Sept heures du matin, je me lève, puis je vais prendre une douche. Je me regarde longuement devant mon miroir, même au petit matin, je suis beau. Avec un crayon bleu turquoise, je me dessine soigneusement deux lignes sur mes paupières, puis je rajoute de la poudre, de la même couleur, juste un peu plus claire.
Je me dessine une étoile sur la joue gauche, de couleur violette, puis, je redresse mes longs cheveux roux à l'aide de mon gel.
Je retourne dans ma chambre, puis j'ouvre ma penderie. Aujourd'hui, je porterais du bleu, c'est certain, oui, aujourd'hui, c'était un jour à porter du bleu, ou du rose tient ! Pourquoi pas les deux. Ce sera donc un slim rose saumon et un débardeur bleu ciel.
J'ouvre mon petit "coffre à bijoux", mon petit bébé, en quelque sorte, puis je prends deux colliers, assez simples, couleur or, semblables à des petites chaînes. Je porte à ma main droite une bague, sur l'index, rose, avec une tête de mort dessus, et une dizaine de petits bracelets en or. En revanche, je laisse ma main gauche nue.
Je saute dans mes chaussures, plutôt banales, je trouve, mais qu'importe. Je prends mon sac de cours, qui ne contient qu'une trousse et un cahier, si on ne compte pas les cigarettes dedans, puis je sors de ma petite chambre.

Décidément, cela fait une semaine que je suis ici, et je n'arrive pas à m'y faire. Être dans une chambre tout seul... C'est tellement... Ennuyeux... Ma mère est une diablesse. "Comme ça tu feras pas de bêtises" Tss... Comme si j'allais me taper mon camarade de chambre. Quoique ce n'était pas impossible, si il n'était pas laid... Ouai... C'est décidé, ce soir, j'vais voir l'intendance, on sait jamais.

Je vais donc en cours. Je suppose que j'ai mathématiques, mais rien est moins sûr. J'essaie de repérer un gars de ma classe, je le suis. J'avais raison, on avait histoire.
Deux longues heures d'histoire pendants lesquelles le professeur -soit dit en passant, horrible, et en plus qui zozote - ne faisait que parler. Il n'arrivait pas à nous faire entrer dans ce qu'il nous racontait. Il n'intéressait personne, à part le "blond" là-bas. Si j'avais un conseil à lui donner, je lui aurais dis de changer de métier.

Monsieur Campbell, pouvez-vous répondre à la troisième question de la page vingt ?

Disait-il, ayant prit un ton légèrement plus autoritaire, qui avait l'air, totalement ridicule, vu son défaut de prononciation. Je bascule sur ma chaise, je croise les bras, et je le regarde, hautain. J'avais même pas pris mon livre, et il me demandait à moi de répondre à une con de question qui de toutes façons ne servait à rien, c'est donc avec toute l'assurance du monde que je lui répondis.

"Non, je ne peux pas."

Vint ensuite son "si vous le pouvez, ou sinon vous prenez la porte !". Petit moment de réflexion, puis avant qu'il ne dise quoique ce soit, je pris ma trousse, mon cahier et mon sac, pour me diriger vers la sortie.

Mais... Que faites-vous ?!

La réponse fut toute simple. "A ton avis ? J'me tire. " Tss... Il m'avait énervé là.

Je déambulais dans les couloirs, la flemme d'aller en cours... Heureusement, je finissais assez tôt. Je finis donc ma journée, jonglant entre classe et couloir. J'ai battus un record aujourd'hui. Je suis resté quatre heures dans une salle de classe !

Je sors un peu pour fumer. Même si on a pas le droit. Là, faut pas m'chercher, c'est pas le moment. Je me cache donc derrière un bâtiment, pas trop fréquenté. En fait, fumer dans ma chambre aurait été plus simple, mais c'était trop loin de l'intendance, la flemme de marcher.

J'écrase mon mégot, et je le jette dans une poubelle, puis je me dirige donc vers l'intendance. Là, une vielle folle mal coiffée m'ouvre son bureau, avec un accueil très "chaleureux". Même pas bonjour, même pas "asseyez vous" et elle fait tout le temps la gueule... Tant pis.

"Je suis venu vous demandez un changement de chambre. Passer d'une chambre solo à une chambre à plusieurs, quoi qu'une chambre à deux me suffirait. Est-ce possible madame ?

Tout en grognant, elle pianote sur son ordinateur. Elle devrait s'en acheter un autre, c'est vraiment l'ordi qui date des années 80.
Au bout de quelques minutes, elle lève la tête et dit sèchement "Vos clés !" Clés que je lui donne avec plaisir. Elle ouvre un tiroir et me tend un autre jeu de clés. "Chambre 202, rassemblez vos affaires, vous me ramènera vos anciennes clés demain. "

Je me lève et la remercie, elle ouvre la porte en souriant, je regarde l'heure. Non, ce n'était pas parce que j'étais sympathique, mais parce que sa journée était enfin finie. Quelle grosse vache.

