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 Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end]

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MessageSujet: Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end]   Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end] EmptyDim 4 Nov - 1:43

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L'homme qui voyage sait qu'il se dirige vers l'inconnu.

Quand j'ai entrepris mon périple, mon voyage d'apprentissage, je savais tout ce que cela impliquait. Depuis mon premier pas sous le porche de la maison familiale, dos au passé, je savais que je finirais au Japon. Ce que je ne savais pas cependant, c'est ce qui m'y attendrait.
Je ne savais pas par exemple que je finirai dans la chambre 011 du Pensionnat Hina en tant que professeur d'anglais. Je ne savais pas non plus que cette chambre 011 aurait pour mon esprit des allures de geôle et qu'elle provoquerait en moi l'envie et le besoin irrémédiable de m'enfuir. J'ignorais que je n'aurais pas Tomo à mes côtés et que le travail de professeur était si différent de celui d'animateur, de jongleur, de pianiste, de mécanicien, d'infirmier ou de programmeur. J'avais appris tant de choses pendant mon voyage que je pensais qu'elle me suffiraient à enseigner. A transmettre. Pourtant, je sais que chaque seconde de mon existence est une seconde où j'apprends. Je sais que chaque personne qui m'entoure est une source de savoir dans laquelle je peux puiser et m'enrichir. Mais là, les choses sont si différentes. Il faudrait que... I stop to learn and that I begin to teach. En serais-je capable ? Firstly, je suis avide de savoir. Je veux découvrir et m'ouvrir au monde sans limite ni barrières. Je serais incapable de m'empêcher de demander à un élè... un élèv... un jeune de m'apporter une connaissance. Il y a ici tant de cultures et de langues qui se mélangent. Secondly, je suis venu ici pour changer d'air. J'ai même changé de nom pour commencer cette nouvelle vie ! J'ai voyagé sans relâche depuis que j'ai l'âge de comprendre que les enfants ne sont pas apportées par la cigogne. J'en connais plus sur la Mongolie ou la Pologne que sur ma terre natale. Ainsi, comment peut-on faire comprendre une langue sans parler de son pays d'origine ?

Tant de choses se bousculent dans mon esprit. J'ai besoin d'air. Cette chambre n'est pas faite pour moi. Je me lève donc de ce matelas normalisé, au demeurant confortable, je prends un T-shirt, afin de rester décent et je sors. Sans chaussures. Je veux rejoindre Tomo, partir avec elle sur les routes. Loin. Sentir la furie sauvage du vent me gifler le visage. Glisser sur les chemins à plus de quatre-vingts miles à l'heure, brûler les lignes blanches qui se collent à l'asphalte. Mais mes pieds me guident vers l'intérieur du Pensionnat. Inconsciemment, je me délecte du contact du sol froid contre mes pieds. Je pense que je vais me vider l'esprit. Je me souviens de Jiangfangziang, ce village chinois où un homme m'a montré comment faire. Je laisse mon esprit voyager au gré de mes souvenirs. Comme d'habitude, je me perds dans les couloirs. Et comme d'habitude, j'ai oublié de pendre de la musique. J'ai envie de faire demi-tour. Je m'arrête. Au moment où je m'apprête à partir dans l'autre sens, je me souviens de ce vieillard ukrainien à Pretivsti. Que disait-il déjà ? Ah oui. « Chaque action dans la vie engendre une résultante. Si tu prends le chemin de gauche, c'est que c'est sur celui-ci que tu devais aller. La « vie » fera toujours en sorte de t'apporter ce que tu cherche si tu suis les signes ». Je hausse les épaule. Si je l'ai oublié, c'est probablement que c'est mieux pour moi... Reprenant ma marche, j'en viens tout de même à me demander si je dois continuer à croire en cette philosophie alors que j'ai aussi oublié les clés de ma chambre. Tant pis. Après tout, alea jacta est. J'arrive enfin à l'extérieur. Le soleil, orgueilleux, m'annonce tout de suite qu'il ne compte pas se faire oublier de si tôt. Aucun risque. Le tranchant des rayons qui me percent les yeux me rappellent que c'est moi qui suis insignifiant et dépendant de sa chaleur. Je le remercie par un sourire et je me jette dans le grand extérieur.

Le bruissement des feuilles, l'écho des voix, le souffle du vent. Je me laisse bercer par l'ambiance du Pensionnat en cette après midi où les nuages sont en passe de remporter la bataille céleste qu'ils livrent à l'astre solaire. Pas d’affrontement manichéen ici. Chacun est dans son droit et il n'y aura pas de gagnant autre que le vent qui, en bon général, pousse les cotonneux moutons sur le champ de bataille et se nourrit de la chaleur des rayons du disque solaire.
Le gazouillis des oiseaux et le lyrisme du paysage sont en parfaite harmonie. Les rires des lycéennes en fleur se mêle au parfum de la flore presque sauvage malgré les effluves discrets de la ville. Oui, vraiment, ça allait sûrement être une très mauvaise journée pour moi.
Mes pieds se délectent des imperfections du sol. Whatever. J'avance sans but, bien décidé à me perdre dans cette nature urbaine si savamment paramétrée. Assurément, je suis de mauvais humeur. Pourtant, il n'y a pas vraiment de raison. Peut-être est-ce parce que je n'ai toujours pas pu aller voir Tomo. Je crois qu'elle me manque. Il faut que je me décide. Soit je vais dès à présent à sa rencontre et je m'enfuis avec elle jusqu'à demain, soit je reste ici et je trouve absolument quelque chose à faire. Il me faut une occupation. Précipitant ma marche, je me rends compte que tout ceci n'a plus rien d'une balade. Je tends mes mains devant mon visage et me rend compte qu'elles tremblent. Je ralentis presque à m'arrêter. Serait-il possible que... Am I missing ? En manque de savoir. Je souris, suis-je bête. On ne peut pas être en manque d'apprendre. Pourtant, quelque chose me tracasse. Je reprends ma vitesse de marche initial – celle de la balade – et je me questionne sur moi-même et mon état de santé. Bref moment d'inquiétude rapidement balayé par ma volonté. Ce qu'il me manque, c'est un stimulis, voilà tout. Je me mets donc en quête de quelqu'un ou quelque chose avec qui je pourrais échanger et partager un savoir.
Sens en alerte, je suis prêt et ouvert à toute information qui pourra me mettre sur la voie de l'apprentissage. Marchant au hasard, je finis par entendre le son caractéristique de l'eau qui s'écoule assidûment dans un réservoir. Une fontaine. L'endroit semble propice à l'initiation. Je ne la voie pas encore, mais sa musique me parle. C'est décidé, c'est là-bas que m'attend la suite de mon voyage.


Dernière édition par Jilano Hashakishin le Jeu 8 Nov - 15:03, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end]   Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end] EmptyDim 4 Nov - 22:18

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Une belle journée s'annonçait. De toute la matinée, le soleil n'avait cessé de briller, illuminer le pensionnat et le réchauffer de sa douce chaleur. Et à mon avis, n'importe quel élève, professeur ou membre du personnel allait pouvoir encore en profiter pour les heures à venir. Une bonne occasion pour moi d'aller faire un tour à moto, histoire de m'occuper et décompresser un peu. Mon travail de surveillant n'en demeurait pas tellement la cause directe. C'était plutôt côté sociabilité. Le moindre désaccord avec quelqu'un et je me mettais dans tous mes états. Cela faisait à peine une semaine que je résidais à Hina et je ne supportais déjà plus une certaine Yuki avec qui je devais partager ma chambre. Je me demandais comment évoluerait notre relation si mal partie... en ayant en même temps très envie que rien ne bouge, et surtout que cette fille ne s'approche pas de moi à moins de deux mètres de distance.
En allant en ville, j'avais pris soin d'emporter mon violon, sagement rangé dans son étui avec l'archet. Je voulais acheter un nouveau nécessaire de nettoyage, l'autre étant tellement vieux qu'il abîmerait plus qu'il ne nettoierait l'instrument. En même temps, je verrais avec le vendeur si le violon avait besoin de réparation ou non. Personnellement, je ne voyais aucune trace d'usure mais un professionnel les décèlerait certainement mieux. Je trouvai un magasin non loin du pensionnat. Il ne semblait pas trop fréquenté et j'en profitai donc pour en faire un tour rapide pendant que le vendeur allait me chercher le nécessaire de nettoyage dans l'arrière boutique.
L'achat d'un synthétiseur me séduisait même si cela faisait quelques temps que je n'avais plus touché à un piano. J'aimais beaucoup cet instrument et m'étais souvent essayé aux recompositions d'artistes non classiques en assemblant le violon et le piano en une même mélodie grâce aux logiciels informatiques prévus pour cela. Je ne savais pas si j'aurais le temps de reprendre cette activité mais j'étais sûr d'une chose : je comptais bien l'acheter ce synthétiseur. Quand j'aurais un peu plus d'argent. Puis en réfléchissant bien, je me dis que si j'en ramenais un dans ma chambre, Yuki me harcèlerait pour que je lui joue quelque chose. Elle m'embêtait déjà avec le violon...
Dans un soupir, je retournai auprès du vendeur qui me donna ma commande. Je posai ensuite mon étui sur le comptoir et l'ouvris pour qu'il examine le violon. D'après lui, il paraissait en très bon état et il le resterait si je continuais à lui donner les soins qu'il méritait. Je le remerciai, payai et, alors que j'esquissais un geste pour fermer l'étui, il me demanda de rester encore un peu et de lui faire entendre ma musique. J'hésitai mais il ajouta qu'il voyait en moi un potentiel particulier – rien qu'en observant ma façon de tenir le violon et d'en prendre soin – et qu'il aimerait bien savoir de quoi j'étais capable. Je finis par accepter, lui demandai quel air il voulait entendre en particulier. Il choisit « Lettre à Élise » de Beethoven.
« La Lettre à Élise » ou « Für Elise » en allemand, était une pièce musicale pour piano en la mineur composée par Ludwig van Beethoven en 1810. Personne n'avait jamais su qui était cette Élise. D'après certaines sources et hypothèses, ce morceau s'était d'abord fait appeler « Für Therese » en référence à Thérèse de Brunswick qui refusa la demande en mariage de Beethoven l'année de la composition de l’œuvre. Quand celle-ci fut publiée en 1865, le titre illisible aurait été mal transcrit et Thérèse devint Élise. Drôle de façon de confondre les prénoms mais cela ne m'empêchait pas de jouer cet air. Pour le plus grand bonheur du vendeur, je le connaissais.




