Comme chaque samedi matin, ce fut la radio qui réveilla lentement le jeune homme aux cheveux de jais. Il s’agissait d’une émission de musique et justement, il passait à ce moment un morceau d’un nouveau groupe rock-métal. Asahi ouvrit un œil, puis l’autre, refermant prestement ses orbes vairons sous la lumière du jour. La musique s’insinuait dans ses oreilles et se laissa apprécier. C’est donc la tête dans l’oreiller qu’Asahi se mit à écouter les sons du morceau dans un silence religieux. Il fut particulièrement attentif lors du solo de guitare électrique. Celui qui magnait l’instrument était doué... D’ailleurs, l’entendre jouer lui donnait envie à son tour de prendre une guitare pour en sortir quelques notes. Manque de bol, son unique guitare était restée à la maison de ses parents adoptifs, précieusement protégé par sa housse. Il ne savait s’il avait le droit d’emmener un tel objet au pensionnat et il avait donc préféré la laisser là-bas. Il le regrettait beaucoup maintenant, mais peut-être qu’il pourrait demander à ses parents de lui la lui envoyer... Quoiqu’il n’avait pas assez confiance dans les postiers pour leurs confier un objet aussi important à ses yeux.

Asahi tendit la main à la recherche de la radio et l’éteignit. Il se releva difficilement sur les coudes, se frotta un peu les yeux et réussit enfin à ouvrir les yeux. Il regarda rapidement autour de lui et avisa son ordinateur portable à porter de main, heureusement car il n’avait pas encore assez de force pour se lever et marcher. Il l’alluma donc et se redressa un peu pour le poser sur ses genoux. Il ne prêta même pas attention à sa messagerie et se rendit sur le site de son compte bancaire. Il tapa tout les passes nécessaires et arriva enfin à la page qui présentait le montant total des sous qu’il y avait sur son compte. Il en déduisit rapidement toutes les dépenses extérieures obligatoires qu’il devait encore effectuer avant le prochain versement de ses parents adoptifs. Il ne lui restait en fin de compte aux alentours d’environs 1500€ d’économies... Mais en sachant que les meilleures guitares pouvaient monter au-delà des 2000€ c’était tout simplement mort pour s’en acheter une, sans compter tout le matériel qui allait avec... Trop injuste n’empêche... Peut-être qu’il pourrait demander à ses parents de lui amener ses affaires en main propre, mais il ne se sentait pas capable de le faire... A vrai dire, même s’ils étaient officiellement ses parents, Asahi avait du mal à considérer l’homme et la femme qui l’avaient adopté comme tel. Entrant dans une petite dépression, il consulta rapidement sa messagerie. Et là, des étoiles brillèrent dans ses yeux de deux couleurs. Son père avait un rendez-vous d’affaire pas très loin de la pension et il lui demandait s’il avait besoin de quelque chose. Asahi saisit cette chance et se dépêcha de répondre. Il demanda donc non seulement sa guitare, mais aussi ses amplis et autres matériels dont il avait besoin. En moins de cinq minutes, il avait demandé à ce qu’on vide quasiment sa chambre. Il envoya le message et tout comptant, il réussit à se lever d’un bond pour aller s’habiller. Dans deux jours, il aurait toutes ses affaires... !

Puis, il avisa la chambre qu’il partageait... Elle était plus petite que sa chambre dans leur maison... Et en plus, ils étaient deux dedans... Il sortit un mètre de nulle part et se mit à mesurer différentes tailles, comme la hauteur entre le lit et le sol, la place entre le lit et l’armoire et d’autres. Au final, il fut soulagé de voir qu’il pourrait tout mettre et s’habilla en sifflotant un air quelconque. Il regarda dans son armoire digne d’une fille et en sortit une petite noire et blanche dans le style gothic lolita : le tissu était noir, mais toutes la dentelle qui dépassait était blanche. Pour les chaussettes, il prit les blanches à lacets, quand aux chaussures, elles étaient du même style que sa robe et dans la même couleur noire. Il prit également le collier qui complétait le "déguisement" qu’il avait mit pour sortir aujourd’hui. Il attrapa son gilet noir, et après avoir mis un peu d’ordre dans ses affaires et dans son lit, il partit, sans penser à rien, sauf à sa précieuse guitare qui allait bientôt se trouver dans ses mains. Il alla faire du lèche-vitrine, passion léguée par sa mère adoptive, sans se rendre compte des regards que lui lançait certains passants masculins. Il ne s’était pas regardé dans la glace en partant ce matin, mais Asahi savait que dans cette robe, il ressemblait encore plus à une poupée qu’à l’accoutumé. Il n’avait rien de masculin...

