du violon, l'ouvris et sortis l'instrument avec son archet. En me mettant debout, je le plaçai sur mon épaule et accordai un regard amical à mon interlocutrice. Après m'être mémorisé les premières notes, je fis glisser l'archet sur les cordes et me laissai emporter par la mélodie.

Muse - Uprising (violon)

Elyne, trop heureuse ou excitée, ne s’attendait pas à cela. Une journée meilleure que celle ci ne pouvait se passer car, quand il sortit doucement son violon, elle ne se doutait pas encore de ce qu’il avait en tête. Elle pensait juste qu’il voulait lui montrer qu’il savait jouer d’un autre instrument, mais non, il commença à jouer la mélodie qu’elle n’aurait, elle même, pas pu demander : Uprising ! Une de celles qu’elle avait connu en premier du groupe ! Ca lui rappela des souvenirs heureux, même si la chanson n’était pas sensée l’être, loin de là !
Elle jeta sa tête en arrière et ferma les yeux afin de mieux ressentir les effets limites psychédéliques pour elle de la douce musique. Déjà qu’il jouait super bien du piano, mais le violon en prime ! Rien de mieux, deux instruments sublimes !
Sans s’en rendre compte, vu qu’elle connaissait par cœur cette chanson, elle ne chanta pas – valait mieux pas d’ailleurs- mais ouvrit la bouche pour exprimer les paroles silencieusement en bougeant la tête en rythme dans tous les sens. Le play-back à défaut de la belle voix qui lui manque, c’était la seule solution qu’elle avait trouvé pour montrer quand même sa passion.
Elle eut soudain envie de s’activer mais ne se leva pas, il ne fallait pas, ce n’était pas le moment de montrer son côté « fifolle ».
Elle se délecta de ce moment extraordinaire, puis, quand il eut fini, son trop-plein de bonheur ressortit sans qu’elle puisse l’empêcher et s’exprima par un baiser sur la joue de l’artiste pour le remercier. Mais ensuite, elle réalisa le geste déplacé qu’elle venait d'effectuer sans le vouloir.

« Euh… Je suis désolée, je ne voulais pas… Excuse moi… » Puis elle baissa la tête, regardant le sol, en rougissant.

Elle devait vraiment apprendre à se contrôler. Trop hyperactive, elle ne savait comment doser ses pulsions. Elle était vraiment pleine de défauts, cette fille ! Elle n’osa plus rien dire, bouleversée par son action. « Je suis irrémédiablement impossible » pensa-t-elle.
Elle releva la tête pour essayer de déceler dans le regard de Constantine quelque chose qui pouvait lui prouver qu’il ne lui en tiendrait pas rigueur.
Elle s’éloigna, chercha dans son sac son petit lecteur, celui qui ne la quittait jamais, le ralluma, chercha ce qu’elle souhaitait sur l’écran et fit comme si de rien n’était pour ne pas s’inquiéter et souria:

« A mon tour de te faire écouter un morceau à moi ! »

Elle s’assit à côté de lui, prit un écouteur et lui mit délicatement dans l’oreille pour ne pas lui faire mal, puis l’autre, l’installa dans la sienne. Elle appuya sur « Play » et se laissa aller au doux air qui sortait du petit boitier. Enfin « doux », pour elle en tout cas. « Quelle beauté !» Se dit-elle. A la fin, elle reprit le tout, le rangea et demanda :

« As-tu apprécié ? Celle ci se nomme « Map of the Problematique », elle me donne des frissons ! Regarde, j’en ai la chair de poule tellement je l’adore ! Parfois, j’en pleure même ! » Et elle émit un petit rire…

Muse- Map of the Problematique

(HRP: Merci pour ce si beau morceau, je l'ai, par la même occasion, ajouté à ma playlist perso ;) )

Pendant qu'elle progressait, je voyais le visage d'Elyne s'illuminer et son sourire s'élargir joyeusement. Elle ferma les yeux pour apprécier la musique et mima les paroles qu'elle avait l'air de connaître sur le bout des doigts. Une fois le morceau terminé, elle se leva à son tour et, prise d'un élan d'affection, ou peut-être animée d'une effervescence propre à une fan devant son artiste préféré, elle s'approcha et m'attrapa par les épaules pour déposer un baiser sur ma joue. D'abord surpris puis gêné par autant de familiarité alors que nous nous connaissions à peine, j'abaissai mon instrument et son archet comme si je venais d'assister à un événement sidérant. Visiblement embarrassée par son propre geste, la jeune fille recula, baissa la tête.

- Euh... je suis désolée, je ne voulais pas... Excuse-moi, bafouilla-t-elle en rougissant.

Elle leva les yeux vers moi et, en voyant toute cette honte qui se peignait sur son visage, je me détendis et fis comme s'il ne s'était rien passé. Après tout, son geste n'avait été ni irrespectueux, ni violent, bien que surprenant et déstabilisant. Je ne voyais pas pourquoi je lui en voudrais. Elle avait agi sur le moment et cela me montrait bien à quel point elle commençait à m'apprécier. Moi aussi, j'aimais bien cette fille. Mignonne et pleine de vie, elle dégageait une fougue facilement transmissible et dont on avait du mal à en réchapper. Le remède idéal lorsqu'on avait besoin de réconfort et d'un moment de joie dans nos tristes moments.
Elyne finit par s'éloigner afin d'aller chercher le IPod dans son sac. J'en profitai pour m'asseoir à nouveau et poser mon instrument dans son étui. Elle revint me voir, les joues encore teintées de roses.

- A mon tour de te faire écouter un morceau ! décida-t-elle avec un petit sourire.

Elle s'assit à mes côtés et me donna un écouteur. Une fois placé dans mon oreille, elle mit la musique en marche. C'était une chanson de Muse que je ne connaissais pas. Je n'étais pas très fort en anglais mais ce que je compris dans les paroles relevait d'un problème amoureux. Le chanteur avait rencontré une fille qu'il aimait et qui le troublait. Cependant, la peur de souffrir et l'impression d'agir pour n'obtenir aucun résultat le freinait. Mais il refusait d'abandonner. Cette impression le désespérait. Il se demandait quand sa solitude cesserait d'être, et si la fille qu'il aimait allait l'effacer. C'était très étrange. Je me reconnaissais un peu dans cette chanson. Mes histoires d'amour furent trop rares – et ratées pour la majorité à cause de mon sale caractère – pour que mes récits puissent divertir qui que ce soit mais elles ressemblaient presque toutes à ce genre de conte.