Je suis allé prendre toutes mes affaires, il m'avait fallut plus d'une heure, pour aller dans ma nouvelle chambre, j'étais tout content, j'allais avoir un coloc', j'espère qu'il était mignon.

J'ouvre donc la porte, en espérant qu'il soit entrain de se doucher ou de s'habiller, mais quand j'entre, il n'y a personne, juste deux lits. Un avec quelques affaires autour, celui de mon colloc' puis l'autre, le mien. Je pose mes affaires puis je soupire, fusillant la porte d'entrée du regard, n'attendant qu'une chose... Qu'elle s'ouvre.

(Il y a une grosse faute quelque part, je sais plus où Dx et pour les autres, je m'excuse, je suis sur mon portable...)

Donc, j'attendais ce mystérieux coloc' et lui, il ne venait pas, et au plus j'attendais, au plus je m'énervais. Je commençais à déambuler dans la chambre, allant d'un bout à l'autre. Je rangeais mes affaires, bien pliées, dans mon nouveau placard, puis installais une bonne partie de mon maquillage/vernis dans la salle de bains. Et de temps à autre, je guettais la porte d'entrée. Je sortis à nouveau une clope, ouai, j'crois que j'étais un poil énervé, il fallait que je me détende un peu.
C'est fou ça, l'effet que la cigarette procure, bien qu'il ne soit uniquement psychologique, parfois, je me dis qu'il doit y avoir un truc. Bref, j'ouvre la toute petite fenêtre puis fume dehors. Peut être que monsieur le colocataire ne supportait pas ça, et bien que son avis m'intéresse peu... Mieux valait se faire bien voir le premier jour. Bon, ok, ça sentait un peu... Mais oh ! J'faisais comme je pouvais hein ?!

Je continuais à me balader dans la chambre, quand, au bout d'un moment, j'en ai eu assez. Je jetai un œil au plumard du coloc'. Il était bien plus en face de la porte d'entrée, c'était bien mieux pour le guetter. Bon alors fuck son avis, je m'asseois sur son lit ! Et comme tout à l'heure, je fusille la porte du regard, genre "Toi, je t'ai à l'œil !". Tiens ! Elle... Elle s'ouvre ! Enfin ! Je n'en pouvais plus d'attendre. Je gardais à peu près la même expression sur le visage, mais dans ma tête, j'avais hâte de voir avec qui j'allais cohabiter.

Donc la porte s'ouvre, là, un jeune homme, sûrement mon âge, à une année près, grand maximum, apparaît. A première vue, il n'avait rien de spécial, ça avait l'air d'être un gars sérieux, mais par dessus tout normal, quoiqu'assez sombre. Et il me disait quelque chose... Je me cresais la tête quand il me sortit de mes pensées.

" C'est mon lit, ça. "

Sans méchanceté, ni avec gentillesse, il m'avait adressé la parole. Un garçon très neutre... Et sombre, comme je l'avais confirmé... Brr, bien qu'il soit assez mignon, et que j'en ferais bien mon quart-d'heure, il fallait avouer que niveau "ouai j'm'éclate !" C'est pas le meilleur... Bah, avec moi à ses "côtés" il allait forcément se décoincer, il devait juste être un peu timiiiiiiide... C'est mignaaaan !

Il se penche vers moi, et me regarde pendant un instant, moi, je bouge pas, j'me contente de lui faire un grand sourire. Il doit me prendre pour un fou. Je réfléchis encore un peu, alors qu'il me détaille du regard...
Hum... Ça y est ! Ça vient de me revenir ! Ce mec, il est dans ma classe ! C'quoi son nom déjà ? Adil ? Aby ? Abril ? Ah oui ! Abril !!

C'est le garçon genre qui se met au milieu de la classe, et qui se contente d'être là, tu vois, l'genre qui apporte toutes ses affaires, mais qui parle jamais, qu'est toujours solo et qui au bout du compte, ne fait rien. Je soupire doucement, gardant le sourire. Pauvre enfant, il va "souffrir" avec moi.

Il posa son sac sur son bureau, et c'est avec un léger sourire qu'il reprit

" Tu voudrais bien te pousser de là ? "

Le sourire lui allait si bien. Il devrait essayer plus souvent. Moi, gardant la même expression au visage, je me lève, tranquillement. Bon, fallait faire quoi là ? Me présenter ? Pouah nan ! J'ai horreur de ça. Je m'affale sur mon lit, puis me redresse un peu, pour le regarder.