Mon violon en main, l'archet prêt à glisser sur les cordes, je me postai droit, face à lui et me remémorai les premières notes. Dans les quelques secondes qui suivirent, je commençai. Tout en jouant ce morceau dont je me rappelais avoir si souvent dérapé aux mêmes endroits, je me concentrai sur mes doigts qui effleuraient les quatre cordes et faisaient varier les notes. Par chance, bien plus pour mon spectateur que pour moi, je ne fis aucune erreur et ce fut avec satisfaction que je reposai mon instrument dans son étui une fois le morceau fini. Le vendeur me remercia avec beaucoup de gaieté et dit que si je voulais revenir jouer dans son magasin, j'étais le bienvenu.
Je le remerciai à mon tour et m'en allai. Ma moto m'attendait, garée à côté de la vitrine. J'attachai solidement mon étui à l'arrière puis mis mon casque, enfourchai le véhicule et allumai le contact. D'un mouvement de poignet, le moteur rugit, faisant se retourner la moitié des passants alentours. Démarrant en trombes, je pris la direction du pensionnat. Le paysage défilait vite, le soleil se reflétait sur la carrosserie rouge et blanche de la moto. Quelques kilomètres en plus ne m'auraient pas dérangé mais je devais rentrer. Laisser mon étui à l'arrière me préoccupait un peu. Même si je savais que je l'avais bien attaché, je préférais le savoir rangé dans ma chambre ou dans mes mains plutôt qu'ici.
Je trouvai une place sur le parking réservé au personnel. Après avoir éteint le contact et mis la béquille, je descendis du véhicule et enlevai mon casque. Je le calai sous mon bras, détachai l'étui. En me retournant du côté opposé au bâtiment, je contemplai les jardins du pensionnat ou quelques élèves flânaient et discutaient, seuls, en couple ou entre amis en profitant des rayons du soleil et de la brise tiède et agréable qui remuait le feuillage des arbres. Une fontaine s'élevait au milieu de l'allée piétonne. Finalement décidé à ne pas rentrer maintenant dans l'ombre du pensionnat, je m'en approchai. Arrivé devant, mon regard s'y attarda un moment, perdu dans chaque goutte d'eau isolée des autres. Je finis par m'asseoir sur le rebord de pierre assez large pour éviter d'être mouillé et pouvoir s'installer confortablement.
Je posai mon casque et l'étui à violon à mes pieds avant de bailler longuement. A ce moment-là, un jeune homme passa près de moi en me regardant comme si j'étais un extraterrestre. Qu'est-ce qu'il avait à me dévisager comme ça celui-là ?


- Tu veux ma photo ? lâchai-je contrarié par autant d'irrespect de sa part.

Il s'éloigna aussi vite qu'il était passé, sans un mot. Encore un idiot qui ne sortait jamais de chez lui...
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MessageSujet: Re: Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end]   Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end] EmptyDim 4 Nov - 23:25

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La fontaine se dresse, fière et droite au milieu de ce qui pourrait être un carrefour piéton au milieu du pensionnat. Toute faite de pierre, sa forme incurvée renvoie doucement l'écho d'un chant aquatique clapotant. Je crois que ce son m'apaise. J'ai toujours eu avec l'eau un rapport particulier. Je me demande parfois si ça a un rapport avec l'expérience de mon grand frère quand j'avais six ans, qui consistait à vérifier si un enfant en bas âge peut tenir une minute en apnée. En me remémorant les souvenirs familiaux, je suis pris d'un frisson. A moins que ce ne soit le vent.
Ce qui est intéressant avec les souvenirs, ce sont les marques qu'ils laissent. Je me souviens de chaque moment passé avec Tomo, mais impossible de me rappeler le nom de ma grand-mère.
Je sais jouer du piano, réparer une fuite d'eau ou une voiture, parler Anglais, Japonais et Français, mais impossible de me savoir où j'ai laissé mes clés en sortant de ma chambre. Mes voyages m'ont appris presque autant qu'ils m'ont prit, mais c'est ainsi que fonctionne le monde. Sur une balance strictement impartial qui demande autant qu'elle donne. Parfois, je me demande si ma soif de savoir et mes capacités d'assimilation n'ont pas été offert en échange de mon enfance et de ma santé mentale.
Whatever. Me passant un main dans les cheveux, j'avance droit vers la fontaine. Je sens que quelque chose m'y attend. Reste à savoir quoi. A nouveau, un frisson me parcours. J'aime les surprises ! Et là, c'en est une de taille qui m'attend. Arrivant contre la fontaine, j'y plonge mes deux mains et m'envoie au visage une gerbe d'eau fraîche. L'impression de purification est agréable. Je crois revivre. Finalement, la journée n'allait peut-être pas s'annoncer si décevante. Lançant ma tête en arrière, j'embrasse le panorama d'un regard et alors, je me rends compte de sa présence.
Même si souvent mes idées se perdent dans les méandres douteux de ma réflexion, j'ai d'habitude tout le temps les sens en alerte et l'esprit vif. Tout du moins, tant que mes capacités cognitives et mon état de santé – et de fatigue – le permettent.Je me demande alors comment j'ai pu rater la présence de quelqu'un qui se tient si près de moi.
C'est un homme, plus grand que moi, ce qui est rare par ici. Sa carrure est similaire à la mienne. Svelte mais musclé. Ses épaules sont assez larges mais il n'est pas comparable à ce que les français appellent « une armoire à glace », terme que j'ai toujours trouvé dénué de charme. A ses traits, je devine ses origines latines et ses yeux ne font que confirmer mon hypothèse. Sombrement vêtu, il dégage une énergie qui m'est familière mais reste difficilement descriptible. Je sens que cet homme à quelque chose en lui. Qu'il porte. Je veux connaître son histoire.
Tout à mes réflexions, je me rends compte que je le fixe. Probably, ma réaction doit être impolie. Je me redresse donc et le salue.

- Salut, moi c'est Jilano Hashakishin. Prof de...

M'accordant un moment pour me remémorer la matière que j'enseigne, un détail dans le portrait de cet homme me saute alors aux yeux. Comment ai-je pu ne pas le voir ! Ca saute pourtant aux yeux ! Ne voyant plus que ça et ne pouvant retenir mon exclamation, faisant fi de toute politesse, je m'écris, pointant du doigt ce détail immanquable :

- Eh ! Mais vous avez... vous avez... ! Vous avez un violon !

Je me précipite dessus mais m'arrête aussitôt. Un instrument de musique, c'est comme un compagnon. On n'apprécie pas que les autres le tripotent. Moi par exemple, celui qui lorgne Tomo de trop près, je lui applique mes cours de Tae Kwon Do sur le profil question qu'il se rappelle que IT'S MINE ! Reprenant mon calme, je respire et le regarde droit dans les yeux. J'ai repris mon sérieux et ma voix ne s'encombre plus ni de doute, ni d'hésitation. Je suis persuadé d'avoir trouvé là la raison qui m'a fait me lever ce matin, étouffer dans cette chambre et me tanner la plante des pieds sur le sol du Pensionnat. Quand je suis dans cet état de fébrilité extrême, un calme insidieux s'empare de moi et j'emploie chaque instant de mon temps à réaliser ce que j'entreprends.
Dussé-je y passer la journée, j'obtiendrai ce que je veux. Je suis prêt à y mettre le prix sans hésitation. Rien n'est gratuit et j'échangerai ce que je prends en donnant autre chose. Mon regard résume tout ce que je pense et j'exprime succinctement toute ma pensée sans m’embarrasser des habituelles fioritures qui encombres normalement mon esprit. D'une traite et sans concession, j'énonce la phrase qui a guidé mes pas chaque seconde depuis des années.

