Habillée en parfaite élève, j'étais restée immobile et impassible depuis environ dix minutes devant la porte vitrée, observant mon reflet, taciturne. Je pris le chewing-gum que je mastiquai depuis la matinée, et le collai au milieu de la porte. Quand quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit, je me retrouvai nez à nez avec un groupe de garçons de dernière année. L'un d'entre eux m'aborda, mais la musique dans mes oreilles ne me permis pas d'entendre ce qu'il me dit.

«Wouaw, tu es nouvelle, je suppose ? Mon nom c'est Sasu. Et toi ? ... Hey mais, où vas-tu ...?»

Et c'est sans prêter attention à lui que j'avançai donc dans le tas, je lui fis signe de la main sans me retourner. Continuant ma « Visite » de l'établissement, qui me paraissait sans fin. Croisant moult élèves de toutes sortes, j'arrivai à la fin de l'immense couloir, arrivant sur le palier des grands escaliers de marbres, où l'écho était des plus imposant. Choisir entre monter ou descendre, je ne réfléchis pas longtemps avant de commencer à descendre les marches sans bruit.

Arrivée dans le hall encombré d'élèves bruyants et tapageurs, quelques regards se posant sur moi, je ne m'attardai pas dans ce vaste endroit trop indiscret, et poussai une porte battante sur ma droite, débouchant sur un autre couloir. Soufflant un grand coup, je repris ma marche lente, je retirai un de mes écouteurs, interpellée par le silence de l'endroit. Retirant complètement le son de mes oreilles, je tentai d'écouter plus attentivement les bruits m'entourant. C'est après quelques secondes que je repérai enfin des bruits de voix, venant d'une porte au fond du couloir. M'y dirigeant, j'ouvris la porte en bois d'une main, ne m'attendant pas à découvrir un endroit comme celui-ci dans cette établissement.

De nombreux canapés, des fauteuils, une grande cheminé, des bibliothèques de livres, des tables basses. Un univers confortable et chaleureux. En faisant le tour de la pièce des yeux, je remarquai quelques élèves discutant, des professeurs lisant, quelques personnes sur des ordinateurs... Je m'avançai, m'installant sur un fauteuil au fond de la pièce, près d'une fenêtre, où personne ne pouvait me voir. Profitant de cette ambiance tamisée je remis mes écouteurs, ouvris la fenêtre, laissant entrer le vent frais dans le coin où je me situais. Je sortis une cigarette de ma poche, commençant à fumer tranquillement.

Perdue dans mes pensées, je regardais éperdument par la fenêtre, observant les va et vient des élèves, des professeurs et de tout le personnel. À quoi bon courir dans un établissement pareil ? Si ce n'est pour augmenter ses chances de se perdre entre deux couloirs approximativement identiques, ou encore se tromper de porte et se faire envoyer bouler par un professeur mécontent de sa journée ! Non, cette fois si, je ne voulais pas avoir [trop] d'ennuies, je ne voulais pas me faire remarquer, et bien que l'un de mes plaisirs dans la vie sois de pousser le vice à son summum, je ne pouvais pas me le permettre si je voulais rester proche, géographiquement, de mon frère. Soupirant un grand coup, je levai les yeux et balayai des yeux la salle. Mise à part quelques élèves se levant afin de sortir de l'endroit, une femme à son bureau, et le bruit des imprimantes en marche, rien ne donnait la peine d'être regardé avec plus d'attention que nécessaire, ce qui était d'un profond ennui. En effet, rien ne se produisait, dans cet établissement. Ou était-ce que je ne me trouvais jamais au bon endroit, au bon moment ? Réflexion faite, et si c'la était mon rôle, de provoquer des incidents sortant de l'ordinaire ?

Chassant cette pensée néfaste de mon esprit, je secouai la tête de droite à gauche, comme pour l'expulser de mon cerveau. C'est là que je remarqua une nouvelle tête, à ma droite. Il s'agissait d'une fille, assez mignonne, avec un air profond d'innocence.

La voyant me regarder, je retirai de mon oreille l'un de mes écouteurs afin de l'entendre :

«-Dites , vous ne pourriez pas éteindre votre cigarette?Je ne suis pas sûre que l'on ai le droit dans le bâtiment et l'odeur du tabac est désagréable. »

Restant immobile quelques secondes, les yeux rivés sur elle, je finis par lui sourire, dirigeant ma main vers le rebord de la fenêtre. Puis, jetant le mégo dans la poubelle sous la table, je finis par ouvrir la bouche :

« Excuse moi. Je pensais être seule dans cette partie du salon, je ne t'ai pas entendu arrivée, avec ma musique dans les oreilles. Je suis désolée » Dis-je le sourire au lèvre, la voix douce.

Oublié.