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 La castaphiore peut aller se rhabiller ! [ft. Lola]

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MessageSujet: La castaphiore peut aller se rhabiller ! [ft. Lola]   La castaphiore peut aller se rhabiller ! [ft. Lola] EmptyMer 24 Oct - 5:38

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« Je gagne mon pain en vendant un peu de ma voix, je suis un garçon de joie ! »


Damien Saez – Le bal des lycées


    La journée avait déjà bien commencé – le soleil était presque à son zénith – lorsque Chomei entra dans sa chambre de façon plutôt fracassante. La porte aurait d'ailleurs exigé qu'on fasse preuve de plus de douceur envers elle si elle avait eu la capacité de s'exprimer. La chambre était dans un état critique. Le côté de la chambre qu'il occupait, pour être plus précis. Des cartons traînaient un peu partout, certains ouverts, d'autres vides ou encore retournés. Des livres. De partout. Sur la table de chevet, sur le bureau, dans les tiroirs, sur la chaise, sous la chaise … Des vêtements, des affaires, des babioles, un mp4 …

    Son regard s'arrêta dessus. S'il y avait bien une chose qu'il appréciait presque autant que la lecture, c'était bien la musique. La musique l'avait tant de fois accompagné dans sa solitude, alors même qu'il n'avait jamais quitté le manoir familial jusqu'à ses dix huit ans. Dix huit années passées à voir les quelques rares même têtes, pas du tout sympathiques pour certaines, bien trop professionnelles pour d'autres. Et ses parents qui s'absentaient perpétuellement. Une routine terne, monotone. Eclairée par la tonne de livres qu'il avait dévoré depuis son plus jeune âge, assourdie par la musique qu'il se plaisait à écouter, modérément parfois, généralement à outrance.

    Surprenant de voir qu'un si petit objet pouvait rappeler tant de souvenirs. Il n'en fallu pas davantage au brun pour se saisir du mp4. Il ficha les écouteurs dans ses oreilles tandis que son doigt appuyait machinalement sur le bouton servant à l'allumer. Il parcouru rapidement les fichiers, à la recherche d'une musique en particulier. Un sourire satisfait étira son visage à l'instant même où il tomba dessus. Ses paupières se fermèrent alors qu'il se laissait emporter dès les premières notes.

    « Il paraît qu'on à la vie devant nous, que la jeunesse c'est la vertu. » Ses lèvres bougeaient doucement, au rythme de la musique, alors qu'il fredonnait les premières paroles. Son cœur s'alourdissait déjà de mélancolie, ou bien était-ce de la nostalgie ? « Et l'amour à s'en rendre fou, on n'en a qu'un et je l'ai perdu. Au fond du sablier du temps, t'es pas venue ou j'ai trop bu, oui mon cœur s'est trop battu ». Les yeux ainsi clos, il était transporté peu à peu par la musique, se laissant aller à des songes, imaginaires parfois, d'autres pas. « Ramène moi. Qu'il est loin le temps des amours, le temps des cœurs qui se serrent. Cette musique, cette voix et surtout ces textes. Oh oui, ces textes. Enivrants, prenants, transcendants, remarquables, extraordinaires, exceptionnels. Ouais des filles que l'on serre fort contre soi. »

    Des mots qui prenaient aux tripes, capables de faire sourire pour finalement fondre en larmes l'instant d'après. Des mots qui révoltaient, au point d'avoir envie de hurler face à la folie d'un monde. Des mots qui écœuraient, à en gerber sur toutes ces horreurs, ces injustices. « Au croissant du lever du jour, quand on s'aimait à la marelle. Des mots durs, des mots crus . Des mots sincères. Des mots vrais. Les camarades pour toujours, quand et quand tu reviendras. »

    Il vivait totalement la musique. Il se voyait jouer à la marelle. Il s'imaginait tout un monde, autour de cette poésie. Il se remémorait certains moments de toute sa jeune vie, au travers de ces vers. « On se quittera tous un beau jour, on reviendra sur nos discours. » Un message, un appel. Une supplication, une révolte. Voilà ce qui transparaissait dans chacune des compositions de cet auteur. « On croira qu'on aura tout compris, on aura rien compris du tout. » Un brin de folie aussi, puisque sans folie point de génie. Et cet homme en était un. Un génie des mots. Écartelé vif par ses démons. Agonisant lentement face à cette humanité foirée. « On sera riches rois de province. On sera pauvres et sans le sous. Puisque avec les copains d'avant, on sera tous morts ou beaux, on se dira jamais vieillir. »