- Apprends-moi.
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MessageSujet: Re: Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end]   Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end] EmptyLun 5 Nov - 15:28

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Un bruit d'éclaboussure attira mon attention et je vis, penché au dessus de l'eau claire de la fontaine, un jeune homme qui se mouillait le visage à l'aide de ses deux mains. Grand et bien battis, la peau métissée, de courts cheveux de jais dont la frange venait parfois cacher ses yeux d'un vert presque similaire aux miens, il avait l'air d'avoir mon âge, peut-être un peu moins. Il portait de banals vêtements : jean et tee-shirt, auxquels mon regard se désintéressa très vite puisque le plus surprenant était qu'il ne portait pas de chaussures. Ce type se promenait pieds nus au pensionnat et cela ne semblait pas le déranger le moins du monde. Pourquoi pas après tout. Chacun vivait ici comme il le voulait et je demeurerais certainement la dernière personne ici à critiquer le goût vestimentaire – et, en passant, la couleur capillaire – des autres.
Alors que je le détaillais rapidement et sans montrer l'intérêt que je lui portais, à supposer qu'il y en ait un, je remarquai qu'il me regardait avec une insistance déstabilisante, comme s'il tentait de déceler mes pensées ou trouver quelque chose d'extraordinairement important dans mon physique. Du moment qu'il ne se moquait pas de mes cheveux, ça allait. Ou alors, il ne me voyait pas vraiment et ses pensées l'envahissaient à tel point qu'il ne faisait plus attention à ce qu'il se passait autour de lui. J'aurais pu m'énerver et lui dire d'arrêter de me fixer aussi bêtement. Mais je me retins et préférai reporter mon attention en face de moi. C'est à ce moment-là qu'il m'adressa la parole.

- Salut, moi c'est Jilano Hashakishin. Prof de...

Il se tut et se plongea dans ses réflexions. Je tournai la tête vers lui et haussai les sourcils sans comprendre. Quelle était cette hésitation ? Ne connaissait-il pas la matière qu'il enseignait ? Un peu étrange comme situation. Pourtant, si j'écoutais bien sa voix et le petit accent qui en ressortait, il m'avait tout l'air d'être anglais ou américain. Je n'étais pas très doué pour reconnaître ce genre de chose. Peut-être enseignait-il cette langue...

- Eh !

Je sursautai. Le dénommé Jilano pointait mon étui à violon d'un doigt tremblant d'émotion.

- Mais vous avez... vous avez... Vous avez un violon !

Sans me laisser le temps de répondre, il s'en rapprocha précipitamment et s'arrêta devant, le regard empli d'une curiosité mélangée à une totale admiration. Puis il me regarda et dit, plus calmement :

- Apprends-moi.

Avais-je manqué un épisode ou il me tutoyait alors qu'il faisait exactement le contraire à peine quelques secondes auparavant ? Je n'avais même pas eu le temps de me présenter à mon tour... Pris au dépourvu, je mis du temps à réagir. Cependant, je ne voyais pas l'intérêt de répondre vivement et de l'envoyer balader. Au moins, il ne se moquait pas de moi ou ne me harcelait pas de questions inutiles comme cette peste de Yuki. Par conséquent, je me levai et fis face à Jilano. Je me raclai la gorge, un peu gêné d'avoir à débattre d'un sujet aussi direct alors que nous ne nous connaissions pas.

- Constantine Meyer, je suis surveillant, déclarai-je d'un ton neutre. Sans vouloir te décevoir, je crains de ne pas être d'une grande aide, désolé.

Comme il paraissait vouloir être d'ores et déjà plus proche de moi qu'un professeur et un surveillant respectueux l'un envers l'autre dans un cadre strictement professionnel, je m'étais permis de le tutoyer à mon tour. Je fourrai mes mains dans les poches de mon jean et baissai les yeux sur l'étui. Après hésitation, je m'en emparai, le posai sur le rebord de la fontaine et l'ouvris en faisant attention à ce qu'aucune goutte d'eau ne mouille l'intérieur. Au moins, je laissais au jeune homme l'occasion de pouvoir admirer cet instrument qu'il semblait beaucoup apprécier. Le nouveau nécessaire de nettoyage reposait à côté du violon et de l'archet, dans une petite cavité creusée dans la mousse de protection couleur gris souris. Je reportai mon attention sur Jilano tout en passant une main dans mes cheveux cyan.

- J'ai appris pratiquement tout seul, expliquai-je toujours aussi embarrassé. Alors tu te doutes bien que je n'ai aucune idée de la façon dont on enseigne la pratique d'un instrument aussi compliqué que celui-là.
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MessageSujet: Re: Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end]   Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end] EmptyLun 5 Nov - 18:56

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- Apprends-moi !

Mon regard incrusté dans le sien, je n'ai plus en tête qu'une seule chose. Je veux apprendre à jouer du violon. Combien de fois ai-je passé des soirées dans une assemblée, apprenant les joies du feu de camp, laissant mes doigts glisser sur les cordes de guitares mal accordées et apprenant à en jouer au fur et à mesure des minutes ? Combien de fois dans ces mêmes soirées le son gutturale était-il interrompu par la douceur crécelle d'une musique légère et envoûtante, le son d'un violon ? Je ne compte plus les soirées passées à vouloir apprendre à en jouer, et tout le temps, la réponse était négative. Pour la plupart, j'apprends en regardant. Mais il y a des choses qu'il me faut toucher et connaître si je veux les assimiler. Le violon en fait partie. Et de toute façon, je n'en ai touché un qu'une seule fois dans ma vie. J'avais huit ans.
Tout à mes pensées, je n'écoute qu'à moitié ce qu'il raconte. Mon esprit n'est prêt qu'à assimiler les mots qui seront le signe d'une acceptation. J'entends vaguement qu'il s'appelle Constantine. A sa voix, je suis maintenant persuadé qu'il est européen. Français même peut-être. C'est à peine si je comprends la suite. Mais j'entends tout de même qu'il refuse. J'ai alors un violent pincement au cœur. Encore un refus... Cet instrument compte donc me fermer ses portes pour toujours ? Suis-je destiné à ne jamais pouvoir en jouer ? Je ne veux pas y croire et camoufle ma déception du mieux possible. Je n'abandonnerai pas si facilement. Je sens pourtant quelque chose dans sa voix qui me redonne espoir. Je ne sais si c'est simplement de la politesse ou s'il sait à quel point je veux apprendre à jouer du violon, mais ce timbre me met en confiance.
Il hésite un moment et regarde l'étui de l'instrument. Moi aussi je le fixe. C'est un bel étui. De magnifique couleur. Il épouse la forme de l'instrument et nous laisse deviner la finesse du travail qui se cache à l'intérieur. Il le saisit et le pose sur le rebord de la fontaine. Cérémonieusement, il l'ouvre. C'est un moment solennelle. Se dévoile alors le Violon. Incroyable machinerie tout en courbes, même silencieux, il nous délivre toute sa force. J'apprécie le parfait de la table d'harmonie, à peine cambrée, si méticuleusement soignée. Le manche semble se tendre à l'extérieur et demande au musicien de se saisir de lui. Même la mentonnière semble luire d'elle-même. Pendant un instant, je suis émerveillé par cet ensemble. L'archet aussi semble avoir une stature royale. Tout semble si parfaitement en place. Je vois à côté une ribambelle de matériel dont je ne peux que deviner l'utilité, mais déjà, mes yeux brillent à nouveau.

- J'ai appris pratiquement tout seul, m'explique-t-il, avec un embarras poli. Alors tu te doutes bien que je n'ai aucune idée de la façon dont on enseigne la pratique d'un instrument aussi compliqué que celui-là.

Je le fixe. Détachant mon regard de l'instrument, je déporte ma volonté dans mes mots. Je veux... Non. Il FAUT que j'apprenne à jouer du violon. J'essuierai le nombre de refus nécessaire. Mais ici, il est peut-être le seul qui sache en jouer. C'est ma seule chance. Et de toute façon, je ne veux personne d'autre comme initiateur.

- Montre-moi. Juste les bases. Moi aussi j'apprends tout seul ! Et puis tu as dit pratiquement. C'est donc qu'on t'a tout de même donné la chance de te lancer. Tu sais, je suis professeur depuis peu et je ne sais pas non plus comment enseigner ma matière comme les autres professeurs. Alors je le fais avec l'instinct et la volonté. Je serais un élève assidu et j'apprends très vite. Montre-moi. Juste les bases.

Je lâche tout d'une traite comme si je vidais mon sac. Mon envie de savoir donne à ma voix cette allure si particulière de ces instants étranges où la fébrilité me prend. Whatever. Je dois apprendre et il sera mon professeur. I said.
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MessageSujet: Re: Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end]   Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end] EmptyMar 6 Nov - 19:19

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Malgré mes paroles dénuées d'enthousiasme et de sens du service, Jilano voulait absolument atteindre son but et rien ne semblait l'en empêcher. Je n'étais pas certain d'être un bon professeur pour lui, j'hésitais beaucoup. D'abord, nous ne nous connaissions pas assez et je craignais de perdre mon temps avec quelqu'un qui, finalement, abandonnerait au bout de deux ou trois séances. Parce que je détestais ce genre de personne. Pourtant, quand je voyais la détermination dont avait l'air de faire preuve le jeune homme qui se tenait en face de moi, je me disais qu'il en valait peut-être la peine. Il regardait le violon comme le plus bel instrument jamais connu. Pour ma part, quelqu'un d'aussi énergique et persévérant ne pouvait que réussir dans ce qu'il voulait entreprendre.
Jilano reporta son attention sur moi. Son regard émeraude me transperça tel un rayon X et je sus à ce moment-là que j'allais changer d'avis. Je n'étais pas du genre à venir en aide à qui que ce soit, surtout aux personnes que je venais à peine de rencontrer. Mais pour cette fois, je ferais une exception. Ce professeur et moi avions apparemment la même passion alors pourquoi ne pas en profiter ?