- As-tu apprécié ? demanda Elyne quand la chanson se termina.

Perdu dans mes souvenirs les plus lamentables, je sursautai légèrement et secouai la tête pour revenir sur terre.

- Celle-ci se nomme « Map on the problematique », elle me donne des frissons ! Regarde, j'en ai la chair de poule tellement je l'adore ! Parfois, j'en pleure même...

Elle rit de ce rire que j'aimais tant, son cristallin aux nuances allègres et enfantines. Je tentai un sourire pour partager son enthousiasme, eus encore du mal à en exprimer toute la sincérité. Pourtant, au fond de moi, elle y était. Je retirai l'écouteur de mon oreille, le rendis à la jeune fille puis posai une main amicale sur sa petite tête blonde. Si je ne parvenais pas encore à faire connaître mes sentiments à travers un sourire, alors un simple geste comme celui-là pallierait à ce manque. Au même moment, la coccinelle qui se promenait auparavant sur la main d'Elyne fit son irruption, les pattes emmêlées dans l'une de ses mèches. Je l'enlevai doucement et, après avoir atteint le sommet de mon index, le petit insecte s'envola.
Reportant mon attention sur mon interlocutrice, je désignai son IPod d'un signe de tête et pris la parole.

- J'ai beaucoup aimé cette musique. Surtout les paroles, ajoutai-je sans trop savoir si, finalement, c'était vraiment le cas.

Je regardai face à moi, en direction de la piscine où quelques enfants avaient rejoint les autres pour s'amuser à se pousser dans l'eau. Ils faisaient même des blagues aux adultes qui passaient non loin en essayant de les bousculer aussi. Du moment que je ne me trouvais pas trop près d'eux, c'était tout ce qui comptait. Je ne voulais en aucun cas finir dans cette piscine à cause de la débilité d'une bande de gamins excités. Cela ne m'était encore jamais arrivé mais je savais que ce serait le plus grand moment de solitude de ma vie – en supposant que quelqu'un soit là pour m'aider à remonter à la surface...

Elyne ria légèrement et ses yeux pétillaient. Un bonheur jamais vécu, pas des comme cela. Personne dans sa famille n’avait partagé son goût pour la musique et trouvait bête qu’elle s’intéresse à cela au lieu de ses études ou quelque chose d’utile à sa vie. Mais qu’est ce qu’ils croyaient ? Elle pensait à son avenir, mais bon, c’était de leur faute ! Elle souhaitait tout ce qu’il y a de plus normal, réussir son futur ne serait-ce qu’un peu. Depuis le divorce de ses parents, ce n’était plus pareil. Avant, elle voulait des enfants, plus maintenant car, si jamais elle faisait vivre à son gamin la même chose qu’elle avait subi quand elle eut dix ans, elle ne se le pardonnerait pas. Et puis, ses rêves s’étaient éteints doucement, sans crier gare, alors, elle ne fait plus qu’avancer comme elle le peut.
Enfin bon, elle souriait constamment, en cette belle journée et fut surprise qu’il essaie, à son tour, de lui sourire, mais y arriva difficilement. A la place, il posa sa main sur la tête d’Elyne…
Il ne pouvait pas savoir…
Elle détourna sa tête pour ne pas qu’il voie qu’une larme, puis deux, puis quelques unes ensuite fleurissaient sur son joli visage. Elle le couva également de ses mains. Elle les effaça rapidement, en espérant qu’il n’ait rien détecté. Elle avait besoin de retourner dans l’eau et vite ! Que son souvenir sorte et s’en aille pour qu’elle puisse discuter à nouveau correctement.

« Excuse moi, je vais juste plonger me rafraîchir et je reviens de suite ! »

Elle accourra et plongea, comme à son habitude, mais cette fois ci, tout fut raté, ses yeux emplis de larmes avaient flouté sa vue. Elle eut droit à un petit plat bien appréciable des autres, mais s’en foutait. Elle se fit un ou deux moments d’apnée pour extérioriser son passé et se dépêcha de retourner sous l’arbre, pour ne pas faire attendre Constantine, mais ses joues rougies de tristesse et la marque légère du plat ne s’étaient pas encore disséminées. Tant pis. Elle n’allait pas faire comme si tout allait bien, mais ce n’était pas un drame non plus. Juste un peu de nostalgie, c’est tout.

« Me revoilà, j’espère ne pas t’avoir fait attendre trop longtemps tout seul »

Rien qu’à la vue du surveillant, son sourire revint comme par magie. Qu’avait-il de si spécial pour que, d’un coup, elle oublie presque le moment qui venait de se dérouler et ses pensées ?
Elle s’en foutait, elle se sentait juste bien, comme on peut l’être quand nos problèmes sont encore inexistants, par exemple, quand on est un petit bébé.
Elle continua :

«Qu’est ce que l’eau est bonne ! J’avais l’habitude d’une eau bien plus fraîche ! D’ailleurs, n’avais tu pas envie de te baigner ? »

C’est vrai, il était à la piscine mais n’allait pas se mouiller, c’était étrange pour Elyne.
Elle ne pouvait le concevoir, elle adorait l’eau, à choisir entre les pieds sur Terre, ou le corps dans la mer, son choix aurait été si vite fait que le monde pouvait être surpris…
Elle se rapprocha de lui, s’accroupit, lui offrit un grand sourire de fille heureuse puis le regarda passionnément pour demander doucement :

«Tu ne veux pas venir avec moi dans cette belle eau bleue ?... »

(HRP: Ca te plait? ...)

[HJ : Oui oui ^^]

Elyne, elle, détournait la tête comme si elle ne voulait soudainement plus que je voie son visage. Du coin de l’œil, je la vis passer ses mains sur ses joues. Qu'avait-elle tout à coup, à s'enfermer dans un silence pesant et à éviter mon regard ?