    Tellement de sous-entendus, certains lâchés, d'autres criés ou encore masqués, murmurés. Une claque en pleine gueule, une bonne douche froide, semblable à l'effet d'une marche loupée dans l'escalier. Une espèce de prise de conscience, une libération aussi légère que le poids d'un fardeau. Un émoi palpitant, suffoquant. « Puis on finira tous vieux cons, à regretter ce qu'on a perdu. Celle qu'on aimait qui est pas venue. » Sa voix s'élevait plus franchement désormais, se fichant totalement de savoir si un quelconque voisin de chambrée risquait d'être dérangé par cette prestation vocale plus que douteuse.
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MessageSujet: Re: La castaphiore peut aller se rhabiller ! [ft. Lola]   La castaphiore peut aller se rhabiller ! [ft. Lola] EmptyVen 26 Oct - 14:10

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life is a music.
« Parce que moi j'écoute donc je vis, parce que moi je chante donc je suis. »

Lola se promenait, de long en large dans le bâtiment, avec un air légèrement détaché. On pouvait voir ses lèvres bouger sans laisser passer le moindre son, ainsi que des écouteurs dans ses oreilles. En réalité, cela faisait bientôt une demieheure qu'elle se « baladait » dans le bâtiment, car elle était parfaitement perdue. Mais vraiment, perdu, aussi perdu qu'un aveugle dans le labyrinthe des glaces de la foire d'à côté. Alors, au lieu de demander son chemin, au lieu de laisser voir sa perdition, elle faisait très bien semblant de parfaitement savoir où elle allait. C'est-à-dire, nulle part. Elle observait à droite, à gauche, décrivant la moindre petite chose qui passait sous son regard azur.

Puis vint le moment abjecte, que dis-je, c'était presque un sacrilège, où son Ipod s'éteignit pour manque de batterie. Elle laissa échapper une myriade de juron, montrant à la terre entière son vocabulaire pour le moins soutenu, avant de ranger le dit Ipod dans son sac en maugréant encore un peu. Maintenant, elle se sentait conne. Mais alors vraiment. Elle se sentait encore plus perdue qu'à la base, ce qui était tout de même un record. Elle prit une grande inspiration, replaçant sa longue chemise qui lui arrivait mi-cuisse et qui était son seul vêtement avec des collants et une veste. Oui, ses vêtements étaient bizarres. Enfin bref.

Elle passa dans un couloir, avec le calme de la personne désespéré et là, elle s'arrêta, net. Un peu comme si elle jouait à « un, deux, trois soleil ». Elle ne faisait plus un mouvement, c'est à peine si elle respirait. Elle redressa progressivement la tête, comme un félin ayant senti quelque chose de bon à manger et chercha d'où pouvait bien provenir ce bruit. Car elle entendait chanter. Une chanson qu'elle adorait, d'un chanteur qu'elle adorait. Mais une chanson passablement massacrer par la personne qui la chantait. Ce qui était fâcheux. Vraiment très fâcheux. Elle suivie le son, testant toutes les portes pour trouver la bonne, ouvrant sur des gens pas très très heureux de voir une élève ouvrir leur porte sans demander leur avis. Mais ça, ce n'était qu'un détail, bien entendu.

Puis, vint enfin le moment où elle trouva la bonne. Elle observa l'homme en face d'elle, celui-ci étant totalement plongé dans la musique qu'il écoutait. Elle l'observa un long moment, observant ensuite la chambre, pour ensuite entrer en refermant la porte derrière elle, s'adossant sur celle-ci. Elle attendait patiemment qu'il la remarque, ne faisant pas le moindre bruit. Enfin, si techniquement, vu qu'elle chantait avec lui, elle faisait du bruit, mais c'était très discret. Lola savait être discrète, parfois, ça arrivait. Dans des situations comme ça en tout cas, ça arrivait. Lorsque la chanson prit fin, elle pencha la tête sur le côté, regardant toujours son vis-à-vis pour enfin prononcer les mots suivants.