- Montre-moi, dit-il décidé à obtenir une réponse favorable de ma part. Juste les bases. Moi aussi j'apprends tout seul !

Si c'était juste les bases alors je pouvais certainement lui donner quelques astuces efficaces pour assimiler rapidement. Et s'il disait pouvoir apprendre seul, alors je n'avais aucun souci à me faire.

- Et puis tu as dit « pratiquement », fit-il remarquer alors que quelques élèves passaient tout près en nous regardant bizarrement. C'est donc qu'on t'a tout de même donné la chance de te lancer.

Je hochai la tête pour confirmer. Il n'avait pas tort. Même si le seul professeur que j'avais eu la chance de pouvoir côtoyer n'était pas resté très longtemps en ma compagnie, je connaissais au moins un minimum de ses méthodes d'enseignement.

- Tu sais, je suis professeur depuis peu et je ne sais pas non plus comment enseigner ma matière comme les autres. Alors je le fais avec l'instinct et la volonté. Je serai un élève assidu et j'apprends très vite. Montre-moi. Juste les bases.

Il avait parlé d'une traite, comme emporté par ses émotions et son envie de s'instruire. Sa vivacité me laissait à la fois perplexe et impressionné. Je n'avais jamais croisé quelqu'un d'aussi enthousiaste et obstiné. Je croisai les bras, perdu dans mes réflexions. Jilano semblait être quelqu'un d'avenant et agréable à fréquenter. Il parlait relativement calmement et pour ne dire que ce qui importait. Quelqu'un d'avisé et courtois, soit dit en passant. Quelqu'un que j'appréciais déjà. Surprenant venant d'un asocial comme moi. Peut-être parviendrais-je enfin à communiquer normalement avec mon entourage, sans compter mon indélicat de père.
Décroisant les bras, je me rassis sur le rebord de la fontaine, près de l'étui toujours ouvert. En contemplant ce dernier, je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire. Je me souvins de ce jour – j'allais bientôt avoir huit ans – où je venais d'annoncer à mon géniteur que je m'intéressais à la musique classique. Il m'avait simplement répondu « C'est bien » avant de me traiter d'imbécile en comprenant que je voulais acheter un instrument. Mais avec mes demandes de plus en plus insistantes et le soutien de ma voisine vieille d'une soixantaine d'année qui était justement professeur de musique dans un collège de ma ville, il finit par céder. Il m'offrit mon violon sans grand enthousiasme et, en enfant surexcité et innocent, je l'avais remercié.
Comme prévu, ce fut ma voisine qui me donna mes premiers cours. Elle m'enseigna également le piano. Elle en possédait un dans son salon, un endroit si souvent visité les week-ends et durant les périodes de vacances scolaires. Mais les cours ne durèrent pas puisque la pauvre dame mourut quelques mois après. Je n'en appris jamais la cause et je soupçonnais mon père de ne pas vouloir me le révéler. C'était du passé. A présent, je me préoccupais surtout de ce que je pouvais bien faire de mon talent d'artiste et de la façon dont j'allais m'y prendre avec Jilano. Car je m'étais décidé.


- D'accord, soupirai-je en levant les yeux vers lui. Alors... la première chose à faire, c'est acheter un violon.

Je me grattai le menton, à la recherche d'un bon plan pour lui en obtenir un facilement. A part le magasin dans lequel je venais d'aller acheter le nécessaire de nettoyage, je ne voyais pas vraiment où Jilano pouvait se rendre.

- Pour en avoir un d'assez bonne qualité mais pas trop cher, c'est au moins cent-cinquante euros. Je veux dire environ quinze mille cinq-cent yens, rectifiai-je en me rappelant que je ne me trouvais plus en France.
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MessageSujet: Re: Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end]   Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end] EmptyMer 7 Nov - 0:09

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Je me suis souvent demandé si il était possible de lire dans l'esprit des autres. Malgré la fascination que l'on pourrait avoir pour ce qui semble être un don, je considère que la télépathie est un viol. Attention, pas la transmission de pensée entre deux ou plusieurs êtres qui communiquent et se comprennent sans effort. Non, je parle de la capacité à entrevoir les recoins les plus inconscients de l'esprit d'un homme. Ça m'a toujours dérangé de penser cet exploit possible et pourtant, je pense que ça m'amuserait d'entrer juste une fois dans mon esprit pour estimer l'ampleur du capharnaüm. En fait, je pense à ça justement maintenant et juste avant d'en expliquer la raison, je souligne que ce genre de dérive de pensée est quotidien chez moi et qu'il est la preuve la plus accablante que même un télépathe confirmé se sentirait perdu dans mon esprit. Oui donc, si j'en viens à penser ça, c'est parce que subrepticement, je sens en lui qu'il est en train de changer d'avis. Je ne prétends pas avoir accès à ses pensées mais un petit quelque chose en lui a changé. Comme si j'avais réussi à lui transmettre un peu de la volonté qui me dicte que je dois apprendre à jouer du violon. Non, en fait, je dois apprendre à jouer du violon with HIM. C'est ça. Plus que l'apprentissage d'un instrument, j'ai besoin d'avoir les mots et les méthodes de quelqu'un qui me ressemblera du point de vue de la discipline. C'est parce qu'il dit avoir appris seul que c'est le meilleur professeur que je puisse avoir. Il saura ce dont j'ai besoin pour continuer. Et de toute façon, je ne deviendrais pas un virtuose mais un homme qui sait caresser les cordes d'un violon et lui faire sortir la douceur de son potentiel.
Il s'assoit sur le bord de la fontaine. Le violon à ses côtés. Il semble briller sous la présence des fines gouttelettes qui n'osent cependant se poser dessus, de peur de l'abimer. Ça ne dure qu'un instant mais je le vois se perdre lui aussi dans ses souvenirs. C'est étrange. Il est là, calme et presque immobile, mais je le devine si loin. Ses yeux ne sont plus que le reflet de ses réminiscences passées et il semble hors d'atteinte du moment présent. Comme s'il voyageait dans les obscures contrées de son vécu et y puisait la réponse dont il avait besoin maintenant. Je le regarde et me demande si je ressemble à ça moi aussi que je vagabonde dans mon esprit. Intérieurement je souris et me dis que de toute façon, même si je ressemble à ça, je suis probablement le seul à être assez étrange pour me soucier d'un tel détail.

- D'accord, lache-t-il soudain levant les yeux vers moi. Alors... la première chose à faire, c'est acheter un violon.

A ce moment précis, je n'ose encore y croire. Mais déjà mon regard s'illumine et mon corps ne m'attend pas pour réagir. Déjà mes muscles se contractent et je sens monter en moi une puissante adrénaline. Lui, aussi posément que s'il m'avait annoncé qu'il avait hésité au petit déjeuner entre un pain au chocolat et un mocchi au sésame, ne se rend pas compte de l'effet de son annonce. J’intériorise au maximum mais l'annonce fait l'effet d'une bombe. Je sers les poings, fébrile.

- Pour en avoir un d'assez bonne qualité mais pas trop cher, c'est au moins cent-cinquante euros. Je veux dire environ quinze mille cinq-cent yens .

Ma tension baisse d'un seul coup. En fait, c'est comme si on versait dans une bassine d'eau bouillonnante une cuve de glaçons salés. 150 €. Pour un violon. Cent-cinquante euros. Pour un instrument de musique. Pour tout une vie à pouvoir jouer sur ses cordes avec l'archet qui lui convient. Cent-cinquante euros pour des années d'utilisation et de plaisir musical, de partage et d'expression. J'ai beau essayé, je n'y arrive pas. Ça sort avant que j'ai pu retenir quoi que ce soit.

- Cent-cinquante euros ? T'es sérieux !

Je me reprends et me plaque les mains sur la bouche. Je ferme les yeux un instant. Ma respiration se calme. Quand je les rouvre, j'ai repris mon air habituel. Le visage ferme, un peu ouvert mais dont l'expression dérive facilement et se confond avec de la cruauté. Je plante mon regard dans le sien.

- Je suis prêt. J'ai juste besoin de savoir une chose. Une fois que j'aurais l'instrument, tu m'apprendras tout de suite ? Parce que si je suis prêt à t'attendre, sache que si tu t'engage à me prendre comme apprenti, je te harcèlerai jour et nuit pour toujours en savoir plus autant sur la musique que sur l'instrument. Je voudrais savoir comment en jouer, comment m'en occuper et aussi je voudrais tout savoir sur ce que je joues. Chaque composition, le secret de chaque note et de chaque frottement contre les cordes. En acceptant de m'initier, tu prends le risque de te taper l'élève le plus curieux de toute ta vie.