Alors qu’il passait dans les petites ruelles pour voir s’il n’y avait pas des pépites d’or cachées dans les recoins, il tomba sur un véritable trésor... Un magasin d’instrument de musique. Respectueusement, Asahi poussa la porte du magasin, irrémédiablement attiré par son contenu. Un bruit de clochette retentie et un jeune homme à la caisse tourna la tête vers le jeune travestit. Il le salua chaleureusement et voulu savoir s’il avait besoin d’un conseil, mais le jeune homme lui répondit aimablement, légèrement rougissant, qu’il allait faire un tour. Il se mit alors à naviguer entre les rayons, observant les chefs d’œuvre d’instruments qui s’y trouvaient. Il avait l’impression d’être dans un rêve. Surtout lorsqu’il arriva devant les guitares électriques, juste à côté des guitares sèches. Il regarda attentivement les guitares qui s’y trouvaient, bien que les prix qui s’affichaient en dessous le fassent grimacer. Il marchait de côté, les yeux rivés sur les instruments, et arriva un moment où il se cogna contre quelque chose ou plutôt quelqu’un. Sursautant presque, Asahi se tourna vers celui qu’il venait "d’agresser", les joues s’empourprant à une vitesse qui défiait toutes compétions.

« Ex-excusez-moi... Je... Je ne regardais pas où j’allais, je suis vraiment désolé... ! » Bredouilla le jeune homme de sa voix fluette, sans oser regarder sa "victime" dans les yeux, son regard vairon rivé sur un bout de sol.

En espérant juste qu’il ne s’agisse pas d’une peste de son école, quoiqu’il doutait qu’une de ses filles puissent se retrouver dans un tel endroit de leur plein gré. Ou alors elles cachaient bien leurs jeux et finalement, il pourrait peut-être s’entendre un peu avec elle, puis qu’elles avaient quelque chose en commun.

Asahi se sentait vraiment idiot, maladroit, empoté, godiche, gauche et plein d’autres choses, mais énuméré le tout prendrait un petit peu de temps. Franchement, certes les guitares de ce magasin étaient magnifiques, mais il n’était pas seul dans le petit magasin, alors ne pas regarder où il allait tout en marchant, c’était vraiment stupide... Maintenant le voilà en train de s’excuser comme un crétin à un inconnu, les joues de couleur rouge cramoisies, voir un peu plus foncées. Il avait également les yeux rivés au sol, trouvant un soudain intérêt particulier à ses chaussures lolita à grosse semelle, qui lui donnait deux ou trois centimètres au passage, et n’osant pas du tout regarder la personne en face de lui. Asahi était sûr qu’il allait avoir des problèmes, car même si ses yeux étaient complètement absorbés par les guitares, cela ne signifiait pas que ses autres sens étaient en mode pause. Or il se souvenait plus ou moins, en y repensant maintenant, que sa "victime" était en train de parler. Il jeta un discret coup d’œil un peu plus loin au sol, et vit en effet, non pas une paire de pied, mais deux...

« Oh t’inquiète c’est pas comme si on avait fais tombé toutes les guitare du magasin… »

Asahi frissonna rien qu’à cette idée. Il ne voulait même pas imaginé ce qu’il lui serait arrivé s’il l’avait fait. Non seulement il s’en voudrait terriblement pour toutes les guitares, mais en plus, il s’en voudrait par égard au patron de ce magasin de musique. Peut-être qu’il ne devrait plus y remette les pieds... C’était trop dangereux pour lui, surtout qu’il était sûr à cent pourcent qu’il pourrait de nouveau être fasciné par toutes ses guitares... Oh malheur, lui qui avait été si heureux de découvrir ce magasin, le voilà quasiment condamné à ne plus y mettre les pieds... Lui et sa maladresse non pas légendaire, mais qu’il avait du mal à séparer définitivement de lui. Non pas qu’il était maladroit tout le temps quand même, mais c’était néanmoins assez fréquent. Car il était souvent dans la lune, perdu dans ses pensées sur un quelconque sujet et "être dans la lune" et "être maladroit" étaient très souvent de pair, il ne pouvait le nier. Bon, il allait faire des efforts à partir de maintenant pour être plus concentré autre part que dans les salles de classe ! Oui, c’était sa décision du jour, pour le bien de toutes les guitares du monde.