- Excuse-moi, je vais juste plonger me rafraîchir et je reviens tout de suite, dit-elle alors sans se retourner.

Sans que je puisse dire ou faire quoi que ce soit, elle se leva et se précipita vers la piscine. Je la suivis des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans l'eau en faisant un grand plongeon. Elle se baigna une, peut-être deux minutes seulement puis me rejoignit. Ses joues étaient redevenues écarlates et ses yeux rougis m'inquiétèrent. Il n'y avaient que deux explications à cela : soit elle ne supportait pas l'eau chlorée, soit elle pleurait. Pour cette dernière supposition, je me demandais bien pourquoi elle se mettait dans cet état alors qu'il y avait à peine quelques instants, elle souriait et riait de bon cœur.

- Me revoilà, j'espère ne pas t'avoir fait attendre trop longtemps tout seul.

Je hochai la tête pour la rassurer. Si elle savait à quel point la solitude me seyait à merveille, elle ne se ferait pas autant de souci vis-à-vis de cela. Quand son regard croisa le mien, son sourire réapparut, comme s'il ne s'était rien passé.

- Qu'est-ce que l'eau est bonne ! s'exclama-t-elle ravie. J'avais l'habitude d'une eau bien plus fraîche ! D'ailleurs, tu n'as pas envie de te baigner ?

La question sonna comme une condamnation à mort, ce qui ne manqua pas de me faire tressaillir. Elyne s'accroupit en face de moi pour m'observer, toujours avec ce sourire qui me rendait désormais plus perplexe qu'admiratif.

- Tu ne veux pas venir avec moi dans cette belle eau bleue ?

Elle me le proposait gentiment, innocemment mais je ne pouvais pas accepter. Rien que de penser à me rapprocher de cette piscine et je me sentais défaillir. Cette fois, ce fut à mon tour d'éviter le regard de la demoiselle. Je ne voulais pas l'inquiéter, tout en essayant de garder mon secret. C'est pourquoi je me contentai de quelques paroles neutres, en la regardant à nouveau pour ne pas trahir mon malaise.

- C'est gentil mais je n'ai pas très envie. Je préfère rester ici.

J'allais peut-être la décevoir et je m'en voulais. Cependant, je n'avais pas le choix. Pour ne pas risquer de lui faire deviner mes pensées à travers mes yeux, je contemplai un moment ses longs cheveux mouillés. Quelques mèches tombaient sur ses minces épaules et sa jolie petite poitrine, effleuraient ses hanches sur lesquelles je me surpris à m'attarder trop longtemps. Puis je vis qu'elle frissonnait un peu. Sans même avoir le temps de réfléchir, je me penchai sur le côté et légèrement vers l'arrière pour me saisir de sa serviette de bain. Me mettant à genoux face à la jeune fille, je déposai la serviette sur ses épaules. Elle était si grande qu'elle l'enveloppait entièrement.
D'un geste à la fois mal assuré et sincère, je frottai doucement ses épaules, comme si je voulais l'apaiser par rapport à sa réaction de tout à l'heure, lorsqu'elle était soudainement partie pour plonger dans la piscine, certainement pour continuer à pleurer sans que ni moi ni personne ne puisse la voir. Je ne savais toujours pas pourquoi elle avait réagi ainsi. S'était-elle souvenue de quelque chose qui la rendait triste ? Ou y pensait-elle tout le temps mais souriait-elle pour cacher son chagrin ? Si elle parvenait à bien cacher son jeu, il en était autrement pour moi. Mauvais acteur, je ne parvenais jamais à cacher ma morosité, même en faisant le plus grand des efforts. Quand j'étais plus jeune, je m'y risquais pour ne pas montrer à mon père que m'occuper de lui me rendais de plus en plus mécontent. Mais mon géniteur avait vite remarqué que je jouais la comédie, ce qui l'irrita encore plus.
Je finis par briser le contact avec Elyne en me demandant en même temps ce qu'elle pouvait représenter à mes yeux désormais. Je la voyais comme quelqu'un de très fragile malgré l'entrain qu'elle montrait dans tout ce qu'elle entreprenait. Elle donnait envie de la défendre contre tout ce qui pouvait lui nuire, comme une petite sœur. Étonnant de la part d'un fils unique. Je ne connaissais strictement rien aux liens fraternels et je souhaitais subitement me comporter en parfait grand frère protecteur.

Elyne vit qu’elle n’aurait pas du poser cette question. Elle a dut le gêner et le regrettait déjà amèrement. Il détourna lentement son regard et elle sentit un moment pesant, puis la regarda à nouveau pour lui répondre qu’il ne voulait pas. Plutôt que d’affronter ses yeux, il la détailla légèrement puis se déplaça. Sur le moment, elle ne savait pas ce qu’il voulait faire, où il voulait aller, mais prit d’une attention gentille, il sécha ses épaules avec sa serviette, doucement, comme le ferait un grand frère qui s’inquiète pour sa petite sœur, qu’elle ne tombe pas malade. Elle était fille unique et n’avait pas l’habitude des élans d’affection que peuvent avoir les membres d’une famille. Et puis, ce geste, elle n’eut pas l’impression que c’était que pour cela. En même temps, il tirait une tête de garçon qui veut aider quelqu’un. Aurait-il découvert qu’elle avait versé des larmes plus tôt ? Elle ne voulait pas le faire s’inquiéter pour elle, ou lui faire ressentir tout autre sentiment néfaste. Elle décida d’avouer, contre toute attente, pourquoi ! Ce pourquoi qu’il devait se poser s’il s’était rendu compte. Alors, une fois qu’il eut fini de la frictionner pour la sécher, pleinement consciente de ses actes cette fois ci, elle le prit dans ses bras, et recommença à pleurer, mais de joie et donc proclama :

«Je suis désolée !! J’ai pleuré, oui, je crois que tu l’avais deviné ! Je ne voulais pas le montrer… C’était juste un peu de nostalgie… » puis elle renifla un peu.

Elle n’arrivait plus à articuler mais fit quand même un effort pour parler correctement.