Je le fixe toujours, sourire aux lèvres. Je crois que j'ai autant à apprendre de lui que je pourrais lui transmettre. Je pense que nos relations dépasserons celles de prof et élève et ainsi, je préfère conclure en lui demandant :

- Alors, t'es prêt à prendre le risque ?
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MessageSujet: Re: Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end]   Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end] EmptyMer 7 Nov - 2:07

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Mon changement d'avis parut l'enthousiasmer, à tel point que je vis ses poings se serrer d'excitation et ses bras trembler au fur et à mesure qu'il resserrait les doigts sur les paumes de ses mains. Puis il se calma mais me montra un visage envahi de dépit. Sur le coup, je ne compris pas. Puis quand il s'écria « Cent-cinquante euros ? T'es sérieux ! » je me rendis compte que, pour quelqu'un d'aussi friand d'apprentissage et amoureux du violon, mes paroles étaient complètement décalées. Évidemment, où avais-je la tête ? Un bon violon valait beaucoup plus que cent-cinquante euros. Bien sûr, comme le mien était un cadeau, je n'en connaissais pas son prix. Mais je devinais bien qu'il atteignait facilement les mille euros. Les violons les plus recherchés comme les stradivarius étaient vendus aux enchères des millions. J'étais encore loin de pouvoir m'acheter un instrument à un prix à sept chiffres et tout ce que j'espérais, c'était que le mien tienne jusqu'à ce que je n'en ai plus l'utilité.
Jilano plaqua ses deux mains sur sa bouche, et ferma les yeux, comme choqué. Je pris un air embarrassé et me grattai l'arrière de la tête en regardant sur ma droite sans rien voir de spécial. Je venais de heurter un point sensible pour n'importe quel fervent de musique classique. Ma voisine ne m'avait jamais vraiment fait de cours particulier sur les différentes marques de violon et la valeur qu'ils pouvaient avoir. Pour moi, cet instrument restait précieux mais j'ignorais encore à quel point. Un peu bête de ma part, je devais l'avouer. J'en jouais depuis l'âge de huit ans, me perfectionnais de jour en jour, aimais réinterpréter et pourtant, je restais fermé sur des informations aussi importantes que celle-là. Il y avait cependant une part de précaution dans ce que je disais : je pensais à un violon de débutant. Peut-être Jilano ne serait-il pas d'accord, ou encore en serait-il offensé, ce qui me décida à ne pas lui en parler.
Le jeune professeur rouvrit les yeux et reprit une expression sereine, bien qu'un peu tendue. Il me regarda bien en face et dit :


- Je suis prêt.

Je m'apprêtais à refermer mon étui pour lui demander dans quel endroit il souhaitait que je lui donne des cours mais il reprit la parole.

- J'ai juste besoin de savoir une chose.

Je lui lançai un regard interrogateur.

- Une fois que j'aurai l'instrument, tu m'apprendras tout de suite ? Parce que je suis prêt à t'attendre. Sache que si tu t'engages à me prendre comme apprenti, je te harcèlerai jour et nuit pour toujours en savoir plus, autant sur la musique que sur l'instrument.

A ce que j'entendais, il avait l'air vraiment déterminé à réussir... J'avais du mal à y croire, moi qui ne m'étais jamais donné du mal pour entreprendre quoi que ce soit, même dans la musique. Mon manque de confiance en moi en faisait partie.

- Je voudrais savoir comment en jouer, comment m'en occuper et aussi je voudrais tout savoir sur ce que je joues, continua Jilano. Chaque composition, le secret de chaque note et de chaque frottement contre les cordes.

Je haussai les sourcils, à la fois surpris et amusé par son comportement. Un type aussi tenace que lui allait me donner du fil à retordre. Il avait intérêt à apprendre vite s'il ne voulait pas subir mes sautes d'humeur plus qu'agaçantes.

- En acceptant de m'initier, tu prends le risque de te taper l'élève le plus curieux de toute ta vie.

Et je comptais bien lui montrer tout ce qu'il devait savoir. Mais pour cela, il apprendrait aussi à être patient car, tout comme lui, j'avais un travail à faire dans ce pensionnat. Et, peut-être pas comme lui cette fois, des heures de sommeil à rattraper et du temps libre à apprécier en faisant des balades en moto ou en buvant un coup au bar du coin.

- Alors, t'es prêt à prendre le risque ?

Jilano m'accorda un sourire des plus réjouis et je ne pus m'empêcher de le lui rendre. Mon premier vrai sourire depuis... depuis quand exactement ? Je ne m'en souvenais même pas. A croire que je déprimais plus que ce que j'imaginais... Je fermai mon étui, l'empoignai de la main gauche et me levai pour faire face à mon interlocuteur.

- J'ai comme l'impression que je n'ai pas fini d'entendre parler de toi, dis-je en plongeant mon regard dans le sien.

Je lui tendis ensuite ma main droite et ajoutai :

- Mais sache que toi aussi tu prends un risque. Je ne connais pas l'indulgence.
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MessageSujet: Re: Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end]   Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end] EmptyMer 7 Nov - 3:39

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Je crois qu'il y existe deux types de personnes. Celles qui donnent et celles qui reçoivent. Les rôles sont interchangeables selon qui on est et à qui on s'adresse. Celle qui donnent partagent un peu d'elles même et permettent à ceux qui reçoivent de s'enrichir et de s'épanouir. Celles qui reçoivent donnent l'occasion à celles qui donnent de répandre un peu d'eux-mêmes et les libèrent ainsi du poids de leurs devoirs. Aujourd'hui, Constantine Meyer, jeune européen à la chevelure ble... Bleue  Non, attendez. Je crois qu'il nous faut reprendre tout ceci depuis le début.
Quand je me suis levé ce matin, beaucoup de questions m'obstruaient l'esprit. J'avais besoin d'apprendre et de m'instruire. Il n'y a que comme ça que je m'épanouis. En me lançant sans cesse des défis me battant jusqu'à les relever. Parfois, ce sont de petites épreuves dérisoires, comme réussir à parcourir vingt kilomètres en plus avec Tomo que ce que j'ai prévu ou réussir à aider quelqu'un avant la tombée de la nuit. Mais des fois, j'ai besoin de grands défis, de ce qu'on ne peut accomplir seul et qui nécessitent soutien et assistance. Le violon est un de ceux-là. Et c'est justement de ça dont j'avais besoin aujourd'hui, un stimulant puissant pour me redonner envie de rester ici plutôt que de passer mes journées – lorsque je ne travaille pas bien sûr – dehors sur les chemins avec Tomo. Encore que si je les passe à déambuler sans but dans le Pensionnat, ce n'est pas la peine. En me dirigeant vers la fontaine, je m'attendais à rencontrer ce qui m'attendait aujourd'hui. Et ne parlons pas de « destin ». Je ne crois pas au destin. Seules les plus crédules peuvent accepter que chacun de leur actes soient écrits et d'avance prédéfinis de tel sorte que quoi qu'ils fassent, ils ne sont de toute façon responsables de rien puisque c'est le destin. Non, moi je préfère « provoquer le destin » et c'est en cela que j'aime cette expression. J'écris moi-même le fil de mes journées par les traces que je laisse en avançant.
En allant donc vers la fontaine, j'avais bien l'intention de trouver le stimulis dont j'avais tant besoin. Et il s'est présenté sous la forme d'un violon. Petit instrument de bois et de crins à la mécanique si fine. Et puis son violoniste. Constantine Meyer. Un garçon plutôt unique avec qui j'ai eu une étrange sensation dès les premiers instants. J'ai tout de suite flashé sur le violon. C'est d'un type comme lui dont j'avais besoin. Mais ça c'est moyennement présenté. Quand je lui ai demandé de m'apprendre à jouer, il a d'abord refusé. Je ne sais pas ce qui l'a convaincu – peut-être ma sincérité – mais il s'est ravisé et m'a finalement donné son accord. Et là, il m'annonce comme si c'était le bout du monde que seul cent-cinquante euros me séparent de mon objectif. Juste cent-cinquante euros ! C'est comme m'annoncer qu'il me suffit de sauter par-dessus un guet pour rejoindre l'autre rive. Un peu d'élan, de la volonté, et c'est passé avant d'avoir pu dire «easy».
Voilà donc où nous en sommes. Et après tout ces rebondissements, toutes ces tensions et ce suspense, je me rend enfin compte que mon interlocuteur a... Les cheveux bleus ! Bleus ! Bleus ! Au moment où je m'en rend compte, il se lève et me fait face.

- J'ai comme l'impression que je n'ai pas fini d'entendre parler de toi, me lance-t-il en fixant son regard au mien.

Je le regarde aussi, en silence. Finalement, la couleur de ses cheveux va très bien avec celle de ses yeux. Cette touche d'originalité finit de me convaincre. De me convaincre que je me fiche de la couleur de ses cheveux finalement. Ce n'est pas avec eux que je vais apprendre à jouer du violon. C'est avec cet homme. Pourtant, un jour, je lui demanderai pourquoi. Comme pour moi avec le Tatouage, je sais que ce qui nous fait différent est notre force et nous caractérise. Alors un jour, je lui demanderai de me raconter son histoire. Il me tend la main et m'affirme que mes « menaces » ne l'effraient pas, me mettant en garde contre ses propres exigences. Avec un sourire, je lui sers la main. La poignée est ferme. Cette poignée de main scelle quelque chose. Entre lui et moi.

- Je prendrais tous les risques nécessaires pour ne pas gâcher ton travail. Bien, et si tu me montrais un endroit sympa où rencontrer mon premier violon ? Vu tout ton attirail, tu dois avoir une bonne adresse.

Nos mains se séparent et j'enchaîne. Ce n'est pas par manque de politesse ou par précipitation. Disons plutôt qu'il ne me vient pas à l'esprit que peut-être il a quelque chose à dire.

