Terminant de fumer ma clope en entrant dans le hall du bâtiment des dortoirs, je me dirigeai vers le bureau des surveillants. M'approchant silencieusement, je remarquai la foule de monde devant la porte. Soupirant, je balayai des yeux la foule postée devant moi, cherchant un garçon grand, fort, et plutôt beau. Enfin, je m'approchai d'un garçon de dernière année. Juste à côté de lui durant une ou deux minutes, il finit par me remarquer, m'abordant, comme je l'avais espéré.

«-Hey, je ne t'avais pas vu. Tu es nouvelle ?» Me dit-il, essayant pitoyablement de se rendre séducteur...
«-Oui, mais avec tout ce monde, je n'arriverai pas arriver dans ma chambre avant ce soir...» Lui lançais-je avec la plus délicieuse des moues possible.

Et comme prévue, il succomba, et ça ne fut pas bien compliqué de passer devant tout le monde . Quelle horreur de se faire passer pour la pauvre petite malheureuse... Si je m'étais pointé quelques heures plus tôt, je n'aurais pas eu besoin de faire tout ce cinéma à la noix. Mais bon, une fois n'est pas coutume, et trop gourmande, je ne pus m'empêcher de réitérer mon exploit. À la fin de ce pénible dialogue, je parvins même à lui donner mes affaires afin qu'il me les monte jusqu'à ma chambre.

Lui suivant de près, je montai les escaliers à sa suite. De temps à autre, il me jetait des regards de plus en plus dégoûtants à chaque fois. M'efforçant de ne pas vomir avant d'arriver en haut des escaliers, je retins ma respiration. Était-ce possible de transpirer à ce point avec si peu d'effort ? Puis, une fois arrivé en haut, je lui lançai un regard perçant, et repris mon sac avant qu'il ne tomba à la renverse, le pauvre.. Puis, sillonnant le couloir, ce n'est qu'une fois au fond de celui-ci que je trouvai enfin la porte inscrite du nombre «230».

Me retournant vers le début du couloir, le garçon de dernière année avait été rejoins par ses amis, je suppose. Ils devaient surement guetter le numéro de ma chambre. Soupirant, je réajustai la lanière de mon sac sur mon épaule, puis saisi la poignet. Il y avait un détail que j'avais oublié, mais fort heureusement, qui me frappa en pleine tête lorsque je tournai la poignet, et que la porte se révéla déjà ouverte. Certes, cela ne m'enchantai pas de partager ma chambre, les seuls hic, peu nombreux furent-ils, se résumèrent à cela :

Mais bon, on ne fait pas tout ce que l'on veut dans la vie. Enfin, moi si, mais les autres non, alors si mon partenaire ne me plaisait pas, je n'aurai qu'à en changer. Je n'allais pas supporter l’insupportable ! Et ce, pendant quelques années ! Non mais oh, on ne prend pas les décisions pour moi, dans MA vie. Mais bref, après ces pensées pleines de liberté et de puissance, je me décidai à pousser la porte à l'aide de mon pied, prête à découvrir celui, ou celle, qui allait partager mes nuits, si il, ou elle, en était digne !

La porte s'écartant de mon chemin, j’avançai à pas lents et mesurés. Levant les yeux sur la pièce restreinte, je fus prise de vertige lorsque je découvris la couleur des murs, la disposition des meubles, la décoration plus que douteuse des lieux. Je m'étais arrêté en plein devant la porte. Cherchant le lit le plus proche de moi, je posai mon sac dessus, ne pouvant décrocher mes yeux de cette environnement hostile et agressant à mon égard. Sans même réfléchir, je tirai mon paquet de cigarettes, repérai la fenêtre ouverte, me penchai par dessus, et entrepris d'inhaler de grande bouffés de fumer. Les yeux fermés, les cheveux dans le vent, je me détendis.