« Hitho Itsuky, ravis chère demoiselle… »

Ses yeux toujours rivés sur le sol, il vit une main apparaitre dans son champ de vision, il releva lentement la tête, dévoilant ses grands yeux bleu et vert, et son regard se posa sur le jeune homme en face de lui. Il était clairement plus grand que lui, et il fut surprit par le fait que son interlocuteur avait lui aussi les yeux vairons ! Un bleu, comme lui, mais l’autre était rouge, contrairement au sien qui était vert. Les joues d’Asahi en flammes jusqu’à maintenant reprirent une couleur normale et un petit sourire naquit sur son visage de poupée. Il en oublia presque la couleur inhabituelle des cheveux de son interlocuteur, ainsi que sa cicatrice. Lui n’avait remarqué que ses yeux hétérochromes. Après tout, c’était tellement marrant de rencontrer quelqu’un étant dans le même cas que lui, bien que le motif de la rencontre soit moins marrante...

« Asahi Haruko. Moi de même, enchanté. » Répondit le jeune travesti en tenue typique lolita gothique en serrant la main que lui tendait Hitho.

Certes il était enchanté car il était poli, mais aussi il le pensait vraiment, après tout, l’albinos ne lui avait pas tenu compte de la bousculade, légère tout de même : Asahi en faisait des tonnes pour quasiment rien, il fallait bien l’avouer. L’expression de son interlocuteur change pour devenir incertaine, perplexe. Asahi se demande ce qui ne va pas avec sa nouvelle connaissance, mais il n’eut même pas besoin de poser une quelconque question, car Hitho exposa de lui-même son trouble, en son visage rapprochant du sien.

« Tu es bien une fille non ? »

Le cœur d’Asahi rate un battement, puis deux, puis trois, pour enfin se reprendre. C’est imperceptible, mais il est devenu d’un coup plus pâle qu’il ne l’était déjà. Il n’a pas oublié tout ce qu’il a subit au collège lorsque sa classe a apprit qu’il était en réalité un garçon, et non une fille comme ils pensaient tous. S’en s’était suivit des séances de lynchages musclées et douloureuses, l’éloignement de tous ses camarades sans exception, des remarques salaces comme quoi il faisait exprès de s’habiller comme ça pour qu’on le baise, des passages à l’hôpital ou chez le médecin pour se faire soigner quand la pharmacie de la maison ne suffisait pas. Et franchement, il ne voulait vraiment pas que ça recommence... Et puis d’abord, qu’est ce qui faisait douter le garçon face à lui ? Il portait une robe, tout ce qu’il y a de plus féminin et normalement, impossible de découvrir qu’il était un garçon dans ce genre de tenu. Pour que l’idée effleure l’esprit des personnes qui l’entourent, il faudrait qu’il mette un pantalon déjà, et encore, ça ne suffisait pas forcément.

« Désolé… J’ai pas un bon tact… » « Je ne te le fais pas dire. »

C’était sortit tout seul, avec la sincérité la plus sincère qu’il existe. Heureusement, Hitho avait préféré sa question comme idiote et s’excuser, permettant à Asahi de calmer son cœur qui s’était mis à battre furieusement à cause de la peur, bien que son visage soit resté le même, bien qu’il avait affiché un air profondément surpris en entendant la question. Et puis, il comprit pourquoi le blandin avait posé cette question, c’était rare de voir une fille, qui fasse aussi jeune de surplus dans son cas, pas plus de quinze ans à son grand mécontentement, dans un magasin d’instrument de musique, tourné plutôt vers les instruments rock, pop, métal. Il avait été décidé, par l’opinion publique, que les filles s’intéressaient plus à la musique classique et à ses instruments que les instruments comme la guitare, la batterie, le clavier, etc, sans demander son avis à Asahi, bien qu’il ne soit pas une fille...

« En quoi est-ce bizarre que je sois ici ? Les filles n’ont pas le droit de savoir jouer de la guitare ou de la batterie ? » Demanda-t-il avec un peu de reproches dans la voix.