« Bonjour. Vous chantez très mal, bien que vous ayez de très bons goûts musicaux. »

Rien de plus. Rien de moins. Si ce n'est qu'un large sourire se fit une place sur ses lèvres. Elle se dit que cela pouvait faire un peu peur une fille qui débarque comme ça, mais d'un autre côté, elle aimait bien faire peur.

[ H.S ; Bon, c’est totalement pourrit, mais vu que je voulais absolument te répondre aujourd’hui, voilà. Je te promets que je me rattrapais aux prochains postes ! ]





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MessageSujet: Re: La castaphiore peut aller se rhabiller ! [ft. Lola]   La castaphiore peut aller se rhabiller ! [ft. Lola] EmptyVen 26 Oct - 22:41

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    « Quand on avait les dieux au corps, quand on savait tromper la mort ». Malgré ses piètres performances vocales, Chomei appréciait chanter. Certes pas en public – manquerait plus que ça – mais lorsqu'il était seul, à écouter de la musique, il lui arrivait parfois de se laisser aller à pousser la chansonnette. « Quand on lui mettait le doigt bien haut, bien profond. » Tout particulièrement avec des artistes comme celui qui à ce moment même, s'infiltrait dans ses oreilles ; comme si le fait de prononcer ces paroles leur donnait plus de vivant encore. Étrange, non ? 

    Ce fut sans doute à cet instant que la porte s'ouvrit, laissant se faufiler à l'intérieur de la chambre une parfaite inconnue qui n'avait d'ailleurs rien à y faire. Le jeune homme était cependant bien trop pris par la musique pour s'être aperçu de quoi que ce soit. De surplus, le son du mp4 était levé au maximum, de telle sorte que la mélodie serait nettement perceptible au travers des écouteurs, si seulement personne n'était en train de massacre l’œuvre d'un si grand artiste. Et voilà que le refrain commençait à chatouiller ses tympans ;

    « Au temps des bals des lycées,
    Au temps des rêves, des amitiés. »


    Les mots glissaient, roulaient, dansaient, jouaient, valsaient sur la langue de cet auteur qui maniait sa plume d'une telle façon, comme rares en étaient capable. Un véritable virtuose de la poésie.

    « Au temps où on s'aimait qu'importe,
    Au temps des lettres sous la porte. »


    Les vers et les couplets défilaient ainsi, petites merveilles dansantes, entraînantes. Chef d’œuvre prenant jusqu'à la dernière rime,, la dernière note. Qui arriva d'ailleurs bien trop vite au goût de l'infirmier, bien trop emporté qu'il était par cette tornade musicale. Dévastant les préjugés, les non dits. Ses doigts se baladèrent rapidement sur l'écran tactile, à la recherche d'une autre perle à écouter. Tellement obnubilé par le petit objet qu'il n'avait toujours pas remarqué la présence d'une intrus, adossée à la porte derrière lui.

    - Bonjour, vous chantez très mal, bien que vous ayez de très bon goûts musicaux.

    Chomei eu un violent sursaut de surprise pour l'instant d'après, se raidir comme pris en flagrant délit de cacophonie de casseroles. A bien y réfléchir, c'était à peu près son cas. Il se retourna lentement, ayant encore un peu de mal à comprendre comment cette jeune fille – vu le timbre de voix – en était venue à atterrir dans cette chambre, sans même y avoir été invitée. Elle avait au moins le mérite de ne pas manquer de culot par cette entrée presque théâtrale.

    - Hm … merci ? hésita-t-il.

    Son regard était un peu perdu, ne sachant pas vraiment quoi répondre à cette tirade assez particulière. Un détail avait cependant attiré son attention. A défaut de le trouver bon chanteur – qui le pourrait ? - elle disait apprécier sa culture musicale ou plutôt, la chanson qu'il avait massacré un peu plus tôt. Était-il possible qu'elle connaisse cette musique, voir même son auteur ? Il détailla la jeune fille un instant. Elle n'était pas si petite pour une fille. Sa frimousse blonde devait avoisiner le mètre soixante dix. Quand à sa tenue, il devait admettre qu'elle était plus que décalée. Une simple chemise, assez longue certes, par dessus laquelle elle avait enfilé une veste. Ses jambes étaient quand à elle couvertes d'un collant.

    - Tu connais cette chanson ?

