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 Jour 1 - Arrivée au pensionnat [PV : Jeanne]

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MessageSujet: Jour 1 - Arrivée au pensionnat [PV : Jeanne]   Jour 1 - Arrivée au pensionnat [PV : Jeanne] EmptySam 27 Oct - 16:53

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Il devait être sept heures quinze du matin. L'appartement plongé dans le calme et l'obscurité la plus totale était parcouru de petits courants d'air frais et désagréables. Un jour il faudrait vraiment régler ce problème d'isolation. Pas étonnant que mon père soit malade. Et moi je dormais mal, même avec des tonnes de couvertures sur le dos. Au moins, j'étais réveillé tôt et j'avais le temps de me préparer... Je sautai donc de mon lit avec la terrible et coutumière envie d'aller prendre une douche bien chaude. Mais comme d'habitude, le soulagement demeura de courte durée. Une fois sorti de la salle de bain, le froid m'envahit de nouveau et je frissonnai comme un pauvre enfant transi de froid. Je craignais beaucoup les basses températures et faisais toujours en sorte de pouvoir m'abriter où je le pouvais. Mon père disait que je finirais par m'y habituer mais je ne le croyais pas une seconde.
Après m'être vêtu d'un jean simple noir, d'un tee-shirt et d'une chemise à manches longues de la même couleur, je séchai mes cheveux teinté de cyan et tentai de me coiffer convenablement. Le tout vers l'arrière, le front dégagé comme d'habitude et voilà le travail. Je pris un rapide petit déjeuner puis me brossai les dents. Il ne restait plus qu'à faire ma valise. J'avais largement le temps. C'est pourquoi je ne me pressai pas et examinai un à un les vêtements que j'y rangeais, en prenant soin de ne pas les froisser et en vérifiant que je n'oubliais rien de nécessaire. Tout fut enfin prêt quand ma montre afficha neuf heures moins dix. J'entendis mon père remuer dans la chambre à côté, il se lèverait bientôt.


- Constantine ? appela-t-il d'une voix faible.

Je ne répondis pas et allai à la cuisine pour remplir un grand verre d'eau fraiche. Je le portai à mon paternel qui se désaltéra à grande vitesse, comme s'il n'avait pas bu depuis des jours.

- Tu es prêt ? demanda-t-il en m'observant de la tête aux pieds.
- Oui, je suis en avance. Tu as besoin de quelque chose ?

Il se mit difficilement debout et secoua la tête en signe de dénégation. Inutile de lui dire que j'avais laissé le petit déjeuner sur la table de la cuisine. C'était maintenant comme une sorte de rituel : je me levais d'abord et laissais derrière moi ce dont mon père avait besoin après. J'espérais qu'il ait fini de manger pour que je puisse débarrasser avant de partir. Non, je n'étais pas son esclave, ni son homme de ménage. Il avait simplement besoin d'assistance car il était malade. On ignorait la nature de sa maladie mais elle l'empêchait de bouger comme il le souhaitait, il devait faire très attention à ce qu'il mangeait et buvait, et des toux interminables le prenaient quelquefois. Conséquemment, il était faible et j'avais l'impression que son état ne s'arrangeait pas au fil des semaines et des mois, même si je faisais des efforts pour prendre soin de lui.
Pour faire passer le temps, j'écoutai un peu de musique en lisant un livre pris au hasard dans ma bibliothèque. Je ne me languissais pas de partir et en même temps, je devais rapporter assez d'argent à la maison pour payer les médicaments de mon père. Pour cela, j'avais été accepté dans un pensionnat du nom de Hina, en tant que surveillant et, se trouvant trop loin d'ici, je devais y résider. Je n'avais trouvé rien d'autre qui puisse être assez utile et bien payé. Je ne voulais pas décevoir mon père, bien qu'il m'insupporte à cause de sa mauvaise humeur permanente. Il lui arrivait de piquer des crises de colère et si je ne faisais pas exactement ce qu'il voulait, j'en subissais les conséquences : quand il était au meilleur de sa forme – et c'en devenait parfois surprenant – il me frappait. Je vivais comme cela depuis toujours. Ma mère mourut à ma naissance et il n'y eut donc que mon père pour m'élever. Je ne sus dire si la situation demeurait meilleure avant ou après qu'il soit tombé malade. Quand il était encore en forme, il pouvait se défouler sur moi mais quand il se retrouvait fatigué, il ne me frappait plus. Au moins, les insultes ne laissaient pas de marques...
Quand ce fut l'heure de m'en aller, je me levai de mon lit et vérifiai une dernière fois que je n'avais rien oublié. J'empoignai ma valise et passai par la cuisine pour constater que mon père avait déjeuné. Je débarrassai la vaisselle et une fois fait, rejoignis le malade dans le salon. Il regardait la télé, enfoncé dans le canapé.