Contrairement au travesti par habitude, comme dans son cas, il préférait nettement qu’on le prenne pour une fille et n’avait pas envie qu’on sache qu’il était un garçon, alors il jouait le jeu en faisant croire qu’il était du sexe féminin. Maintenant qu’il avait relevé la tête, une guitare attira son attention, il délaissa Hitho donc pour la prendre en main avec douceur et délicatesse. Le vendeur qui était toujours là fit une remarque chaleureuse à la "jeune fille", ne souhaitant pas vraiment se faire passer pour un macho, bien qu’il avait lui-même été surpris en voyant Asahi entrer dans son magasin : il voulait mettre ses chances de côté avec la mignonne jeune fille, ressemblant beaucoup à une poupée de porcelaine, pour savoir s’il pourrait peut-être obtenir un rendez-vous.

« Vous avez l’œil, il s’agit d’une Gibson... » « Gibson SG Standard CH... En acajou. » Le coupa gentiment le jeune travesti en caressant du bout des doigts la guitare. « Est-ce que je peux l’essayer ? »

Demanda Asahi en regardant le vendeur, celui-ci acquiesça et partit lui chercher une enceinte et un câble utilisés justement pour ce genre de cas, pendant qu’Asahi réglait la guitare. Dans ses mains, la guitare légèrement rougeâtre semblant vraiment trop grande. Asahi enleva son gilet et s’en servit pour rendre sa robe moins bouffante, lui faisant prendre moins de place et lui permettant de mettre la guitare correctement, régla la sangle et passa celle-ci dans son dos. Il prit la guitare pour la positionner de manière convenable dans ses mains et attendit le vendeur en caressant du bout des doigts les cordes. Lorsque l’enceinte fut ramenée et le câble branché, Asahi commença à jouer. Il avait choisit « Jet to Jet » d’Alcatrazz.

Le garçon en face de lui était macho sans le vouloir. Ou en tous cas, c’est ce que sa demande laissait croire. Mais heureusement pour Hitho, puisque tel était son prénom, Asahi n’était pas le genre de personne qui prenait mal tout ce qu’on lui disait, surtout qu’il pouvait se montrer extrêmement compréhensif l’air de rien, malgré son allure légèrement gothique qu’il affichait cet après-midi. Alors il ne lui dit rien, aucune remarque, pas la moindre critique, juste un semblant de reproche qui n’était pas vraiment sincère. Par contre, la remarque que lui sortit son homologue aux cheveux de neige, le fit rougir, le rendit gêné et il trouva ça même amusant qu’il pense une telle chose :

« Je n’ai jamais dis ça… Juste c’est surprenant… Mais terriblement à mon gout… »

Asahi aurait put même trouver ça énormément touchant s’il avait été une vraie fille ou que le garçon en face de lui ne ressemblait pas être un hétéro pur et dur. A force de rencontrer toutes sortes de garçons et même de filles, il avait appris à reconnaitre les garçons qui ne juraient que par les filles et les ceux qui pouvaient aussi s’intéresser aux garçons. Tout se voyait sur le visage. Et Asahi voyait bien qu’Hitho était l’un de ses garçons qui préféraient nettement les filles.

Lorsque le travesti prit en main la Gibson et commença à jouer, il ne s’attendait pas à ce que son vis-à-vis prenne une autre guitare et se mette à jouer avec lui. Pas forcément longtemps, mais la mélodie produite par les deux guitares est harmonieuse et plaisante à écouter, puis il s’arrête, repose la guitare pendant qu’Asahi finit le morceau. Il pensait à ce qu’il allait faire : son père allait lui apporter sa propre guitare, ainsi que tout son matériel. Il avait donc assez pour s’acheter une guitare, la Gibson était même dans ses moyens, à 888€, en plus il lui semblait qu’elle était de bonne qualité. Mais en avait-il vraiment l’utilité ? Non, mais en même temps, il aimait avoir une ou deux belles guitares sous la main. Alors ? La prenait-il ou pas ?

C’est lors de ce conflit interne qu’Hitho sortit une autre de ces gourdes mémorables. Asahi ne lui en voulait toujours pas, mais il ne pouvait s’empêcher de rire tout au fond de lui. Mais il ne le ferait jamais à haute voix, il ne souhaitait pas vexer le guitariste, qui devait en plus être plus vieux que lui. Ça lui faisait repenser que son visage de poupon qui faisait penser à tout le monde qu’il était encore facilement collégien, le contrariait de temps à autre, surtout quand il se retrouvait face à des inconnus vraiment inconnus, autrement dit, des personnes qui ne sont même pas de sa classe ou qui ne font pas partit de ses professeurs.