« Quand j’étais en Estonie, mon meilleur ami me touchait aussi la tête comme tu l’as fais tout à l’heure… J’avoue, il me manque, mais je n’eut guerre le choix, je devais venir, mes parents m’y ont obligé !... »

Les souvenirs revinrent à la surface, plus que précédemment. Elle s’était promise d’oublier pendant son séjour au Japon, qu’il soit long ou court, elle rentrerait le voir dans son pays natal. Mais elle ne pouvait pas. C’était impossible, c’est lui… Enfin, c’était… Durant son enfance, ses moments de solitudes étaient nombreux, étant fille unique, c’est compréhensible, mais à force, elle en avait marre. Et d’un coup, la révélation !
Il s’appelait Angelo et se nomme toujours comme cela. A l’instant où elle avait le plus besoin d’une personne, elle était arrivée. Elle avait 8 ans, il en avait 10. Mais quand ce fut à son tour d’avoir 10 ans, et qu’elle supportait plus les disputes avec ses parents, il était là pour la soutenir.
Elle ressortit de ses pensées pour se dire que Constantine, c’était pareil ! Par hasard, quand elle n’allait pas bien, il avait déboulé dans sa vie… Avait elle une chance ? Une belle étoile qui veille sur elle ? En tout cas, elle pouvait se réjouir !

« Et puis, tu es là, à m’écouter, comme il le faisait… Je dois t'ennuyer d'ailleurs... Tu es là quand j’ai eu besoin de quelqu’un, comme lui… La nostalgie, quelle merde ! »

Voilà, c’était sortit. La colère, la rage. Tout allait mieux maintenant. Elle se sentait apaisée et libérée de la douleur qu’elle absorbait sans pouvoir rien dire !

« Constantine, je crois que j’ai juste besoin d’un peu d’affection… Merci d’avoir écouté mes plaintes et mes peines… Je vais essayer d’oublier cela, promis ! » et elle essaya de sourire…

Était-ce normal comme réflexe ? Et la réaction d'Elyne ? Comment devais-je y répondre exactement ? Car à peine eus-je fini de frictionner ses épaules qu'elle tomba sur les genoux et se jeta dans mes bras en pleurant.

- Je suis désolée ! J'ai pleuré, oui, je crois que tu l'avais deviné ! Je ne voulais pas le montrer... C'était juste un peu de nostalgie...

Elle renifla et je restai de marbre, choqué. Qu'est-ce qui la poussait à se confier aussi facilement ? Inspirais-je tellement confiance ? Ou avait-elle décelé en moi et quelques uns de mes gestes un certain degré de bienveillance dont elle avait besoin ? Elyne resserra son étreinte et continua, en tentant de calmer ses sanglots.

- Quand j'étais en Estonie, mon meilleur ami me touchait aussi la tête comme tu l'as fait tout à l'heure...

C'était donc cela cet élan de nostalgie.

- J'avoue, il me manque mais je n'ai eu guère le choix. Je devais venir, mes parents m'y ont obligée !

Le visage enfoui dans mon épaule, le corps frissonnant, son chagrin rendait sa respiration saccadée. J'ignorais la raison pour laquelle ses parents avaient décidé de se rendre au Japon mais cela ne semblait pas plaire à la jeune fille. A cause de cela, elle avait dû quitter son meilleur ami qui, semblait-il, était tout pour elle.

- Et puis, tu es là à m'écouter, comme il le faisait...

Mon cœur fit un bond. Je ne savais pas qu'elle attachait autant d'importance au fait que je puisse agir comme lui envers elle. Nous n'étions certainement pas la même personne – il devait être beaucoup plus fréquentable que moi – et Elyne et moi nous connaissions à peine.

- Je dois t'ennuyer d'ailleurs, continua-t-elle, la voix étouffée par mon tee-shirt. Tu es là quand j'ai besoin de quelqu'un, comme lui... La nostalgie, quelle merde !

Sa voix tremblotait de peine et de rage, et j'eus soudain peur de ne pas trouver les bons mots pour la rassurer si j'ouvrais la bouche.

- Constantine.

Je baissai les yeux sur elle, à la fois inquiet et... heureux. Oui, heureux. C'était la première fois, sans compter mon père, que l'on me demandait en me nommant par mon prénom. Sur le coup, j'eus comme l'étrange sensation d'exister un peu plus.

- Je crois que j'ai juste besoin d'un peu d'affection, déclara Elyne, le visage rouge de tristesse. Merci d'avoir écouté mes plaintes et mes peines... Je vais essayer d'oublier cela, promis !

Elle releva la tête et tenta un sourire. Pourquoi me promettait-elle d'oublier si sa détresse était si grande ? Pour moi, il paraissait impossible de laisser de côté ce genre de tracas. Si elle y pensait encore aujourd'hui en versant des larmes, c'était bien parce qu'elle ne parvenait pas encore à s'en remettre et qu'il lui faudrait beaucoup plus de temps. Touché par autant de courage de sa part, je finis par bouger les bras pour serrer la jeune fille contre moi. Ses cheveux étaient encore trempés d'eau et quelques mèches mouillèrent les manches de mon tee-shirt mais je n'y pris pas garde. Après tout, il faisait assez chaud pour que cela ne me gêne pas. Je n'étais pas très doué pour réconforter, n'ayant jamais trouvé l'occasion ni eu l'envie de le faire. Mais aujourd'hui demeurait différent. Même si je venais à peine de rencontrer Elyne, ce sentiment de protection qui naissait envers elle était toujours présent. Je ne voulais pas qu'elle soit triste.
Ma joue contre la sienne, je fermai les yeux. Puis, en lui caressant doucement le dos, je pris la parole, à voix basse.

- J'écouterai tes peines et tes plaintes autant de fois qu'il le faudra pour que tu ailles mieux. Tu sais où me trouver maintenant.

Au pensionnat, je passais beaucoup de temps entre l'extérieur des bâtiments et les couloirs, surtout durant les récréations et les pauses repas. Pour lui donner le numéro de ma chambre, j'attendrais encore un peu car il fallait que je puisse me reposer et supporter ma collègue. Je me reculai un peu pour poser mes mains sur les joues d'Elyne et sécher ses larmes. Puis je m'assis en tailleur et attrapai le synthétiseur. Je le plaçai sur mes jambes, portai mon attention sur mon interlocutrice.

