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 Tu me ressembles. [Hannah J. Karzavosky]

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MessageSujet: Tu me ressembles. [Hannah J. Karzavosky]   Tu me ressembles.  [Hannah J. Karzavosky] EmptyMar 4 Sep - 0:54

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Je venais tout juste de terminée ma longue journée au bar, ça m'avait gavé de voir toutes ces personnes claquer du fric pour de l'alcool mais d'un côté ça me faisait plaisir d'entendre leur sombre et triste vie. Bref, j'étais en route vers chez moi, je mis les mains dans ma sacoche et je sentis comme un livre. Je réfléchissais un long moment puis me souvenant enfin que c'était un livre de philosophie que je devais rendre il y a plus d'un mois déjà. Je tournais les talons vers la bibliothèque, elle devait normalement être à dix minutes de moi, j'avais la flème d'y aller. Enfin arriver devant ce bâtiment tout en pierres, j'entrais à l'intérieur tout essouffler de ce putain de trajet. Je tournais ma tête de droite à gauche pour voir où était la bibliothécaire... Je la vis tout au fond, là, je pouvais plus marcher je devais me reposer quelque part. Il y avait des sofas, des chaises et des tables à quelque centimètre de moi, je me dirigeais donc vers eux. Je m'assoyais sur une des chaises, posais le livre sur la table, également ma tête mais cette fois-ci sur le livre, croisais les bras puis je fermais les yeux pour... Arriver au doux pays du sommeil.
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MessageSujet: Re: Tu me ressembles. [Hannah J. Karzavosky]   Tu me ressembles.  [Hannah J. Karzavosky] EmptyMar 4 Sep - 14:38

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J'étirai un grand sourire, répondant à celui très léger de la bibliothécaire aux cheveux gris. Elle n'était pas réellement inconnue à mon regard, en réalité je m'entendais bien avec elle. Une amie ? Non, juste...Oh je ne sais pas moi, je ne me pose pas ce genre de questions ! Hannah laisse son rire cristallin résonner dans la pièce, un rire doux, éphémère, un rire bien faux malgré tout...Une petite main se pose sur tes lèvres, face au geste strict de la bibliothécaire intimant le silence. Mais tu ne peux t'empêcher de pouffer, dans ton indéniable mensonge.

Je venais parfois ici trouver quelques livres, de simples bouquins écrits en ma langue natale, mais ils semblaient bien rares. Je me suis approchée de la vieille femme pour poser mes paumes sur le bureau, ne pouvant m'empêcher de glousser à cause de ma bêtise. Sur la pointe des pieds, je laissai mon regard scintiller tandis qu'elle me chuchotait :

"Tu en veux ?"

Voilà qu'elle me tendit une chocolatine ! Je ne comprenais pas très bien le japonais mais en tout cas elle me faisait plaisir ! J'attrapai la pâtisserie, la gourmandise me poussant à l'enfourner sans ménagement dans ma bouche, balbutiant un pauvre "merci" étouffé. Par habitude, j'attendis de voir si elle allait me tendre le livre souhaité, vous savez ? Celui qu'elle aimait bien me chercher, où il y avait une partie écrite en ma langue natale. Une partie douce et délicate, une partie chuchotée dans ton esprit par la voix de cet ange adulé, Aimé. Douloureux souvenir. Petit sourire niais. Mensonge innommable...Atroce Hannah. Malheureusement, elle ne peut te l'offrir, pourquoi ? Tout simplement parce qu'elle ne le trouve plus, parce que tu les a tous déjà lu, les livres de ton souvenir. Une esquisse attristée se peint sur ses lèvres gercées, tu y réponds avec une légère douceur ; ce n'est pas grave...Ce n'est pas grave...