- Quand je l'aurais, on commencera les cours alors. Bon, je sais que je suis du genre désordonné, mais toi t'as l'air réglé. Alors quand tu te sentiras inspiré, viens me voir dans la chambre onze. On y va maintenant chercher mon nouvel ami ?

J'esquisse un mouvement comme pour partir mais sans non plus oser vraiment le faire. Je suis déjà bien assez impatient comme ça, inutile de presser encore les choses. Constantine Meyer. Mon nouveau professeur et qui sait, sûrement un nouvel ami. Je crois que ça va le faire.


Dernière édition par Jilano Hashakishin le Mer 7 Nov - 17:25, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end]   Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end] EmptyMer 7 Nov - 16:48

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Mes paroles ne semblèrent pas l'effrayer car son sourire s'étira et il me serra fermement la main. Je savais désormais que je pouvais compter sur son attention toute entière lors de nos futures séances. Un très bon point qui ne manqua pas de me satisfaire.

- Je prendrai tous les risques nécessaires pour ne pas gâcher ton travail, affirma Jilano avec entrain.

Je hochai la tête, conscient qu'il ne me décevrait pas. Si, au début, je me sentais incertain d'accepter sa requête, j'étais maintenant sûr de mon choix et pensais ne pas être contrarié par quelqu'un d'aussi plaisant à fréquenter. Je ne savais pas encore comme allaient se dérouler les cours mais je ne m'inquiétais pas. Pour une fois, j'avais l'impression de pouvoir vraiment sortir de mon asociabilité et aller vers les autres. Bien sûr, il me fallait faire encore beaucoup d'efforts et selon la personne qui se trouvait en face de moi – Yuki par exemple – nouer des liens me paraissait tout bonnement impossible. Pour Jilano, une éventuelle amitié naîtrait peut-être. Serait-ce une bonne chose ? Parviendrais-je à me comporter en véritable ami ou continuerais-je à m'enfoncer dans ma solitude habituelle et, par moments, si confortable ?

- Bien, et si tu me montrais un endroit sympa où rencontrer mon premier violon ? demanda le jeune homme, me faisant sortir de mes songes. Vu ton attirail, tu dois avoir une bonne adresse.

Il lâcha ma main et je laissai retomber la mienne le long de mon corps. Un endroit où lui faire acheter son premier violon ? Le magasin que je venais de quitter me semblait parfait. Je ne connaissais que celui-là mais il en existait peut-être de meilleurs. Pour moi, du moment qu'il y avait ce qu'il fallait et que le vendeur connaissait son magasin sur le bout des doigts, tout en étant des plus aimables et respectueux avec ses clients – tout comme mon nouveau fournisseur – alors je m'en contentais largement.

- Quand je l'aurai, on commencera les cours alors, déclara Jilano surexcité. Bon, je sais que je suis du genre désordonné mais toi, tu as l'air réglé. Alors quand tu te sentiras inspiré, viens me voir dans la chambre onze.

La chambre onze ? Mais alors... cela voulait donc dire que nous étions voisins ! Et je ne m'en étais même pas rendu compte. A moins que le jeune professeur soit arrivé peu après moi. Si ce n'était pas le cas, je passais beaucoup trop de temps loin des dortoirs pour avoir remarqué quoi que ce soit dans les environs.

- On y va maintenant chercher mon nouvel ami ?

Il esquissa un geste pour partir et je le regardai, surpris. Comptait-il vraiment y aller tout de suite ? La curiosité et l'enthousiasme de ce type ne finissaient pas de m'impressionner. Et il avait de la chance car en ce bel après-midi ensoleillé, j'étais libre comme l'air et pouvais donc m'adonner à n'importe quelle activité assez distrayante pour y passer des heures. D'autant plus que le magasin ne se trouvait pas très loin. Nous pouvions y aller à pieds.

- C'est d'accord, répondis-je en changeant de main pour empoigner mon étui.

Un regard hasardeux vers mes pieds et je remarquai seulement maintenant que mon casque se trouvait toujours par terre. Je le ramassai et demandai au professeur de m'attendre un instant. Je me dirigeai vers le parking réservé au personnel et attachai le casque à ma moto, de façon à ce que l'antivol passe à travers la visière ouverte. Une fois fait, je rejoignis Jilano et lui fis signe de me suivre. S'il souhaitait se rendre en ville tout de suite, je supposais qu'il avait de quoi payer sur lui. Une fois sortis de l'enceinte du pensionnat, nous parcourûmes les rues de la ville, en silence. Si je me souvenais bien, le magasin de musique se situait le long d'une place constituée essentiellement de fast-food et boutiques de vêtements.
Lorsque nous posâmes chacun un pied à l'intérieur du magasin, le vendeur me reconnut tout de suite – pas difficile en même temps – et me demanda, en regardant mon étui, s'il me manquait quelque chose. Je le rassurai et lui expliquai la raison de ma seconde venue. Un sourire chaleureux aux lèvres, il prit Jilano en charge. Ce dernier regardait autour de lui tel un enfant émerveillé dans un magasin de jouets. Il paraissait complètement subjugué par chaque instrument qui lui tombait sous les yeux et ne cessait de s'enquérir du nom et de la fonction de ceux qu'il ne connaissait pas. Pendant ce temps, j'allai à nouveau observer le coin des synthétiseurs. Il ne fallait pas que je craque. Si j'en achetais un maintenant, j'aurais du mal à faire le plein de ma moto pour les semaines à venir.
Le jeune professeur et le vendeur terminèrent leur échange. Mon futur apprenti aurait bientôt l'occasion de commencer à s'entraîner. Sur le chemin du retour, il semblait tellement ravi que je m'attendais à le voir sautiller dans tous les sens à tout moment. Le soleil brillait toujours aussi fort dans le ciel azuré et la brise d'air tiède qui me caressait de temps en temps le visage me fit du bien. Avec un regard vers le visage enjoué du jeune professeur, j'esquissai un sourire et pris la parole.


- Je ne connais pas vraiment d'endroit où nous pourrions jouer. Mais puisque tu es prof, tu devrais avoir le droit de réserver une salle de classe vide, le soir après les cours.
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MessageSujet: Re: Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end]   Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end] EmptyMer 7 Nov - 21:49

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Il accepte pourtant d'y aller maintenant et prend son étui dans l'autre main. Je me demande ce qui la convaincu, à nouveau, de répondre à mes caprices et à ma précipitation aussi vite. Je crois que définitivement, nous avons, par cette poignée de main, mis en place un accord tacite dans lequel il s'engage à m'instruire et moi à me plier à ses exigences de professeur.
Son regard semble tomber sur son casque et sans attendre, il le ramasse. Il est donc vraiment décidé à y aller. Et en moto en plus. Voilà une excellente nouvelle ! Je vais pouvoir dans la même journée obtenir un violon et voyager avec ma Tomo. Qui plus est, s'il a une moto, je vais pouvoir comparer la puissance de Tomo à celle de son engin. Je me souviens d'avoir déjà réussi à dépasser des voitures sur l’autoroute lorsque le dénivelé était nul. En pleine ville, ce doit être assez plat pour que je puisse pleinement exprimer la violence et ma compagne. Un sourire se dessine sur mes lèvres rien qu'à cette idée. En fait de cela, il m'annonce qu'il va poser son casque et que je dois l'attendre ici... Un peu surpris et un poil déçu, je le laisse faire. Après tout, j'ai assuré il y a quelques instants à peine que je prendrais les risques – et ferait les sacrifices – nécessaires... Il revient et je le suis. Il marche légèrement devant moi et un instant, je veux m'arrêter pour lui dire que je n'ai pas pris d'argent mais je sens le contact de mon porte-feuille dans ma poche. Je continue donc à marcher, pieds nus et n'ayant aucune envie d'aller mettre des chaussures. On sort du Pensionnat en passant devant Tomo et je lui lance un regard d'excuse. Cette fois-là, je ne peux pas l'amener. La ville est toujours animée mais en ce début d'après-midi son activité pulse dans les veines de ses avenues. Les badauds nous fixent sur notre passage et cela m'amuse de les voir hésiter entre mes pieds nus et les cheveux de mon nouveau Maître Archet. Lui à l'air d'y être habitué car il ne relève pas.
Enfin, nous arrivons dans un véritable lieu de découverte. Le magasin de musique. Je crois que je ne vais pas m'attarder sur ce moment car il faudrait alors sûrement quelques heures pour synthétiser le condensé d'informations que j'y ai assimilé. Mes yeux s'accrochaient à chaque détails de la boutique et je ne pouvais m'empêcher de questionner sur chaque objet inconnu. C'était plus fort que moi. J'ai travaillé une fois dans un petit magasin de musique et c'est une expérience unique. J'y faisais le ménage et étant pauvres, les propriétaires m'offraient le couvert et le logis en plus d'une maigre compensation financière. Mais j'y aurais même travaillé gratuitement. Chaque soir, je nettoyais les instruments avec seulement une armée de chiffons et de brosses à dents. L'occasion d'apprendre et de toucher à toutes ces merveilles. Mais ici, c'est différent. Le magasin n'est certes ni vétuste, ni riche, mais le matériel qu'on y trouve est de l'ordre professionnel et je redécouvre même des produits d'entretien que je substituais à l'époque avec des tissues, de la persévérance et de l'huile de coude. Fasciné par tout ce sur quoi je tombais, j'en ai fini par oublié la présence de mon professeur. Le vendeur, fort sympathique et connaisseur dans son domaine répondais à toutes mes interrogations avec un sourire passionné. Nous avons cependant fini par nous concentrer sur le plus important, l'achat du violon. J'ai choisi un instrument « entier » comme ils disent, d'environ 61cm, la table en épicéa, les cordes en acier tressé et la volute en forme de tête de femme. Le vendeur m'avoue que c'est probablement Niké, déesse grecque de la Victoire. Cela me convient parfaitement. Je le baptise donc ainsi. On sort du magasin et j'ai déjà hâte de le présenter à Tomo. Je marche peut-être un peu vite. Whatever. Je remercie Constantine avec sincérité. Il m'interpelle alors.