"Abril si je ne me trompe pas. Moi c'est Dawn, ravi de te connaître !"

Ouah comment ça fait trop le mec qu'à pas d'amis !!! Ouai mais du coup, fallait engager la conversation, sinon, c'était pas drôle. Et si je lui parlait de mes conditions de vie, ça peut toujours servir...

"Bon alors j'espère que le maquillage, le bruit, et la cigarette te dérangent pas, parce que tu vas en baver !

Lui dis-je riant un peu. Mais j'avais l'impression que ce n'était pas suffisant... J'devais trouver autre chose et vite.

Ouesheuh... Sinon... T'aimes bien ici ?

A voir sa tête, je risquais de me faire clasher, ou d'avoir une réponse brève et directe, dans tous les cas je saurais réagir à ce qu'il me dira, oh ! Il me fait pas peur, bien que je vois parfaitement qu'il n'est pas méchant.

(Bon réponse un peu kakateuse m'enfin '-')

- On va pas s'entendre tout les deux. J'en ai rien à faire du maquillage, tu peux fumer autant que tu veux, mais.. Je déteste le bruit. Vraiment.

Oh, le pauvre petit n'aimait pas le bruit. Bien, j'essaierais de me calmer à ce niveau, je n'aimerais pas le faire fuir, ce serait dommage, et ça ne me ressemblerait pas de laisser échapper une si belle proie ~ Quoiqu'il en soit, il ne quittera pas cette chambre, c'était certain, et puis, peut être qu'avec un peu de chances, je le décoincerais un peu, parce que ça à pas l'air d'être le mec qui aime rire, qui fait la fête... Peut être qu'il n'aime pas ça, ou peut être qu'on l'a trop empêché de s'amuser, peut importe. Je devais être patient, il allait bien m'étaler tout son passé un jour ou l'autre, pour l'instant, je vais essayer de ne pas trop le bousculer.

" Ouesheuh... Sinon... T'aimes bien ici ?
- Je hais cet endroit.

Ouah ! Clair, net, et précis... Mais pourquoi donc ? Il n'allait pas tarder à me le dire. Honnêtement moi, je ne reprochais rien à cet établissement, j'avais connu bien pire, m'enfin, après, il a sûrement pas évolué dans le même univers que moi. Lui chuis sûr, c'est un gosse de riches. Il a des petites manières. Elles sont à peine visibles, mais je l'ai cramé. Moi, chuis qu'un gosse des rues, à trainer avec des quecs, après tout, j'en suis sûrement un aussi, c'est ça qui est malheureux.

" C'est tellement.. Je sais pas. Les gens sont prétentieux, ils te regardent de haut, ils font du bruit pour rien. Les profs sont horrible. Regarde celui d'histoire ! Je me suis barré juste après toi. Pourquoi ? Tu aime bien être ici ? "

En une semaine, je n'avais pas vraiment remarqué tout ça, mais il est vrai que certaines personnes ici s'y croient trop. Tss, genre ils s'y connaissent en matière de " j'me crois tout permis" ils sont juste bidon, ou comme dirait un de mes potes "ils sont réhnés"... Tiens, j'ai jamais sû comment il s'écrivait ce mot, c'est pas important. En tout cas, ce fut un mot qui nous avait bien fait rire avec mon ami, lorsqu'il le disait au prof, et que le prof même l'imittait. J'ai du sortir de la classe une fois, tellement j'avais ris. Je ne pu m'empêcher de pousser un petit rire. J'en avais presque oublié sa question. Si j'aimais ici... Ouai... Bah...

"Disons que ce n'est pas le pire. Y'a pas des agressions et des menaces à chaque coin de couloir. C'est à peu près normal, mais on s'éclate pas trop. "

Ouai et puis cette fois-ci, j'avais pas ma petite sœur près de moi. Elle n'a que treize ans et n'avait pas l'âge de venir ici, elle est restée avec ma mère... Stella... Elle me manque déjà, ma petite choupette... Elle est tellement adorable. A la limite, mon frère, jm'en fous, il est ici aussi, mais elle, c'est pas pareil.

Je levai la tête, un léger sourire, un peu nostalgique, sur les lèvres. Pff, ça m'avait donné envie de fumer, ni une ni deux, je sortais mon briquet et une cigarette.

"Enfin bref... Tu devrais pas voir cet endroit d'un mauvais œil, avec moi à tes côtés, tu ne peux que passer un bon moment, d'ailleurs, t'as pas l'air en forme..."

Je lui tendais ma cigarette, juste allumée, par simple curiosité, j'aurais voulu voir ce qu'il allait faire.

"Essaies, ça va t'faire du bien."

