we are so beautiful

« La difficulté de la vie réside dans l’immonde ennuie qu’elle peut procurer. Heureusement, il y a l’imagination. »

Un téléphone vibre. Une tête blonde et ensommeillée sort de sous une couette en grognant, avec cette aspect enfantin certes très peu glamour, mais tellement mignon que ça reste classe. Lola ne décroche pas à l’appel : il est trop tôt et va se refourrer sous sa couette, en lançant un « la ferme » très significatif à son téléphone portable. Oui, Lola parle aux objets, surtout à son téléphone. Sauf que voilà, approximativement trois minutes après cet appel perturbateur, vient une autre perturbation : le réveil. C’est alors, qu’en sortant de son doux et merveilleux lit, Lola fait une grande démonstration de son vocabulaire si riche et, bien entendu, si classe :
« Enflure. Connard. Déchet. Raclure de bidet. Rat en décomposition. Sac à merde ! »
Le tout, agrémenter d’un vol plané de téléphone contre un mur. Heureusement, je vous rassure, le téléphone a l’habitude et est, de plus, très résistant. Enfin bref, se frottant les yeux, assise sur son lit, elle jette un coup d’œil par la fenêtre et voit du soleil. La journée ne va peut-être pas être si pourrit que cela. Elle se lève, avec la rapidité d’une tortue défoncée unijambiste et va tout doucement à la salle de bain. Parce que Lola est quelqu’un de propre. Après avoir passé une heure sous une douche brulante, elle se décide enfin, à plaquer un grand sourire sur son visage et à sortir de la douche.

La jeune demoiselle s’habille. Aujourd’hui, comme tant d’autres jours, pas de banalité. Ce sera un tutu rouge, des collants blancs et des escarpins rouges. Oui, Lola est le genre de personne qu’on remarque de loin, mais alors de très très loin. Pour aller avec tout cela elle s’attache les cheveux en deux nattes nouées avec des rubans de soies blancs. Enfin bref, encore une tenue … excentrique, dirons-nous. Après avoir œuvré à sa non-discrétion, la jeune femme se décide à sortir de sa chambre, le « Tac. Tac. Tac. Tac. » régulier de ses talons se faisant alors entendre dans les couloirs de l’établissement, sous les regards intrigués des autres pensionnaires. Comme d’habitude, toutes les attentions étaient sur elle et elle adorait ça, comme toujours. Il faut avouer que Lola était très jolie à regarder et faisant toujours tout pour que tout le monde le fasse.

Ce n’est qu’après avoir pris son petit déjeuné qu’elle commença à se dire qu’un ennui mortel était en train de l’envahir et ça, c’était tout simplement hors de questions. Elle chercha un long moment ce qu’elle pourrait faire, faisant les cents pas dans les couloirs jusqu’à ce qu’elle aperçoive une silhouette – pour le moins distrayante – au loin. Il s’agissait de Jack. Ce garçon la faisait toujours excessivement rire à se croire mieux que tout et que tout le monde. Mais bizarrement, bien que cela l’énerve chez les autres, chez lui, elle trouvait juste ça amusant, surtout lors des défies. Même si le souci venait du fait qu’il n’acceptait jamais de perdre et qu’elle non plus. En d’autres termes, un défi entre eux, c’était long … très long … vraiment très très long.

Elle se dirigea d’un pas assuré vers lui, parce que ouais, Lola a de l’assurance et s’arrêta net dans son dos. Elle ne devait pas avoir bien choisi son timing puisqu’à peine fut-elle arrivée derrière lui qu’il se retourna. Elle fixa son regard dans le sien alors que la phrase de Jack lui décrochait un sourire moqueur et un soupire affligé, avant que justement, cette même phrase lui donne une idée. Elle pencha la tête sur le côté, son sourire s’élargissant davantage.
« Petite ? PETITE ? R’marque, t’as raison, tout ce qu’est petit est mignon … j’suis donc plus jolie que toi. Merci du compliment. »
Normalement, le ton de défi utilisé, associé à son regard, leur promettait une journée pleine de rebondissement sur ce fait.