« Quelle ... Horreur... »

Quelques minutes passèrent, et tandis que je jetai ma cigarette finie par la fenêtre, je me tournai de nouveau vers l'hideuse pièce. Puis, quelque chose qui me semblai vivant attira mon regard : En effet, je n'étais pas seule, et ce, surement depuis mon entré ici. Un garçon, allongé sur le lit, à quelques centimètres de moi. Les cheveux bruns, l'air sérieux, les traits fins. Il paraissait tellement effacé que je ne l'avais pas remarqué. En même temps.. À côté de ces immondes couleurs , comment le remarquer, lui, plutôt que les murs de la pièce !

Puis, détachant mon regard de lui, je traversai la pièce en direction de mon sac. Fourrant mon armoire avec mes vêtements, je restai posté devant celle-ci quelques instant, les mains sur les hanches. Puis, sans crié garde, je retirai mon pull, ma jupe. En sous-vêtements de dentelle noire, je fis le tour de mon lit, attrapant mon uniforme. Puis, je remarquai un papier sur la commode centrale.

« Ça c'est MON lit, MES affaires, tu touches à rien même si c'est LE GROS bordel. »

Restant de glace, j'attrapai le même marqueur noir, sans même m'habiller. Je me levai, refis le tour de mon lit, et écris sur l'armoire directement. Tout d'abord sur ma partie, « Lana » en gros, puis, me tournant vers mon coloc', le stylo entre les doigt, j'entrouvris la bouche, faisant tinter ma voix douce :

« Mmh, comment t'appelles-tu ? »

« - Tiens, t'aurai pas un truc à bouffer ? J'ai faim. »

Sans broncher, je me tournai vers son côté de l'armoire. Il avait une écriture dans le genre déstructuré, brouillon, vite fait mal fait quoi ! Ne prêtant pas attention à ce que mon nouveau colocataire me disais, je tentai de lire avec fureur le nom écrit sur la porte. «Skate» ? Non... Peut-être «Shart» ...? Me tournant vers le jeune homme, je restai figée, fixant son visage. Avec une tête comme ça... Je regardai de nouveau l'écriture, et je savais. Son nom était Shark. Avec une tête comme celle là, on ne peut qu'avoir un nom comme celui là, et surtout, une attitude comme celle-là ! Passant à autre chose, je me dirigeai vers mes affaires. Me mettant complètement nue, je changeai de sous-vêtements, enfilant un ensemble couleur bordeaux. J'enfilai ensuite mon uniforme scolaire, puis attachai mes cheveux en queue de cheval bien haute.

Je restai assise sur mon lit quelques minutes, sans bouger, après avoir finis de mettre mes chaussures et de les avoir lacées. Je sais bien que pour moi, c'est habituelle de ne pas parler, mais tout de même, il s'agissait de mon colocataire, celui que j'allais devoir supporter pendant plusieurs années ! Je me mordis la lèvre, baissant la tête. Ok, je pouvais être très respectueuse, lorsque la personne l'était envers moi. Mais je ne comptai pas lui faire de fleurs, si il agissait de cette façon, avec moi, toute l'année. Et de plus, si des embrouilles surgissaient de nulle part, je n'hésiterai pas à me battre, qu'il s'agisse d'un garçon ou non. Après tout, ça ne serai pas la première fois ! Bref, après cette réflexion lourde de sens, je me tournai, lui faisant face, bien qu'il ne me regarda pas !

« Tu sais, on va devoir se supporter pendant longtemps. Je dis ça, et pourtant ça n'est pas mon genre d'aller vers les autres, alors tu me verras très rarement m'exprimer comme ça. Et d'ailleurs, autant te le dire, je ne suis pas du genre chieuse. Mais attention, je te le dis tout de suite, il ne faut pas m’énerver, me chercher, ou tout autre synonymes de la provocation à son état le plus pure. Voilà ! J'espère qu'on s'entendra ! »

Lui tournant de nouveau le dos, je m'étalai sur mon lit, les yeux clos, la respiration coupée. Comment avais-je trouver la force de parler avec autant de retenue et de calme ? ... Mystère !

[Désolée si c'est court, je n'avais pas trop le temps]

Oublié.