Je pensais pas qu'il allait y toucher. En fait, je ne cache pas que je serais assez surpris, si il la prenait et tirait un coup avec. M'enfin, il faut toujours se méfier des apparences, ça pouvait très bien être une genre de grosse rakaillou qui cache bien son jeu... Quoique... Faut pas exagérer non plus. Halalala, ma connerie me perdra, un jour où l'autre. Pas maintenant en tout cas.

[Un peu court et bof... La fatigue e.e]

« Oui, je comprends.. Je.. Ne connais pas tous ça, tu sais. Alors pour moi, c'est déjà détestable ici. »

Oh pauvre petite chose ! Il était tellement mignon, on aurait dit un petit chien battu, je l'aurais bien pris dans mes bras ! Mais bon vu comme il était, il l'aurait sûrement mal prit, il avait l'air tellement coincé, et mal à l'aise avec moi. Chuis sûr qu'il était hétéro et qu'en fait, je l'intimidait trop ! Cette pensée me fit sourire. Me dire que moi, j'étais intimidant ! Quoiqu'il faut dire que je passe pas inaperçu, et que je peux faire flipper par moment, mais là, je n'avais rien fais.

J'avais donc allumer ma cigarette, et après la lui avoir tendu, je l'entendit pousser un rire jaune, très désagréable, qui me crispait immédiatement, je fis même une petite grimace, même si je tentais de garder le sourire, puis je portais la cigarette à ma bouche, si il n'en voulait pas, il y avait d'autres manières de me le faire comprendre, non mais ! Ou peut être qu'il se moquait de moi ? Il n'avait pas intérêt !

Je le vis aller fouiller dans son sac. Il en sorti finalement un paquet d'clopes, et c'tait pas des clopes de merdes, enfin des clopes quoi. Pas comme moi qui dois me les rouler parce que ça coûte moins cher ! Un paquet quoi ! Comme c'que j'arrive à avoir allez ! Deux fois par mois ! Je contemplais ce merveilleux objet quelques secondes... C'était vraiment un bourge ! En fait fallait se méfier ! Parfois les gosses de riches sont les pires ! Et je savais de quoi je parlais.
C'est avec un regard limite moqueur, qu'après avoir sorti une cigarette du paquet, il me dit :

« Ne t'inquiète pas pour moi mon petit Dawn, j'ai ce qu'il faut. »

Déjà il m'appelait "mon petit Dawn". Hum... Il était encore trop tôt pour que je sois son "son" à lui, c'était quand même amusant, mais c'était surtout que je ne m'y attendais pas. Mais bien sûr, je me contentais de sourire, si il avait vu l'étonnement sur mon regard, il en aurait été trop content. Il ne méritait pas encore que je lui donne cette satisfaction.

Au final, il tira un coup sur sa cigarette, puis il s'approcha de moi, à peu près à la même distance que tout à l'heure, pour m'envoyer de la fumée sur la gueule, pour ensuite éteindre la clope. Quel gâchis, allumer une cigarette juste pour faire son chaud avec moi. Il avait intérêt à la finir pour plus tard. N'empêche que ce comportement me fis bien rire, d'ailleurs, je ne me retenais pas, enfin, jusqu'à ce que...

« T'es plutôt mignon comme garçon. »

Disait-il, en faisant mumuse avec une de mes mèches de cheveux. Ça me stoppa net. Je le regardais, cette fois-ci dans les yeux, éteignant ma clope par terre, tant pis si ça faisait une trace noire ! Qu'est-ce qu'on en a à foutre ?!

Enfin, le point positif, c'était que... Qu'il n'était sûrement pas hétéro ! Youpi ! Intérieurement, je dansais une espèce de chose que j'avais appelé "danse de la victoire". Là, plutôt que rougir, je me contentais de lui faire mon plus beau sourire, et, posant ma main sur sa joue, la caressant tout doucement, je lui répondis.

"Sûrement, mais pas autant que toi ~ ."

Comme il avait la peau douce ! C'était tellement agréable. Elle était parfaite ! Pas même un bouton ou un point noir ! Même pas drôle ! Mais comme il en avait de la chance.

Je me mis, dans ma tête, à imaginer une drôle de situation. Et si j'avais été hétéro, moi ? Intérieurement, je me pliais en deux, c'était trop marrant d'imaginer ça.

"Hum... T'as du cran quand même Mister Mignon ~ Et si je t'aurais répondu 'Euh oui... Mais... Je suis pas gay ' t'aurais fais quoi hein ?"

Ben oui, j'devais connaître son point de vue, c'était assez important non mais ! Et pour son petit surnom, j'espérais que ça ne mette pas le petit choupinou en colère, ce serait dommage de gâcher ce petit moment ensemble. ~