    La réaction de ce garçon était certes totalement disproportionnée en vue de la situation dans laquelle il se trouvait, mais le fait que cette étudiante ai fait irruption dans sa chambre sans même avoir la délicatesse de présenter, lui passait actuellement bien au dessus de la tête. Son esprit était d'ailleurs déjà passé totalement outre cet épisode, bien trop concentré qu'il était par un sujet tout autre. Presque pendu aux lèvres de la demoiselle et sautillant à moitié sur place, il attendait sa réponse, avide d'en savoir davantage. Comprenez le tout de même, ce n'était pas tous les jours qu'il avait l'occasion de croiser quelqu'un se disant apprécier cet auteur. Au contraire, la plupart des gens à qui il avait prit la peine de faire entendre quelques morceaux lui avaient plus ou moins gentiment fait comprendre qu'il fallait être suicidaire, pour en venir à écouter ça.
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MessageSujet: Re: La castaphiore peut aller se rhabiller ! [ft. Lola]   La castaphiore peut aller se rhabiller ! [ft. Lola] EmptyDim 28 Oct - 6:09

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life is a music.
« Parce que moi j'écoute donc je vis, parce que moi je chante donc je suis. »

Un jour, elle se le promet, elle réfléchirai avant d'agir. Mais elle ne le ferait qu'une fois, parce que c'était sa capacité à agir avant et à réfléchir après, qui faisait de sa vie une merveilleuse histoire emplit de rebondissement et de situations plus improbables les unes que les autres. Qui se retrouverait dans la chambre d'un adulte comme ça, sans son accord, sans même qu'il s'en aperçoive au départ ? Qui à part Lola ? Personne, je dis bien personne. Elle fut tout de même soulagée de ne pas se faire mettre à la porte, cela aurait vraiment donné un grand coup à son égo. Et elle aimait beaucoup trop son égo pour lui laisser subir ça. Narcissique ? Egocentrique ? Oui et alors ? Cela n'a jamais empêché personne d'être heureux ! Elle sautilla vers lui, avec la joie d'une enfant à qui on offre ce qu'elle a demandé pour Noël et pencha la tête sur le côté en chantonnant légèrement les paroles qui suivirent.

« Pas que cette chanson. Toutes les chansons de cet homme, que dis-je, ce dieu. »

Elle se saisit d'un des écouteurs de son vis-à-vis ainsi que de son MP4, cherchant une chanson à mettre, fouillant par la même occasion. Gêné ? Non, pas Lola, jamais. Selon elle, elle avait tous les droits. Et il était vrai qu'on pouvait avoir beaucoup de mal à lui dire « non », elle était tellement mignonne et amusante. Surtout très amusante d'ailleurs, son côté sans-gêne ne pouvait qu'amuser la totalité des gens qu'elle croisait. Enfin bref, je disais donc qu'elle fouillait dans le MP4 de se ... parfait inconnu. Voyons, un peu de politesse ne ferait pas de mal. C'est donc sans relever les yeux qu'elle prononça avec un ton morne, comme une formule habituelle et sans aucune joie.

« Au fait, moi c'est Lola et vous ? »

Elle trouva enfin son bonheur et laissa échapper un petit « oui ! » survolté en bondissant sur place. Elle venait de trouver une de ses chansons préférées, parce qu'évidement, quand on parle de cet artiste, on peut qu'en avoir plusieurs. Il décrit tellement bien tout ce qu'on peut ressentir dans chacune de ses chansons, ses paroles sont si juste, qu'on ne peut pas en aimer qu'une. Elle commença à se déhancher sur le rythme, attendant les premières paroles. Ouais, elle était bien décidée à chanter devant un inconnu. Déjà pour lui montrer comment ne pas totalement massacrer une chanson et aussi parce qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de chanter quand cette chanson passait. C'était comme un réflexe, comme une évidence. C'était une obligation. Ne pas le faire aurait été un sacrilège. Que dis-je, un blasphème ! Elle loupa tout de même les premières paroles pour laisser l'homme se présenter, lui dire enchanté et patati et patata. Qu'est-ce que toutes ses politesses pouvaient bien l'énerver à chaque fois qu'elle les vivait. Elle trouvait ça d'une inutilité énorme.