- J'y vais, annonçai-je à voix basse.

Il voulut me répondre mais une quinte de toux le prit et je dus attendre une bonne minute avant qu'il puisse prendre la parole.

- Quand reviens-tu ? s'enquit-il essoufflé.
- Aux prochaines vacances.

Il tourna la tête pour me regarder.

- D'accord... au revoir mon fils.

Je reculai de quelques pas, m'éloignai vers la porte d'entrée. Il paraissait calme et gentil à ce moment-là. C'était un de ces instants dont je profitais au maximum car la colère venait toujours très vite. Je me rendis dans le vestibule glacial, mis mes chaussures, une veste en cuir qui commençait à rendre l'âme, et sortis de la maison. Il ne faisait pas très froid, l'air ambiant étant supportable. J'allai ensuite ouvrir le minuscule garage où était garé mon bien le plus précieux, mon seul moyen de transport : ma moto.
C'était la toute dernière Yamaha, la R7, une pure machine de course. De couleur rouge et blanche, elle était destinée à remplacer l'YZF 750 SP. Un bijou de technologie homologué pour rouler sur route, alors qu'il suffisait de lui enlever clignotant, rétro et plaque pour qu'elle soit prête à affronter le championnat Superbike. Je m'en approchai et caressai la carrosserie du bout des doigts. Très légère, courte et fine, la R7 faisait largement appel à l'alu mais aussi au titane, notamment pour les bielles et les soupapes. Le bloc montait ainsi dans les tours à une vitesse sidérante. Pour un prix quelque peu exorbitant et construite en nombre limité, la R7 représentait le summum de la sportive de la fin du siècle. Une folie que mon père avait eu du mal à accepter. Mais je l'avais acheté avec mon argent, bien après avoir rapporté tous ses médicaments au malade.



Spoiler:


Une fois ma valise solidement attachée sur le maigre espace qu'offrait l'arrière du véhicule, je fis avancer ce dernier pour le sortir du garage. Je refermai la porte, la verrouillai. Un dernier regard sur la façade de la maison et je mis mon casque avant d'enfourcher la moto. Quand j'allumai le contact, le vrombissement du moteur fit battre mon cœur à toute allure et, avec satisfaction, je démarrai en trombes sous les regards interloqués de quelques passants qui sillonnaient la rue.
Le pensionnat se trouvait au cœur de Tokyo, à une centaine de kilomètres à l'Est de ma ville, Kōfu : la capitale de la préfecture de Yamanashi et du vignoble japonais. Le trajet ne dura pas longtemps étant donné la vitesse à laquelle je roulais. Je trouvai le pensionnat rapidement : de beaux bâtiments entourés de verdure et d'un semblant de bonne humeur. C'était ce que je ressentais. Ce genre d'endroit me rendait souvent mal à l'aise. Dans un soupir, j'allai me garer sur le parking réservé au personnel et, ma valise et mon casque en main, entrai dans le hall d'un pas lent. A l'accueil, quand la secrétaire me vit, elle ouvrit des yeux ronds. Automatiquement et comme toutes personnes que je rencontrais, elle observa ma coupe de cheveux plus que voyante. Comme je lui lançais un regard peu amène, elle se détourna et me demanda mon nom.


- Meyer, dis-je d'un ton maussade.
- C'est donc vous... un des nouveaux surveillants... murmura-t-elle sans plus oser lever la tête vers moi. Tenez.