- Je ne connais pas vraiment d'endroit où nous pourrions jouer, m'assure t-il. Mais puisque tu es prof, tu devrais avoir le droit de réserver une salle de classe vide, le soir après les cours.


Je le regarde sans trop comprendre. Et je me rends alors compte qu'il parle de moi. Et du fait que je puisse...

- Quoi ?


L'information met un temps à monter. Et puis c'est comme un électrochoc. Il parle de moi !

- Mais oui, c'est vrai ça ! Je suis prof ! Tu crois vraiment que je peux faire ça ? Awesome...

Je me tourne vers lui.

- Bon, et bien dès que t'es prêt, tu viens me chercher dans ma chambre. Tu vois où c'est ?
Je commence déjà à m'éloigner quand j'annonce : Je vais présenter Niké à Tomo. Enfin, tu peux venir toi aussi si tu veux la rencontrer.

Déjà je pars en avant car le portail du Pensionnat est en vue. Tomo va être heureuse d'avoir un nouvel ami. Je m'arrête et me tourne vers mon Maître Archet. Je lui souris.

- Alors, tu viens ?


Et sans attendre, je me dirige déjà vers ma compagne de route préférée. Je pense qu'elle sera aussi heureuse de savoir avec qui je vais passer une bonne partie de mon temps à partir de maintenant. En fait, plus que de marcher, je me précipite jusqu'à elle. Je vois Constantine qui, en tout honneur, n'a pas suivi mon rythme impatient. Il n'est pas loin pourtant et maintenant dos à lui, je déballe l'instrument devant elle. Elle est belle Tomo. Son profil racé et ses courbes puissantes lui donnent une allure unique. Elle en a vécu des choses et je connais par cœur chacune de ses rayures et autres traces. Assis par terre en tailleur je lui parle à voix basse et lui raconte ma journée précipitamment. Toutes mes pensées, mes impressions, celles que je cache et celles que j'exprime. Quand je parle à Tomo, je me mets à nu. En fait, je lui dis tout ce qu'on ne dit pas normalement à haute voix. On me prendra peut-être pour un fou, mais peu importe. Certains parlent bien aux animaux qu'ils ne connaissent pas. Je lui explique donc tout ce que j'ai vécu depuis mon réveil sans rien lui cacher de mes pensées profondes. Et puis alors, je me rends compte de la présence de Constantine. Alors je me redresse et le présente.

- Voilà Tomo-chan, lui, c'est mon nouveau professeur. T'as vu, il a les cheveux bleus. Original hein ? Il est un peu solitaire mais je crois que ça passe plutôt bien entre nous. Et puis il a une moto. Un jour on fera peut-être un course, qui sait. En tout cas grâce à lui j'ai enfin un violon et toi un nouveau compagnon.

Mettant un main sur l'épaule de l'intéressé et tenant le second dans l'autre, je me dis que j'ai franchi un nouveau cap. Celui du partage.
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MessageSujet: Re: Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end]   Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end] EmptyJeu 8 Nov - 0:40

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Il me regarda comme si je venais de dire une absurdité.

- Quoi ? lâcha-t-il choqué.

Je ne dis rien, surpris par sa réaction.

- Mais oui, c'est vrai ça ! Je suis prof ! s'exclama-t-il sous mon regard totalement ahuri. Tu crois vraiment que je peux faire ça ? Awesome...

J'ignorais qu'il était aussi tête en l'air et j'espérais que ça ne le freinerait pas dans son apprentissage du violon. Jilano se tourna vers moi et ajouta :

- Bon, eh bien dès que tu es prêt, tu viens me chercher dans ma chambre. Tu vois où c'est ?

J'affirmai d'un signe de tête. Il fallait vraiment que je sois aveugle pour ne pas trouver la chambre numéro onze. Le jeune professeur marcha un peu plus rapidement et prit de l'avance.

- Je vais présenter Niké à Tomo. Enfin, tu peux venir toi aussi si tu veux la rencontrer.

Le dénommé Niké n'était autre que son nouveau violon. Ce nom lui venait de la volute en forme de tête de femme, la déesse grecque Niké d'après le vendeur. Personnellement, je n'avais donné aucun nom à mon instrument mais je n'avais pas assez d'imagination pour en trouver un. Quant à Tomo, j'ignorais complètement de qui il s'agissait. Alors que nous nous approchions du pensionnat, Jilano se retourna.

- Alors, tu viens ?

Me rendant compte que je marchais beaucoup trop lentement, même si mon camarade allait plus vite que tout à l'heure, j'accélérai l'allure, le rejoignis. Je passai le portail et le vis sous un abri à vélos, assis en tailleur devant l'un des nombreux deux roues présents. Il ouvrait l'étui de son violon par terre, devant ce vélo bleu à l'allure à la fois majestueuse et robuste, et qui me semblait être un véritable engin de course tout terrain. A mon grand étonnement, Jilano lui parlait à voix basse comme à un confident, un être précieux avec qui il passait toutes ses journées, avec qui il partageait sa vie. En le regardant, j'eus l'impression de me revoir avec mon violon lorsque j'étais enfant. Je le considérais comme mon seul ami. En vérité, c'était toujours le cas, n'ayant jamais noué de véritable lien avec qui que ce soit.
Se rendant compte de ma présence juste derrière lui, le jeune professeur se retourna vers moi et se mit debout.


- Voilà Tomo-chan, lui, c'est mon nouveau professeur, dit-il à l'adresse de son, ou plutôt sa confidente. T'as vu, il a les cheveux bleus. Original hein ?

Je me demandais quand il ferait la remarque à voix haute... Mais lui au moins, il me respectait assez pour ne pas s'en moquer.

- Il est un peu solitaire mais je crois que ça se passe plutôt bien entre nous.

J'aurais préféré ne pas entendre cela. Jilano n'était-il pas gêné de le dire devant moi ? Je demeurais conscient que ce qu'il disait ne pouvait être que vrai. Mais l'affirmer de manière aussi simple me paraissait tellement étrange...

- Et puis il a une moto, continuai le jeune homme dans sa lancée. Un jour, on fera peut-être une course, qui sait.

Je n'étais pas certain qu'une course entre un vélo et une moto se valait mais si cela lui faisait tant plaisir, je ne refuserais pas. Quand nous aurions un peu plus de temps libre bien sûr.

- En tout cas, grâce à lui, j'ai enfin un violon et toi, un nouveau compagnon.

Jilano posa sa main sur mon épaule avec un sourire des plus rayonnants. Sa façon de parler à sa confidente me plaisait. Si nous nous ressemblions sur un point, c'était bien sur celui-là. Jusqu'à aujourd'hui, mon violon avait été mon seul ami, tout ce que je possédais de plus précieux dans ma vie et le seul à qui je me confiais sans avoir peur d'être ridicule ou de subir des moqueries. Les séances avec Jilano s'annonçaient plaisantes, je le pressentais. Et peut-être deviendrait-il enfin un véritable ami pour moi, quelqu'un avec qui échanger.
Avec un petit sourire à la fois incertain et ravi, je passai une main dans mes cheveux et fis un pas en avant pour contempler Tomo-chan de plus près. Se déplacer sur ce genre de merveille devait procurer à Jilano les mêmes sensations que moi sur ma moto : un sentiment de liberté mélangé à une totale allégresse impossible à partager. Le genre de sensation que l'on voulait garder pour soi, quelle que soit la situation. Posant un genoux à terre et mon étui à côté de celui du professeur, je laissai mon regard courir le long des formes gracieuses de Tomo-chan.


- Je ne sais pas encore comment vont se dérouler les entraînements, dis-je à son adresse, comme si je faisais cela depuis toujours. Mais je compte sur toi pour apaiser ton ami parce que crois-moi, il y a un sacré boulot qui l'attend.

Confession faite, je me relevai et me tournai vers Jilano.