- Je ne te promets rien, mais je vais essayer de la refaire, dis-je en effleurant les touches du bout des doigts.

Je voulais lui rejouer « Uprising » de Muse mais au piano. Par contre, je ne l'avais apprise qu'au violon mais en me remémorant les notes principales, j'y arriverais certainement. Sous le regard et les oreilles attentives de la jeune fille, je débutai la mélodie. Ce ne fut pas aisé mais je parvins à la faire du début à la fin sans trop de fausses notes. Je ne me débrouillais pas si mal mais je préférais largement la jouer au violon.

Muse - Uprising (piano)

Elyne fut surprise mais ravie qu’il l’entoure de ses doux bras. On ne l’avait jamais enlacé si tendrement qu’elle frissonna à cause de l’intensité de ses ressentis. Elle le serra plus fort, se collant encore plus à lui, il la rassurait si bien, savait comment s’y prendre. La phrase qu’il prononça ensuite en était aussi une preuve :

« J’écouterais tes peines et tes plaintes autant de fois qu’il le faudra pour que tu ailles mieux. Tu sais où me trouver maintenant. »

Cette phrase résonna dans la tête d’Elyne… « N’est ce pas ce qu’un grand frère fait, quand on en a un, généralement ? » pensa-t-elle.
Il s’inquiétait pour elle, mais elle ne le voulait pas, enfin, elle ne voulait surtout pas qu’il soit perturbé de savoir si elle allait bien ou pas à tel ou tel moment.

« Toi aussi, si un jour tu as besoin, je serais là tu sais. Je suis peut être jeune, mais je comprends plein de choses et je sais aider ! J’adore aider ! »

Il passa délicatement ses mains sur les joues de la blonde pour effacer ses tristesses d’un coup de pouce. Les yeux encore rougis et le temps de se calmer, elle ne dit rien. Il en profita pour reprendre son synthétiseur qu’il avait reposé pour lui jouer un morceau tout à l’heure. Il le posa sur ses jambes pour lui annoncer:

« Je ne te promets rien mais je vais essayer de la refaire »

Il recommença « Uprising », quelques rares fausses notes se firent entendre mais ce n’était pas gênant, il jouait bien quand même. Voilà, ce qui lui redonnait directement le sourire, une bonne chanson ! Rien de mieux pour te requinquer quand ça ne va pas !
Elle songeait un peu pendant qu’il pianotait sur son clavier.
Il venait à peine de finir quand elle lui demanda directement :

« Que puis-je faire, moi ? Que puis-je faire pour te donner le sourire comme tu y arrives si bien avec moi ? »

Si il avait tout fait pour lui faire plaisir, elle n’avait strictement rien fait en retour.
Elle voulait aussi le combler, voir apparaître sur son fin visage une expression qui ressemblait à celle des gens contents, heureux, bien.
Il n’avait pas l’air très expressif, mais elle était sûre de pouvoir réussir à le faire sourire, rien qu’un peu… Un tout petit peu…
Enfin bon, elle qui était très expressive, lui en adressa un, rempli de tous les bons sentiments qu’elle avait. Les mauvais étaient repartis aussi vite qu’ils étaient arrivés.
Comme elle ne le connaissait pas assez bien vu que c’était leur première rencontre, elle n’avait pas eut d’autre choix que de lui demander, elle ne voulait pas se tromper !
Surtout pas ! Elle, ne savait pas jouer de musique, même si apprendre la batterie ou la basse n’aurait pas été pour lui déplaire. Que pouvait-elle faire d’autre du coup ? Elle avait réfléchit plusieurs instants, mais n’avait point su…
Grrr, elle ne parvenait pas à le cerner. Elle qui pourtant était assez forte pour cela, là, ça lui était impossible…
Tant qu’il lui répondait et qu’elle pouvait le faire, c’était l’essentiel. Elle aurait pu tout faire, ce qui lui aurait été irréalisable, elle aurait fait en sorte que cela le soit. Rien que pour enfin voir ses dents ressortir, s’afficher sur sa figure…
Elle était folle, mais quand elle avait une idée en tête, elle n’en démordait pas, pas la peine de tenter de la faire changer d’avis, c’est peine perdue d’avance. Tous les efforts des autres seraient restés vains pour cela !
Elle n’avait pas arrêtée de sourire –enfin presque pas, quasiment pas- alors c’était à son tour. Quelques secondes pour ensuite retourner vers un visage neutre, juste le temps d’entrevoir le peu de joie qu’elle pouvait, elle aussi, lui prodiguer...

Elyne eut l'air d'apprécier pleinement ce nouveau cadeau que je lui faisais. Elle semblait plongée dans d'agréables souvenirs en m'écoutant. Au moment de reposer mon instrument dans son étui, elle prit la parole.

- Toi aussi, si un jour tu as besoin, je serai là tu sais.

Je n'étais pas certain qu'elle puisse m'aider à résoudre mes problèmes. Je m'imaginais seulement lui apporter mon soutien, pas le contraire. Étonnement, je ne demandais rien en retour. Je souhaitais être là pour elle sans avoir à accepter son aide en guise de remerciements. Pour son bien et mon entière satisfaction, je préférais qu'il en soit ainsi. Bien sûr, elle était capable d'égayer mes journées rien qu'en m'offrant ses jolis sourires et le son de son rire enfantin. Mais ça n'allait pas plus loin que cela. En vérité, j'avais peur de me rapprocher d'elle pour finalement ne pas être un bon ami, un bon grand frère. Ne pas être à la hauteur, c'était ce que je craignais le plus. Je ne voulais pas décevoir l'une des rares personnes qui me considéraient comme quelqu'un de bien, alors que, pour moi, je n'étais qu'un être inutile, insupportable et dépourvu d'intérêt. C'était pour cette raison que je demeurais à chaque fois surpris quand quelqu'un crevait la bulle pour entrer dans mon monde empli de haine et de tristesse. D'abord Jeanne puis Yuki, Jilano, Nataliya et Elyne. A peine vingt et un jours que j'avais intégré le pensionnat Hina et toutes ces personnes faisaient déjà partie de mon existence.