Mais, enfin, vint le moment où les politesses prirent fins et où elle put chanter. Parce que y'a que ça qu'elle voulait, en vrai. Elle était entrée ici parce qu'ici il y avait de la musique et apparemment de la bonne. Certes de la bonne, très mal chanter, mais ça restait de l'excellent son ! « Uniformisées nos éducations, toujours entre le blé et le pognon. Les mômes ne rêvent plus de marcher sur la lune, ils rêvent de savoir comment se faire de la thune. » Qu'est-ce qu'elle aimait cette chanson, elle se reconnaissait dans presque chaque mot, chaque intonation, chaque souffle et marque de ponctuations. Elle trouvait ça magique et en plus, son moment préféré allait arriver. Sincèrement, pour elle, ça devait être ça le bonheur. « Y'a une époque les filles avaient le poing levé. Maintenant c'est plutôt culotte baissée. Quand je serais grande moi j'srai poupée gonflable, pour des millions à se branler sur mon âme sur la toile. » Elle avait prononcé ses mots avec une telle force, avec un timbre tellement calquer sur celui du chanteur, qu'on ne pouvait pas douter deux minutes qu'elle croyait en ce qu'elle chantait. Qu'elle se reconnaissait dans ses mots et qu'en prime, elle le vivait parfaitement bien. Parce que s'il y avait une chose de sûr avec Lola, c'est que c'était le genre de fille à s'assumer parfaitement. D'ailleurs, elle assumait plus ses défauts que ses qualités, étrange non ?

La chanson continua et elle continua de la chanter, tout en dansant à moitié sur place. Une fois que la chanson fut finie, la jeune fille était presque vidée de tout son souffle. Elle le regarda son interlocuteur avec des yeux emplit de joie et lui demanda avec une nonchalance essoufflée :

« Dis, t'aurais pas des enceintes pas hasard ? Non parce que les écouteurs à deux c'est chiant. »

Comment ça elle venait de s'incruster ? Et bien oui, tout à fait, mais faut bien le faire sinon on reste jamais nulle part. Oui, c'est ainsi que Lola voit les choses et c'est ainsi que Lola vit très bien les choses. Bon, d'accord, Lola vit toujours tout bien, mais c'est un détail. Elle attendit sa réponse, espérant qu'il dise oui. Sinon elle devrait retourner se perdre pour trouver sa chambre et ses propres enceintes, pour ensuite se reperdre pour retrouver celle-ci. Ça ferait tout de même beaucoup trop pour cette pauvre Lola. C'est que c'était quelqu'un de fragile quand même ! Qui a osé dire que je n'étais pas crédible ? Bon d'accord, j'avoue elle n'est pas fragile, c'est juste que là, elle aurait franchement une grosse flemme. Mais vraiment grosse, hein ? Vraiment très très très grosse. Encore plus grosse qu'une baleine obèse !




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MessageSujet: Re: La castaphiore peut aller se rhabiller ! [ft. Lola]   La castaphiore peut aller se rhabiller ! [ft. Lola] EmptyMer 7 Nov - 2:48

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Damien Saez – Lula

    La petite demoiselle sautillait désormais vers lui avec nonchalance, comme la pile électrique qu'elle semblait visiblement être. Un léger sourire se ficha sur la bouche du garçon, amusé par ce petit bout de femme aux airs de gamine effarouchée. De ce genre de petit côté enfantin qui jusqu'à votre majorité, vous laisse espérer que Peter Pan finira bien par se décider à vous emmener au pays imaginaire. Le bougre n'avait pas eu la gentillesse de venir le chercher, pour sa part.

    Son sourire s'agrandit encore, alors que sa petite voix guillerette s'élevait à nouveau, lâchant des paroles qui sonnaient comme une mélodie à ses oreilles. Elle avait bien dit toutes ces chansons ? A écouter ses propos, elle semblait même idolâtrer – que dis-je ?! - vouer un culte à cet artiste. Cette fille était décidément venue toquer à la bonne porte, hm... pardonnez l'ironie. Cette rencontre inattendue et quelque peu surprenante promettait d'être intéressante.

    - T'es sérieuse ?! J'ai sa discographie complète !

    Oui, il tutoyait la jeune fille – l'éducation qu'il avait reçu connaissait quelques failles – mais après tout, elle était entrer dans sa chambre sans même prendre la peine de s'annoncer alors, pouvait-il véritablement s'en vouloir de faire fît de fioritures aussi inutiles, telles que la bienséance ? Visiblement pas. Elle même ne semblait pas vouloir s'encombrer de ce genre de détails, vu la façon dont elle s'était presque littéralement jetée sur le MP4, à la recherche d'une musique dont elle semblait visiblement avoir déjà choisi le titre. A la plus grande surprise de l'infirmier, elle prit tout de même la peine de perdre un peu de son temps pour se présenter, assez brièvement d'ailleurs. Perdre un peu de son temps était l'expression parfaite à utiliser en vue du peu d'intérêt qu'elle y mettait.