- Je viendrai te voir bientôt. Et si tu as des questions, sache que ma chambre est juste à côté de la tienne. C'est la numéro dix.
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MessageSujet: Re: Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end]   Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end] EmptyJeu 8 Nov - 12:39

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En posant ma main, j'ai ressenti comme un frisson le parcourir. Pas physiquement, mais en tout cas, puissamment. C'est comme si un lien s'était tissé entre ma main et son épaule. Ou plutôt entre lui et moi. J'ai senti la force et la fragilité de ce lien. Il venait juste de naître et comme tous les nouveaux nés aurait besoin d'attention et de douceur. J'enlève ma main et le regarde. Hors de question de jouer les mecs attentionnés pour le plaisir de se faire un ami. Je serais naturel et nos liens se tisseront sur cette base. Je pense que si je lui pose la question il sera d'accord. Nous nous accepterons tels quel ou comprendrons assez vite que nous n'avons rien à faire ensemble. Mais nous nous sommes rencontré tout à l'heure et déjà il est prêt à m'apprendre le violon, m'a aidé à m'en fournir un et est prêt à rencontrer Tomo-chan. Vraiment, je suis sûr que ça va le faire.
Il passe sa main dans ses cheveux – comme pour s'enlever une sorte d'embarras – et s'approche d'elle. Je vois qu'il sait. Il sait le plaisir égoïste qu'on ressent en montant sur sa compagne de route. Après tout il a une moto. Sachant qu'il sait, je ne m'inquiète pas du sourire qu'il adresse à ma belle. C'est certain maintenant, nous avons quelques points communs qui nous font nous sentir sur la même longueur d'onde et c'est peut-être pour ça que j'ai eu l'impression en le voyant la première fois qu'il fallait que j'ai quelque chose à faire avec lui. Alors qu'il s’accroupit devant elle, je remarque que nos deux étui sont côtes à côtes. Là, si proches l'un de l'autre, il semblent si semblables et si différents. A peu près de même taille, les deux semble aussi neuf qu'usés, aussi forts que perturbés. Leurs formes se ressemblent mais je sais à quel point ils peuvent être différents à l'intérieur. Ces deux instruments sont fait pour jouer ensembles. En accord ou en affrontement, je sais qu'il ont en eux l'envie de se côtoyer, de se confronter, et d'apprendre l'un de l'autre. Sans m'en rendre compte, je regarde Constantine. Nous sommes un peu comme nos violons finalement.
Il est en train de parler à Tomo comme s'il avait toujours fait ça. Je ne sais pas s'il le remarque mais Tomo vibre légèrement alors. Je ressens une sensation étrange au ventre. J'ai comme envie de lui rappeler que Tomo est à moi et que je suis le seul à avoir le droit de la faire frissonner. J'ai un peu de mal à exprimer ce sentiment. Mais en même temps, je suis rassuré. C'est la preuve qu'elle aussi pense que j'ai fait là une bonne rencontre.
Il se relève et se tourne vers moi. Je me suis imprégné de chacun de ses mots et intérieurement, je me lance un défi. Savoir jouer du violon dans un mois. Avec un tel professeur, ce devrait être envisageable. Bien sûr, je ne sais pas les difficultés que je vais devoir affronter, mais les épreuves sont faites pour être surmontées. Je préfère ne pas lui dire car je ne veux pas qu'il croit que je veux précipiter les choses. Et puis je ne m'inquiète pas car, comme il l'a fait remarquer, j'ai Tomo pour me soulager des pressions et des difficultés. Et pour mon plus grand plaisir, il m'annonce :

- Je viendrai te voir bientôt. Et si tu as des questions, sache que ma chambre est juste à côté de la tienne. C'est la numéro dix.

Sa chambre est donc juste à coté de la mienne. Il le savait mais n'en a fait aucune remarque. Après tout il aurait été inutile de le signifier plus tôt si c'était pour le dire maintenant. Ainsi, je ne trouve pas utile de relever la proximité de nos cellules.

- Ne te gêne pas pour frapper quand tu veux, je suis seul dans ma chambre, j'affirme, ne sachant pas alors que cette solitude serait vite comblée par une fragile jeune femme prénommée Abysse. De toute façon j'oublie tout le temps de fermer la porte ! Alors hésite pas à entrer et à m'attendre si je suis pas à l'heure à nos rendez-vous.

Disant cela, je ne cherche pas à faire de ma chambre le lieu de mes leçons mais plutôt à lui signifier que je n'ai aucune gêne à lui ouvrir celle-ci et qu'il ne doit donc pas en avoir. Je lui tends la main et la serre avec vigueur. Sourire léger sur les lèvres je lui fais un signe de tête significatif. En fait, maintenant que les événements ont pris une tournure officielle et que je n'ai plus à devoir défendre mes convictions, j'ai envie de monter sur Tomo et d'aller faire ce grand tour qui me fait envie depuis ce matin. Ainsi, déjà je monte sur Tomo. Et la détache depuis la selle. Je me redresse et apprécie le contact de mon corps contre le sien. Je m'apprête déjà à partir. Je le regarde pourtant et attend de lui un dernier mot. Alors j'ajoute :

- Je vais aller me familiariser avec le petit nouveau loin de la civilisation. Ce serait dommage de leur gâcher la surprise de mon talent. Je lui souris et ajoute : Et d'ailleurs, fais attention, l'élève dépasse toujours le Maître.
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MessageSujet: Re: Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end]   Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end] EmptyJeu 8 Nov - 14:00

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- Ne te gêne pas pour frapper quand tu veux, répondit-il. Je suis seul dans ma chambre. De toute façon, j'oublie tout le temps de fermer la porte ! Alors n'hésite pas à entrer et à m'attendre si je ne suis pas à l'heure à nos rendez-vous.

Je n'étais pas certain d'aller jusqu'à l'attendre dans sa propre chambre. Je préférais encore lui laisser un mot et patienter dans la mienne, en espérant ne pas avoir à faire un concert privé pour mademoiselle Yuki. Jilano me serra vivement la main puis ferma l'étui de son violon et l'attacha dans son dos. Il monta sur Tomo-chan avec habileté et souplesse et détacha l'antivol. Reportant ensuite son attention sur moi, prêt à partir, il reprit la parole.

- Je vais aller me familiariser avec le petit nouveau loin de la civilisation. Ce serait dommage de leur gâcher la surprise de mon talent.

Je ne savais pas de quoi il était capable sur sur son engin tout terrain mais je craignais beaucoup pour le violon. Je ne lui fis cependant aucune part de cette petite angoisse en me disant qu'un jeune homme aussi soigneux que lui ferait certainement très attention. Il m'accorda un immense sourire que je ne lui rendis pas avec autant d'enthousiasme. Cela faisait longtemps que je ne souriais plus et j'avais encore du mal à me montrer convainquant lorsque cela arrivait. J'espérais que Jilano ne le prenne pas mal et considère cela comme une simple difficulté d'expression. Il savait – il l'avait même dit à sa confidente – que j'étais quelqu'un de solitaire alors il comprendrait sûrement.

- Et d'ailleurs, fais attention, l'élève dépasse toujours le maître.

Cette fois, mon sourire s'étira un peu plus. Ce type... il m'impressionnait. A force de le côtoyer, sa bonne humeur et sa détermination finiraient forcément par déteindre sur moi. C'était peut-être ce dont j'avais besoin finalement.

- J'espère bien voir tes paroles se réaliser, dis-je en m'emparant de mon étui.

Je lâchai un petit soupir et tournai à demi les talons.

- A la prochaine, Jilano.

Sur ce, je le laissai profiter de sa liberté avec Tomo-chan et, désormais, son nouveau compagnon sagement attaché dans son dos. En repartant en direction du pensionnat, je me surpris à souhaiter avec impatience que notre première séance ait lieu.
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MessageSujet: Re: Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end]   Sun is a Good Teacher [ft. Mr Meyer] [end] EmptyJeu 8 Nov - 14:50

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L'homme qui voyage sait qu'il se dirige vers l'inconnu.

Quand j'ai entrepris mon périple, mon voyage d'apprentissage, je savais tout ce que cela impliquait. Depuis mon premier pas sous le porche de la maison familiale, dos au passé, je savais que je finirais au Japon. Ce que je ne savais pas cependant, c'est ce qui m'y attendrait.
Je ne savais pas, par exemple, qui je rencontrerai. Je ne savais pas les épreuves que j'aurais à traverser ni la difficulté de celles-ci. Je ne savais pas non plus que certaines des meilleurs choses que je connaîtrais m'attendraient à l'arrivée. Mais je ne devrait pas parler d'arrivée. Parce que le voyage continue pour moi. Je ne cours plus les routes mais la découverte de l'inconnu reste quotidienne. J'ai voyagé depuis l'Angleterre et j'ai découvert des pays, des langues, des cultures. Voletant de petits boulots en jobs éphémères. J'ai appris plus que je n'aurais pu apprendre sur les bancs d'une école. Et voilà que finalement, je me retrouve professeur. Moi, élève à l'école de la vie, j'en viens à devenir enseignant. N'est-ce pas amusant.
Me voilà donc de l'autre côté de la barrière, et pourtant, même ici, je continue à m'initier. Ce nouveau violon, cette nouvelle rencontre, cette nouvelle journée. Si je m'attendais en me levant ce matin à tous cela... Non, si je e savais, cela m'aurait gâché la journée. Le frisson de la surprise. Voilà ce qui est si bon quand on apprend. J'ai vécu des années au jour le jour, ce n'est pas pour planifier ma vie maintenant. Ce que je sais, c'est qu'aujourd'hui est une belle journée. J'y ai accompli ce qui devait l'être et j'y ai trouvé ce qu'on avait à m'offrir. J'ai donné ce qu'il y avait à recevoir et reçu ce que j'ai donné. La boucle est bouclée. Ouroboros évoluant sur la ligne de l'existence.
Je voyage à chaque seconde et les nouveaux paysages que je rencontre sont parfois encore plus beaux que ceux d'avant.
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