- Je suis peut-être jeune mais je comprends plein de choses, ajouta Elyne en m'accordant un sourire amical. Et je sais aider, j'adore aider !

Je ne le niais pas et j'admirais son sens du service. Quelqu'un d'aussi fragile qu'elle et qui se sentait capable d'accomplir de grandes choses m'impressionnait. Je n'étais pas aussi déterminé et généreux qu'elle...

- Que puis-je faire moi ? s'enquit-elle en me regardant dans les yeux.

Je lui lançai un regard interrogateur, sans savoir où elle voulait en venir.

- Que puis-je faire pour te donner le sourire comme tu y arrives si bien avec moi ?

J'ouvris à demi la bouche, surpris par ses paroles, mais aucun son n'en sortit. Que pouvait-elle faire ? Je n'en savais strictement rien. Voulait-elle absolument voir un sourire se peindre sur mon visage fermé depuis longtemps à ce genre de mimique ? Pensait-elle que, si je ne souriais pas, c'était à cause d'elle, de son incapacité à me comprendre ? Elle ne devait pas. La faute me revenait entièrement, Elyne n'en était pas responsable. J'avais mes raisons de peiner à sourire et je ne voulais pas qu'elle pense à cela. Mais comment le lui expliquer ?
En fermant la bouche, je déglutis difficilement et baissai les yeux. Comment lui dire que, même si elle ne le voyait pas, je souriais au fond de moi, juste pour elle ? Je ne trouvais pas les mots et je m'en voulus de ne répondre que par un long silence empli d'embarras. Je ne souhaitais pas qu'elle le prenne mal, qu'elle culpabilise parce que je ne disais rien car ce n'était pas du tout mon intention. Je ne pouvais pas continuer à rester muet et à fuir son regard. Il fallait que je dise quelque chose. Ramenant mes jambes vers moi, je croisai les bras sur mes genoux.

- Je... commençai-je sans savoir quoi dire par la suite.

Je me mordis discrètement la lèvre inférieure en me maudissant intérieurement, puis repris.

- Ne t'inquiète pas pour ça.

Je fis l'effort de la regarder en face.

- Ça ne se voit peut-être pas mais ta présence seule suffit à m'apaiser.

En pensant à son baiser lorsque je lui avais joué « Uprising » au violon, je me relevai pour poser un genoux à terre en me rapprochant d'elle. A la fois hésitant et décidé, je me penchai, l'embrassai sur le front. Après avoir reculé, je lui accordai un regard empli d'excuses, et dis :

- J'espère que c'est assez explicite. Et... pardon de ne pas être plus ouvert. Je ne comprend pas encore très bien le sens du mot « amitié »...

Constantine regarda Elyne avec intensité. Elle répondit à son regard par ses yeux verts profond qui le fixa.

« Ça ne se voit peut être pas mais ta présence seule suffit à m’apaiser. »

Il avait dit cette phrase d’un ton doux et calme puis lui déposa un baiser sur le front. A première vue, ça avait l’air de lui en coûter, mais au contact de ses lèvres, elle ferma les yeux et put voir tous les beaux moments de la vie qu’elle avait vécu précédemment et avait l’impression de les revivre encore. Toutes les sensations, les paroles, les sons… Jamais elle n’y avait songé, mais en réalité, elle en avait eut beaucoup, des bons moments ! Elle sentit donc par tout ce qu’il a pu lui transmettre de son si petit toucher, qu’il essayait vraiment de lui montrer qu’il l’appréciait et avait envie qu’elle le sache.

« J’espère que c’est assez explicite. » dit-il.

Oh que oui, ça l’était ! Elle relâcha tout, ses bras étaient ballants, à côté de son corps. Elle n’avait plus la force de bouger, frissonnait et même plus que cela : elle tremblait ! Elle vit qu’il s’était assis comme un enfant puni dans un coin en silence. Elle lui offrit le plus simple, délicat et compréhensif des regards qu’elle savait faire.

« Pardon, je ne comprends pas encore très bien le sens du mot « amitié ».

Ah, alors c’était pour cela qu’il ne souriait pas depuis tout à l’heure. Elyne aurait voulu l’aider, vraiment. Cela faisait si longtemps qu’elle ne s’était pas rendue utile et pensait désormais qu’elle devait s’y faire, à son inutilité. Tant pis ! Elle trouvera bien un truc dans lequel elle sera géniale!
Enfin bon, elle tenta quand même :

« Je te ferais connaître ce sentiment ! Il est magique ! Il suffit d’être en présence de la personne pour ressentir une sensation de bien être absolu ! »

Elyne détourna la tête et commença à rougir pour avouer:

« Je veux être le coussin sur lequel tu peux te reposer quand tu ne vas pas bien. Je veux être la peluche qui te permet de t’endormir quand tu ressasses tes soucis ! Je veux être là pour toi ! ...»

Voilà, c’était dit, c’était clair ! Elle couva de ses mains son visage fin puis inspira une grande bouffée d’air pour éviter de se laisser aller à pleurer quelques larmes. Un gros silence s'installa entre eux deux donc elle ferma les yeux, assise sur ses genoux, s’imaginant le grand bonheur qu’elle allait pouvoir sentir si il n’allait pas la rembarrer après cette confession qui l’avait anéantie de honte ! « Oh, Constantine, si seulement tu me refaisais un câlin en guise d’acceptation… » Songea-t-elle…

(HRP: Je suis vraiment désolée, c'est court, je sais, et puis j'espère que ça te plaira! Je t'avais promis de le poster aujourd'hui, je tiens ma promesse, mais en ce moment, je n'ai pas beaucoup d'inspiration... (Mais tes RP sont toujours géniaux donc mon cerveau fonctionne à la lecture de tes textes ;)) Excuse moi encore... :S )

Elle paraissait stupéfaite et sur le coup, j'eus peur que mon geste ne lui ait pas plu. Mais elle se contenta de me sourire, comme elle savait si bien le faire.