Elle me donna une clé avec un numéro dessus et, sans la remercier, je tournai les talons à la recherche de ma chambre. Apparemment, les pièces privées des professeurs et du personnel du pensionnat se trouvaient au rez-de-chaussée. Je consultai rapidement un plan de l'école, me rendis à destination. Heureusement, je ne croisai personne. Une fois devant la porte, je la déverrouillai et entrai. La première chose que je vis et qui me mit tout de suite de mauvaise humeur, ce fut la présence de deux lits double. Soit le pensionnat de possédait plus de chambre pour une personne, soit j'aurais bientôt à supporter un ou une colocataire.

- Bordel de merde... maugréai-je en jetant ma valise sur le lit de droite.

Sans même inspecter les lieux, je ressortis, fermai la porte à clé me rendis sur le parking. Un tour en moto me calmerait peut-être. Mais d'abord, j'accrochai mon casque à l'une des poignées du guidon, fouillai dans une des poches de ma veste et en retirai un paquet de cigarettes. Appuyé contre mon véhicule, j'allumai la source d'un éventuel futur cancer et aspirai une bouffée de tabac. Ma main libre dans la poche de mon jean, je lâchai un long soupir agacé.


Dernière édition par Constantine Meyer le Dim 28 Oct - 20:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Jour 1 - Arrivée au pensionnat [PV : Jeanne]   Jour 1 - Arrivée au pensionnat [PV : Jeanne] EmptyDim 28 Oct - 18:24

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Jour 1 - Arrivée au pensionnat [PV : Jeanne] Sans_274

Je ne suis pas de celles qui se maquillent sans raison. Je ne suis pas de celles qui se plaignent pour un rien. Je ne suis pas de celles qui salopent ton parquet de leurs corps. Je ne suis pas une putain. Je ne suis pas une fragile. Je ne suis rien de normal. Non, je suis une chieuse, une emmerdeuse, une folle, une timbrée, une imprévisible, une souriante, une manante. Si je me rends belle, c'est pour moi-même. Si je me plains, c'est pour mieux rire. Si je rampe sur ton parquet, c'est pour mieux m'alanguir. En fait, ouais, je suis une salope. Mais au moins, j'ai le courage de le dire haut et fort. Pourtant, chacun à ses secrets, et les miens restent ma fierté. Le jour où on saura ce qui m'est arrivé sera celui de ma mort, celui où je me serais cramé les ailes, dans la joie et le rire.

A quoi sert cette entrée en matière ? A rien. Juste à mettre les points sur les "i". Oui, j'aime que tout soit ordonné dans la tête de chacun, malgré mon penchant à foutre le bordel dans mon habitat, ma fâcheuse manie de garder un contrôle implacable sur mes émotions, en tant que professionnelle, pour ne pas heurter la sensibilité de ma fille, et donc de mon entourage. Ce qui fait que, arrivée au pensionnat, je devrais restée sage comme une...Merde ! C'est aujourd'hui !

Ma couverture tomba au sol avec un cendrier plein qui finit par se briser. En petite tenue je me suis précipitée sur les rideaux que j'ai ouvert, laissant la lumière matinale effleurer la moquette un peu sale, dévoiler une bouteille de whisky vide, quelques vêtements jetés ci et là, et surtout, cramer mes pauvres yeux cernés par une nuit épuisante. Un puissant mal de tête me prit, j'ai grogné avant de refermer le rideau, observant la semi-obscurité d'un œil cynique. Ce n'était pas un comique de situation fort apprécié, si Roy était...Roy ! L'école ! Aujourd'hui !

Je commençais bien mal la journée, ce sont les cheveux en bataille et la mine peu resplendissante que j'ai ouvert la porte de ma chambre pour suivre le couloir du grand appartement loué et finalement arrivée dans le séjour...Où Roy se tenait assise, sur un canapé, son cartable sur le dos, son ours en peluche entre ses petites mains et le regard impassible posé sur sa mère.

"Tu ne tiens vraiment pas de moi pour ce qui est du début de journée..."