Je me laissai porter par le sol, mes talons cliquetaient légèrement sur ce carrelage un peu usé. Finalement je me suis arrêtée en remarquant cette couleur ; rose. Oh, du rose ! Je me suis approchée, bout de choux sucré, pour mieux laisser mes yeux effleurer les cheveux d'un jeune homme. Certainement une teinture, mais ça allait bien avec son visage ! Il possédait des traits doux, fins et de très longues mains, il devait être immense debout ! Cela te ferait-il peur ? Les paupières fermées, son souffle régulier, aucun doute, il dormait. Comment peut-on dormir dans un endroit si merveilleux ?! Mes yeux se posèrent sur son pseudo oreiller : un livre ? Peut-être était-ce celui que je cherchais ! Le cœur palpitant, je me suis accroupie juste au bord de la table, laissant mes yeux dépassés pour l'observer et détecter une quelconque trace de réveil. Je n'allais pas l'éveiller moi-même...Quoique, ce n'est pas une mauvaise idée !

J'ai secoué la tête de droite à gauche pour moi-même, non je n'allais pas le déranger...Ma voix chuchota quelques mots russes, une pensée, simple et douce :

"Khanna ne khotyat zhdatʹ..."

Hannah ne veut pas attendre, non. J'ai émis un petit soupir, un peu effrayée à l'idée de le réveiller, il dort si bien ! Je continuai de l'observer malgré tout, sans ciller, pour finalement aventurer un doigt jusqu'à sa joue, y déposant une légère pression. Sa peau est douce, mieux que celle d'une fille ! Je suis jalouse, bouh bouh ! Un petit sourire, pourtant il ne semblait pas se réveiller. Mes joues se gonflèrent, mes sourcils se froncèrent, laissant mon visage arborer mon éternelle mimique non pas agacée mais boudeuse, peut-être enfantine, peut-être de celle qui n'a pas eu ce qu'elle souhaitait. Oh, Hannah ne sait pas, elle veut juste qu'il se réveille.

Hannah ne sait rien de toute façon.
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MessageSujet: Re: Tu me ressembles. [Hannah J. Karzavosky]   Tu me ressembles.  [Hannah J. Karzavosky] EmptyMar 4 Sep - 17:47

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Les yeux fermés, j'étais bel et bien dans le monde des rêves, je me sentais bien. Je rêvais quelque chose d'étrange, la mort de mon frère plus précisément. Tous ces souvenirs, tout ce sang, toutes ses odeurs, ces cris, ces mouvements me paraissaient tellement réels. À ce moment-là mon envie de dormir avait complement disparu, comme si elle s'était vaporisée dans l'air, comme si ce rêve m'avait chassé de mon seul monde à moi. Je commençais à sentir comme souffle chaud efflorer mon visage, j'ouvris un oeil pour pouvoir examiner ce qu'il se trouvait devant moi. Une jeune femme ? Elle me fixait d'une manière étrange ce qui me fit hausser d'un sourcil, elle était si près... Mais que me voulait-elle ? Mon autre oeil s'ouvrit doucement, je n'arrivais pas à la lâcher du regard, une étrange sensation me traversait tout le corps, je ne comprenais pas. Je posais mon regard droit devant moi pour enfin m'appuyer sur le dos de la chaise. Je ne prononçais aucun mot, comme si ces mots ne veulent pas plus sortir, comme si ces mots étaient emprisonnés, comme si j'avais honte de parler. Je venais tout juste de repenser au livre de philosophie, c'est peut-être ce qu'elle voulait.

- Вы хотите этого?
Ma langue natale avait pris le dessus, je me sentais ridicule face à elle maintenant. Je pris le livre entre mes mains et le déposai face à elle, je n'avais plus rien à faire ici, je devais à présent partir. Mais cette femme, cette femme à la peau blanche et yeux doux, me faisait tellement penser à mon enfance, comme si, elle avait vécu ce que j'avais vécue. Je plongeais mes yeux ambre dans les siens qui était gris, elle ne semblait pas d'ici. Je haussais un deuxième sourcil, j'esquissais même un léger sourire, cette femme me faisait penser à elle... Celle qui me manque, celle qui a été toujours là pour moi.
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MessageSujet: Re: Tu me ressembles. [Hannah J. Karzavosky]   Tu me ressembles.  [Hannah J. Karzavosky] EmptyMar 4 Sep - 18:20