- Je te ferai connaître ce sentiment, répondit-elle déterminée. Il est magique ! Il suffit d'être en présence de la personne pour ressentir une sensation de bien absolu !

Je voulais bien la croire et espérais pouvoir profiter de cette amitié qui, me semblait-il, naissait entre nous. Elyne détourna alors la tête et ses joues s'enflammèrent.

- Je veux être le coussin sur lequel tu peux te reposer quand tu ne vas pas bien, ajouta-t-elle timidement. Je veux être la peluche qui te permet de t'endormir quand tu ressasses tes soucis. Je veux être là pour toi...

Tandis qu'elle plaquait ses mains sur ses joues comme pour me les cacher, je la regardai sans rien dire, bien trop surpris par ses paroles emplies de bienveillance, de douceur. C'était peut-être ce dont j'avais besoin, ce dont une présence féminine, ma mère, aurait dû me donner si elle était en vie. La jeune fille inspira à fond, ferma les yeux. Je savais désormais que je pouvais lui faire confiance, même si j'avais encore du mal à démontrer mes sentiments. Ses paroles me marquèrent, d'autant plus qu'elles reflétaient ce que je voulais lui déclarer, sans pouvoir trouver les mots. Sa façon de cacher ses joues rouges m'amusa et c'est en prenant ses mains dans les miennes que je la regardai dans les yeux pour lui dire :

- Merci beaucoup, Elyne.

Je reculai ensuite, regardai en direction de la piscine.

- Si tu veux aller te baigner, vas-y. Ne t'en prive pas juste pour me tenir compagnie.

Je refusais qu'elle s'empêche de faire ce qu'elle voulait, et dans le cas présent, plonger et rester dans l'eau un peu plus longtemps que tout à l'heure. Je n'avais pas besoin que l'on reste auprès de moi en permanence et, même si la jeune fille voulait me montrer toute l'amitié qu'elle avait pour moi, je voulais qu'elle fasse comme si je n'étais pas là et qu'elle aille s'amuser. Si j'avais pu nager et ne pas avoir peur de l'eau, je l'aurais certainement accompagnée...

« Merci beaucoup Elyne »

Trois mots suffisent à la faire se sentir bien. Et ses yeux ancrés dans ceux d’Elyne étaient vraiment d’une douceur… Et rassurants en plus. Aucun mot n’est assez fort pour les décrire à ce moment là. Elyne ne put s’empêcher de s’y plonger. A l’intérieur, il y avait le petit nuage sur lequel elle voulait vivre. Il brisa le lien qu’elle désirait encore conserver quelques secondes, mais elle ne dit rien.

« Va te baigner si tu veux ! Ne te prive pas pour me tenir compagnie »

Elle ne pensait plus du tout. Elle en avait même oublié la piscine qui était à une vingtaine de mètres de là, les bruits présents autour d’eux, tout ! Le monde, l’avancée de l’heure, tout, tout, tout ! L'arbre était leur bulle pour elle.

« Euh… »

Elle ne put articuler plus. Rien qu’une petite onomatopée ridicule. Elle se sentit idiote et rougit (~~couleur ketchup~~).
Avant, cela ne la dérangeait pas d’aller se baigner seule, mais elle souhaitait voir ce grand « bleu » (~~pas blond donc bleu :D~~) nager à côté d’elle, pouvoir un peu s’amuser, rigoler. Apparemment, il n’aimait pas la piscine. Etait ce la foule ? Encore que, il n’y avait pas vraiment beaucoup de monde. Peut être ne savait-il pas nager ? Ca arrive, elle voulait bien lui apprendre si c’était cela le problème.
Détournant sa tête, elle prononça avec difficulté :

« C’est bon, tu sais, j’adore l’eau mais je sais aussi m’en passer ! »

Enfin, ce n’était pas si sûr que cela. Chaque jour, elle prenait un bain d’une demi-heure pour profiter du liquide sortant du robinet, puis elle chantait aussi. Elle réunissait une passion à un « amour ».
Comme c’était un mensonge, elle commençait à trembler.
Mentir n’était pas son fort, elle ne savait pas faire. En plus de ses tremblements, elle claquait des dents de peur qu’il décèle ce mensonge. Elle avait énormément envie d’aller se baigner, mais pas sans lui, pas maintenant.
Mais pour ne pas avouer ce désir, elle avait eut recours à cela.
Elle ne voulait pas le gêner ou le courroucer en lui demandant de l’accompagner mais ses mains tremblotaient de plus en plus, c’était choquant. Elle les cacha derrière son dos, en offrant un sourire forcé, cette fois ci…

(HRP: Je sais pas si tu vas aimer, donc si tu n'aimes pas, dis le moi :S Je peux toujours le réécrire...)

[HJ : C'est très bien, ne t'inquiète pas ^^ C'est plutôt moi qui devrait te demander ça, je n'ai pas trop d'inspiration > <]

- Euh... fit Elyne comme plongée dans ses pensées.

Elle détourna la tête et reprit, l'air gêné :

- C'est bon, tu sais, j'adore l'eau mais je sais aussi m'en passer.

Elle se mit alors à trembler, d'abord légèrement puis plus violemment. Au début, je crus que c'était à cause du froid mais le dessus de l'un de ses bras dépassait de la serviette et ne le démontrait pas du tout. Que lui arrivait-il alors ? Comme pour me rassurer, elle m'accorda un sourire plus que forcé, tout en cachant ses mains dans son dos. Je fronçai les sourcils en inclinai la tête sur le côté pour l'observer.

- Est-ce que ça va ? demandai-je inquiet.

Je posai une main sur sa joue. Pourquoi réagissait-elle soudainement d'une manière si étrange ?

- Tu deviens pâle.

Était-elle malade ? Je frictionnai à nouveau ses épaules, même si ce n'était peut-être pas la peine. Je ne savais pas quoi faire. A la base, le contact n'était pas mon fort. Je ne m'étais jamais vraiment rapproché de quelqu'un et ne comprenais pas grand chose aux sentiments d'autrui. C'est pourquoi j'ignorais aujourd'hui si je devais l'aider, la rassurer, la soutenir, essayer de la comprendre ou bien ne pas m'en occuper et la laisser gérer cela toute seule. Peut-être que ce qui lui arrivait ne me regardait pas, ou peut-être était-ce de ma faute...