    L'inconnue n'en était plus une et répondait au joli nom de Lola. « On a tous une Lula dans nos cœurs ... » pensa-t-il instinctivement, bien que les prénoms ne soient pas tout à fait similaires. Pas très asiatique d'ailleurs. Peut être était elle originaire d'un autre pays, occidental sûrement.

    - Moi c'est Chomei. Ça t’arrive souvent, ce genre d'entrée théâtrale ?

    De nouveau, un sourire. Alors que les premières notes de musique avaient déjà filtré son oreille – elle avait kidnappé l'autre écouteur - il songea qu'il n'aurait sans doute jamais de réponse à sa question. La voix de la demoiselle se cala directement sur celle du chanteur, alors que les premières paroles de « Cigarette » vrillaient leurs tympans et retentissaient à travers la chambre. Lui même n'osait du coup pas trop poussé la chansonnette, trop intimidé qu'il était par la présence d'une tierce personne à ses côtés. Il avait bien conscience de chanter de façon exécrable, c'était d'ailleurs pour cela qu'il avait pour habitude de se permettre ce petit plaisir uniquement lorsqu'il se trouvait seul – ou pensait l'être.

    Lola de son côté, semblait totalement à son aise, comparable à un poisson dans l'eau. Elle se trémoussait gaiement au rythme de la musique et ne se privait pas de donner de la voix, toute entraînée qu'elle était par ce qu'elle écoutait, ce qu'elle vivait. S'en était beau à voir et il resta un petit moment à la regarder ainsi, alors qu'elle se laissait aller, simplement, à toutes ces sensations qu'une chanson pouvait faire éprouver. Et tout particulièrement lorsqu'il s'agissait là de l’œuvre d'un auteur de talent, ayant un don véritable pour faire ressentir les choses avec une telle intensité. Des minutes entières d'une poésie maniée à la perfection.

    Les derniers mots eurent à peine le temps d'être prononcés que déjà, l'étudiante s'impatientait de pouvoir profiter d'un autre morceau. Son minois paraissait tellement naturel en cet instant qu'aucune personne extérieure n'aurait pu se douter que cette demoiselle s'était invitée ici.

    Un ordinateur portable était posé sur le bureau, seul endroit – presque – en ordre de son côté de la chambre. Heureusement que son compagnon de chambre était moins bordélique que lui, sans quoi la pièce au complet serait sans doute difficilement accessible. Il enjamba – le mot est faible – du mieux qu'il pu le tas d'obstacles qui se trouvaient sur son chemin et parvint jusqu'à son ordinateur. Son regard accrocha un instant le bordel environnant, avant qu'il ne se tourne finalement vers Lola en balayant la chambre d'un revers de main.

    - Tu m'excuseras, je m'attendais pas vraiment à recevoir de la visite.

    Un sourire un brin malicieux se ficha au coin de sa bouche tandis qu'il portait son attention sur l'écran du portable. Il accéda à son dossier musical en quelques clics et se jeta immédiatement sur celui de l'artiste qu'ils appréciaient tant. Le lecteur de musique s'enclencha au moment où il leva le son des deux petites enceintes qui se trouvaient de chaque côté de l'ordinateur. Les premières notes s'élevèrent alors, rock'n'roll et langoureuses à la fois : « Réveillé tard encore oui mes draps sont vides, sans un mot sur ses pointes ma danseuse est partie. J'ai attrapé mon flingue, Lula je deviens dingue. Putain si je te trouve. » Là non plus, la chanson n'avait pas été sélectionnée au hasard. Il avait volontairement souhaité faire un petit clin d’œil à la jeune impétueuse qu'il venait de rencontrer. « Est-ce que quelqu'un ici à croiser mon amour ? Elle a les yeux noirs et le corps d'une bombe. Elle aime traîner ici son corps comme un festin, comme un amuse bouche entre les reins. » Comme une acceptation muette, de sa présence ici. Comme un invitation, à profiter ensemble des merveilles de cet auteur.
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