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Je l'observais toujours, attendant un signe, contrôlant un peu ma respiration pour ne pas le réveiller. J'aimais bien l'observer, c'était étrange, je m'effrayais quand on me fixait, mais j'aimais bien examiner les gens, et lui, il était amusant de l'observer. Je ne sais pas, peut-être que son air un peu doux mélangé à une sorte de certaine tension dû à quelques rêves me fascinait. Je me suis laissée allée à mes pensées, quand soudain il ouvrit un oeil, me faisant sursauter. Mes yeux se firent plus ronds, sous le coup de la surprise et je me suis un peu reculée. Il haussa un sourcil, peut-être était-il étonné ? Oui c'est vrai que de se faire examiner par une femme, en train de dormir doit porter à confusion, et même me faire paraître pour quelqu'un d'étrange.

Il ouvrit son autre oeil, pour finalement détourner le regard. Ses yeux semblaient d'un ambre à couper le souffle, une couleur mordorée, un peu dur et exaltante, qui foudroie lorsque vos iris se plongent dans les siennes. Il y avait quelque chose dans ce regard qui me semblait familier, peut-être trop. Oui, une sorte de tristesse, presque infime à déceler, une sorte de vécu, une réalité dure à supporter. Tu as peur Hannah, tu as peur de ce regard et de ce qu'il représente. Tu veux oublier, tu ne veux pas te rappeler, non jamais, cette nuit-là, ces années passées, tout ce que tu veux c'est sourire et sceller ces souvenirs...Il s'assied finalement sur sa chaise, je devrais peut-être m'excuser.

- Вы хотите этого ?

Mes yeux étincelèrent, je me suis remise sur mes deux jambes, l'observant sans me cacher. Du russe. Je comprenais cette langue. Un russe fluide, un russe que j'aimais, le russe que je connaissais ! Il me tendit le livre, je n'y fis même pas attention. Un immense sourire étira mes lèvres et mes yeux se plissèrent tandis que je laisse libre court à mes pensées, mes pensées que je n'arrivais pas à arrêter !

"Govorite li vy russkiy? ! Vy prishli? Chto regione? Khanna tak schastliva , ona dumalatolʹko russkiye zdesʹ. Kak tebya zovut ? Chto vy zdesʹ delayete? Udivitelʹno , Khanna ne mog poveritʹ svoim usham! S kakikh eto por vy zhivete v Tokio ? Skolʹko vam let ? Khanna khochet znatʹ vse , Khanna khochet uslyshatʹ ! Budete li vy druzhitʹ s Khannoy ? Khanna tak schastliva !"

Tu parles russe toi aussi ?! Tu viens d'où ? Quelle région ? Hannah est si contente, elle pensait être la seule russe ici. Quel est ton nom ? Que viens-tu faire ici ? Incroyable, Hannah n'en croit pas ses oreilles ! Depuis quand vis-tu à Tokyo ? Quel âge as-tu ? Hannah veut tout savoir, Hannah veut tout entendre ! Tu veux bien être ami avec Hannah ? Hannah si heureuse ! Tu te laissais à bavarder, un peu plus libre, un peu moins étrangère et tu avais pris le livre tout contre ta poitrine ; maintenant tu étais sûre et certaine qu'il s'agissait de celui que voulait t'offrir la bibliothécaire.

"Hannah !"

Un chuchotis assez fort que la dite vieille femme venait de m'envoyer, l'oeil sévère. Mes mains se posèrent sur mes lèvres pour me stopper et le livre tomba par terre. Certains regards me fixèrent et je suis restée ainsi, l'oeil écarquillé, plongeant dans ceux de mon interlocuteur. Finalement, ma paume vint se poser derrière ma tête, et je repris d'une voix plus basse :

"Izvinite, haha !"

Je repris le livre dans mes mains, gardant un peu le sourire, l'oeil émerveillé par cette découverte. L'oeil peut-être aussi effrayé, oui, effrayé par cet ambre, par ce rose aux nuances sanglantes, par ce regard trop familier, oui...

Tu voulais seulement oublier.
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