La voix rocailleuse, je me mis à tousser et regarda l'heure affichée sur le four. Bon, il me restait une heure de préparation, sachant que Roy était déjà prête...Allez, on peut le faire. J'ai sorti quelques gâteaux d'un placard, pieds nus, puis les déposa sur la table en faisant signe à Roy de m'attendre tout en mangeant. Oui, je ne suis pas une mère exemplaire, mais en attendant elle est plus mature que les gosses de son âge, donc je pouvais me permettre des choses que d'autres mères ne pouvaient pas avec leurs enfants. Et puis j'avais de la difficulté aussi...Vu son intelligence et son handicap, je ne pouvais pas faire ou dire n'importe quoi ! Enfin, là n'est pas la question. Je me suis précipitée dans la salle de bain, pour mieux me presser.

_______________________

*Je ne veux pas y aller...*

J'observai le petit bout de papier que Roy m'avait tendu. Je l'ai pris d'une main libre tandis que l'autre replaçait son petit casque rose et sa veste de protection dans le top-caisse. Une étrange boule naquit dans ma gorge, gorge couverte par le haut de mon blouson noir de moto, aussi noir que le pantalon en cuir recouvrant mes jambes, aussi uniforme que l'ébène de mes bottines. De l'angoisse, certainement. Oui, l'angoisse de laisser son sang partir ainsi. Roy observait ma réaction, je restais comme je le pouvais impassible, tandis qu'une surveillante attendait de faire entrer l'enfant par le portail de ce bout de pensionnat. J'aurais très bien pu la laisser dans un pensionnat normal, ou bien lui donner les cours moi-même mais, je voulais le meilleur pour elle. Je voulais qu'elle oublie un peu les évènements enracinés dans sa rétine, je voulais que le juge voit mes efforts pour que je la garde. Je pris une lente inspiration et étira un grand sourire rassurant. Mes genoux me portèrent à hauteur de Roy, et j'ai mis une de ses mèches blondes derrière son oreille.

"Allons ma puce...C'est important pour ton avenir ! Il ne faut pas que tu crois que je t'abandonne, d'accord ? Je reviendrais te chercher à la fin de la semaine. Tu verras, tu vas te plaire ici, tu vas te faire de nouveaux amis et tu seras la star de l'école ! Tu me fais confiance ?"

L'enfant hocha la tête, la surveillante souffla, pressée. Je lui ai lancé un regard menaçant, tandis que Roy continuait d'écrire sur son bloc-note, de son trait maladroit, de ses mains fragiles et potelées. Elle me tendit le carnet, l’œil un peu teinté d'espoir et d'incompréhension mêlés.

*Quand est-ce qu'il revient, Papa ?"

J'ai serré les mâchoires, mes yeux revenant dans les siens si noirs, si différents des miens...Je pouvais apercevoir chaque tremblement, dans ses petites pupilles candides, je pouvais percevoir la douleur, l'injustice, la complexité, tout ce qu'un enfant ne devrait pas ressentir. Elle comprenait ce qu'elle ne devrait pas comprendre, elle me comprenait malgré mes sourires, mes rires pour la rendre heureuse, pour que je puisse enfin à nouveau entendre sa voix. J'étais psychologue, j'étais spécialiste, j'avais étudié maintes et maintes cas, mais celui-ci, oui, celui-ci me restait une énigme que je n'arrivais pas à résoudre, et dieu sait que j'en enrageais...J'ai déposé un baiser sur la joue de Roy, lui posant son carnet dans les mains après avoir déchiré le bout de papier, ce dernier habitant désormais ma poche.

"On en a déjà parlé Roy, ne m'oblige pas à te l'expliquer une nouvelle fois...Maintenant, tu vas avoir la pêche, tu m'offres un grand sourire et on se voit vendredi ! Si tu as le moindre problème, n'hésite pas à m'appeler."

