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 In the room where the story begins [ft. Abysse]

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MessageSujet: In the room where the story begins [ft. Abysse]   In the room where the story begins [ft. Abysse] EmptyDim 4 Nov - 17:46

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Ça doit faire des jours que je marche. Je le sais parce que mes pieds sont en sang et la seule information que je reçois des muscles de mes jambes, c'est une douleur rigide et sourde au niveau des genoux et des chevilles. Pourtant je continue. Peu m'importe ma bouche desséchée et mon ventre vide. Je suis la route.

The Road...
Une infinité de kilomètres qui se suivent et se ressemblent tous. Le bitume noir de jais et ses bandes jaunes, tellement régulière que l'on pourrait s'en servir comme métronome. One, Two, Three, Four... Je marche sans relâche, avec seulement le désert de la route comme paysage. L'air sec me brûle la peau, le nez, les os... Mes muscles sont emplis des toxines et l'effort et je sens que la mort s'approche de moi. Elle est là, derrière chaque petite pierre de ce désert qui entoure la route, si machiavéliquement droite. L'asphalte à perte de vue. Je sens mes pieds qui brûlent sur le sol que le soleil a rendu si chaud. Comme une gigantesque plaque de four. J'ai une pensée pour les aliments qui connaissent ce supplice et avec un sourire, je me dis que justice est faite. Si l'enfer devait ressembler à quelque chose, ça serait peut-être à ça. One, Two, Three, Four...
Du sol s'élève une chape brumeuse que le soleil fait monter à hauteur d'homme. A travers ce rideau transparent, je sens que les mirages vont surgir. Les hallucinations me guettent. Où est Tomo quand j'ai besoin d'elle ? Mon dos commence à se refroidir. Comme si on me faisait couler de l'eau glacée entre les omoplates et que celle-ci se glissait ensuite sous mes bras. Ma peau se crispe et perd de sa souplesse. La douleur monte d'un seul coup. Ce n'est pas de la fraîcheur, c'est une brûlure !

Je me réveille en sursaut. Allongé sur mon lit, en nage, je me rends compte que tout ceci n'était qu'un rêve. Tout sauf la douleur. Cette vieille cicatrice persiste à me faire souffrir. Elle me hurle le souvenir d sa naissance comme on appelle à l'aide. Elle sait que le jour où je pardonnerai au responsable, elle disparaîtra.
Je me redresse, plus fatigué encore qu'au moment d'aller me coucher. Ayant fermé les volets, je ne peux savoir l'heure qu'il est. Midnigt ? Midday ? Je l'ignore. Assis dans les draps, je me dépêtre de leur étreinte. Rien que ce mouvement de demande un effort incroyable. Mes muscles me font souffrir et mon souffle est court. J'ai besoin d'air. Je me lève et me dirige vers les volets. Là, j'ai véritablement l'impression d'être en prison. Peut-être aurais-je le droit à une visite. Cette pensée me fait sourire. Je crois que j'ai oublié de fermer la porte à clef, comme d'habitude. Une main sur le volet, je le pousse lentement, me délectant du grincement discret qu'il fait en s'ouvrant. Les premiers rayons du soleil dessinent sur mon torse de petites arabesques. D'autres se plantent dans mes yeux et m'aveuglent. Ignorant la douleur, je continue, lentement. Mon dos me fait souffrir... Cette cicatrice. Ce tatouage. Tout mon dos porte la marque de ce souvenir cuisant. Une des raisons pour laquelle je ne me promène jamais torse nu et que je suis très pudique. Je tiens à ce que ça reste mon secret. Je ne suis pas encore prêt pour le partager. Le grincement des volets est de plus en plus doux au fur et à mesure que je les ouvre. Mon visage commence alors à baigner dans la plénitude de sa chaleur. L'espace d'un instant, je me sens bien. Le vent, comme s'il attendait ce moment depuis longtemps déjà, s'engouffre d'une traite dans la chambre et balaye tout sur son passage. Les feuilles sur mon bureau, mes dessins, le parfum de ma douleur. Je me sens purifié. Je crois entendre la porte s'ouvrir sous l'action du vent. Je l'avais encore mal fermée. Whatever. Personne ne doit de toute façon passer par ici à cette heure-là. Je l'aurais entendu en tout cas. Face au vent, au soleil et à la liberté, je prends une grande inspiration. La cicatrice dans mon dos se mêle au tatouage et je me sens revivre. Yeux fermés, appuyé contre le rebord de la fenêtre, j'ignore la pagaille que le vent s'applique à rependre. Seize the day.
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MessageSujet: Re: In the room where the story begins [ft. Abysse]   In the room where the story begins [ft. Abysse] EmptyDim 4 Nov - 19:29