« Tu joues très bien pour ton âge… Enfin sans vouloir dire que tu es jeune… »

Quand on parle du loup, on en voit la queue, comme qui dirait ! En même temps, il ne peut nier que son visage ne ressemble pas à celui d’une jeune fille, voir même un peu trop. Bien sûr, il est préférable d’avoir un visage féminin lorsque, comme dans son cas, on porte plutôt des robes ou des jupes. Car dans le cas contraire, il était sûr qu’il se ferait brimer sans cesse. En même temps, il n’y pouvait pas grand-chose, il avait été habitué à porter ce genre d’habits, et désormais, les pantalons étaient trop serrer pour lui. Il y avait juste les pantalons de pyjama et de jogging qu’il pouvait mettre sans avoir l’impression que ses jambes étaient enfermées dans un étau. Mais bon, il ne pouvait pas non plus s’habiller tout les jours avec des joggings... Alors autant se servir de son visage enfantin pour pouvoir porter à sa guise jupes et robes.

« Oh et puis merde… »

Un léger rire s’échapper par mégarde de ses lèvres, mais seulement une fois que le jeune homme s’est retourné et à rejoint la rue en face du magasin de musique. Asahi regarde la Gibson qu’il tient toujours en main et décide de la prendre, sa guitare électrique ne peut pas faire certains sons que la Gibson peut, elle, effectuer, et une partie de son répertoire musicale contient justement ses notes impossibles pour sa guitare actuelle. Et puis, une autre guitare dans sa chambre n’allait pas la remplir non plus, autant donc se faire plaisir, pour cette fois du moins. Elle se rendit donc à la caisse du petit magasin, son trésor en main.

« Je vais la prendre. » Déclara Asahi en offrant un grand sourire au vendeur.

Ce dernier alla lui chercher la house de l’instrument à cordes et Asahi paya, le commerçant trouva la bonne astuce pour lui donner son numéro sans ressembler à un dragueur de première. Non pas qu’il ne voulait pas draguer Asahi, c’était son but plutôt, mais ce qu’il ne souhaitait pas, c’était d’être lourd ou même ennuyant. Asahi le remercia et chargea son précieux sur son épaule, avant de sortir du bâtiment.

Il retrouva Hitho dehors en train de fumer une cigarette. Il s’approcha de lui, sa robe bouffante donnant l’impression qu’il était aussi léger qu’une plume et qu’il touchait à peine le sol. Il lui sourit, la fumée de la cigarette ne le dérangeant pas plus que ça, beaucoup des autres orphelins fumaient aussi et à force ça ne le dérangeait plus, surtout qu’on lui avait déjà fait essayer un de ses bâtonnets toxiques. Il avait un peu toussé au début, comme tout le monde, mais il avait trouvé ça ensuite supportable. Asahi n’était par contre pas dépendant des cigarettes, c’était même très rare qu’il en fume.

« Alors comme ça, une fille qui joue de la musique, tu trouve ça excitant ? Tu ferais mieux d’éviter de dire ça aux autres filles, moi ça va, parce que je suis large d’esprit, mais elles ne sont pas toutes comme ça. » Lui dit gentiment Asahi, un petit sourire aux lèvres.

Pour lui, qu’une fille joue d’un instrument ou pas ne lui faisait ni chaud ni froid, de toute façon, les filles tout court ne lui faisaient ni chaud ni froid. Bon après, tout n’était qu’une question de goût. Physiquement, Hitho était plaisant à regarder et même son caractère était amusant. D’ailleurs, il se demandait bien pourquoi il avait fait toutes ses gaffes, qui n’en n’étaient pas vraiment. Il avait été gêné par sa présence ou s’était dans sa nature ? Il ne resta pas plus longtemps à discuter avec son inconscient sur ce sujet et sa nature simplette fit le reste :

« Ma présence te perturbe Hitho ? » D’une voix légèrement soucieuse.

Il ne tenait pas particulièrement à embêter les gens avec qui il parlait ou qui l’entourait. Son enfance dans un orphelinat l’avait rendu serviable et qui donnait à l’avis des autres une certaine importance.