Sa bouche laissa un bisou sur ma joue, et elle tenta un petit sourire. J'y répondis, du mieux que je pouvais, un sourire radieusement faux avant de la laisser entre les mains de la surveillante. Mes doigts lui envoyèrent un dernier baiser tandis que l'inquiétude m'envenimait encore et encore. Mais je ne devais pas m'effondrer, je n'en avais pas le droit. C'est donc, tout en regardant l'heure sur ma montre et en me mettant du rouge sur les lèvres, que je repris contenance et enjamba ma moto. Il me restait quinze minutes pour aller jusqu'à mon nouveau lieu de travail. J'ai démarré la moto, elle cala. Je finis donc par soupirer et par la redémarrer. Elle était nouvelle, et d'un noir d'encre, autant que mon costume me faisant passer pour une james bond girl, surtout avec le casque noir à la visière teintée. On m'avait critiqué ce costume d'ailleurs, et cette dépense, comme quoi je ressemblais à une salope qui se la croyait. Seulement voilà, j'aimais les ducati, comme la 848 EVO corse que je possédais, et j'aimais le déguisement. Donc, que ceux qui n'étaient pas contents aillent se faire foutre. La moto fit un bruit plus qu'appréciable et je me suis mise dans la circulation, sans me soucier des coups de klaxon me caractérisant comme une folle du volant.

_______________________

Je mis moins de temps qu'il n'en fallait pour arriver au pensionnat, mais un peu plus pour trouver le parking. Je fis le tour de ce dernier, l’œil un peu maussade et fatigué. J'espérais seulement qu'on n'allait pas commencer à me donner des ordres...Je ne savais pas si je l'aurais supporté. Au pire, j'aurais fait de l'ironie. Peut-être pourrais-je arriver à trouver des sujets intéressants, pour ma thèse ? On verra bien...Oh, mais...tiens ?!

J'ai ralenti, puis me suis arrêtée à un ou deux mètres d'un jeune homme adossé à une moto. Ce n'était pas une YAMAHA R7 celle-là ?! Mes pieds se posèrent autour de ma moto, toujours allumée et je me suis confortablement assise sur cette dernière, gardant mon casque. Mon regard observait le petit bijou, avant de revenir à l'inconnu au look plus qu'unique. On ne pouvait pas remarquer mon sourire calculateur et charmeur derrière mon casque, mais je peux vous dire qu'il m'arrivait jusqu'aux oreilles. J'avais essayé la R7, une fois, malheureusement elle s'avérait un peu trop professionnelle pour moi, j'ai failli la foutre dans un mur...Pauvre petit bijou.

Mes iris examinèrent le jeune homme. Des cheveux cyan, des yeux d'un vert plus qu'étrange et attirant, il ne faisait pas dans le banal. Il était grand, costaud, et paraissait jeune. Mon dieu...Ne me dites pas que j'allais être la vielle de l'équipe ! En tout cas, il était sexy et sa jeunesse l'aidait bien. Mon bras se tendit, ma main se mit en poing et mon pouce se releva ; il valait aussi bien pour la moto que pour le gars. Je remis mes paumes sur le guidon de ma ducati et fit rugir le moteur. J'avais envie de m'amuser, assez. Oui, d'oublier un peu mes petits problèmes et de faire une course amicale sur les routes, ou tout du moins dans le parking. J'ai soulevé ma visière quelques instants de deux doigts pour lui lancer :

"Allez viens !"

Simple parole dans ma langue natale, l'américain, avant de lâcher un léger rire. Je remis ma visière en place et fis rouler mon engin pour qu'il commença à se diriger vers la sortie du parking, faisant des tours et des tours en attendant le jeune homme. Je ne lui laissais absolument pas le choix.

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MessageSujet: Re: Jour 1 - Arrivée au pensionnat [PV : Jeanne]   Jour 1 - Arrivée au pensionnat [PV : Jeanne] EmptyLun 29 Oct - 1:04