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    C'était d'une façon si étrange que tu marchais, Abysse. Droite comme un bâton qu'on aurait taillé pour le rendre plus agréable à regarder. La tête haute et pourtant les yeux si bas, tes mains crispées s'affinant en serrant si fort ta valise. Tu allais faire ton premier jour en tant que surveillante dans un lycée, et partager ta chambre avec un autre membre du personnel. Peut-être un professeur, un psychologue, un infirmier, ou bien un simple collègue... Quelqu'un d'hostile, d'étrange, d'amical, tu n'en savais rien. Tu pensais à cela sans vraiment y songer trop longtemps.
    Et puis, lorsque tes doigts attrapèrent la poignée de la porte, qu'ils la tournèrent de façon à l'ouvrir, tu sentis qu'il y avait quelqu'un à l'intérieur de la pièce. Ce n'était rien qu'une impression, mais tu en étais certaine. Rien qu'un petit mouvement de recul, juste un petit. Mais, Abysse, ne te souvenais-tu donc pas que tu n'étais pas venue seule ? Il y avait ta valise à tes pieds, juste près de toi, qui attendait que tu la reprennes entre tes doigts de pianiste. Mais non, tu ne l'as pas repris. Peut-être essayais-tu simplement d'attirer inconsciemment l'attention sur toi. Mais, te prendre les pieds dans ta valise, et manquer de tomber n'était peut-être pas la bonne solution.
    - Ah !

    Ce cri voulait simplement dire qu'elle avait eu peur, Abysse, tu avais eu peur de tomber au sol et de décoiffer tes cheveux, de te ridiculiser. Pourtant, dans le couloir, il n'y avait personne. Mais dans la chambre, il y avait quelqu'un, elle le sentait, elle en aurait mis sa main à couper si elle aurait pu. Et, si elle aurait pu, peut-être qu'elle ne serait pas entré, finalement. Un homme. C'était un homme, qui ouvrait les volets, qui lui faisait face, ou plutôt qui lui tournait le dos. Son dos ? Abysse, tu n'osais pas te l'avouer, mais en le voyant, tu as été parcourue par plusieurs frissons qui t'ont presque fait tomber ta valise que tu avais repris auparavant entre tes doigts. Un tatouage. Une cicatrice, quelque chose. Tu ne savais pas du tout de quoi il s'agissait, mais tout s'annonçait pour rien de bon.
    Avait-il remarqué la présence de la jeune femme ? Elle n'en savait rien, mais rentra tout de même dans la chambre et referma la porte derrière elle. Cette pièce qu'elle allait partager avec cet homme, elle semblait... Petite. Légèrement claustrophobe, Abysse avait l'impression que les murs se rapprochaient lentement, doucement. Elle secoua la tête, comme pour sortir cette image de son crâne, essayant de ne pas penser au fait qu'elle était dans une aussi petite chambre. Abysse, tu te devais de parler, de lui dire quelque chose.
    Oui, elle se devait de se présenter et d'être de bonne humeur, surtout pour un premier jour comme celui-ci. C'était le matin et elle venait d'arriver par le dernier train, elle était donc en pleine forme. Mais Abysse, elle était tellement négative, qu'elle esquissa tout de même un sourire, comme pour se faire plaisir à elle-même.

    - Bonjour. Je crois que nous allons partager notre chambre, heu... ?

    Interrogeant son voisin de chambre du regard, ses yeux noisettes aux reflets noirs semblaient vouloir lui demander " Quel est votre nom ? ". Etrangement, Abysse avait envie de le savoir, de faire connaissance avec quelqu'un. Elle avait besoin d'un sentiment d'amitié, elle avait besoin de pouvoir faire confiance à quelqu'un. Alors, si elle avait quelqu'un qui partageait sa chambre, c'était mieux d'être amis.
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MessageSujet: Re: In the room where the story begins [ft. Abysse]   In the room where the story begins [ft. Abysse] EmptyDim 4 Nov - 20:25