- Tu... tu devrais rentrer te reposer, suggérai-je à tout hasard en baissant le bras.

Je redressai la tête, ne sachant plus quel geste ni quelle parole adopter. Tout ce que j'espérais, c'était qu'elle aille bien et qu'elle me le confirme, sans mentir bien sûr.

« Est ce que ça va ? »

Alors il s’inquiétait ? Elyne n’en pouvait plus. Quand il posa sa main sur sa joue, elle se frotta à elle comme si c’était sa dernière bouée de sauvetage, tout en offrant un regard à moitié triste, à moitié heureux.

« Tu deviens pâle »

Elle ne s’en était même pas rendue compte. En tout cas, plus il la frictionnait, plus elle frissonnait. Il s’inquiétait vraiment, ça se sentait.

« Tu devrais rentrer te reposer »

Elle voyait sa tête anéantie et ce fut à son tour d’aller mal, d’avoir peur.
Elle saisit sa main, mais ne dit rien, la tenant quelques secondes, essayant de transmettre toute la joie qui était à présent cachée en son intérieur, pour la reposer ensuite au sol.
Elle empoigna son sac, fouillant dedans pour y trouver sa robe, l’enfiler en vitesse, et y jeter sa serviette en boule. Bien sûr, il ne fallait pas oublier la musique donc elle attrapa son Ipod, même si tout ce qu’il contenait ne valait en rien ce qu’avait pu jouer Constantine durant l’après-midi.
Elle se rapprocha à nouveau de lui, s’accroupit, lui susurrant à l’oreille :

« Merci pour tout, jamais je n’oublierai ! Alzheimer ne pourra pas effacer une si belle journée… Et si, par malheur, ce souvenir disparaît un jour, toi, aucunement, je ne pourrais te gommer de ma mémoire… »

Elle se releva, après lui avoir laissé un dernier baiser sur sa joue en fermant les yeux.
Son sac dans la main, ses écouteurs en place, "Iridescent" en musique de fond, elle prit la direction de la sortie.
Elle tint le cheveu qu’elle lui avait piqué plus tôt pour, à nouveau, tout se remémorer et, avec une nostalgie assez rapide et la gaité ainsi que le bonheur, ne retint pas une larme de joie qui fit son chemin jusqu’à ce qu’elle s’écrase par terre.
Elle sait que désormais, tout ira bien. La rencontre qui avait changé sa vie.
Sur ce fameux chemin du retour vers le pensionnat, elle n’avait pas arrêté de fixer le ciel, les oiseaux qui se pourchassaient, plusieurs feuilles rougies tomber doucement. Elle se sentait légère, flotter dans l’air. Elle fit un tour sur elle même sans s’en apercevoir.
Ce dont elle était certaine c’était que le bout de la route brillait …

Iridescent - Linkin Park

(HRP: Si (ce que j'espère) on refait un RP, jamais plus tu ne me demandes si c'est bien, car ce que tu écris est toujours parfait! D'acc? ;) )

En guise de réponse, elle prit ma main et la serra doucement dans la sienne. Cela ne dura qu'un court instant avant qu'elle ne me lâche pour se mettre debout et s'emparer de son sac. Elle fouilla à l'intérieur, en sortit une petite robe qu'elle enfila rapidement. Elle était très mignonne dans cet accoutrement et je ne pus m'empêcher de l'admirer tandis qu'elle jetait sa serviette dans son sac et reprenait son IPod. Enfin, elle s'accroupit à nouveau en face de moi et dit, à voix basse :

- Merci pour tout, jamais je ne l'oublierai. Alzheimer ne pourra pas effacer une si belle journée...

Mon cœur bondit de surprise et de joie. Je ne savais pas qu'elle considérait ce jour comme exceptionnel, qu'elle tenait tant à le garder en mémoire.

- Et si, par malheur, ce souvenir disparaît un jour, toi, aucunement, je ne pourrai te gommer de ma mémoire.

Elle m'embrassa sur la joue, se redressa et, son sac à la main, s'éloigna d'un pas léger et l'air heureux. Je la suivis des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse au loin. Ses longs cheveux se balançaient dans son dos et les pans de sa robe voletaient joliment sur ses jambes. Quelques minutes après qu'elle soit partie, je sentais mes joues me picoter encore et j'étais sûr d'être rouge écarlate si je me regardais dans un miroir. Mon cœur ne cessait de battre la chamade. Je me rendais compte que moi aussi, je voulais garder cette journée en mémoire.
Ma rencontre avec Elyne venait de changer quelque chose dans ma piètre existence. Elle m'avait apporté un nouveau sentiment : celui d'aimer. Mais aimer comportait différents aspects et, pour ma part, j'aimais Elyne comme une petite sœur, je voulais la protéger et tout faire pour que chacune de nos rencontres soit un jour exceptionnel. C'était étrange et effrayant à la fois. Maintenant que je connaissais la jeune fille, je craignais de la perdre, de quelque manière que ce soit. Je craignais aussi de ne pas être à la hauteur, de ne pas être un bon « grand frère » pour elle.
Lorsque nous avions parlé de musique, je me souvenais encore de son visage tout illuminé de joie lorsque je lui avais joué « Uprising » au violon. Désormais, une partie de ma musique la concernait et je jouerais pour elle à chaque fois qu'elle le souhaiterait. Mon archet glisserait sur les cordes du violon pour lui montrer mon attachement à elle, lui donner le sourire, la rassurer... C'était ma décision, et j'étais heureux de l'avoir prise.

[RP ternimé !]

» Enfin un peu de détente !
» C'était pourtant, un jour comme les autres...
» Premier jour! [PV = Kanon Nakajima]
» Jour 1 - Arrivée au pensionnat [PV : Jeanne]
» Jour 30 - Un petit verre ? [PV : Rubis] [Terminé]

Jour 21 - Détente musicale près de la piscine [PV : Elyne]

Jour 21 - Détente musicale près de la piscine [PV : Elyne]

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