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Il ne me fallut pas beaucoup de temps pour consommer l'intégralité de ma cigarette. Je ne fumais pas très souvent mais lorsque cela arrivait, c'était en général vite expédié. Au même moment, le rugissement d'un puissant moteur attira mon attention mais ne me fit pas relever la tête pour autant. Le nouvel arrivant se trouvait encore bien trop loin pour que j'y accorde le moindre regard. Je me contentai pour l'instant de ne me focaliser que sur ce qu'il se passait devant moi, c'est-à-dire pas grand chose. La porte d'entrée du pensionnat me faisait face et les rares personnes qui entraient et sortaient ne suscitaient pas assez d'intérêt de ma part pour que je puisse être distrait. C'était un peu ça mon problème : mon indifférence totale envers autrui.
Je n'avais jamais essayé d'établir une réelle conversation avec quelqu'un, ni même eu l'idée de connaître un minimum mes interlocuteurs. Je ressentais toujours la même chose en regardant autour de moi. Cet ennui profond et cette solitude qui me rongeaient de l'intérieur et m'empêchaient d'aller vers les autres. Je haïssais ma façon de refuser ainsi tout contact avec les gens. Néanmoins, je ne parvenais pas à saisir cette chance. J'y songeais rarement. Je me sentais bien en restant seul, sans vraiment supporter commodément la solitude. Une histoire compliquée... Je me demandais si je réussirais un jour à m'accepter tel que je suis et à aller vers les autres. La première chose à faire semblait simple : cesser de toujours me dévaloriser et avoir confiance en moi. Ce qui s'avérait extrêmement ardu.
Je me sentais égoïste parfois... Et même souvent. En vérité, tout le temps. La vie des autres ne m'intéressait pas. Pourtant, être capable de vivre sans penser à moi seul changerait sûrement le cour de mon existence. Restait à savoir si ce changement serait bénéfique. Pour l'instant, je n'avais pas le droit de me plaindre. Si je me retrouvais dans cette situation aujourd'hui, c'était par ma propre volonté... et celle de mon père pour qui je devais consacrer mon temps, mon argent et mes efforts tout en oubliant ma colère et mes peines. Je ne pouvais partager cela avec personne, je n'en avais pas envie. Mes réponses divergeaient à chaque fois que je me posais la question suivante : « Que faut-il que je fasse ? » Être plus sociable, avenant, aimable... ou alors rester dans l'ombre et ne pas déranger mon entourage avec mon égoïsme et mon sale caractère.
Je lâchai un bâillement quand le puissant moteur entendu au loin ronronna à seulement quelques mètres de moi, sur ma gauche. Perdu dans mes songes les plus profonds, je n'y pensais même plus. Une voix féminine s'éleva alors et me cria de venir – en anglais. Je fronçai les sourcils. S'adressait-on vraiment à moi ou la conductrice se trompait-elle ? Car à part nous, plus personne ne se promenait près de l'entrée du bâtiment. Cette fois, je tournai la tête pour regarder mon interlocutrice. Assise sur une moto, plus exactement une Ducati noire dont le nom entier m'échappa soudain, elle avait relevé la visière de son casque et me regardait d'un air joueur et impatient. A première vue, elle semblait jeune, grande et très mince. Sa peau blanche contrastait avec la noirceur de ses vêtements de cuir mais s'alliait beaucoup mieux avec le gris bleuté de ses yeux et le blond cendré de ses longs cheveux ondulés qui tombaient dans son dos.
Ce fut tout ce que j'eus le temps de voir avant que la jeune femme rabatte la visière et redémarre. Je la regardai s'éloigner et faire des tours du parking. Attendait-elle vraiment que je la rejoigne ? Et pour quoi faire exactement ? Une course peut-être ? Parce qu'elle avait vu ma moto, elle croyait que j'avais envie de me défouler sur la route à n'importe quel moment ? Je serrai les poings et m'insultai intérieurement. Justement, le voilà le moment. A peine cinq minutes auparavant, je voulais remonter sur mon véhicule pour évacuer la colère que la découverte de ma nouvelle chambre avait provoqué en moi. Et j'arrivais encore à hésiter quand cette femme me proposait un tour, tout ça parce que je ne la connaissais pas et me fichais royalement de qui elle pouvait bien être.
Il était temps de laisser mon indifférence de côté et d'accepter son offre. Après tout, je faisais cela pour moi, pas pour elle. Après avoir jeté mon mégot de cigarette par terre, je l'écrasai rapidement du pied puis mis mon casque et enfourchai ma moto. J'allumai le contact et rejoignis la jeune femme. Ou plutôt, je passai à côté d'elle en direction de la sortie pour m'arrêter devant le portail ouvert. Un simple mouvement du poignet et la R7 rugit comme un animal prêt à bondir à la poursuite de sa proie.
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