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Un soir, alors que je m'apprêtais à passer la nuit à proximité d'un ghetto quelconque de Varsovie, j'ai rencontré une bande de jeunes. Enfin, je dis ça mais ils avaient à peu près mon âge. Pas même la majorité pour la plupart. J'ai attaché Tomo à un arbre et installé une tente à proximité. Sur ce grand terrain herbeux, la nuit promettait d'être agréable mais fraîche. A cette époque, je venais de quitter un poste de mécanicien automobile et je me lançais dans un remplacement dans un centre de massage et de kinésithérapie. Mes mains étaient éprouvées par tant de sollicitation et mon humeur massacrante n'a rien arrangé. Ils sont arrivé à cinq et ont commencé à tourner autour de Tomo. C'est vrai qu'elle est belle. Toute bleue, aux courbes sportives et à l'apparence racée. Peu d'hommes lui résistent. Évidemment, it's mine, alors je suis allé les voir pour le leur rappeler. Du peu que j'avais pu apprendre du polonais, je sus que les cinq larrons me proposaient de les laisser tranquillement reluquer ma bécane si je ne voulais pas de problème. Un homme m'a un jour appris que dans une rencontre avec quelqu'un, le plus important c'est la première impression. Peut-être ai-je mal interprété, mais j'étais de mauvaise humeur et cet homme fut mon professeur de boxe anglaise pendant un moment. A leurs réactions, je compris que le plus proche n'avait pas vraiment apprécié le contact de mes phalanges sur sa mâchoire, pas plus que le second le contact de mon pied contre son entrejambe. Je passerai les détails de la suite de ces civilités badines. Si je me souviens de cet instant, c'est parce que Tomo a été blessée durant nos palabres musclées. De même, j'ai senti la morsure froide et pénétrante d'une lame de couteau qui s'invitait entre mes côtes, explosant mes os et traversant ma chair. Après cet interlude grossier, mes visiteurs ramassèrent leurs restes et s'enfuirent, pris de panique. C'est vrai qu'il y en avait du sang. J'ai donc pris Tomo sur mon épaule et me suis précipité vers le garage le plus proche, n'étant pas moi-même en état de le faire. Je ne sais pas comment j'ai rejoins l’hôpital ensuite car j'ai dû m'évanouir. Si je me souviens de ça, c'est parce qu'aujourd'hui, alors que je discutais avec le vent dans ma petite chambre number 011, la douceur d'une voix limpide m'a poignardé.

- Bonjour. Je crois que nous allons partager notre chambre, heu... ?

Je me retourne d'un seul coup. Mon premier réflexe est de sursauter lorsque mon regard tombe sur ce petit brin de femme. Je dois la dépasser de plus d'une tête. Elle semble si fragile, si pâle. Mais avant tout, elle a vu mon dos... Malgré le choc émotionnel causé par l'analyse de cette nouvelle un tant soit peu dérangeante, je reprends contenance. Mon regard ne doit pas être particulièrement attrayant mais ma mauvaise humeur s'est échappée en même tant que les feuilles de mon bureau. Je sais désormais que je ne serais plus seul dans cette cellule.
Ramassant un vêtement sur mon lit, j'enfile une chemise que je ne prends par la peine de boutonner. Sous mes yeux s'étale mon corps, résultat de vingt et une années de vie. Je ne compte plus les fines cicatrices qui le parcourent. Mais là, that young woman saw my back, alors ce n'est pas ça qui va lui faire peur.
Commençant essayer de rendre la chambre présentable – foutu vent – je ramasse ce qui traîne par terre et répond à sa question muette.

- Jilano. Hashakishin Jilano. Professeur d'anglais je crois. Bienvenue dans votre nouveau chez vous. Je ne vous invite pas à vous asseoir sur votre lit. Et vous êtes ?

Disant ceci, je me laisse moi-même aller sur mon propre matelas. Assis en tailleur, je fixe cette femme qui, semblerait-il, va être ma voisine de chambre. De taille moyenne, menue, ses cheveux descendant plus bas que sa nuque. Cette demoiselle a réussi à entrer ici sans que je l'entende. Est-ce un prodige, ou tout son être n'est-il pas voué au silence et au renfermement ? Elle semble fragile et peu sûre d'elle. Fraîche, et elle a des doigts de musicienne. J'aime ses yeux. Je dois sûrement pouvoir apprendre d'elle. Je crois que cette jeune femme va me plaire.
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